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Nous d’Evgueni Zamiatine

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D-503 est le constructeur en chef de la construction de l’ “Intégrale”, un vaisseau spatial qui aura pour mission de montrer aux autres civilisations extraterrestres à quel point l’Etat Unitaire est l’Alpha et l’Omega en termes de mode de vie. Pourtant, cette vie bien réglée, conformément aux préceptes du “Bienfaiteur”, sera troublée par sa rencontre avec I-330…

Alors – tu l’aimes. Tu en as peur – parce qu’il est plus fort que toi, tu le détestes – parce que tu l’aimes, tu l’aimes – parce que tu ne peux pas le soumettre. On ne peut aimer que ce qui vous résiste.

Avant toute chose, il est important de noter que ce roman date de 1920, est russe et nous montre, au travers des yeux de D-503, la visage d’un état totalitaire où le bonheur est “imposé”. Il est indéniable que nous retrouvons dans ce récit l’écho de roman postérieur à celui-ci comme 1984  de Georges Orwell ou le Meilleur des mondes. d’Aldous Huxley. Nous y trouvons effectivement un certain nombre de sujets communs parmi lesquels un super-état, qui régit totalement la vie de ses citoyens en leur indiquant ce qu’ils doivent penser, comment ils doivent régir leur vie et surtout à quel moment ils doivent être heureux.

D-503 est un citoyen modèle, qui va respecter “les tables des heures”, loi mise en oeuvre par le “Bienfaiteur” pour régir la journée de tout à chacun. Car au-delà de la vie professionnel, la vie personnelle et la vie sexuelle des résidents sont aussi gérer par l’état.

Mais D-503 va, suite notamment avec sa rencontre avec I-330, commencer à s’interroger sur son monde et sur l’ancien monde (le notre) avec un glissement progressif vers un attrait – non autorisé – pour la liberté.

Dans cette dystopie, Evgueni Zamiatine confie à son personnage la rédaction de notes, à destination des civilisations extraterrestres pour expliquer pourquoi le régime du bienfaiteur mène au bonheur en s’appuyant sur les mathématiques (les mathématiques sont tout dans cet état, guidant aussi la poésie). Mais ces notes vont rapidement se transformer sous le questionnement de D-503 pour amener ce dernier sur un sentiment de révolte.

Un roman qu’il faut resituer dans le contexte politique de l’époque, en se rappelant que l’auteur avait participé à la révolution d’Octobre avant de quitter la parti. La première édition datait de 1924 (en anglais), éditon de laquelle Nous Autres sera traduite. Nous  est la première version française de ce roman, traduite directement depuis le russe.

A noter tout de même que la prose n’est pas évidente à lire et que certains pourraient y trouver un petit sentiment de déjà vu…

Actes Sud (Mars 2017) – 233 pages – 21.00€ – 9782330076726
Traducteur
: Hélène Henry
Titre Original : My(1920)
Couverture : Getty Images
Quelques années après la révolution, Evgueni Zamiatine, auteur reconnu et familier des milieux d’avant-garde, écrit Nous, un roman d’anticipation. Traduit à l’étranger et circulant sous le manteau dans son pays, il ne sera jamais édité en russe du vivant de Zamiatine. Pire, cet “infect pamphlet contre le socialisme” sera la principale pièce à conviction de sa mise à l’écart, de sa “mort littéraire”.
Nous se présente comme le journal tenu par D-503, le constructeur de l’Intégrale, un vaisseau spatial dont la mission est de convertir les civilisations extraterrestres au “bienheureux joug de la raison”, au “bonheur mathématiquement infaillible” que l’État Unitaire prétend avoir découvert. Six siècles après notre époque, le monde civilisé s’est en effet organisé en un “État Unitaire” sous la férule d’un “Bienfaiteur”. Les hommes – des “Numéros” – habitent une cité de verre où tout est régulé, particulièrement l’activité sexuelle, et ils paient de leur vie le moindre écart à cet ordre établi contre lequel, malgré tout, une poignée de dissidents va s’insurger.
En 1920, quand Zamiatine écrit Nous, la fièvre révolutionnaire est retombée, l’élan déjà s’est brisé, confisqué par d’“aimables fonctionnaires”.
Anti-utopie prophétique qui anticipe toutes les glaciations du xxe siècle, Nous se lit comme un long poème sur le retour nécessaire des révolutions. Cette nouvelle traduction vise à faire entendre, dans les mots, cet appel tragique : on a toujours raison de se révolter.


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