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Interview d’Alex Evans

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Il y a quelques jours, nous vous avons proposé une chronique de Sorcières associées d’Alex Evans, aux éditions ActuSF. L’auteure a accepté de répondre à quelques unes de nos questions que vous pouvez voir retranscrites ici 🙂

Bonjour, avant toute chose, peux-tu te présenter à nos visiteurs ?
Bonjour et merci pour cette interview. Je suis une autrice de SFFF “hybride”, puis que j’ai publié des romans aussi bien en autoédition, qu’en édition numérique, qu’en édition papier classique. En plus, j’ai une production assez éclectique, puisque j’ai écrit aussi bien des romans que des nouvelles ou des novellas, aussi bien de la high fantasy (*Les Murailles de Gandarès*), ou du steampunk (*La Machine de Léandre*, *Le Loup des Farkas*) que du paranormal (*L’OEuf-tonnerre, Skinwalkers*). Je puise
beaucoup de mon insp ration dans le folklore, mais pas forcément celui de l’Europe de l’Ouest ou du Moyen-âge.

Les sorcières, Tanit et Padme, ont quand même deux caractères diablement opposés : comment les fais-tu cohabiter ensemble ?
Opposées ? Oui et non. D’abord elles exercent le même métier: sorcière, ce qui suppose un certain goût pour l’étude et les concepts complexes, ainsi qu’une certaine autodiscipline et des réflexes rapides. Ensuite l’une comme l’autre se laisse difficilement impressionner. Enfin, elles on le même sens de l’humour et le même scepticisme vis-à-vis des conventions établies, ce qui les rend très tolérantes des opinions des autres.
Les traits de caractère qui les opposent dans le roman les rendent complémentaires. Padmé possède la prudence qui permet d’éviter certains risques, mais Tanit a l’audace nécessaire pour débloquer certaines situations.
Ce qui les oppose totalement, c’est leurs opinions politiques: Tanit est une ancienne pauvre, partisane de l’ultralibéralisme pur et dur et Padmé est une ancienne très riche qui rêve de réformes sociales!

Ton univers se situe dans une ville où tout est autorisé, et même plus : crois-tu qu’autant de diversité est possible sans heurts plus  violents (j’ai trouvé la ville plutôt calme) ?
Attention: nous voyons la cité par les yeux des deux protagonistes. Or, il y a tout de même une police, le meurtre est interdit, ainsi que la vente de jus de lotus noir et les relations avec les pirates stésiens. Donc, il y a bien des lois et des lois qui ne sont pas forcément logiques, dans le cas du jus de lotus noir. Je dirais plutôt que par comparaison avec les pays voisins, Jarta possède très peu de lois et très peu de tabous.
D’autre part, dans ce roman, nous ne voyons qu’un épisode très court de l’histoire agitée de cette ville. Le récit se passe alors qu’elle est en plein boom économique et ça a tendance à calmer les tensions, mais il y a eu et il y aura des conflits entre ses murs.
Traditionnellement, les trouble-fêtes sont fermement priés de la quitter, avant d’être expulsés manu militari. D’autre part, beaucoup d’habitants de Jarta sont venus d’ailleurs, fuyant des régimes beaucoup plus coercitifs, comme nos deux héroïnes et n’ont pas envie de retrouver un système
semblable.

Le travail et l’argent sont deux thèmes négligés en fantasy, mais que je traite souvent dans mes romans.

Une dimension particulière semble au cœur du récit : la notion de travail. Ou plutôt, la façon dont un certain patron voudrait voir son personnel travailler… Doit-on y voir une forme de message ?
Le travail et l’argent sont deux thèmes négligés en fantasy, mais que je traite souvent dans mes romans. Nos deux héroïnes considèrent la sorcellerie comme une profession, exercent à leur compte, ont des impôts et une employée à payer, du matériel à entretenir, des clients à satisfaire et même parfois des jours de repos! Le tout à combiner avec une vie sociale et familiale.
Ce roman n’est pas une vaste réflexion sur la société, mais je trouve difficile d’écrire sur une époque d’industrialisation intensive sans évoquer le travail en usine et la notion de profit. Toutes ces belles
machines à vapeur qu’un voit en Steampunk, elles ont bien été fabriquées par quelqu’un, non?
Par ailleurs, comme je m’inspire généralement du folklore, j’ai trouvé intéressant de mettre en scène des zombies sous leur forme originale: des morts condamnés à trimer pour l’éternité (même si chez moi, ils ont une date de péremption) !

Même si le récit s’auto-suffit en lui-même, tu as encore de quoi écrire dans cet univers, non ?
J’ai déjà écrit trois romans et quelques nouvelles dans cet univers. Sa particularité est d’avoir une magie cyclique qui apparaît et disparaît sur une période de près de mille ans. Sa disparition et sa réapparition entraînent à chaque fois des bouleversements technologiques, politiques et sociaux.
Mon premier roman,* Les Murailles de Gandarès *se passe loin au nord de Jarta, environ 400 ans avant *Sorcières associées*. Il entame un cycle qui décrit ce qui s’est passé lorsque la magie a quitté cet univers, défaisant les sorts, emmenant avec elle les diverses créatures surnaturelles et surtout, mettant les sorciers au chômage ! Par ailleurs, il met en scène d’autres créatures très surnaturelles: les dieux.
*La Chasseuse de livres* et *La Machine de Léandre* se déroulent peu de temps avant *Sorcières associées* et mettent en scène des sorciers «académiciens » qui travaillent dans un laboratoire de recherche en magie. Dans ce monde qui l’a oubliée et s’est tourné vers une nouvelle religion,
ils se heurtent à de nombreux préjugés.
Mais j’ai d’autres romans en tête…

La question qui en découle (irrémédiablement) est : as-tu une deuxième série d’enquêtes en vue ?
Oui, ça devrait s’appeler* L’Échiquier de jade* et voir nos deux héroïnes enquêter sur un échiquier ancien qui devrait être offert à l’ambassadrice de l’Empire de Yartège (le pays qui est le producteur exclusif du jus de lotus noir). Seulement, cet échiquier a été volé…

As-tu d’autres projets en cours et si oui, peux-tu nous en parler ?
Je suis en phase de correction de deux romans d’urban fantasy. D’une part, *Personnes
Spéciales *que l’on peut lire sur Wattpad (https://www.wattpad.com/story/84657070-samu-ps-un-stage-mortel ) qui raconte l’histoire d’un service de médecine spécialisé dans le traitement des créatures surnaturelles. D’autre part, *Néosorcières*, qui raconte les mésaventures d’une adolescente
d’une banlieue “difficile”, prise dans une guerre des gangs, alors qu’elle découvre un être magique dans un terrain vague.

Je te laisse le mot de la fin :
Comme d’hab’: vive les romans sans clichés!
 


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