En feuilletant le Perry Rhodan n°186, je me suis aperçu que c’était José, notre chroniqueur PR, qui avait fait la traduction… Il était tout naturel de lui demander de nous accorder un peu de temps et il a fait mieux !! Il nous a permis d’avoir une interview – certes longue mais les fans apprécieront – de toute l’équipe de traduction : merci à lui et merci à tous les 5 pour leurs réponses !
Les antécédents des traducteurs
Allan : De quand date votre découverte de Perry Rhodan et dans quel contexte ?
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : J’ai découvert la science-fiction et Perry Rhodan lorsqu’en 1997, le Fleuve Noir m’a proposé d’en assurer les traductions. Je me suis littéralement « recyclée » à ce moment-là, j’ai plongé dans ce bain qui m’était totalement inconnu. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance du Stellarque. Nota : j’étais déjà traductrice littéraire d’allemand depuis 1961 !
Jean-Michel Archaimbault (directeur de la collection PR depuis juin 2002) : 1966 pour la V.F. de Perry Rhodan, 1975 pour la V.O. allemande. J’ai découvert par hasard et simultanément PR et la collection Anticipation du Fleuve Noir. En 1975, le choc a été différent : celui de la réalité allemande, avec à l’époque près de 650 épisodes d’avance sur la version française…
Michel Vannereux : La découverte s’est faite en deux temps : PR en 1978 suite à un livre acheté par le plus grand hasard (c’était « La flotte fantôme »). J’ai tout de suite accroché.
Deuxième phase : 1990 avec l’achat d’un fanzine rédigé par Jean-Michel Archaimbault et la découverte du gouffre qui nous séparait de l’édition allemande. C’est alors que je me suis mis à l’allemand pour pouvoir accéder à ce nouveau monde.
Jean-Marc Gasser (traducteur Atlan depuis le volume 3) : Pour moi, Perry Rhodan se fond dans le Fleuve que j’ai découvert dans les années 70, à 15 ans. À l’époque, j’ai dû lire une bonne centaine de romans, mais avec une nette prédilection pour des auteurs comme Le May, Suragne et Bruss, accessoirement Clauzel et Richard-Bessière. Je ne lisais PR qu’occasionnellement quand le texte de 4ème de couverture m’attirait. Je n’en appréciais pas le côté feuilleton.
Je suis surtout amateur des écrivains français de la période 1850 – 1960 avec un penchant pour les romanciers qualifiés du « terroir ».
J’ai redécouvert PR, il y a environ deux ans, lorsque j’ai fait mes premiers pas de traducteur sous la férule de Jean-Michel Archaimbault. J’en ai lu une trentaine en lecture-découverte et me suis mis à compléter ma collection. Depuis, je parcours les cycles en ayant soin de prendre le plus de notes possibles destinées à édifier une base de données utile à mon travail.
Claude Lamy : 1976 – À l’âge de 13 ans et déjà fan depuis longtemps de BD Petits Formats, je suis allé à Paris chez ma famille qui habitait alors dans le 17ème arrondissement, faire mes études secondaires. Avenue de Clichy, j’ai connu un bouquiniste en tous genres et par là–même, mes premiers livres de S.F. Après avoir lu un grand nombre d’auteurs, je suis attiré par deux romans à double nom (Scheer – Darlton) sur un bloc d’étagères. Il s’agissait de « Bases sur Vénus » et « La quête cosmique » ; c’est là que l’aventure a commencé.
José Gérard : C’est mon grand-père qui avait déniché les 8 premiers volumes en occasion, les seuls Perry Rhodan jamais parus dans la collection Marabout Poche 2000. Cela se passait au début des années 1980. Je n’étais pas moi-même un adepte des bouquinistes, et j’ai longtemps cru que ces 8 épisodes étaient les seuls qui existaient. Je les ai lus et relus des dizaines de fois 🙂
Durant mes études, 10 ans plus tard, un de mes co-locataires, me voyant avec un PR à la main, m’a lâché tout de go : « Perry Rhodan ? j’ai un pote qui en a plein. » (ce n’était pas la chose à me dire juste avant les examens !) Je me suis donc plongé dans quelques dizaines d’épisodes en retard, parus, eux, chez Fleuve Noir.
Allan : Qu’est ce qui vous a fait devenir un accro du Stellarque ?
