Réalisée par :mail
Date :avril 2006
Nous avions déjà parlé de GeMs, et tous les amateurs du genre qui étaient tombé sur ce texte avaient été enchantées. A loccasion de la parution du premier volume (dune trilogie) chez LAtalante, voici linterview dune des deux auteur(e)s. (la fiche est dupliquée)
Allan : Alors avant de parler de du livre en lui-même, nous allons un peu parler de vous. Qui êtes vous ?
Corinne : Par où commencer…? Je suis professeur au LP Mireille Grenet, à Compiègne. Jenseigne le Français et lHistoire-Géographie le jour et jécris la nuit. Enfin presque… Disons que jai trouvé un métier qui me permet dallier mon amour de la langue française et ma passion pour lécriture. Cela fait maintenant 4 ans que jenseigne (5, si on compte une année en tant que remplaçante). Pour les besoins de mon travail, jai dû quitter Orléans pour
lOise. Mais ça na pas été évident. Voilà pourquoi je retourne dès que je le peux à Orléans.
Isabelle : Pour ma part, après 15 années passées à la Sécurité Sociale, jai cessé de travailler pour me consacrer à mon mari et à mes deux enfants : Marc, 19 ans, et Luc, 10 ans. Jai donc beaucoup de temps pour lécriture et mes autres passions (entre autres, la broderie ^^). Je réside depuis un peu plus de 15 ans dans la petite ville de Montesson, dans les Yvelines.
Allan : Vous nêtes pas à votre coup dessai, chacune de vous ayant déjà été publiée. Votre parcours jusquau produit “fini” fut-il comme pour beaucoup long et difficile ?
Corinne : Oh que oui. Déjà, vous lavez remarqué, nous parlons de “feuilleton” pour GeMs, car à la base, nous espérions léditer par épisodes. Mais auprès des éditeurs, cette idée na pas fonctionné. Le Fleuve Noir nous a tout de suite parlé dimpératifs de stocks. Nous avons retrouvé cette préoccupation (compréhensible, a posteriori) auprès des autres maisons dédition que nous avons consultées. Le livre a dû passer par… quatre éditeurs. Puis
lAtalante la accepté. Le fait, en ce qui me concerne, davoir déjà été publiée, na pas simplifié pour autant la tâche, dautant que je revenais après un silence de 3 ou 4 ans (quand nous avons commencé à démarcher les éditeurs)
Isabelle : Jamènerai juste une petite précision : entre lidée originale de GeMs et la parution de Paradis Perdu, il a fallu un peu plus de 5 ans, dont 2, si je ne me trompe, consacrés à la recherche dun éditeur.
Allan : Vous avez dans un premier temps fait le choix de mettre votre volume en ligne : quel était le but recherché ?
Corinne : Approcher le lecteur. Lutter contre notre impatience à voir le projet enfin aboutir. Mais cest surtout ce premier pas vers le lecteur qui nous intéressait. Jaurais pu mettre à la première question que jétais aussi une pipelette et je passe dagréables moments à discuter avec les lecteurs sur le forum de notre site. La mise en ligne du premier chapitre (nous, nous
disons le pilote) a reçu un très bon accueil et le plus amusant, cest que cela sest fait un an jour pour jour avant la sortie du roman en format papier.
Isabelle : La mise en ligne de GeMs permettait davoir un contact différent avec les lecteurs, plus concret et direct, avec des retours presque immédiats et, comme le dit Corinne, la possibilité de discuter directement avec eux.
Allan : Quels retours avez vous eu de cette expérience ?
Corinne : Il y a eu beaucoup de réactions très enthousiastes qui nous ont boostées. Les critiques sur le premier chapitre ont été très positives et nous ont remonté le moral au moment où nous essuyions un nouveau refus auprès dun éditeur. Un peu plus de 350 personnes ont téléchargé le pilote entre mars et novembre 2005. A notre petite échelle, alors que nous navions que le net pour nous faire connaître, nous avons trouvé ça très encourageant. Et encore plus quand les mêmes personnes qui ont diffusé linfo ont encore répondu présent au moment de la parution du livre. Comme Fantastinet !
Isabelle : Corinne est plus au fait que moi de tout ce qui touche au côté informatique, même si je passe moi-même beaucoup de temps sur le net. Je la laisse donc citer les chiffres ^^ Mais effectivement, ce fut très encourageant.
Allan : Le choix de cette publication était elle dattirer un éditeur ou cela vous semblait plus intéressant de se servir du net pour diffuser votre écrit ?
Corinne : Je trouve que les auteurs encore aujourdhui nutilisent pas assez internet pour aller à la rencontre des lecteurs, mais ça commence à se faire. Trouver un éditeur, oui et non… En fait, pendant un temps, nous avons même envisagé de publier lhistoire nous-même, mais cest là que jai appris toute les difficultés de lédition. Au passage, le premier chapitre est désormais téléchargeable sur le site spécialement dédié à GeMs : www.paradisperdu.com
Isabelle : Le net est un outil formidable qui permet de toucher très vite un grand nombre de personne dans le monde entier. Et davoir des rapports incroyables. Grâce au net, un auteur cesse dêtre un être lointain et intouchable pour devenir un interlocuteur et même parfois un ami. Jespère franchement que cet outil, que lon a un peu vite tendance à diaboliser, sera utilisé par un nombres croissant dauteurs.
