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Les canaux du Mitan d’Alex Nikolavitch

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Lorsque le bateau Carnaval croise la route de Salvi, le jeune Gabriel voit ici une chance inespérée de changer sa vie.

Il est vrai que ce bateau aux couleurs éclatantes, qui traverse les plaines du Mitan depuis des années, héberge à son bord les fameux Freaks, ou phénomènes de foire qui rendent les spectacles si exceptionnel… Nain, Femme à barbes, Montagne de muscle et autres siamois composent cet étrange équipage.

Et le jeune Gabriel, orphelin et sous tutelle d’un prêtre avec lequel il ne partage que peu de choses, fait le choix de rejoindre l’équipage, au désespoir de Suzanne, sa seule amie. Il faut avouer qu’il n’avait aucune raison de rester dans ce village qui ne semble faire que peu de cas de sa vie et de son avenir, alors que les passagers du bateau-carnaval sont prêts à l’accueillir alors même qu’il n’a rien de spécial…

Et c’est avec Gabriel que nous allons commencer la découverte de cet étrange monde dans lequel les colons semblent avoir pratiquement réussi à faire disparaître la population locale… Si ce n’est que la magie qui lui est associée semble toujours aussi puissante.

Sur plusieurs années, nous allons naviguer dans ce monde et tenter d’en comprendre l’histoire au travers de l’enquête notamment de Suzanne. Nous verrons ce monde en pleine transformation, un monde qui pourrait nous rappeler par certains aspects des périodes comme le recul des indiens aux Etats-Unis. D’ailleurs, nous voyons fréquemment ce double discours entre les éléments rendant le Mitan plus “moderne” au travers des héliographes par exemple, auxquels s’opposent toujours la magie des peuples autochtones.

Et si Gabriel nous donne une vision très précise des bateleurs et de la façon dont sont accueillis les équipages, il faudra attendre l’arrivée de Suzanne pour avoir le début réel de l’intrigue, avant que de nouveaux personnages nous donnent des perspectives nouvelles encore sur la région. Avec ce sentiment que nous sentons venir finalement très rapidement : le bateau-carnaval n’est pas un simple bateau transportant un groupe de forain.e.s !

Et c’est ce qui nous retient dans ce roman pour lequel nous nous demandons page après page : que va-t-il se passer et surtout où va-t-on ? Le récit pourra déplaire à certain.e.s par un rythme très aligné sur celui du bateau-carnaval, nous plongeant dans une forme de torpeur qui fait que nous pouvons passer à côté de détails importants (je n’ai pas fait tout de suite le rapprochement entre Suzanne l’enquêtrice et Suzanne l’amie de jeunesse de Gabriel).

L’histoire est aussi bien sûr celle d’un jeune garçon, Gabriel, qui est un étranger partout : étranger à Salvi parce qu’il n’a plus de famille, et restant donc d’une certaine façon sur le bord de la route, il sera accueilli au sein d’une communauté de Freaks, alors même que lui-même ne bénéficie / souffre d’aucune particularité, se trouvant être le seul “normal” sur le bateau… C’est aussi un parcours initiatique pour lui, qui va d’abord découvrir la vie au sein du bateau-carnaval avant d’être confronté aux anciennes traditions, le rendant à cheval entre le nouveau monde dont il est issu et l’ancien monde qui l’a intégré..

Est-ce la fin d’un monde ?

Les Moutons Electriques (21 août 2020) – 256 pages – 19,90€ – 9782361836238
Couverture : Melchior Ascaride

Le Mitan, vaste plaine couturée de canaux, creusés en des temps immémoriaux, et que les colons parcourent désormais sur de lentes péniches tirée par des chevaux. C’est sur l’une d’entre elles qu’embarque le jeune Gabriel, attiré par son côté exotique : peuplée de phénomènes de foire, elle lui permet d’échapper à un quotidien morose.
Mais quels sont les esprits qui hantent les anciens tertres, tout au bout de la plaine ? Pourquoi, depuis des siècles, condottières et capitaine viennent-ils se perdre dans le Mitan ? Et surtout, à quoi bon maintenir les anciennes traditions des bateleurs-bateliers, quand la civilisation apporte de nouvelles règles ?
Gazogènes, héliographes, canaux, chevaux et grandes plaines : un autre monde.


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