Réalisée par :mail
Date :mars 2006
Nous avons eu la chance de pouvoir interviewé récemment Robin Hobb et au vu de tout le bien quelle pensait dArnaud, on ne pouvait que lui proposer cette petite interview :), vous donnant une fois encore la possibilité de découvrir un traducteur.
Allan : Bonjour et merci davoir accepté notre invitation. Avant daller plus loin, pourrais-tu nous parler de toi ?
Arnaud : Eh bien, jai 46 ans, 3 enfants, 19 ans de crédit à payer pour ma maison, un jardin japonais à créer autour et 6 chats à mettre dedans.
Allan : Quel parcours conseillerais-tu pour devenir traducteur ?
Arnaud : Aujourdhui, apparemment, il faut des diplômes, DESS et compagnie; mais ma principale recommandation serait de lire le plus possible de “bons” auteurs français (je veux dire avec un solide registre de langage) afin de simprégner de leurs tournures, vocabulaire, syntaxe, bref, de leur style. Traduire, ce nest pas connaître la langue dorigine par coeur – il y a des dictionnaires pour ça; cest connaître intimement la langue darrivée.
Allan : Quand tu traduis, nas-tu pas peur de déformer ce que veut dire lauteur ? Quels “gants” prends-tu pour ne pas dévier la pensée de lauteur ?
Arnaud : Si, bien sûr; pour ma part, jai deux moyens pour limiter les dégâts: prendre contact avec lauteur pour lui demander de préciser sa pensée en cas dobscurité et me plonger dans son esprit au fur et à mesure que je traduis de façon à ressentir la manière dont il ou elle exprimerait en français ce quil ou elle a écrit en anglais. Cest un système qui prend du temps mais qui donne de bons résultats en ce qui me concerne.
Allan : A ce que jai pu noter de linterview avec Robin Hobb, tu prends contact avec les auteurs au cours de la traduction : est-ce pour toi indispensable à la bonne traduction, ou est-ce plus pour le “plaisir” de pouvoir discuter avec lauteur ?
Arnaud : Non, ce nest pas indispensable; tout dépend du type de livre que je traduis. Par exemple, jen suis au 5ème volume de la série Traquemort pour LAtalante et je nai pas pris une fois contact avec Simon Green, parce que ses bouquins sont des space operas délirants à but principalement de détente (et néanmoins très bons). De mon point de vue, il nest pas nécessaire de chercher le sens caché de ces livres; il faut surtout rendre le côté dingue, vif, marrant, explosif des aventures, et cest surtout une question de style, non de sens.
Dans dautres cas, où le sens a une importance cruciale, comme avec Robin ou Orson Scott Card, je joins souvent les auteurs pour discuter de telle situation ou telle tournure de phrase afin dêtre sûr de ne pas me planter; de là, de véritables rencontres peuvent avoir lieu.
Allan : Jai pu noté que ta relation avec Robin nest pas resté uniquement professionnel et quune réelle amitié sest créé : ca doit faire plaisir que son travail soit reconnu par lauteur, non ?
Arnaud : En effet, cest un grand plaisir et un grand honneur, dautant que, comme tu dis, une amitié sest créée; nous sommes passés dune relation dauteur à traducteur à une relation dhumain à humain à laquelle jattache une immense importance. Robin est quelquun de très riche, très profond et en même temps très abordable, et nous partageons beaucoup de points communs qui enrichissent encore le travail que jeffectue sur son oeuvre.
Allan : Dailleurs, cela ne te frustre-t-il pas trop quand on parle du style et du langage de lauteur en sachant que tu y es pour une grande part ?
Arnaud : Dun côté, oui, parce que je reste dans lombre, mais dun autre, non, parce que cest un hommage indirect à ma traduction; de toute manière, je ne suis pas très à laise sous les feux des projecteurs, donc ça me convient. En outre, grâce à Internet, jai un retour sur mon travail beaucoup plus considérable quà lépoque où je bossais seul dans mon coin, et le site des Rivages Maudits, consacré à Robin Hobb, y est pour beaucoup. Merci à tous ses membres!
Allan : Comment ty prends-tu pour traduire : une lecture intégrale suivie par la traduction ; traduction littérale puis amélioration de la traduction ?
Arnaud : Lecture intégrale, traduction au petit poil et une relecture pour peaufiner le tout.
Allan : Alors, cette question doit te revenir souvent, donc je vais la tourner de façon à ce que ce ne soit pas une atteinte au métier de traducteur : le fait de traduire des romans écrits par dautres nentraîne-t-il pas chez toi un désir décriture ?
Arnaud : Si, mais très informe et brumeux; si un jour il se précise, je my mettrai. Mais pour le moment mon vrai talent porte sur la traduction et je men contente.
Allan : Quelle est la question que lon te pose souvent et qui a le don de texaspérer ? Tu veux y répondre une bonne fois pour toute ?
Arnaud : Il y a pas mal de questions qui reviennent, mais aucune qui magace particulièrement; curieux de nature moi-même, je trouve normal que dautres minterrogent sur mon boulot, relativement mal connu, et je me fais un plaisir de leur répondre, même si jai déjà donné dix fois la réponse.
Allan : Par contre, tu as bien une question quon ne ta jamais posée et à laquelle tu mourrais denvie de répondre ?
Arnaud : Echangeriez-vous votre baril de Robin Hobb contre deux barils dun autre auteur?
La réponse, à létonnement général, est non.
Allan : Quels sont tes projets ?
Arnaud : Pour linstant, aller nourrir mes chats, terminer de planter ma haie de bambous, continuer à traduire les bouquins de Robin… Jai tendance à vivre au jour le jour.
Ah si! Essayer de sauver la planète en employant le plus de systèmes écologiques possible et en éduquant mes enfants dans ce sens.
Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui, que penses-tu de Fantastinet ?
Arnaud : Jai visité le site en diagonale et ce que jai vu ma beaucoup plu: complet, pluraliste, attrayant, sympa. Du beau boulot, à première vue. Faudra que je refasse une visite plus approfondie.
Allan : Un petit mot pour la fin ?
Arnaud : Merci de mavoir invité – et davoir eu la patience dattendre la réponse à ton interview 🙂