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La fille feu d’Aurélie Wellenstein

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Service De Presse

Avec La fille feu, Aurélie Wellenstein signe son deuxième roman à Outrefleuve, après La harpiste des terres rouges, tout juste réédité chez Pocket et sur lequel nous avions échangé durant les Utopiales 2024. Ce titre a une saveur toute particulière alors que je rédige ma chronique pendant qu’il fait près de 35°C dehors et que les forêts brûlent…

Trois personnages en rapport avec le feu…

L’histoire que nous propose cette fois-ci Aurélie se situe dans le Grand Nord, où trois destins vont se croiser, trois destins liés au feu, pour des raisons différentes…

Première prise de contact du roman, Mia fuit avec sa mère Isabella des scientifiques. La jeune fille, originaire du bush australien, a été la témoin jeune des terribles incendies qui ont ravagé le pays. On se souvient de ces terribles incendies et notamment de cette femme qui a été sauvé un koala alors qu’il avait pris feu. L’histoire de Mia prend racine dans ce contexte, et les pouvoirs qu’elle a développés sont une forme de vengeance de la nature de l’homme. Rapidement seule, elle devra apprendre à contrôler ce feu qui la consume de l’intérieur.

Un peu plus loin, c’est au tour de Nathanaël de se découvrir. L’homme, musicien, a été au cœur d’un incendie des années plus tôt, qui lui ont laissé de graves séquelles. S’il a subi de nombreuses brûlures, qu’ils cachent sous des tatouages d’animaux, c’est bien les conséquences sur sa gorge qui le font venir dans le village d’Illussuaq pour récupérer les traditions orales avant qu’elles ne disparaissent. Conscient que sa voix ne sera bientôt qu’un lointain souvenir, il cherche d’autres moyens de poursuivre son métier, gardant au fond de lui un sentiment de lâcheté face au feu qui l’avait happé.

Il rencontrera dans le village le dernier protagoniste, Cadzow, guide dans le village et surtout le héros qui a sauvé des vies dans un grand incendie. Le guide se lie d’amitié avec le musicien, appréciant grandement le temps que ce dernier prend pour s’assurer de la persistance des histoires inuits. Mais l’apparition d’un ours, abattu par Cadzow alors qu’il tournait, affamé, dans le village… Ce sera l’événement déclencheur d’une traque…

… et un espoir pour la nature ?

Si les premières pages m’ont fait penser à Charlie de Stephen King (des scientifiques qui étudient une enfant pyrokinésiste et des parents qui décident de la soustraire à cette dynamique), la donne change très rapidement. Après une scène qui pourrait choquer quelques lecteurices, la jeune fille se retrouve seule face à ses poursuivants. Pour autant, là où je pensais que nous en apprendrions plus sur ces scientifiques, l’histoire se révèlera être une traque impliquant les trois protagonistes Mia, Nathanaël et Cadzow.

Beaucoup de l’histoire tourne autour d’une forme de syndrome post-traumatique, vécu de façon différente pour les trois personnages mais pour autant bien marqué chez chacun d’entre eux. Chacun souffre, chaque souffrance est issue du feu. Souffrance liée aux images, souffrance liée à son incapacité à avoir la bonne réaction face à la peur ou encore souffrance d’être responsable des événements… Avec cette volonté dans les trois cas de rétablir la balance, de fuir ces traumatismes.

Alors nous suivons la traque, une traque violente, une traque où chacun essaie de faire face à ses fantômes, à ses erreurs avec cet espoir de faire « mieux ». C’est ce que représente pour grande partie Mia, le feu qu’elle a en elle est le feu de toutes ces victimes de la folie humaine. Elle cherche à rétablir une forme d’équilibre peut-être en trouvant un sanctuaire pour toutes les victimes animales des grands feux.

L’histoire nous questionne sur nos failles et nous rappelle aussi les ravages que nous avons fait à la nature. Pas sûr que cela sera suffisant pour une prise de conscience collective mais suffisant pour réveiller quelques colères..

Un roman qui reste néanmoins teinté d’espoir, important par les temps qui courrent.

Fleuve éditions (7 mai 2025) – Collection outrefleuve – 247 pages – 19,90 € – 9782265159006
Couverture : Aurélien Police

Mia a tout perdu, sa famille, ses amis, son foyer. La petit fille erre dans les plaines du Grand Nord, bien loin du bush australien dont elle est originaire. En elle, un feu brûle, puissant et indomptable.
Quelques kilomètres plus loin, sous les tatouages d’animaux qui recouvrent son corps, Nathanaël cache les cicatrices et le traumatisme liés à l’incendie qui l’a happé, enfant. Le musicien est venu dans le village inuit d’Ilussauaq découvrir les traditions orales qui menacent de disparaître.
Son guide, Cadzow, apprécie cet homme qui veut préserver le chant des siens. Mais sous ses dehors impassibles, il est lui aussi marqué par le feu.
Lorsque Cadzow abat un ours affamé rôdant dans le village, les destinées de ces trois êtres écorchés entrent en collision. La traque sera sans merci, le feu consumera tout sur son passage.


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