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Interview : Isabelle Wenta

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Nous avions déjà parlé de GeMs, et tous les amateurs du genre qui étaient tombé sur ce texte avaient été enchantées. A l’occasion de la parution du premier volume (d’une trilogie) chez L’Atalante, voici l’interview d’une des deux auteur(e)s. (la fiche est dupliquée)

Allan : Alors avant de parler de du livre en lui-même, nous allons un peu parler de vous. Qui êtes vous ?

Corinne : Par où commencer…? Je suis professeur au LP Mireille Grenet, à Compiègne. J’enseigne le Français et l’Histoire-Géographie le jour et j’écris la nuit. Enfin presque… Disons que j’ai trouvé un métier qui me permet d’allier mon amour de la langue française et ma passion pour l’écriture. Cela fait maintenant 4 ans que j’enseigne (5, si on compte une année en tant que remplaçante). Pour les besoins de mon travail, j’ai dû quitter Orléans pour l’Oise. Mais ça n’a pas été évident. Voilà pourquoi je retourne dès que je le peux à Orléans.

Isabelle : Pour ma part, après 15 années passées à la Sécurité Sociale, j’ai cessé de travailler pour me consacrer à mon mari et à mes deux enfants : Marc, 19 ans, et Luc, 10 ans. J’ai donc beaucoup de temps pour l’écriture et mes autres passions (entre autres, la broderie ^^). Je réside depuis un peu plus de 15 ans dans la petite ville de Montesson, dans les Yvelines.

Allan : Vous n’êtes pas à votre coup d’essai, chacune de vous ayant déjà été publiée. Votre parcours jusqu’au produit « fini » fut-il comme pour beaucoup long et difficile ?

Corinne : Oh que oui. Déjà, vous l’avez remarqué, nous parlons de « feuilleton » pour GeMs, car à la base, nous espérions l’éditer par épisodes. Mais auprès des éditeurs, cette idée n’a pas fonctionné. Le Fleuve Noir nous a tout de suite parlé d’impératifs de stocks. Nous avons retrouvé cette préoccupation (compréhensible, a posteriori) auprès des autres maisons d’édition que nous avons consultées. Le livre a dû passer par… quatre éditeurs. Puis l’Atalante l’a accepté. Le fait, en ce qui me concerne, d’avoir déjà été publiée, n’a pas simplifié pour autant la tâche, d’autant que je revenais après un silence de 3 ou 4 ans (quand nous avons commencé à démarcher les éditeurs)

Isabelle : J’amènerai juste une petite précision : entre l’idée originale de GeMs et la parution de Paradis Perdu, il a fallu un peu plus de 5 ans, dont 2, si je ne me trompe, consacrés à la recherche d’un éditeur.

Allan : Vous avez dans un premier temps fait le choix de mettre votre volume en ligne : quel était le but recherché ?

Corinne : Approcher le lecteur. Lutter contre notre impatience à voir le projet enfin aboutir. Mais c’est surtout ce premier pas vers le lecteur qui nous intéressait. J’aurais pu mettre à la première question que j’étais aussi une pipelette et je passe d’agréables moments à discuter avec les lecteurs sur le forum de notre site. La mise en ligne du premier chapitre (nous, nous disons le pilote) a reçu un très bon accueil et le plus amusant, c’est que cela s’est fait un an jour pour jour avant la sortie du roman en format papier.

Isabelle : La mise en ligne de GeMs permettait d’avoir un contact différent avec les lecteurs, plus concret et direct, avec des retours presque immédiats et, comme le dit Corinne, la possibilité de discuter directement avec eux.

Allan : Quels retours avez vous eu de cette expérience ?

Corinne : Il y a eu beaucoup de réactions très enthousiastes qui nous ont boostées. Les critiques sur le premier chapitre ont été très positives et nous ont remonté le moral au moment où nous essuyions un nouveau refus auprès d’un éditeur. Un peu plus de 350 personnes ont téléchargé le pilote entre mars et novembre 2005. A notre petite échelle, alors que nous n’avions que le net pour nous faire connaître, nous avons trouvé ça très encourageant. Et encore plus quand les mêmes personnes qui ont diffusé l’info ont encore répondu présent au moment de la parution du livre. Comme Fantastinet !

Isabelle : Corinne est plus au fait que moi de tout ce qui touche au côté informatique, même si je passe moi-même beaucoup de temps sur le net. Je la laisse donc citer les chiffres ^^ Mais effectivement, ce fut très encourageant.

Allan : Le choix de cette publication était elle d’attirer un éditeur ou cela vous semblait plus intéressant de se servir du net pour diffuser votre écrit ?

Corinne : Je trouve que les auteurs encore aujourd’hui n’utilisent pas assez internet pour aller à la rencontre des lecteurs, mais ça commence à se faire. Trouver un éditeur, oui et non… En fait, pendant un temps, nous avons même envisagé de publier l’histoire nous-même, mais c’est là que j’ai appris toute les difficultés de l’édition. Au passage, le premier chapitre est désormais téléchargeable sur le site spécialement dédié à GeMs : www.paradisperdu.com

Isabelle : Le net est un outil formidable qui permet de toucher très vite un grand nombre de personne dans le monde entier. Et d’avoir des rapports incroyables. Grâce au net, un auteur cesse d’être un être lointain et intouchable pour devenir un interlocuteur et même parfois un ami. J’espère franchement que cet outil, que l’on a un peu vite tendance à diaboliser, sera utilisé par un nombres croissant d’auteurs.

