Service de Presse

Datura de Leena Kronh est le premier roman chroniqué des éditions Zulma. Dans ce récit, difficile de dire si nous sommes dans le domaine de l’imagination ou, d’une certaine manière, dans la misère humaine. Comme d’autres titres que j’ai pu lire récemment – et tout particulièrement Model Home de Rivers Solomon – la question reste ouverte. N’en reste pas moins que le récit de l’autrice finlandaise est d’une richesse et d’une imagination passionnante.

La Datura contre l’asthme…

Avant de commencer à parler de l’histoire elle-même, il est intéressant de se pencher sur la réalité de cette plante. La datura est une plante qui existe réellement et originaire de l’Amérique du Sud, tout particulièrement du Mexique. La plante est en même temps une plante hallucinogène, et reconnue en tant que telle, tout en étant vénéneuse. La dimension hallucinogène se situerait au niveau d’un delirium tremens. Elle a aussi été utilisée pendant un certain temps pour lutter contre l’asthme et n’a été interdite en France qu’en 1992.

Tu crois que le monde est un plan établi par un développeur de projet, c’est ça ?

Et c’est bien cette plante qui va être utilisée par notre narratrice pour diminuer les effets de son asthme. La femme est employée par le Marquis et travaille pour le journal Le nouvel anomaliste. Le journal se concentre à présenter tous les cas bizarres, étranges, paranormaux. C’est donc un défilé de gens aux convictions marquées : vampire, trépanateur ou encore utilisateur de pendules, chaque témoignage nous plonge de plus en plus dans un monde surnaturel.

… dans un roman entre rêve et réalité

Que se passe-t-il dans la tête et le corps de notre narratrice ? Difficile de le dire… On hésite à voir dans son parcours et dans ses visions une réalité ou une déviation de son esprit, embrumé par la plante hallucinogène. Essayant de comprendre ce qui lui arrive, elle tentera aussi de garder une forme de contrôle sur ce qui se passe au sein du jardin.

La société essaie de nous trafiquer pour être un, toujours le même. Mais c’est un gros mensonge, l’unité, et tous ces efforts ne marchent jamais. Si vous osez vraiment vous pencher sur vous-mêmes, vous verrez que vous aussi, vous êtes plus d’une.

Au-delà de l’histoire propre de la journaliste, c’est un défilé de personnalités auquel on assistait. Chacune de ses rencontres a sa propre histoire, ses propres particularités. Chaque élément surnaturel questionne sur la réalité ou sur la misère dans laquelle sont plongés ceux et celles qui voudraient simplement avoir leur moment de gloire ou de mise en lumière.

Dans le même temps, nous voyons le cynisme du Marquis, qui exploite la crédulité de son lectorat pour tenter de développer son commerce.

Ce roman est particulièrement réussi, permettant de découvrir par la même occasion une œuvre finlandaise. Un récit à découvrir !

Editions Zulma (Octobre 2025) – 245 pages – 21,50 € – 9791038704022
Traduction : Claire Saint-Germain (Finnois)
Titre Original : Datura tai harha jonka jokainen näkee (2001)
Couverture : David Pearson

Quand on lui offre un datura pour son anniversaire, une jeune femme tombe très vite sous l’emprise de ce vert intense et des fleurs étincelant sous la lune comme des bijoux d’albâtre.
Cette herbe-aux-sorciers saurait-elle soigner son asthme ? Feuilles infusées ou graines pilées viennent ponctuer ses journées au Nouvel Anomaliste, un magazine dédié au paranormal et aux théories farfelues. Entre deux reportages sur la transparence de la matière ou les douze dimensions de l’espace, elle fait la connaissance du Maître des sons, s’entretient avec une vampire ou rédige un article sur le manuscrit de Voynich…
Bientôt la somnolence la guette, sa gorge s’assèche, ses pupilles se dilatent. Une femme en blanc se dresse au pied de son lit – le temps se distend. Peut-être faudrait-il revoir le dosage?