José Gérard : Avoir lu et relu pendant des années les huit mêmes volumes, peut-être ? : ))) Ça donne une fringale impossible à assouvir par la suite. D’autres ne manqueront pas d’évoquer l’éthique véhiculée par la série PR, aussi vais-je souligner un autre point important pour moi : la perspective à long terme dans laquelle s’inscrivent les aventures de PR – nous en sommes à l’heure actuelle à 1500 ans d’Histoire (inter-)galactique, et ce n’est que le début ! Le long terme est un élément présent dans mes quelques livres de SF favoris (dont Fondation et Les robots d’Asimov, et Dune d’Herbert).
Claude Lamy : Au contraire d’autres auteurs SF, PR est une saga produisant tous les genres et qui, par sa conception, son renouvellement, sa vision du futur, m’a totalement séduit sans aucune possibilité de retour… une symbiose irréversible !
Michel Vannereux : Un des éléments qui m’a le plus marqué lors de ma découverte de PR a été les références à des événements précédents ou l’indication de dates précises. Puis, avec le temps, la fascination pour un univers aussi développé et cohérent ainsi que le fonctionnement en feuilleton.
Jean-Michel Archaimbault : Je suis devenu un « accroc » (NdJosé Gérard : : clin d’Œil aux loup/ve/s d’un groupe de discussion dont nous sommes tous membres sauf Jeanne-Marie) du Stellarque au même titre que de certains auteurs alors publiés en Anticipation, néanmoins la série PR m’a rapidement semblé être une Œuvre à plus long terme et à perspectives plus vastes que les romans proposés à ses côtés. L’action, les personnages, les situations, les arrière-plans et – composante essentielle – le style de la traductrice d’alors avaient de quoi fasciner et enthousiasmer, sans oublier le fait que l’histoire avait l’air de ne jamais vouloir s’arrêter !
Allan : Comment fait-on pour réussir le doublé fan-traducteur ?
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Je n’étais pas fan de Perry Rhodan avant d’en devenir traductrice… puisque je ne connaissais pas la série ! Mais je n’ai guère tardé à être « convertie » !
Michel Vannereux : Eh bien, j’ai d’abord traduit des épisodes inédits dans le cadre amateur puis, quand Jean-Michel Archaimbault a eu besoin de traducteurs (c’était pour une partie du Atlan n°2) il a fait appel à moi. J’ai alors intégré l’équipe de traduction avec un rythme de 2 PR par an, libérant ainsi du temps pour Jean-Michel Archaimbault dans sa tâche de directeur de collection.
D’aucuns se sont formalisés de ce que la plupart des traducteurs sont membres de l’association BASIS (premier fan-club basé en France, cf. infra). Il faut d’abord voir que le rôle de traducteur de PR nécessite une bonne connaissance de la série. Les fans maîtrisant l’allemand constituent donc un vivier de choix. BASIS n’a aucun monopole. Il se passe seulement qu’on trouve dans cette association de nombreux fans prêts à s’impliquer pour PR, ainsi que (ce qui est un atout non négligeable !) à travailler en équipe dans un esprit de bonne camaraderie.
Jean-Marc Gasser : Avant d’être fan de PR, je suis avant tout lecteur boulimique et depuis peu « écrivant ». PR et Atlan me permettent de m’adonner à cette activité d’écriture dont j’ai toujours rêvé. Que l’on soit traducteur d’Atlan, de Heinrich Böll ou de Bernhard Schlink, le souci reste le même : rendre en bon français la lettre et la pensée de l’auteur traduit. Et c’est là que l’on se rend compte que l’acte d’écrire est loin d’être facile et ce quel que soit le matériau sur lequel on travaille. Très souvent, au premier jet, on se sent l’âme d’un Hemingway ; les estafilades rouges et les corrections du relecteur portent souvent un coup sérieux à notre vanité d’auteur (je parle pour moi, là !). Ensuite, on repart à l’assaut d’une nouvelle « Œuvre » avec le même enthousiasme et la passion du démiurge.
Claude Lamy : : Tout simplement en passant des tests pour Fleuve Noir.