Allan : Quand on commence à lire GeMs, on se rend compte que la plupart des sujets que vous abordez l’ont déjà été.. Pourtant on ne se rend pas compte tant la façon dont vous l’abordez semble naturelle. Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire ce premier volume ?

Corinne : Oui, on a déjà eu des remarques sur le fait qu’on abordait déjà des thèmes vus et revus… Mais comme je l’ai souvent lu sur les forums que je fréquente, ou les listes de discussion, la question est de savoir si on peut encore trouver des thèmes originaux en SF. On a préféré s’attarder sur le traitement des personnages. L’interrogation à propos de l’humanité des clones nous paraissait essentielle et je me demande si ça a été fait auparavant sous l’angle où nous l’avons abordé. De la même façon, les contextes post-apocalyptiques, les villes sous cloches, les laissés-pour-compte ont une place importante dans les oeuvres de SF, mais nous pensons que le traitement que nous leur donnons, à travers une description assez détaillée, je pense, des différentes communautés de l’EDo, par exemple, apporte un plus à notre histoire.

En ce qui concerne l’écriture à proprement parlé, cela a demandé un an. Le premier chapitre avait déjà été écrit depuis deux ou trois ans, sans parler d’une proto-version écrite vers 2000 ou 2001, j’ai un doute (le titre était Hayah !). Mais nous avons vraiment avancé à partir de juillet 2004. Pourtant, le projet en lui-même a un peu plus de 6 ans, presque 7. Mais la « vraie vie » (surtout les concours pour moi) ont un peu tout bloqué.

Isabelle : Ce qu’il y a de bien à répondre après Corinne c’est qu’elle a déjà tout dit ou presque !! Bon, eh bien, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter…

Allan : Le premier thème qui ressort est les conséquences désastreuses de notre attitude sur notre environnement : n’y aura-t-il jamais un auteur de SF pour nous annoncer que nous avons réussi à régler ce problème et à prendre nos responsabilités ??

Corinne : Je crois que pour le moment, on est mal parti pour que ce soit le cas. J’ai même l’impression qu’on crie de plus en plus fort sans qu’on nous entende davantage. Ce qui ne veut pas dire qu’on doive renoncer. J’attribue un rôle éducatif à la SF. Le genre m’intéresse aussi parce qu’il me rappelle les contes philosophiques censés apporter un peu de bon sens aux lecteurs. Mais on n’est peut-être pas assez de lecteurs de SF pour arriver à faire changer les choses pour l’instant. Quand j’ai vu, pas plus tard que ce matin, un automobiliste jeter ses ordures par la vitre de sa voiture, je me dis qu’on est loin, très loin d’avoir fini de crier dans le désert.

Isabelle : Ce que l’on observe chaque jour dans presque tous les domaines ne m’incline pas à être optimiste quant à l’avenir de l’humanité. Pour citer moi aussi un exemple, j’ai vu il y a 3 jours une famille laisser ses déchets de pique-nique sur le sol, à quelques mètres d’une poubelle… Je suis mère de famille et je suis assez inquiète sur l’héritage que nous laisserons à nos enfants. Donc oui, la SF peut servir de cri d’alarme. Guère entendu, à ce qu’il semble. Hélas.

Allan : Deuxième thème qui me hérisse toujours le poil : arriverons nous à respecter à votre avis (bien qu’au vu de votre écrit j’en doute) tous les hommes ? Vous faites d’ailleurs glisser le racisme interracial vers Inédit-clonés ; un risque réellement présent ?

Corinne : C’est une question que je me pose aussi. Au vu de l’Histoire, j’en doute. L’homme arrive toujours à trouver quelqu’un à soumettre. L’esclavage semble faire partie de ses péchés mignons. On cite l’exemple, dans GeMs, des Indiens d’Amérique (au sens large) que les colons européens voulaient réduire en esclavage. Une fois qu’on leur a reconnu une âme, c’est vers les Nègres qu’on s’est tourné pour faire marcher les plantations. Maintenant que, officiellement, l’esclavage est aboli, c’est par des moyens détournés et avec plus ou moins d’hypocrisie qu’on soumet d’autres peuples à son bon vouloir.

Isabelle : A mon sens, ce n’est pas un risque, c’est une triste réalité. La différence, quelle qu’elle soit, est toujours vue comme l’être humain comme un moyen de se sentir supérieur, le plus souvent sans raison, mais ne dit-on pas que la nature humaine est ainsi ? L’histoire abonde d’exemples, comme les cite Corinne.

Allan : Avant tout, il s’agit d’une grande histoire d’amour, comme le dit bien le quatrième un remake futuriste de la belle et la bête. Un retour en enfance ?