Allan : Quand on commence à lire GeMs, on se rend compte que la plupart des sujets que vous abordez lont déjà été.. Pourtant on ne se rend pas compte tant la façon dont vous labordez semble naturelle. Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire ce premier volume ?
Corinne : Oui, on a déjà eu des remarques sur le fait quon abordait déjà des thèmes vus et revus… Mais comme je lai souvent lu sur les forums que je fréquente, ou les listes de discussion, la question est de savoir si on peut encore trouver des thèmes originaux en SF. On a préféré sattarder sur le traitement des personnages. Linterrogation à propos de lhumanité des
clones nous paraissait essentielle et je me demande si ça a été fait auparavant sous langle où nous lavons abordé. De la même façon, les contextes post-apocalyptiques, les villes sous cloches, les laissés-pour-compte ont une place importante dans les oeuvres de SF, mais nous pensons que le traitement que nous leur donnons, à travers une description assez détaillée, je pense, des différentes communautés de lEDo, par exemple, apporte un plus à notre histoire.
En ce qui concerne lécriture à proprement parlé, cela a demandé un an. Le premier chapitre avait déjà été écrit depuis deux ou trois ans, sans parler dune proto-version écrite vers 2000 ou 2001, jai un doute (le titre était Hayah !). Mais nous avons vraiment avancé à partir de juillet 2004. Pourtant, le projet en lui-même a un peu plus de 6 ans, presque 7. Mais la “vraie vie” (surtout les concours pour moi) ont un peu tout bloqué.
Isabelle : Ce quil y a de bien à répondre après Corinne cest quelle a déjà tout dit ou presque !! Bon, eh bien, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter
Allan : Le premier thème qui ressort est les conséquences désastreuses de notre attitude sur notre environnement : ny aura-t-il jamais un auteur de SF pour nous annoncer que nous avons réussi à régler ce problème et à prendre nos responsablilités ??
Corinne : Je crois que pour le moment, on est mal parti pour que ce soit le cas. Jai même limpression quon crie de plus en plus fort sans quon nous entende davantage. Ce qui ne veut pas dire quon doive renoncer. Jattribue un rôle éducatif à la SF. Le genre mintéresse aussi parce quil me rappelle les contes philosophiques censés apporter un peu de bon sens aux lecteurs. Mais on nest peut-être pas assez de lecteurs de SF pour arriver à faire changer les choses pour linstant. Quand jai vu, pas plus tard que ce matin, un automobiliste jeter ses ordures par la vitre de sa voiture, je me dis quon est loin, très loin davoir fini de crier dans le désert.
Isabelle : Ce que lon observe chaque jour dans presque tous les domaines ne mincline pas à être optimiste quant à lavenir de lhumanité. Pour citer moi aussi un exemple, jai vu il y a 3 jours une famille laisser ses déchets de pique-nique sur le sol, à quelques mètres dune poubelle
Je suis mère de famille et je suis assez inquiète sur lhéritage que nous laisserons à nos enfants. Donc oui, la SF peut servir de cri dalarme. Guère entendu, à ce quil semble. Hélas.
Allan : Deuxième thème qui me hérisse toujours le poil : arriverons nous à respecter à votre avis (bien quau vu de votre écrit jen doute) tous les hommes ? Vous faites dailleurs glisser le racisme interracial vers Inédit-clonés ; un risque réellement présent ?
Corinne : Cest une question que je me pose aussi. Au vu de lHistoire, jen doute. Lhomme arrive toujours à trouver quelquun à soumettre. Lesclavage semble faire partie de ses péchés mignons. On cite lexemple, dans GeMs, des Indiens dAmérique (au sens large) que les colons européens voulaient réduire en esclavage. Une fois quon leur a reconnu une âme, cest vers les Nègres quon sest tourné pour faire marcher les plantations. Maintenant que, officiellement, lesclavage est aboli, cest par des moyens détournés et avec plus ou moins dhypocrisie quon soumet dautres peuples à son bon vouloir.
Isabelle : A mon sens, ce nest pas un risque, cest une triste réalité. La différence, quelle quelle soit, est toujours vue comme lêtre humain comme un moyen de se sentir supérieur, le plus souvent sans raison, mais ne dit-on pas que la nature humaine est ainsi ? Lhistoire abonde dexemples, comme les cite Corinne.
Allan : Avant tout, il sagit dune grande histoire damour, comme le dit bien le quatrième un remake futuriste de la belle et la bête. Un retour en enfance ?
