Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview : Erik L’Homme

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Erik vient de conclure un deuxième cycle jeunesse, cette fois ci de space opéra. Occasion pour nous de rencontrer un des auteurs majeurs de la littératures jeunesse SF

Allan : Avant de partir sur ta carrière d’écrivain, peux tu nous parler un peu de toi et du parcours qui t’a amené jusqu’au monde de l’écriture ?

Erik : J’ai toujours été un garçon rêveur, un dévoreur de livres, plus à l’aise dans l’imaginaire que dans le réel (même si je n’ai jamais cherché à le fuir !). C’est en classe de sixième, penché sur ma première rédaction, que j’ai eu une révélation. J’ai compris à cet instant précis que l’écriture serait mon truc à moi. Comme ma professeur de Français a eu l’excellente idée de me mettre la meilleure note de la classe, cette première reconnaissance a durablement conforté mon idée de devenir écrivain. Je m’attarde sur les débuts, mais je crois que c’est dans l’enfance que l’on retrouve ce qui fait l’adulte qu’on est devenu ! Par la suite, le torrent de la vie et d’autres rêves m’ont entraîné dans d’interminables études, de longs voyages et des galères incertaines , mais je n’ai jamais cessé d’écrire. Cette passion de jeunesse s’est renforcée au fil des années et est vite devenue un besoin dévorant. L’écriture permet de prendre un étonnant recul sur les choses et sur soi-même. En écrivant, je me suis écrit moi-même…C’est au retour de l’un de mes voyages que j’ai rencontré, par hasard (par destin ?), celui qui allait boucler la boucle et publier mon premier roman, un autre professeur de Français, écrivain lui-même et éditeur chez Gallimard Jeunesse, Jean-Philippe Arrou-Vignod.

Allan : As-tu subi des influences et si oui lesquelles ?

Erik : Vivre c’est subir des influences ! Celles de ses parents, de ses professeurs, de ses amis… Sur un plan littéraire, ou plus généralement celui de l’imaginaire, j’ai d’abord écouté avec ravissement mon père et ma mère faire la lecture, au coin du feu, d’histoires extraordinaires, de contes et de légendes. J’ai ainsi voyagé avec Nils et son jars, chevauché avec Arthur et ses chevaliers, dansé avec les Korrigans sur les landes de Bretagne et navigué avec les Vikings à l’autre bout du monde. En âge de lire, j’ai été marqué par des séries comme Le Club des cinq ou Langelot agent secret, par des livres dits classiques comme Le capitaine Fracasse, les Trois mousquetaires, L’île au trésor, Vingt mille lieues sous les mers ou Un capitaine de quinze ans, et des collections d’aventures proposées par le Signe de Piste ou Marabout. Dans le même temps, j’avais onze ans quand est sorti sur les petits écrans Albator 78, et la présence ténébreuse du corsaire de l’espace m’a marqué comme elle a marqué toute une génération. J’adorais également Tintin et Astérix. J’étais aussi abonné au magazine Spirou. Cela pour expliquer que mes influences, et références, sont, comme pour beaucoup d’auteurs de ma génération, multiples. Enfin, la découverte de Tolkien à l’adolescence a été pour moi déterminante et m’a ouvert le monde de la SF et de la Fantasy.

Allan : Ta carrière d’écrivain a commencé avec la publication du livre des étoiles qui a rencontré un franc succès… T’attendais tu à avoir une reconnaissance quasi-immédiate ?

Erik : On peut espérer les choses sans vraiment s’y attendre ! Mais non, je ne m’attendais à rien de la sorte. J’étais déjà très heureux d’avoir été remarqué par un écrivain reconnu et publié par une maison prestigieuse !

Allan : Comment t’es venu l’idée de ce cycle ?