José Gérard : : Quand Jean-Michel a lancé sur un groupe de discussion un appel à des fans pour traduire le premier volume de la série Atlan, j’ai répondu présent. C’était tout à fait fou de ma part, car ma maîtrise de l’allemand était alors on ne peut plus nulle ! J’ai néanmoins satisfait aux tests que Jean-Michel nous a soumis, grâce à ma connaissance du néerlandais (une des trois langues officielles de Belgique – ai-je dit que je suis Belge ? – la troisième étant… l’allemand ; le néerlandais présente de fortes analogies avec l’allemand dans la grammaire et la structure des phrases) et à un bon dictionnaire.
Le métier de traducteur
Allan : Les volumes de Perry Rhodan sont traduits et adaptés : les modifications apportées à la version originale sont-elles importantes ? PR est-il victime de la même « coupe » opérée sur les Lancedragons et Royaumes Oubliés, du même éditeur ?
Claude Lamy : Il n’est pas question de coupe dans PR. La différence par rapport au texte original qui peut varier d’environ 5 à 10 % est plutôt due à l’adaptation et à la remise en français qui en découle. Actuellement, un roman en français contient la traduction de deux fascicules allemands.
Michel Vannereux : Les modifications portent essentiellement sur des détails : rectification d’erreurs flagrantes, « upgrade technologique » dans certains cas (un vaisseau spatial avec des cartes perforées, ça ne passe plus aujourd’hui) mais c’est tout. La partie « adaptation » est donc très faible.
Jean-Marc Gasser : : Je ne peux parler que des textes que je produis : les modifications apportées à la V.O. sont marginales et concernent souvent les noms propres pour les franciser et leur éviter des sonorités qui, s’ils étaient transcrits tels quels, apparaîtraient grotesques, notamment dans la prononciation.
Pour traduire les Atlan, qui se présentent sous la forme de harcover bleus d’environ 430 pages (2 Atlan en V.F.), ma façon de procéder est archi-simple: une première lecture de découverte du bouquin pour voir où je vais; mise en place des maquettes de chapitres; lecture annotée des en-têtes de chapitres qui sont généralement les plus difficiles à traduire dans la mesure où Rainer Castor rehausse généreusement le niveau stylistique de l’original (NB : la série Atlan est d’abord parue en fascicules écrits par différents auteurs, et les « livres bleus » regroupent plusieurs fascicules retravaillés par R. Castor) ; traduction des en-têtes ; ensuite, relecture et traduction des corps de chapitres l’un après l’autre. Après quelques jours ou quelques heures (selon l’urgence), relecture et premières corrections avant compactage pour envoi au correcteur qui, doté d’un Œil de lynx et d’un sabre à deux tranchants…
José Gérard : : Des coupes ont été pratiquées dans le passé, mais depuis une soixantaine de numéros, la traduction est intégrale. Les adaptations portent sur des réactualisations techniques (ce qui était à la pointe de la technique lors de l’écriture est aujourd’hui parfois au musée – mais pas toujours, loin s’en faut !) et des corrections d’erreurs… quand nous les repérons ! Si elles nous échappent, les cyber-fans ne manquent pas de nous asséner des volées de bois vert par groupes de discussion interposés : )
Jean-Michel Archaimbault : Depuis le PR 126, première traduction de Jeanne-Marie avec mon assistance, il n’y a pour ainsi dire plus de coupes alors qu’avant, c’était relativement fréquent (fonction des traducteurs et -trices en service). Pour un épisode allemand qui constitue la seconde partie d’un volume français, on supprime le cas échéant les paragraphes résumant l’action de l’épisode précédent (qui forme donc la première partie du livre en V.F.). La dernière vraie coupe effectuée remonte au PR 131 et elle a porté sur une demi-page de texte original : contre mon gré, Jeanne-Marie a éliminé la description détaillée d’un processus de génération d’antimatière parce qu’elle croyait alors que ça n’intéresserait personne, et que la plupart des lecteurs n’y comprendraient rien…
Les adaptations, elles, visent à assurer une cohérence que ne possèdent pas toujours les textes originaux, à rectifier des erreurs, à actualiser des détails techniques ou scientifiques (en 35 ans, les connaissances ont évolué…) dans la mesure où, évidemment, ils sont visibles à la traduction, à la lecture ou à la relecture. Hélas, il y a des « bourdes » qui échappent au crible, pour la plus grande joie des rapaces toujours à l’affût… C’est vrai, la correction d’une traduction PR n’est pas (encore) faite comme celle d’un devoir de Maths ou de Physique où l’on vérifie systématiquement les formules et leurs applications numériques…
En synthèse, la V.F. d’un PR d’aujourd’hui représente entre (100-x) et (100+y) % du texte d’origine, avec x et y petits mais néanmoins non nuls et faisant déjà le subjet (ou thème subjectif, par opposition à objet ou thème objectif) d’études critico-statistiques onanisto-comparatives sur lesquelles je ne puis vraiment rien vous dire du tout, si ce n’est qu’elles relèvent de la plus authentique et futile tétrapilectomie orchidoclastique(*). Et réciproquement, comme eût dit Pierre Dac. Pour conclure après ce léger délire : rien à voir avec les massacres opérés pour LanceDragons, Royaumes Oubliés ou jadis Ravenloft (la lecture du premier volume en V.F. et en V.O. révélait près de 30 % de coupes sombres, soit 7 chapitres, et tous les poèmes de Jander Sunstar étaient passés à la trappe…).