Corinne : Non, un hommage à la série tv avec Ron Perlman et Linda Hamilton. Jai beaucoup daffinités avec cette série. Une coïncidence amusante, par exemple : les deux personnages, dans la série, se rencontrent un 12 avril. Cest la date de mon anniversaire. Par ailleurs, le thème de la Belle et la Bête sest ajouté après à notre projet, car le déclic est venu alors que je regardais un épisode de cette série… Cétait le 1er novembre 1999. La date ma marquée. En plus, jai toujours éprouvé une certaine frustration sur la fin de cette série. GeMs, cest un peu sa revanche et Gabriel le cousin de Vincent ;).
Isabelle : Tout comme Corinne, jai été très marquée par ce feuilleton TV. Notre intérêt pour cette série fut dailleurs lun des premiers points communs que Corinne et moi nous sommes découverts, et je me souviens encore de nos discussions à la fin de chaque épisode, lors de la rediffusion en 1999. Le thème de la Belle et la Bête est souvent traité, je le sais, mais il sintègre parfaitement à GeMs, il en est même la base, et, oui, cest surtout un hommage.
Allan : Et maintenant, parlons de la suite. Vous nous promettez deux autres volumes. Ils sont pour quand ?
Corinne : A priori, le tome 2 devrait sortir en mars 2007 et le troisième en mars 2008. Je sais, des lecteurs vont grincer des dents. Lennui avec les suites, cest quon doit attendre pour quelles soient écrites. Promis, juré, on fait aussi vite quon peut. Mais les impératifs de ma vie professionnelle, notamment, font quil nous faut largement une année pour rédiger les 6 chapitres que comptent chaque volume. Nous avons déjà un synopsis, mais ce nest pas pour autant que les personnages sont obéissants et suivent ce fil rouge.
Isabelle : Le premier jet des trois premiers chapitres du tome 2 est rédigé, jai encore un gros travail de relecture à faire dessus. Les délais devraient être tenus, sauf si effectivement, nos chers personnages ne sont pas coopératifs ^^
Allan : Avez-vous dautres projets en cours ?
Corinne : Je travaille, vaguement, sur un scénario en anglais à partir dun embryon de roman qui traînait sur mon disque dur. Il y a aussi un autre roman que jai écrit voici deux ans dans lunivers de la Trilogie Atlante et qui cherche un éditeur. Mais GeMs reste le GROS projet, la priorité ABSOLUE. De temps en temps, des idées pour un futur roman de Fantasy viennent aussi me titiller, mais rien de concret pour linstant. Cest quil reste encore deux volumes de GeMs à écrire, bien que le tome 2 soit déjà bien avancé.
Isabelle : Des projets de romans ? Hum, oui et non. GeMs passe avant tout autre projet. Jaimerai rééditer mon premier roman, qui a été retravaillé, et jai un manuscrit dans un tiroir. Rien de précis.
Allan : Vous nous avez déjà rendu visite, que pensez vous de notre site ?
Corinne : Jy viens régulièrement. Jaime bien musarder sur la toile. Ce qui mintéresse surtout, ce sont les critiques de livres. Je recherche toujours des infos sur mes prochaines lectures et pour ça, jai plusieurs sources. Jai découvert dailleurs Fantastinet à cette occasion. Ensuite, je suis revenue pour faire de la pub. Je sais, cest mal (rires). Jai aussi passé un bon moment à lire votre compte rendu sur le Salon du Livre (jy étais le samedi). Les informations sont pertinentes. Le challenge, surtout, cest de renouveler le contenu. Et pour ça, je trouve que Fantastinet réussit plutôt bien. Je pense aussi que vous pouvez compter sur une communauté sympathique.Je sais que ce nest pas facile de tenir un site comme celui-ci.
Personnellement, je me fais aider par un ami concepteur de sites webs, Gabriel Legault. Je fais déjà beaucoup trop derreurs avec le forum… Je lai lobotomisé deux fois. Jespère que vous êtes plus doué que moi.
Allan : Que peut-on vous souhaiter ?
Corinne : Que GeMs rencontre son public. Jamais auparavant je ne métais autant attachée à des personnages et à leur histoire. Jespère que les lecteurs sauront aussi aimer Gaïl et Gabriel. Ils valent le détour, je pense. Si vous les aimez, moi, je serai comblée… Et si vous pouviez aussi menvoyer un billet de loterie gagnant… Jaimerais bien macheter une maison :p
Isabelle : Que nous puissions finir de mener à bien laventure GeMs, qui est vraiment quelque chose de très important pour toutes les deux. Que GeMs soit bien accueilli par les lecteurs, bien sûr. Ah oui, je veux bien aussi un billet gagnant, je rêve de refaire un voyage au Japon ^^
Allan : Le mot de la fin sera :
Corinne : Rendez-vous dans lEDo. Jespère que les mauvaises rencontres ne vous décourageront pas de poursuivre jusquà EDen pour y rencontrer Gaïl et Gabriel. Encore une fois, ils méritent votre attention.
Isabelle : Que puis-je ajouter à cela ? ^^