Erik : J’ai découvert un jour, par hasard encore (par destin ?), Harry Potter. J’ai dévoré les trois premiers tomes et j’ai ressenti cette lecture comme un défi : pouvait-on écrire une histoire de magie et d’apprenti-sorcier après Harry Potter ? Or j’ai toujours fonctionné aux défis ! J’ai alors décidé de le relever et de proposer ma propre vision des choses magiques et initiatiques. C’est comme cela qu’est née l’idée du Livre des Etoiles.

Allan : Cela a-t-il été difficile de faire accepter ton texte aux Editions Gallimard ?

Erik : J’ai l’impression, au contraire, que tout a été très facile. Naturel. Comme si j’arrivais au bon moment, chez les bonnes personnes, avec le bon texte. J’étais persuadé, avant d’envoyer mon manuscrit à Jean-Philippe, que Gallimard croulait sous les textes inspirés par Harry Potter. A ma grande surprise, le mien était le premier (français) du genre qu’ils recevaient !

Allan : Parlons maintenant de l’achèvement des Maîtres des Brisants : tu repars en direction des étoiles… Je te pose donc la question : qu’est ce qui t’attire dans l’écriture de la SF ?

Erik : La SF pour moi, c’est une culture et un goût : j’écris ce qui me fait plaisir d’écrire ! J’ai toujours fonctionné comme ça… En plus, c’était un genre peu abordé ces derniers temps chez Gallimard Jeunesse et ce vide a résonné en moi comme un nouveau défi ! Enfin, la SF, c’est la liberté. L’occasion de débrider son imagination. D’ailleurs, même si j’ai la connaissance de la grammaire du genre, j’aime m’en affranchir et vagabonder aux marges. C’est pour cela que j’ai traité les Maîtres des Brisants en space opera, sous-genre riche en croisements de toutes sortes.

Allan : De plus, tu n’as écrit – en tout cas jusqu’à présent – qu’en littérature jeunesse ; un choix ou une envie ?

Erik : Les deux, même si l’avenir reste bien sûr ouvert. Ecrire pour les jeunes est une formidable école. On y apprend à raconter de vraies histoires, à ne pas se prendre au sérieux, à se remettre en question sur chaque projet. Je conseille cet exercice à tous ceux qui aiment écrire, et tout particulièrement à ceux qui écrivent pour les adultes !

Allan : Parlons maintenant de l’histoire proprement dite des Maîtres du Brisants : nous avons une guerre mise en avant et l’importance que prennent les jeunes stagiaires est impressionnante… Pourtant, il est difficile d’imaginer des enfants avec la force de caractère et les compétences que tu leur attribue… Pour qu’une Œuvre jeunesse fonctionne, doit-on obligatoirement à ton avis mettre en avant des enfants ? La fameuse identification aux héros ?

Erik : Le propre de tout héros, jeune ou adulte, c’est d’être un modèle, un modèle auquel on s’identifie non parce qu’il nous ressemble mais parce qu’il donne l’envie de lui ressembler. Cependant, le héros n’est pas différent de nous, il a simplement fait un pas de plus, un pas que l’on a rarement l’occasion ou le courage de faire. Le héros pousse au dépassement. Confronté aux épreuves, il va chercher en lui les ressources nécessaires pour les surmonter. C’est ce que font mes jeunes stagiaires. Ils accomplissent un voyage initiatique. Entre le départ et l’arrivée, ils auront changé, et beaucoup de choses auront changé avec eux.

Allan : Ce point ne cesse de nous surprendre nous adultes, mais ne gâche en rien la réussite de ton récit et je voudrais que tu m’expliques – si tu l’accepte – comment tu fais pour l’écriture : prépare tu un canevas, écris tu à la volée ? Utilises tu des pré-lecteurs ?

