Réalisée par :mail
Date :mai 2006
Nous avons pu discuter avec Pierre-Louis a loccasion de la parution du premier volume de Spiris… A défaut de lavoir rencontré au Salon du Livre de Paris !! Merci à lui pour cet échange
Allan : Avant toute chose, il va falloir passer par léternelle présentation qui nous permet toujours de mieux situer un auteur 😉 Acceptes-tu ce périlleux exercice ?
Pierre-Louis : Avec plaisir. Je suis un passionné de lecture et décriture. Jécris des contes depuis lenfance. Je crois que ceux qui écrivent sont souvent des grands lecteurs. Depuis plusieurs années, je travaille dans une société de haute technologie.
Allan : Si on regarde Spiris, et bien que nous le classions en Fantasy (Fantastinet na pas été le seul à le faire 😉 ), on a quand même limpression que le livre se rapprocherait plus dun essai romancé certes . Le seul élément “Fantasy” quon trouve est en fait cette absence de définition temporelle et les aspects géographiques, politiques et culturels de ce monde : cela ne te gêne-t-il pas que le roman soit classé en Fantasy ?
Pierre-Louis : Bien au contraire, la Fantasy est un allié puissant et un formidable creuset didées nouvelles. Einstein ne disait-il pas que « limagination est plus puissante que la connaissance » ? Cest par la lecture dun roman danticipation, « La nuit des temps » de Barjavel, quun ingénieur nommé Roland Moreno a eu lidée de créer la carte à puce que chacun de nous possède maintenant dans son portefeuille ou dans son téléphone portable.
En fait, javais envie décrire le livre que je voulais lire. Ce monde imaginaire est le creuset des aventures de Spiris. Le personnage va partir en quête de lui-même pour parvenir à donner un sens à son existence. Cest vrai que grâce à la Fantasy, on peut faire passer des messages qui trouveraient aussi leur place dans un essai. Mais je lai dis, je préfère raconter des histoires.
Ce roman qui se situe bien avant les civilisations connues de lantiquité, peut tout à fait se transposer à lhomme moderne. Cependant, dans notre société moderne, les sens tombent en déliquescence. Or le moteur de lhomme ne peut avancer quà lessen-tiel. Nous devons créer du sens, donner du sens à nos paroles, à nos actes et non pas reproduire celui des autres. Nous devons prendre place en nous-mêmes, pour être véritablement à notre place. Limagination, étant en cela, un formidable levier.
Allan : Te revendiques-tu ce genre ?
Pierre-Louis : Cest exactement le thème du livre. La Fantasy permets de sévader dans un monde imaginaire. Nous oublions nos repères, nous lâchons prise avec le quotidien et à un moment, cela nous permets dentamer un dialogue avec notre inconscient, notre identité la plus profonde. Et linconscient en retour, nous envoie des signes. Lacan ne disait-il pas que « linconscient est structuré comme un langage » ?
Allan : Ce qui est intéressant à noter tout de même, est que les Editions Quintessence ont pris appui sur ton cycle pour lancer une nouvelle collection Roman Initiatique – : quel effet cela fait-il dêtre un “précurseur” ?
Pierre-Louis : Les Editions Quintessence sont spécialisées dans les essais de développement personnel. Avec Spiris, ils ont eu un coup de cur et cest la première fois quils éditent un roman. Je les remercie de tout coeur car cest toujours un pari risqué que de lancer une nouvelle collection. De plus, ils sont actuellement à la recherche dun illustrateur (ou illustratrice) pour réaliser une BD des aventures de Spiris. Avis aux amateurs !
Allan : Le personnage de Spiris nest pourtant pas nouveau en soit : que ce soit lenfant abandonné qui se cherche, ou la découverte du “monde” par un être naïf sont des thèmes maintes fois abordés
Nas-tu pas peur que cela porte préjudice à ton message donnant un vague sentiment de déjà vu ?
Pierre-Louis : Ne sommes-nous pas tous des candides face à la découverte du monde ou de soi ? Cest-à-dire des candidats à la connaissance, donc à mieux nous connaître.
Allan : Cela nest que jouer lavocat du diable parce que je nai pas eu ce sentiment de déjà lu (plutôt que déjà vu :p) au cours de la lecture : cela as du être une uvre de longue haleine ?
Pierre-Louis : Ce fût en effet une longue traversée avec des calmes plats, quand je ne pouvais pas trouver le temps décrire, et des bourrasques, où limagination va plus vite que le clavier de lordinateur. Cela ma demandé quatre longues années pour écrire un roman de 350 pages, mais ce temps a été nécessaire à la maturation des personnages. En créant ce monde imaginaire, on en ressort différent. Les retours des lecteurs me confirment que lon ne sort pas tout à fait « le même » après avoir voyagé avec Spiris. Les lecteurs sont peut être bousculés par les épreuves initiatiques traversées par le héros. Un témoignage qui ma bouleversé, ma été donné par Franck, une personne en mal de vivre, qui pensait plus à la mort quà la vie et qui a trouvé des repères dans Spiris pour se relever et repartir de lavant.
