Après Bienvenue au paradis, Chimères est le deuxième roman que je lis d’Alexis Legayet. Si le premier roman m’avait marqué par le ton décalé et les sujets qui étaient abordés, je suis un plus dubitatif sur Chimères qui traite de thématiques comme le désir d’enfant, la procréation médicalement assistée ou encore la gestation pour autrui…

Le désir d’enfant dans un couple en souffrance

Lisa Grandrieu est une femme d’affaire dont la réussite n’est plus à démontrer est à une étape de sa vie où elle souhaite avoir un enfant, désir partagé par son mari Patrick. Mais cela ne doit pas remettre en cause sa carrière, raison pour laquelle la décision a été prise de passer par une entreprise pour faire une PMA, et trouver une mère porteuse en Ukraine.

C’est au cours de cette discussion avec son amie Barbara qu’elle entendra parler pour la première fois de cette possibilité de récupérer du sperme d’un tierce donneur, aux capacités physiques et/ou intellectuelles avancées et garantie. Barbara prend pour exemple une amie à elle dont le gamin est un génie.

Rapidement, Lisa se posera la question de savoir si la décision que son mari soit le père de son enfant est ce qu’il y a de plus pertinent et prendra alors une décision radicale qui va changer sa vie.

Des sujets d’actualité en toile de fond

L’histoire est donc celle de Lisa, une femme aux dents particulièrement longue, qui a décidé depuis longtemps de mettre sa vie professionnelle avant sa vie personnelle et ai prête pour cela à utiliser la science pour répondre à son envie d’enfants. L’appui sur une société tierce pour fournir les échantillons de sperme, au travers d’une multinationale qui mène par ailleurs des expériences dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissants, va se révéler être une décision avec un effet boomerang violent. Cela doit nous questionner sur l’utilisation que nous voulons faire de la science et bien entendu des contrôles que nous pouvons y mettre.

La question de la Gestation Pour Autrui se modélise ici par la mère porteuse choisie par Linda, une ukrainienne : les échanges nous permettent de comprendre quelles sont les situations qui peuvent pousser une femme – ici étudiante – à accepter de porter l’enfant d’une autre. Les conséquences de cette grossesse, couplées au choix d’une entreprise externe pour fournir la matière première va entraîner une histoire plutôt “marrante”.

Si l’histoire et la succession des galères de Linda rendent le récit entraînant et bourré de suspens, le traitement du personnage de Linda m’a beaucoup dérangé. Elle donne l’impression d’être une caricature, prête à tout pour obtenir ce qu’elle veut, mesquine et cachottière : une caricature par ailleurs décrite physiquement avec “un fessier imposant”. Pas sûr que ce personnage féminin soit du goût de tout le monde.

Les éditions Ovadia (Juillet 2022) – 253 pages – 22 € – 9782363924940

– Figure-toi que j’ai, enfin Patrick et moi, avons de grands, que disje, d’immenses projets !
– Un bébé ?
– Comment l’as-tu deviné ?
– J’avais une chance sur deux. C’était soit la résidence secondaire, soit l’enfant et, à notre âge, le bébé s’imposait… C’est pour quand ?
– Ah, mais je ne suis pas enceinte, Barbara ! Et je ne compte pas du tout le devenir. Je n’ai ni le temps ni le désir de porter moi-même l’enfant. Une de mes proches cousines est morte en couche, et ça, ça calme, tu vois. Et puis, j’ai une carrière, tu sais bien… Non, on a rendez-vous dans quinze jours à la clinique pour enclencher une procréation médicalement assistée, une PMA. Ils vont m’extraire un ovule, à partir duquel ils peuvent, disent-ils, en reproduire plusieurs dizaines. Puis ce sera au tour de Patrick, ils vont sélectionner le plus frétillant de ses spermatozoïdes.
– Ah ah, rit Barbara.
– Ensuite de quoi, on louera le ventre d’une jeune Ukrainienne. Ils sont très bien en Ukraine, paraît il…