Erik : Je commence par consacrer beaucoup de temps (plusieurs mois) à la mise en place de l’univers, des personnages, de l’intrigue… dans ma tête ! Lorsque mon « film » intérieur est prêt, je confectionne un plan très détaillé du futur livre. Ensuite seulement je m’installe devant l’ordinateur et traduis les images en mots. L’écriture en tant que telle m’occupe environ trois mois. A la fin, seule reste la moitié du « film » et du plan originels. La réalité de l’écriture, unique « terrain » de l’écrivain, bouscule toujours les intentions, à la façon dont le territoire que l’on arpente modifie la vision qu’en a offerte une carte d’état-major…

Allan : Ce qui m’a notamment plu dans l’histoire est qu’à y bien réfléchir il n’y a ni bon ni méchant – ou alors je ne l’ai pas perçu comme tel – nous avons simplement deux belligérants dont un agresseur… Tu as voulu dépasser le binaire bons / méchants un peu trop souvent utilisé dans la littérature jeunesse ?

Erik : C’est vrai. L’idée véhiculée par de trop nombreuses fictions (et dans la réalité par les médias à l’occasion, par exemple, des derniers conflits internationaux !) selon laquelle le monde se partage entre bons et méchants, est fausse et dangereuse. Elle est aussi commode car elle évite l’effort de la réflexion. C’est de la manipulation. Personne n’est bon ni mauvais. Pour reprendre une terminologie « star wars », je préfère penser que chacun possède un côté obscur et un autre lumineux ! Une seule pièce et deux côtés… Dans les Maîtres des Brisants, les protagonistes sont tous persuadés être dans leur droit, ce qui n’en fait pas des bons ou des méchants. Chacun lutte pour la cause qui lui semble juste, relativement. On quitte le domaine terrible de l’absolu, sur lequel se fondent tous les fanatismes.

Allan : D’ailleurs la réaction de Njal Gulax montre assez bien que les hommes du Khan ne sont pas d’obscures brutes quand la flotte de l’empire arrive sur Nifhell…

Erik : Les héros de la saga appartiennent tous à l’Empire comtal. Pourtant, le régime impérial n’est jamais présenté comme parfait, et le capitaine du Rongeur d’os est la plupart du temps, à son égard, partagé entre l’amour et la haine. Quant au khan, au système qui l’a mis en place et aux hommes qui le servent, ils inspirent souvent le respect, parfois même l’admiration.

Allan : De même – et sans dévoiler le dénouement – on ne peut pas dire que dans l’absolu les héros s’en tirent bien… C’est agréable de ne pas avoir de temps en temps un total happy end… N’as-tu pourtant pas peur que certains lecteurs en soient déçu ?

Erik : Non, et peu importe en fait. Cette fin était la seule possible. Je n’en imaginais pas d’autre.

Allan : Pour en revenir au côté bons contre méchant, n’envisagerais-tu pas de nous faire le même récit mais côté Khan juste de façon à avoir un autre point de vue ?

Erik : L’idée est intéressante ! Sait-on jamais, si l’envie me pressait de donner une suite aux Maîtres des Brisants…

Allan : Quels sont tes projets ?

Erik : Je travaille en ce moment sur une nouvelle série jeunesse. Après avoir promené mon imaginaire sur les chemins de la Fantasy et de la SF, j’oriente mes pas vers le Fantastique. Par curiosité. Et parce que je n’écris pas de livres de genre. J’écris simplement des romans d’aventures qui se passent ailleurs. Ce sera donc encore une fois une histoire d’amitié et de courage. Un mystère qui menacera et unira des adultes et des adolescents. Un récit qui éveillera, qui détruira, qui confrontera des destins…

Allan : As-tu visité notre site et si oui qu’en as-tu pensé ?

Erik : Je l’ai trouvé clair, rapide à ouvrir et…complet, puisque j’y ai trouvé tous mes livres recensés (rires) ! Il est important que des sites comme celui-là puissent exister, et vivre, en l’absence de tout intérêt des médias traditionnels pour les ghettos littéraires que restent la jeunesse et la SF/Fantasy/Fantastique ! Bravo donc, et courage !

Allan : Que peut-on te souhaiter ?

Erik : D’être encore longtemps aimé des étoiles…

Allan : Le mot de la fin sera :

Erik : Lire rend libre.