(*) en cas de doute sur le sens de ces termes, voir à la page www.cledut.net.xylo.htm.
Allan : Comment s’y prend-on concrètement pour traduire un livre entier ?
Jean-Michel Archaimbault : Exactement comme pour traduire une nouvelle, la notice technique d’une machine à doughnuts ou le compte-rendu du dernier congrès sur la propulsion des missiles tactiques. On commence au début, on galère sur les points durs et on s’arrête à la fin. Ma méthode personnelle consiste à travailler à partir du texte original dans sa version papier (je ne sais pas traduire directement depuis un texte affiché à l’écran), en faisant le mieux possible dès le premier coup et en traitant les difficultés au fur et à mesure qu’elles surgissent. Dans un PR français, il y a en général 2 épisodes allemands : je traduis le premier, je fais une édition papier, je traduis le second, je fais une édition papier, puis je relis et corrige le tout (sur le papier avec un bon vieux feutre rouge, car je ne sais pas relire à l’écran). En moyenne, je trouve à peu près 5 % de retouches à faire. Le rythme idéal, pour traduire, est continu et soutenu : meilleure performance réussie, un quart de volume français en deux jours de dix heures de travail chacun… En fonctionnement fractionné, il faut au minimum s’efforcer de traduire un sous-chapitre entier à chaque session de travail. Sinon, on perd le fil et on « réinvente la poudre » à chaque fois qu’on s’y remet.
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Chacun a sa méthode. Ainsi, la mienne est pour ainsi dire l’opposée de celle de Jean-Michel. 1ère étape : traduction presque littérale. 2ème étape : 1ère correction avec le texte d’origine à côté. Étapes suivantes (il y en a environ encore 6) : relectures, corrections, amélioration jusqu’à ce que j’aie la « sensation » que c’est bon.
Michel Vannereux : Pratiquement, j’ai le fascicule ouvert devant moi et je tape en même temps le texte français sur l’ordinateur, m’aidant de dictionnaires installés sur le micro (ou papier) et d’un lexique de correspondance pour les mots spécifiques rédigé par Jean-Michel Archaimbault. Après, il y a tout un travail de relecture. Le problème alors vient du français et non plus de l’allemand.
José Gérard : Comme ma connaissance initiale de l’allemand avoisinnait le zéro ou presque, j’ai utilisé un logiciel de traduction. J’y recours toujours aujourd’hui, mais j’arrive à présent à restituer environ un quart du texte à la lecture directe, et j’espère que ce score ne cessera de s’améliorer, de sorte qu’un jour je puisse me passer du logiciel. C’est une version « basique », donc je ne m’attends pas à ce que l’ordinateur fasse le travail pour moi. Le logiciel me sert davantage de dictionnaire pour me donner le vocabulaire dans un ordre plus ou moins cohérent, mais ça s’arrête là. Je reconstruis ensuite le texte en relisant l’original.
Je m’efforce dès le départ de donner la version la plus affinée possible en français. Les acquis de mes études secondaires littéraires (gréco-latines), et la rédaction d’articles scientifiques que j’ai pratiquée ensuite en tant qu’ingénieur agronome (domaine pluridisciplinaire s’il en est !), m’aident beaucoup dans cet exercice. C’est à mon sens dans la restitution en un français acceptable par le lecteur – c’est-à-dire impeccable ; ) – que réside la plus grande difficulté de la traduction, et le talent du traducteur.