Allan : Lensemble est basé sur la découverte de son soi profond avec un refus marqué pour tout ce qui est image imposée par les autres
Il ne sagit pas seulement dun roman, tu penses que ton message à une chance de passer à une époque où lindividu nexiste que par rapport à sa capacité à consommer ?
Pierre-Louis : Il faut savoir consommer à bon escient dans cette société de consommation sans lui laisser la possibilité quelle nous consomme. Quand les besoins alimentaires, puis matériels sont assouvis, lhomme parfois sent poindre une insatisfaction. Il comprends que la quête du désir est sans fin. Parce que notre société de consommation propose sans cesse des produits parfois très utiles mais souvent inutiles et superflus. Saint Augustin disait, « le secret du bonheur est de désirer ce que lon a ». Celui qui sen rends compte, se remets en question. Tous les signes extérieurs de richesse sont peut-être la preuve dune certaine réussite dans La vie. Mais leur propriétaire a-t-il réussi Sa vie ? Et de quoi est-il réellement propriétaire ? Si la mort survient à limproviste, il ne peut rien emmener de tous ses biens. En fait, chaque homme est bien plus que linventaire de ses biens matériels. Comment prendre un peu de distance avec ces objets de consommation ? Comment sen détacher pour sattacher à sa tâche ? Cest-à-dire développer ses propres signes intérieurs de richesse. Lhomme sait quil lui faut devenir véritablement soi-même et non plus demeurer un simple reflet du regard des autres. Comment aller plus loin
en soi ? Cest la quête suivie par Spiris.
Allan : Au final, ce sont deux élèves que nous allons suivre, Spiris et Leylane
Le choix dun couple te semblait important ?
Pierre-Louis : Dans lhomme il y a une part de féminité. Dans la femme, il y a une part masculine. Cest lanima et lanimus développé par C.G. Jung. Dans le livre, Spiris est un orphelin, recueilli par des bohémiens qui cherche à revoir ses parents et Leylane, une jeune fille de bonne famille qui a fui ses parents. Tous deux vont se retrouver pour franchir ensemble les degrés initiatiques et gravir ensuite la montagne sacrée du Kandhsamra
Allan : Ta façon décrire donne une dimension supplémentaire au roman : alors pour quelquun travaillant dans la haute technologie, le style étonne (eh, oui, les vieux clichés) et détonne : est-ce forcé ou non ?
Pierre-Louis : Jessaye simplement de rester moi-même là où je me trouve.
Allan : Ton livre ne rencontre que des critiques positives (en tout cas, je nen ai pas vu de négative).. Quel effet cela fait-il ? Soulagement ou le retour de la presse tindifférait ?
Pierre-Louis : Au début, jécrivais pour moi. Maintenant, beaucoup de lecteurs et de critiques de la presse attendent le Tome II. Cela constitue un fantastique encouragement. Spiris est une aventure permanente car jéchange beaucoup avec les lecteurs lors de rencontres dans des librairies ou conférences. Et puis, je misole à nouveau pour écrire. Je me mets à couvert pour porter mes personnages imaginaires à découvert. Si je connais la trame générale du Tome II, « Spiris, le Faiseur de Foudre », Spiris est imprévisible et je ne sais pas toujours où il va memmener.
Allan : Tu annonces déjà la suite pour Noël et un troisième volume : Le troisième volume sera-t-il la conclusion du cycle ?
Pierre-Louis : Le Tome II devrait sortir pour Noël. Pour le Tome III, jai des idées en tête, mais je garde le mystère même sil constituera effectivement la fin du cycle.
Allan : En dehors de Spiris, as-tu dautres projets ,
Pierre-Louis : Spiris est déjà une sacrée aventure en soi et jy consacre une bonne partie de mon temps libre.
Allan : Comment nous as-tu connu et quest-ce qui ta donné envie de nous accorder une interview ?
Pierre-Louis : En lisant des interviews dautres auteurs Fantasy, je suis arrivé sur votre site et je dois dire que votre rôle est primordial, celui de mettre en avant tous ces auteurs.
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Pierre-Louis : De continuer à mabreuver à ma source dinspiration. Et que celle-ci demeure intarissable.
Allan : Le mot de la fin sera :
Pierre-Louis : Si tu veux suivre Spiris, laisse de côté tout ce que tu connais et embarque pour un monde inconnu
qui dort peut-être aussi au plus profond de toi.