Réalisée par :mail
Date :mai 2005
Erik vient de conclure un deuxième cycle jeunesse, cette fois ci de space opéra. Occasion pour nous de rencontrer un des auteurs majeurs de la littératures jeunesse SF

Allan : Avant de partir sur ta carrière d’écrivain, peux tu nous parler un peu de toi et du parcours qui t’a amené jusqu’au monde de l’écriture ?

Erik : J’ai toujours été un garçon rêveur, un dévoreur de livres, plus à l’aise dans l’imaginaire que dans le réel (même si je n’ai jamais cherché à le fuir !). C’est en classe de sixième, penché sur ma première rédaction, que j’ai eu une révélation. J’ai compris à cet instant précis que l’écriture serait mon truc à moi. Comme ma professeur de Français a eu l’excellente idée de me mettre la meilleure note de la classe, cette première reconnaissance a durablement conforté mon idée de devenir écrivain. Je m’attarde sur les débuts, mais je crois que c’est dans l’enfance que l’on retrouve ce qui fait l’adulte qu’on est devenu ! Par la suite, le torrent de la vie et d’autres rêves m’ont entraîné dans d’interminables études, de longs voyages et des galères incertaines , mais je n’ai jamais cessé d’écrire. Cette passion de jeunesse s’est renforcée au fil des années et est vite devenue un besoin dévorant. L’écriture permet de prendre un étonnant recul sur les choses et sur soi-même. En écrivant, je me suis écrit moi-même…C’est au retour de l’un de mes voyages que j’ai rencontré, par hasard (par destin ?), celui qui allait boucler la boucle et publier mon premier roman, un autre professeur de Français, écrivain lui-même et éditeur chez Gallimard Jeunesse, Jean-Philippe Arrou-Vignod.

Allan : As-tu subi des influences et si oui lesquelles ?

Erik : Vivre c’est subir des influences ! Celles de ses parents, de ses professeurs, de ses amis… Sur un plan littéraire, ou plus généralement celui de l’imaginaire, j’ai d’abord écouté avec ravissement mon père et ma mère faire la lecture, au coin du feu, d’histoires extraordinaires, de contes et de légendes. J’ai ainsi voyagé avec Nils et son jars, chevauché avec Arthur et ses chevaliers, dansé avec les Korrigans sur les landes de Bretagne et navigué avec les Vikings à l’autre bout du monde. En âge de lire, j’ai été marqué par des séries comme Le Club des cinq ou Langelot agent secret, par des livres dits classiques comme Le capitaine Fracasse, les Trois mousquetaires, L’île au trésor, Vingt mille lieues sous les mers ou Un capitaine de quinze ans, et des collections d’aventures proposées par le Signe de Piste ou Marabout. Dans le même temps, j’avais onze ans quand est sorti sur les petits écrans Albator 78, et la présence ténébreuse du corsaire de l’espace m’a marqué comme elle a marqué toute une génération. J’adorais également Tintin et Astérix. J’étais aussi abonné au magazine Spirou. Cela pour expliquer que mes influences, et références, sont, comme pour beaucoup d’auteurs de ma génération, multiples. Enfin, la découverte de Tolkien à l’adolescence a été pour moi déterminante et m’a ouvert le monde de la SF et de la Fantasy.

Allan : Ta carrière d’écrivain a commencé avec la publication du livre des étoiles qui a rencontré un franc succès… T’attendais tu à avoir une reconnaissance quasi-immédiate ?

Erik : On peut espérer les choses sans vraiment s’y attendre ! Mais non, je ne m’attendais à rien de la sorte. J’étais déjà très heureux d’avoir été remarqué par un écrivain reconnu et publié par une maison prestigieuse !

Allan : Comment t’es venu l’idée de ce cycle ?

