Nicolas Eymerich 1
1352, quatre ans après la grande peste qui a ravagé l’Europe, le père Agustin, inquisiteur général d’Aragon se meurt, victime d’une épidémie de peste. Arrivé à son chevet, le frère Nicolas Eymerich recueille ses dernières paroles et apprend qu’il sera le nouvel inquisiteur général malgré son jeune âge, car tous les autres inquisiteurs plus âgés ont succombé à la peste. Juste avant de mourir, son prédécesseur lui demande de brûler les femmes du lac et d’aller voir dans la citerne du palais. Là bas, le nouvel inquisiteur général découvre le cadavre d’un nourrisson doté de deux visages parfaitement symétriques, un monstre qui ne peut être que le fruit de Satan.
Alors même qu’il doit confirmer sa nomination et affirmer un pouvoir encore trop fragile, Nicolas Eymerich se voit confronté à un mystère qui non seulement fait appel à des croyances païennes et interdites, mais implique la famille royale elle même. Il va alors découvrir que les compromis dissimulent tout, même les choses les plus horribles, mêmes les pires complots contre la chrétienté.
A notre époque, un scientifique, Marcus Frullifer, a découvert les psytrons, des particules chargées d’informations qui baignent l’univers et qui permettent de voyager plus vite que la lumière…et dans le temps. En se servant de ces psytrons et grâce à un appareillage imitant les neurones humaines, des médiums peuvent voyager dans le temps et dans l’espace à travers une dimension que l’on appelle Imaginaire. De nombreuses expéditions sont lancées, pas toujours dans des buts très avouables.
Ainsi en 2194, le vaisseau psytronique Malpertuis, avec à sa tête le commandant Prométéos et le Médium Sweetlady, part pour l’Imaginaire, plus précisément pour l’année 36 dans le système du Taureau. Mais tout ne se passe pas comme prévu et le vaisseau arrive 1300 ans dans le futur, en 1352 plus précisément…
A partir d’un fond historique, la vie de Nicolas Eymerich, Valério Evangelisti réussit le tour de force d’associer le roman historique, le polar, le fantastique et la science-fiction, et ça tient, et non seulement ça tient, mais le résultat dépasse la somme des parties. Nicolas Eymerich, inquisiteur, est un petit joyau du genre.
Cependant, il ne faut pas croire que parce que le héros est un homme d’église, il va s’agir de traquer les monstres, crucifix au cou et bouteille d’eau bénite à la ceinture, exorcisant le démon à tout va et renvoyant en enfer les zombies en récitant les paroles des évangiles. Car l’inquisiteur, s’il est un homme d’action, l’est dans ses pensées, dans ses raisonnements. Pour le sale boulot, il a l’armée. Nicolas Eymerich incarne pleinement la figure de l’écclésiastique inquiétant, qui reste dans l’ombre et, par la force de son intelligence, résoud les mystères les plus difficiles. En cela, on peut le rapprocher du héros du Nom de la Rose de Umberto Eco, lui aussi moine et doué de facultés déductives.
Mais comme Nicolas Eymerich n’est pas un héros de Eco, il bouleverse le monde autour de lui, et même après lui, puisque le futur est marqué des actes qu’il commet en 1352. Car c’est de son fait si une expédition psytronique tourne à la catastrophe et échoue, il acquiert alors une ampleur qu’ont peu de héros. Froid, impitoyable, calculateur, Nicolas Eymerich est superbe, si on peut dire. Il est le dernier défenseur de la chrétienté, il est ce qu’il veut être : Inoubliable.
Entre habile flagornerie et intimidation maîtrisée, il conquiert peu à peu son poste d’inquisiteur général, car tout demande de la patience, tout comme la résolution des mystères. Ainsi s’installe lentement les éléments d’une enquête incroyable, qui va le mener au coeur d’une conspiration millénaire mélant cultes païens et pouvoirs paranormaux. Le tout en 200 pages intenses qui ne vous laisseront pas le temps de respirer, ni même de reposer le livre. L’aventure est intense, la qualité au rendez-vous, la satisfaction proportionnelle, et ce n’est que le premier tome d’une longue série…
Nicolas Eymerich, impitoyable défenseur de la foi chrétienne, a gravé son nom au fer rouge dans l’histoire de notre temps. Auteur du célèbre Manuel de l’inquisiteur au XIVème siècle, ce personnage authentique demeurera le grand inquisiteur d’Aragon durant plus de cinquante ans.
Payot et Rivages – Fantasy – (1998)– 210 pages 9.99 € ISBN : 2-7436-0340-2
Traduction : Serge Quadruppani
Titre Original : Nicolas Eymerich, inquisitore (1994)
Ce premier épisode des aventures d’Eymerich nous fait découvrir toute l’habileté de Valerio Evangelisti. L’auteur y entraîne son personnage au milieu d’intrigues entrecroisées où le futur explique le passé, où les mystères franchissent les siècles pour trouver leur résolution grâce à un habile jeu de miroirs temporels.
Basées sur un rigoureux fond historiques, les aventures de Nicolas Eymerich nous présentent un détective de l’étrange, armé de sa seule foi et de sa discipline personnelle, un Sherlock Holmes au service de la Sainte Inquisition, capable de déjouer les complots les plus machiavéliques et de terrasser toutes les hérésies.
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