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L’examen de Richard Matheson

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Richard Matheson a écrit cette nouvelle dans les années 50, en 1954 pour être précis et les questions qui sont posées font à nouveau écho avec notre actualité… notamment puisque la période est marquée par la question des retraites et donc, d’une certaine façon, sur l’ “Utilité” des personnes âgées.

Et la solution trouvée est finalement simple : passé un certain âge (60 ans), chaque personne est amenée à passer un examen complet intégrant autant des questions de linguistique que de mathématiques ou encore des tests physiques pour déterminer si le candidat a encore saplace parmi nous.

Nous plongeons dès le début au cœur d’une famille où Tom, âgé de 80 ans, se prépare une nouvelle fois au fameux examen. Nous sentons dès le départ une inquiétude de Leslie, le fils, qui ne cesse d’entraîner son père sur des questions qui peuvent lui être posées et se sent de plus en plus désemparé par les résultats probables tant son père semble en difficulté à chaque question, sur chaque sujet…

Il ne s’agissait que de remplir un formulaire, d’une procédure des plus simples, beaucoup plus simple que d’attendre le retour de cet examen tous les cinq ans. Mais cela aurait signifié l’arrêt de mort de son père, le droit pour l’État de se débarrasser de lui comme d’un déchet. Il ne pourrait jamais s’y résoudre.

Ce que nous sentons surtout, c’est ce décalage qui existe entre la volonté de voir son père réussir et dans un même temps la crainte qu’il ne revienne occuper le logement familial pendant 5 années supplémentaires. C’est pour moi le sujet le plus important de ce récit : nous sentons réellement Leslie dans l’entre-deux, partagé entre son devoir de fils et son intégration à une société qui mise tout sur la productivité.

Les échanges sont pleins de non-dits et de sous-entendus. La remarque la plus frappante est finalement celle d’un des enfants de Leslie qui ne voit dans l’éventuel condamnation de son grand-père qu’une histoire à raconter à ses amis, loin du moindre sentimentalisme ou la moindre empathie que nous sommes habitués à voir vis-à-vis de nos proches.

Une nouvelle republié donc au bon moment et qui, comme les précédentes de cette collection, nous montre à quel point les inquiétudes ne datent pas des années 2000.

Le Passager Clandestin (novembre 2019) – Dyschroniques – 48 pages – 5€ – 978-2-36935-235-8
Traducteur : Jacques Chambon (Etats-Unis)
Titre Original : The Test (1954)
Couverture : Xavier Sebillotte

Que diriez-vous si votre père, comme toutes les personnes de plus de 60 ans, devait passer régulièrement un test qui détermine si sa vie offre encore quelque intérêt pour la communauté ? En 2003, dans une société régie par la productivité, les personnes âgées ne peuvent être un « poids » pour les actifs. Aussi, passé un certain âge, chacun est contraint par la loi de passer un examen pour évaluer ses aptitudes intellectuelles et physiques et dont le résultat déterminera la suite de son existence… À l’heure où nos sociétés occidentales contemporaines sont confrontées au vieillissement de la population et à la « gestion » des personnes non autonomes, il est urgent de relire Richard Matheson et sa vision des dérives d’une société gouvernée par l’utilitarisme économique qui peine de plus en plus à cohabiter avec ses aînés.


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