Claude Lamy : Pour moi, il n’est nullement question d’utiliser un logiciel automatique puisque j’ai appris l’allemand pendant 6 ans. Le plus dur a seulement été de s’y remettre. Je travaille sous Word, sur deux niveaux, la partie allemande au–dessus et la traduction que je tape au fur et à mesure en dessous.
Allan : Faites-vous comme l’équipe originale d’auteurs, à savoir : vous réunissez-vous pour faire vos traductions ou les faites vous individuellement ?
Jeanne-Marie Gaillard -Paquet : : Individuellement.
Claude Lamy : Chacun traduit de son côté mais pour tout point qui demande réflexion, nous nous concertons par internet.
Jean-Michel Archaimbault : Les traductions sont faites individuellement mais il y a mobilisation totale ou partielle de l’équipe dans le cas de certains points difficiles ou, s’il s’agit de trouver le mot juste pour un concept ou un terme nouveau, initiation d’un « brainstorming » spécifique. La pluridisciplinarité des traducteurs est alors très précieuse !
Michel Vannereux : Les traductions se font individuellement. Le point commun c’est Jean-Michel Archaimbault qui fournit un lexique (en amont) et relit (en aval). Il y a parfois des échanges de mail pour la traduction d’un terme spécifique.
Jean-Marc Gasser : Dans le cadre de ma jeune expérience, je considère la traduction comme une activité hybride : solitaire pour les trois quarts du temps, mais suivie d’échanges passionnants avec le lecteur-correcteur au moment du choix des néologismes, de la discussion des corrections et de la finalisation du manuscrit. Cela reste néanmoins un travail d’équipe dans la mesure où chaque traducteur contribue à l’édifice commun par ses apports personnels, tant en sensibilité, connaissance du cycle ou compétences littéraires et linguistiques.
José Gérard : Chacun traduit ses volumes individuellement, mais nous discutons certaines pierres d’achoppement, des questions qui concernent plusieurs épisodes, des mots à forger pour traduire de nouveaux concepts « scientifictionnesques » (si je puis me permettre). Le directeur de collection maintient d’ailleurs un lexique de tous les termes spécifiques à PR et Atlan, ceux que l’on ne trouve pas dans les dictionnaires. C’est également lui qui relit l’ensemble des textes, qui nous reviennent ensuite barrés, sillonnés et zébrés de rouge : ) C’est toujours une expérience enrichissante de discuter (parfois âprement !) de points de linguistique avec les collègues.
Perry Rhodan même (et ce qui gravite autour…)
Allan : La France accuse un énorme retard par rapport à nos voisins allemands : à combien estimez-vous ce retard et ne trouvez vous pas « rageant » de devoir les lire en V.O. (puisque je suppose que vous le faites ; )) ? Quid de ceux qui ignorent tout de l’allemand ?
José Gérard : A l’heure où j’écris ceci, les Allemands ont publié 2215 épisodes, et le volume qui vient de sortir en français regroupe les numéros 398 et 399. Dont il faut retirer 26 épisodes non traduits. Je ne juge pas utile de donner une estimation du temps qu’il nous faudrait pour rattraper l’édition originale.
Rageant de lire en V.O. ? Non, pas du tout, c’est toujours utile d’exercer ses connaissances en langues étrangères. Je ne lis pas la série en allemand (sauf ce qui est en cours de traduction, bien sûr). J’ai suivi pendant deux ans l’édition en néerlandais (langue que je lis plus vite que celle de Goethe) qui a 500 numéros de retard sur l’original.
D’après ce que je connais des fans à travers les groupes de discussions, peu d’entre eux lisent en allemand. Pour ceux qui ignorent l’allemand, certains lisent sereinement ce qui paraît en français en se satisfaisant du rythme auquel arrivent les volumes, et d’autres sont moins sereins sur cette question, quelques uns exprimant même leur frustration avec quelque véhémence.
Vouloir rattraper les Allemands à tout prix n’est pas vraiment indispensable : il y a autant de plaisir à découvrir ce qui est publié maintenant en français, que ce qui est publié maintenant en allemand. Quand je regarde les choses sous cet angle, j’ai un peu de mal à comprendre les grincements de dents.
