Allan : Bonjour Fabrice, notre dernière entrevue ensemble date maintenant de mars 2005 à l’occasion de la sortie de Sunk à l’époque en collaboration avec Sabrina Calvo… Alors quoi de neuf depuis ?
Fabrice : Pas mal de romans jeunesse – le succès de La Malédiction d’Old Haven a ouvert un certain nombre de portes – et une envie d’écrire intacte : c’est absolument essentiel.
Allan : Le mois dernier est paru « Les Vampires de Londres », premier opus des « Etranges SŒurs Wilcox » qui a bénéficié de ta part d’une grande publicité, notamment sur Facebook : ce titre te tient particulièrement à cŒur ?
Fabrice : C’est le premier tome d’une série : autant essayer de bien démarrer, car la concurrence est rude. Mais c’est surtout sur les blogs que la présence du titre est visible ; Gallimard s’est concentré là-dessus.
Allan : D’ailleurs, quelle place tient internet et notamment facebook pour toi dans la promotion d’une parution ? Est-ce un moyen de pallier le peu de communication sur les littératures de genre (au sens large) dans la presse généraliste ?
Fabrice : Globalement, la presse généraliste m’indiffère : elle ne fait pas vendre, et les vrais journalistes – ceux qui ne se contentent pas de recopier un prière d’insérer et/ou qui sont capables d’obtenir de leur rédaction la permission d’écrire plus de trois lignes sur un livre – se font rares. A part Je bouquine et les revues professionnelles… Facebook est un moyen assez pratique de tenir les gens au courant de ce qui sort ; mon blog en est un autre, et twitter, et les forums, etc. Je crois à la multiplication des supports.
Allan : Il s’agit ici d’une Œuvre jeunesse, et bien que cette question soit souvent posée, je l’aime bien alors tu y as aussi le droit : y-a-t-il une écriture différente entre le roman jeunesse et adulte ? Se met-on des barrières ou l’éditeur en impose-t-il ?
Fabrice : Mes romans adulte sont résolument « adulte » : sexe explicite, narration éclatée, vertige identitaire et j’en passe. On ne risque donc pas de les confondre avec mes romans jeunesse, lesquels se contentent, si je puis dire, de raconter des histoires. Et pour répondre à ta question : non, on ne se met pas de barrières, et l’éditeur n’impose rien : c’est le bon sens qui dicte nos choix. On n’écrit pas de la même manière pour des ados que pour des fans quinquagénaires de Thomas Pynchon, c’est une évidence.
Allan : Dans ce roman, nous allons suivre deux sŒurs, les sŒurs Wilcox qui se sont réveillées dans un cimetière et sans aucun souvenir dans un Londres de l’époque victorienne : pourquoi cette période ?
Fabrice : Parce que je l’aime – que j’aime m’y promener, la recréer, l’imaginer à ma façon, et que je ne m’en lasse pas. Ce premier tome des Etranges SŒurs Wilcox est une façon pour moi de renouer avec mes amours de jeunesse.
Allan : Au fur et à mesure de l’aventure, nous croiserons de nombreux personnages qui sont autant de référence aux littératures de genre, tant fantastique que policier : volonté de faire des clins d’Œil à des Œuvres que tu juges majeures ?
Fabrice : Non, volonté d’enrichir le monde avec les fictions qu’il génère. Dans le 19e siècle mental qui me sert de décor, Sherlock Holmes est aussi réel que Conan Doyle, ou Dracula que Bram Stoker.
Allan : Recueillis par le duo Holmes-Watson, les deux jeunes filles vont se retrouver entraînées dans une lutte impitoyable… tout en cherchant à retrouver leur père… Ton histoire contiendra, on le comprend assez vite, plusieurs intrigues : n’as-tu pas peur de perdre ton lecteur ?
Fabrice : Si . C’est pour cela que je fais appel, avant publication, à une équipe de lecteurs-testeurs, et que l’une des deux questions que je leur pose est : est-ce que vous comprenez tout ? (La seconde étant : est-ce que vous vous ennuyez parfois ?)
Allan : Le premier roman se suffit à lui-même, bien qu’évidemment tout ne soit pas réglé à la fin du premier volume, ce mode de fonctionnement est-il quelque chose que tu conserveras dans la suite de l’histoire ?
Fabrice : Je vais essayer.
Allan : D’ailleurs, as-tu une idée du nombre de volumes que comprendra la série et, question qui en découle, quand pourrons-nous lire la suite ?
Fabrice : La série comportera trois ou quatre tomes. Le deuxième sortira au printemps.
Allan : As-tu d’autres projets en cours ?
Fabrice : Il y a ce projet de roman Elric inédit écrit en collaboration avec Michael Moorcock. Et d’autres romans jeunesse, bien sûr. J’ai en projet quelque chose sur les fées.
Allan : Je t’ai croisé à la 25ème heure du livre, c’était la première fois que je t’y voyais : qu’en as-tu pensé ?
Fabrice : De notre rencontre ou du salon ? Ah, ah. Notre rencontre était très sympa –j’aime mettre des visages sur les noms – mais pour discuter, un salon n’est pas le lieu idéal (sauf quand on ne signe pas) : je préfère les cafés. Pour le reste, la 25e heure du livre : super. Gros public, des libraires adorables, plusieurs visites très touchantes.
Allan : Je te laisse le mot de la fin :
Fabrice : Je pense beaucoup à Pierre Bottero, qui nous a quittés récemment. Savoir que je ne le verrai plus jamais dans un salon me donne envie de rester chez moi et d’écrire furieusement. Merci à toi pour cette interview.
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