Réalisée par :Mail
Date :Novembre 2007
Orcusnf : Bonjour Thierry, pourriez vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas ?
Thierry Di Rollo : Je dirais que je suis un simple écrivain. Et que les genres dans lesquels je me commets (science-fiction, fantastique, polar) importent peu, finalement, pour me définir. Je suis dabord un être humain qui tente, par lécriture, de dire certaines choses.
Orcusnf : Après quatres livres chez le Bélial, vous publiez un court recueil aux trois souhaits, pourquoi ce changement ?
Thierry Di Rollo : Cest simplement que je ne tiens pas mes nouvelles en très haute estime. Et il aura fallu toute la persuasion de Jérôme pour me convaincre de la nécessité dun petit recueil; son intérêt pour mes univers ma touché. Ceci dit, je nai pas le talent dun nouvelliste comme Dunyach et mes textes courts ne méritent pas un ouvrage exhaustif. La structure offerte par Jérôme me convenait, donc: très peu de nouvelles à insérer au sommaire. Olivier naurait pas pu me proposer lédition dun recueil aussi “discret”. Cest juste une question déchelle.
Orcusnf : Dans quelle mesure Cendres est elle pour vous la nouvelle représentative du recueil ?
Thierry Di Rollo : Parce que cest par elle que jai posé mon style. Jaune Papillon, écrite une année auparavant (1995), hésitait encore un peu, par manque dexpérience de ma part – cest pour cette raison que je lai expurgée et reprise pour le recueil de Jérôme. Et puis, Cendres est un texte que jaime bien, pour des raisons qui me sont purement personnelles. De plus, le titre convenait parfaitement pour le recueil.
Orcusnf : Comme le dit le quatrième de couverture, vous nous faites visiter un enfer, quest ce qui vous pousse à imaginer un avenir aussi sombre ? Certes le sujet nest pas nouveau, mais vous le poussez à un niveau de noirceur rarement atteint.
Thierry Di Rollo : Ce nest pas moi qui le pousse à ce niveau. Cest nous tous. Moi, je retranscris sur papier, cest tout. Et encore, je trouve que je suis loin du compte.
Orcusnf : Qui plus est, vous allez jusquà déshumaniser vos personnages. Vos héros, ou plutôt vos victimes, sont confrontés à des bêtes sauvages, des vautours, des fouines, des gnomes, etc. Lhomme est il donc, à vos yeux, si méchant ?
Thierry Di Rollo : Non, lhomme oublie simplement ce quil est. Les animaux que je mets en scène dans mes romans tentent seulement de le lui rappeler. En vain, le plus souvent.
Orcusnf : Dans ce cas là, si la majorité des hommes est telle, vos héros sont ils encore des hommes, eux qui réprésentent la minorité victime de la bestialité des autres ? A moins quils ne soient au fond pas mieux que les autres ?
Thierry Di Rollo : Non, je choisis quelquun au milieu de la multitude humaine et je le suis jusquau bout. Je ne le juge pas. Je nai même pas tenté de juger John Stolker, le narrateur de Meddik. Quoi quon en dise, mes personnages restent humains, je persiste et signe. Quelques lecteurs lacceptent, dautres, plus nombreux, bien sûr, refusent cette évidence ou nen ont rien à faire, ce qui revient finalement au même.
Orcusnf : Une chose qui ma surpris, cest le fossé qui sépare les trois premières nouvelles de la dernière. En effet, si ces trois nouvelles semblent se dérouler dans un avenir proche, voire nous être contemporaine, la dernière est plus lointaine. En quoi selon vous se raccroche-t-elle aux trois autres ?
Thierry Di Rollo : Le narrateur de “Quelques grains de riz” met en scène sa folie; il choisit, du début à la fin. Mais ça reste une folie. Jérôme avait souhaité terminer le recueil sur un texte plus “ouvert”. Je pense quil a eu raison. En plus, cest un texte qui me tient très à coeur.
Orcusnf : Au moment où sort Appel dair aux trois souhaits, votre recueil apparait sous certains aspects, notamment dans “Jaune Papillon”, comme un grand pamphlet, coincidence ou hasard de parution ?
Thierry Di Rollo : Ni lun ni lautre. Notre connerie dêtre humain est universelle et intemporelle. Cendres a été pensée en 1991, écrite en 1996. Depuis, il y a eu lIrak, le Darfour, etc., etc. Ce qui est pitoyable, cest précisément l”etc.”
Orcusnf : Le travail sur la couverture est assez remarquable, quels ont été vos contacts avec Daylon, lillustrateur ?
Thierry Di Rollo : Cest moi qui ai proposé Daylon à Jérôme. Et jai simplement dit à Daylon de faire ce quil voulait, dans le cadre et le ton des textes, évidemment. Jai donc terminé lun de mes courriels en lui recommandant ceci: “Essaye de te surpasser.” Je nai rien ajouté. Son talent a fait le reste.
Orcusnf : Quels sont vos projets en cours ?
Thierry Di Rollo : En cours, rien. Tôt ou tard, un deuxième polar pour Denoël. Pour le reste, je préfère ne pas en parler.
Orcusnf : En tout cas, merci de nous avoir accordé cette interview, un mot pour la fin ?
Thierry Di Rollo : Que ceux qui aiment sincèrement mes écrits continuent à me lire, cest pour eux que je continue à le faire. Que les autres passent leur chemin.