Corinne : Non, un hommage à la série tv avec Ron Perlman et Linda Hamilton. J’ai beaucoup d’affinités avec cette série. Une coïncidence amusante, par exemple : les deux personnages, dans la série, se rencontrent un 12 avril. C’est la date de mon anniversaire. Par ailleurs, le thème de la Belle et la Bête s’est ajouté après à notre projet, car le déclic est venu alors que je regardais un épisode de cette série… C’était le 1er novembre 1999. La date m’a marquée. En plus, j’ai toujours éprouvé une certaine frustration sur la fin de cette série. GeMs, c’est un peu sa revanche et Gabriel le cousin de Vincent ;).

Isabelle : Tout comme Corinne, j’ai été très marquée par ce feuilleton TV. Notre intérêt pour cette série fut d’ailleurs l’un des premiers points communs que Corinne et moi nous sommes découverts, et je me souviens encore de nos discussions à la fin de chaque épisode, lors de la rediffusion en 1999. Le thème de la Belle et la Bête est souvent traité, je le sais, mais il s’intègre parfaitement à GeMs, il en est même la base, et, oui, c’est surtout un hommage.

Allan : Et maintenant, parlons de la suite. Vous nous promettez deux autres volumes. Ils sont pour quand ?

Corinne : A priori, le tome 2 devrait sortir en mars 2007 et le troisième en mars 2008. Je sais, des lecteurs vont grincer des dents. L’ennui avec les suites, c’est qu’on doit attendre pour qu’elles soient écrites. Promis, juré, on fait aussi vite qu’on peut. Mais les impératifs de ma vie professionnelle, notamment, font qu’il nous faut largement une année pour rédiger les 6 chapitres que comptent chaque volume. Nous avons déjà un synopsis, mais ce n’est pas pour autant que les personnages sont obéissants et suivent ce fil rouge.

Isabelle : Le premier jet des trois premiers chapitres du tome 2 est rédigé, j’ai encore un gros travail de relecture à faire dessus. Les délais devraient être tenus, sauf si effectivement, nos chers personnages ne sont pas coopératifs ^^

Allan : Avez-vous d’autres projets en cours ?

Corinne : Je travaille, vaguement, sur un scénario en anglais à partir d’un embryon de roman qui traînait sur mon disque dur. Il y a aussi un autre roman que j’ai écrit voici deux ans dans l’univers de la Trilogie Atlante et qui cherche un éditeur. Mais GeMs reste le GROS projet, la priorité ABSOLUE. De temps en temps, des idées pour un futur roman de Fantasy viennent aussi me titiller, mais rien de concret pour l’instant. C’est qu’il reste encore deux volumes de GeMs à écrire, bien que le tome 2 soit déjà bien avancé.

Isabelle : Des projets de romans ? Hum, oui et non. GeMs passe avant tout autre projet. J’aimerai rééditer mon premier roman, qui a été retravaillé, et j’ai un manuscrit dans un tiroir. Rien de précis.

Allan : Vous nous avez déjà rendu visite, que pensez vous de notre site ?

Corinne : J’y viens régulièrement. J’aime bien musarder sur la toile. Ce qui m’intéresse surtout, ce sont les critiques de livres. Je recherche toujours des infos sur mes prochaines lectures et pour ça, j’ai plusieurs sources. J’ai découvert d’ailleurs Fantastinet à cette occasion. Ensuite, je suis revenue pour faire de la pub. Je sais, c’est mal (rires). J’ai aussi passé un bon moment à lire votre compte rendu sur le Salon du Livre (j’y étais le samedi). Les informations sont pertinentes. Le challenge, surtout, c’est de renouveler le contenu. Et pour ça, je trouve que Fantastinet réussit plutôt bien. Je pense aussi que vous pouvez compter sur une communauté sympathique.Je sais que ce n’est pas facile de tenir un site comme celui-ci.

Personnellement, je me fais aider par un ami concepteur de sites webs, Gabriel Legault. Je fais déjà beaucoup trop d’erreurs avec le forum… Je l’ai lobotomisé deux fois. J’espère que vous êtes plus doué que moi.

Allan : Que peut-on vous souhaiter ?

Corinne : Que GeMs rencontre son public. Jamais auparavant je ne m’étais autant attachée à des personnages et à leur histoire. J’espère que les lecteurs sauront aussi aimer Gaïl et Gabriel. Ils valent le détour, je pense. Si vous les aimez, moi, je serai comblée… Et si vous pouviez aussi m’envoyer un billet de loterie gagnant… J’aimerais bien m’acheter une maison :p

Isabelle : Que nous puissions finir de mener à bien l’aventure GeMs, qui est vraiment quelque chose de très important pour toutes les deux. Que GeMs soit bien accueilli par les lecteurs, bien sûr. Ah oui, je veux bien aussi un billet gagnant, je rêve de refaire un voyage au Japon ^^

Allan : Le mot de la fin sera :

Corinne : Rendez-vous dans l’EDo. J’espère que les mauvaises rencontres ne vous décourageront pas de poursuivre jusqu’à EDen pour y rencontrer Gaïl et Gabriel. Encore une fois, ils méritent votre attention.
Isabelle : Que puis-je ajouter à cela ? ^^


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