On peut saluer l’augmentation du rythme de parution qui a eu lieu ces dernières années : il fut un temps où l’on était à moins de 6 volumes par an, contre les 12 d’aujourd’hui, et 10 rééditions, résultat à souligner du travail opiniâtre de Jean-Michel Archaimbault. « Patience et longueur de temps », telle doit être la devise en la matière. (Et l’on peut d’ailleurs la compléter utilement : « font plus que force et rage » !)
Jean-Marc Gasser : Le retard par rapport à nos voisins est grosso modo de trente ans. L’allemand étant quasiment ma seconde langue maternelle, je n’éprouve aucune difficulté à lire PR ou Atlan en V.O. Je suis pourtant obligé de faire un choix par manque de temps; de ce fait, je ne lis que certains fascicules, notamment ceux qu’écrit Arndt Ellmer que j’ai eu le plaisir de rencontrer et dont j’aime le style.
Quant à ceux qui ignorent la langue de Goethe, à moins d’une opération commando du Fleuve, il leur faudra être patients.
Michel Vannereux : Le retard peut être calculé avec précision : fascicule 399 paru en janvier 2004 (PR 187) alors que les Allemands en sont au 2215 environ. Le retard est un faux problème vu qu’il est totalement illusoire de le combler un jour, ce qui compte c’est que la VF soit bien faite avec un rythme assez rapide. Pour ceux qui ignorent l’allemand, il leur reste des résumés (en français) disponibles sur le net ou chez BASIS.
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Je ne lis pas les épisodes récents, parce qu’il me faudrait rattraper les 35 ans de retard (à raison d’un fascicule par semaine, cela fait 1820 fascicules) et ce retard ne fait qu’augmenter avec le temps ! C’est une course contre le chronographe, que je n’ai pas le courage d’entreprendre… ni le temps, d’ailleurs.
Claude Lamy : Le fait de pouvoir lire l’allemand est effectivement un avantage, contrairement aux non-germanophones qui n’ont d’autre choix que de lire la version française, à moins de se mettre à l’allemand. Mais il y a un espoir de trois fascicules par roman.
Jean Michel Archaimbault : Il y a aujourd’hui 35 ans de retard sur l’Allemagne pour la série principale PR, sans parler de tout ce qui existe à côté… Je lis un peu de V.O. récente ou plus ancienne de temps à autre, ça n’a pour moi rien de « rageant » (au contraire !) mais je conçois très bien le désespoir des non germanistes, plus profond encore s’il s’agit de lecteurs qui suivent PR depuis 1966… S’il est impossible de rattraper le retard, une accélération du rythme de progression dans l’action est néanmoins réalisable – dans un contexte éditorial donné et assez contraignant – moyennant l’abandon à bon escient de sous-péripéties et de détails annexes : l’idée est de franchir plus rapidement des cycles dont le contenu s’étire vraiment trop, pour atteindre dans un délai raisonnable ceux que l’on peut considérer comme des sommets incontestés de la saga.
Allan : La saga PR est suivi par un important fan club : pouvez vous nous en parler plus ?
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Tout ce que je peux en dire (car je ne l’ai pas rencontré souvent, ayant été très malade pendant 4 ans), c’est qu’il est terriblement sympathique, chaleureux, actif, dévoué et positif… entre autres.
Michel Vannereux : Ca foisonne en Allemagne, que ce soit en fanzines papier ou sur Internet. A noter aussi de nombreux romans faniques dont certains auteurs ont fini par intégrer l’équipe d’auteurs. Et, très important, il y a de fortes interactions entre fans et professionnels.
Dans le domaine francophone, je ne parlerai que de l’association BASIS, qui offre aux fans l’occasion de se regrouper pour aborder leur série préférée. Le fanzine à proprement parler au rythme trimestriel fournit des informations, livre diverses analyses et fait le point sur les parutions. Mais il y a aussi des romans écrits par des fans et même une mini-série construite sur le modèle allemand. Le site web dont je m’occupe regorge d’informations et permet au lecteur francophone d’avoir une meilleure vision de ce qui se fait outre-Rhin.
Citons en France l’existence d’un autre fan-club, Rhodaniens.
Jean-Marc Gasser : Je suis un peu trop jeune dans le groupe pour en parler. Néanmoins, les responsables du club BASIS ne ménagent ni leur temps ni leur peine pour le développer et pour faire connaître et aimer Perry Rhodan et Atlan.