Erik : J’ai découvert un jour, par hasard encore (par destin ?), Harry Potter. J’ai dévoré les trois premiers tomes et j’ai ressenti cette lecture comme un défi : pouvait-on écrire une histoire de magie et d’apprenti-sorcier après Harry Potter ? Or j’ai toujours fonctionné aux défis ! J’ai alors décidé de le relever et de proposer ma propre vision des choses magiques et initiatiques. C’est comme cela qu’est née l’idée du Livre des Etoiles.

Allan : Cela a-t-il été difficile de faire accepter ton texte aux Editions Gallimard ?

Erik : J’ai l’impression, au contraire, que tout a été très facile. Naturel. Comme si j’arrivais au bon moment, chez les bonnes personnes, avec le bon texte. J’étais persuadé, avant d’envoyer mon manuscrit à Jean-Philippe, que Gallimard croulait sous les textes inspirés par Harry Potter. A ma grande surprise, le mien était le premier (français) du genre qu’ils recevaient !

Allan : Parlons maintenant de l’achèvement des Maîtres des Brisants : tu repars en direction des étoiles… Je te pose donc la question : qu’est ce qui t’attire dans l’écriture de la SF ?

Erik : La SF pour moi, c’est une culture et un goût : j’écris ce qui me fait plaisir d’écrire ! J’ai toujours fonctionné comme ça… En plus, c’était un genre peu abordé ces derniers temps chez Gallimard Jeunesse et ce vide a résonné en moi comme un nouveau défi ! Enfin, la SF, c’est la liberté. L’occasion de débrider son imagination. D’ailleurs, même si j’ai la connaissance de la grammaire du genre, j’aime m’en affranchir et vagabonder aux marges. C’est pour cela que j’ai traité les Maîtres des Brisants en space opera, sous-genre riche en croisements de toutes sortes.

Allan : De plus, tu n’as écrit – en tout cas jusqu’à présent – qu’en littérature jeunesse ; un choix ou une envie ?

Erik : Les deux, même si l’avenir reste bien sûr ouvert. Ecrire pour les jeunes est une formidable école. On y apprend à raconter de vraies histoires, à ne pas se prendre au sérieux, à se remettre en question sur chaque projet. Je conseille cet exercice à tous ceux qui aiment écrire, et tout particulièrement à ceux qui écrivent pour les adultes !

Allan : Parlons maintenant de l’histoire proprement dite des Maîtres du Brisants : nous avons une guerre mise en avant et l’importance que prennent les jeunes stagiaires est impressionnante… Pourtant, il est difficile d’imaginer des enfants avec la force de caractère et les compétences que tu leur attribue… Pour qu’une Œuvre jeunesse fonctionne, doit-on obligatoirement à ton avis mettre en avant des enfants ? La fameuse identification aux héros ?

Erik : Le propre de tout héros, jeune ou adulte, c’est d’être un modèle, un modèle auquel on s’identifie non parce qu’il nous ressemble mais parce qu’il donne l’envie de lui ressembler. Cependant, le héros n’est pas différent de nous, il a simplement fait un pas de plus, un pas que l’on a rarement l’occasion ou le courage de faire. Le héros pousse au dépassement. Confronté aux épreuves, il va chercher en lui les ressources nécessaires pour les surmonter. C’est ce que font mes jeunes stagiaires. Ils accomplissent un voyage initiatique. Entre le départ et l’arrivée, ils auront changé, et beaucoup de choses auront changé avec eux.

Allan : Ce point ne cesse de nous surprendre nous adultes, mais ne gâche en rien la réussite de ton récit et je voudrais que tu m’expliques – si tu l’accepte – comment tu fais pour l’écriture : prépare tu un canevas, écris tu à la volée ? Utilises tu des pré-lecteurs ?

Erik : Je commence par consacrer beaucoup de temps (plusieurs mois) à la mise en place de l’univers, des personnages, de l’intrigue… dans ma tête ! Lorsque mon « film » intérieur est prêt, je confectionne un plan très détaillé du futur livre. Ensuite seulement je m’installe devant l’ordinateur et traduis les images en mots. L’écriture en tant que telle m’occupe environ trois mois. A la fin, seule reste la moitié du « film » et du plan originels. La réalité de l’écriture, unique « terrain » de l’écrivain, bouscule toujours les intentions, à la façon dont le territoire que l’on arpente modifie la vision qu’en a offerte une carte d’état-major…

Allan : Ce qui m’a notamment plu dans l’histoire est qu’à y bien réfléchir il n’y a ni bon ni méchant – ou alors je ne l’ai pas perçu comme tel – nous avons simplement deux belligérants dont un agresseur… Tu as voulu dépasser le binaire bons / méchants un peu trop souvent utilisé dans la littérature jeunesse ?

Erik : C’est vrai. L’idée véhiculée par de trop nombreuses fictions (et dans la réalité par les médias à l’occasion, par exemple, des derniers conflits internationaux !) selon laquelle le monde se partage entre bons et méchants, est fausse et dangereuse. Elle est aussi commode car elle évite l’effort de la réflexion. C’est de la manipulation. Personne n’est bon ni mauvais. Pour reprendre une terminologie « star wars », je préfère penser que chacun possède un côté obscur et un autre lumineux ! Une seule pièce et deux côtés… Dans les Maîtres des Brisants, les protagonistes sont tous persuadés être dans leur droit, ce qui n’en fait pas des bons ou des méchants. Chacun lutte pour la cause qui lui semble juste, relativement. On quitte le domaine terrible de l’absolu, sur lequel se fondent tous les fanatismes.

Allan : D’ailleurs la réaction de Njal Gulax montre assez bien que les hommes du Khan ne sont pas d’obscures brutes quand la flotte de l’empire arrive sur Nifhell…

Erik : Les héros de la saga appartiennent tous à l’Empire comtal. Pourtant, le régime impérial n’est jamais présenté comme parfait, et le capitaine du Rongeur d’os est la plupart du temps, à son égard, partagé entre l’amour et la haine. Quant au khan, au système qui l’a mis en place et aux hommes qui le servent, ils inspirent souvent le respect, parfois même l’admiration.

Allan : De même – et sans dévoiler le dénouement – on ne peut pas dire que dans l’absolu les héros s’en tirent bien… C’est agréable de ne pas avoir de temps en temps un total happy end… N’as-tu pourtant pas peur que certains lecteurs en soient déçu ?

Erik : Non, et peu importe en fait. Cette fin était la seule possible. Je n’en imaginais pas d’autre.

Allan : Pour en revenir au côté bons contre méchant, n’envisagerais-tu pas de nous faire le même récit mais côté Khan juste de façon à avoir un autre point de vue ?

Erik : L’idée est intéressante ! Sait-on jamais, si l’envie me pressait de donner une suite aux Maîtres des Brisants…

Allan : Quels sont tes projets ?

Erik : Je travaille en ce moment sur une nouvelle série jeunesse. Après avoir promené mon imaginaire sur les chemins de la Fantasy et de la SF, j’oriente mes pas vers le Fantastique. Par curiosité. Et parce que je n’écris pas de livres de genre. J’écris simplement des romans d’aventures qui se passent ailleurs. Ce sera donc encore une fois une histoire d’amitié et de courage. Un mystère qui menacera et unira des adultes et des adolescents. Un récit qui éveillera, qui détruira, qui confrontera des destins…

Allan : As-tu visité notre site et si oui qu’en as-tu pensé ?

Erik : Je l’ai trouvé clair, rapide à ouvrir et…complet, puisque j’y ai trouvé tous mes livres recensés (rires) ! Il est important que des sites comme celui-là puissent exister, et vivre, en l’absence de tout intérêt des médias traditionnels pour les ghettos littéraires que restent la jeunesse et la SF/Fantasy/Fantastique ! Bravo donc, et courage !

Allan : Que peut-on te souhaiter ?

Erik : D’être encore longtemps aimé des étoiles…

Allan : Le mot de la fin sera :

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