Jean Michel Archaimbault : Au niveau du public francophone, on peut estimer aujourd’hui le nombre de lecteurs de PR entre 12000 et 15000 (ceci sur la base des ventes de livres, sans inclure les cas où un exemplaire est lu par plusieurs personnes). Atlan, de son côté, fait encore en 2003 un peu moins de 10000.
BASIS a été fondé par Claude Lamy (et moi-même) au tout début de l’an 2000. L’idée couvait depuis un bon moment ; le catalyseur final a été la Convention Mondiale PR « WeltCon 2000 », en décembre 1999, occasion d’un véritable choc qui a motivé le lancement du club. Sacrée aventure à laquelle je ne participe plus autant que je le souhaiterais, faute de temps et de disponibilité. Mais il y a, dans les rangs de BASIS, des potentialités énormes capables de prendre la relève ! Et ce sans jalousie, sans animosité, sans perversité d’esprit, d’écrit ni de parole – des gens positifs et constructifs, tout simplement.
Avant BASIS, PR ne possédait aucun fan club francophone sous la forme traditionnelle qui existe par exemple en Allemagne depuis le milieu des années 60 (c’est-à-dire une association éditant des publications spécifiques). Les articles parus en 1988 dans « L’Annonce-Bouquins » ont suscité quelques contacts puis le lancement d’un zine dédié PR par celui qui à l’époque dirigeait « Carnage Mondain », dont les quelques numéros (distribués directement par Jean-Bernard Oms) ont permis à un tout petit nombre de personnes de mieux voir l’ensemble du phénomène et d’entrer en relation les unes avec les autres. Dans les années 90, « Temps Tôt », au Canada, a lui aussi fait paraître quelques articles et nouvelles mais c’est « La Gazette de Terrania », avec Christian Martin, qui a vraiment constitué le premier zine PR durable et digne de ce qualificatif, sans réellement être publié par et pour un club institutionnalisé.
À partir de 1999, via Internet, les premières listes de discussion francophones ont vu le jour et se sont rapidement développées, amenant ensuite le meilleur comme le pire – ainsi, ce sont les conflits violents ayant éclaté sur ce support d’échange qui ont conduit à la situation actuelle, à savoir l’absence totale de contact entre BASIS et Rhodaniens, l’autre fan-club PR francophone.
Claude Lamy : Avec Jean-Michel Archaimbault, nous avions décidé d’aller ensemble à la Convention Mondiale PR de décembre 1999. C’est à ce moment que j’avais créé le BASIS N°0 et c’est au retour d’Allemagne que nous avons fondé le fan-club BASIS pour regrouper les fans PR et Atlan. Celui-ci est maintenant fort de 170 adhérents ! Il a donc fallu constituer un comité directeur de plusieurs personnes pour pouvoir nous aider, Jean-Michel et moi-même.
Le club a beaucoup grandi sous la poussée de ses membres et présente de nombreuses publications tels que les Basis Hors Série (romans PR écrits par des fans), le Basis Annuel (récapitulatif global des parutions allemandes et françaises de l’année précédente), une mini-série PR écrite par plusieurs fans : EZRA’Ï, la carte de Terrania en poster traduite en français, sans oublier la création d’un logo BASIS avec autocollants et magnets, et le 1er recueil de schémas techniques en français, parmi d’autres projets en cours.
Le club participe également à des conventions SF pour faire connaître les séries PR et Atlan.
Mais le plus convivial reste notre Assemblée Générale, à présent ouverte aux non-membres : la 4ème aura lieu fin mai 2004, lors du week-end de Pentecôte. Nos AG rassemblent des Basisiens venus de tous les horizons : de Belgique, de Suisse et de la France entière ; les membres des autres pays étant trop loin pour pouvoir se déplacer.
Allan : A partir de janvier 2004, un nouveau cycle débute. Quel va être le centre de l’intrigue ? Que vont être à votre avis ses points forts, et ses points faibles ? (J’ai cru lire ici et là que ce n’était pas le plus réussi…)
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Je l’ignore encore…
José Gérard : Avant de devenir traducteur de la série, je m’étais interdit toute lecture préalable sur le contenu des deux prochains cycles, pour ne pas me gâcher la découverte. Je suis en train de rattraper le retard, mais encore mal placé pour évaluer le cycle dans son ensemble.
Comme point fort, je mentionnerai une série de nouveaux personnages sympathiques (pour certains !), et à tout le moins intéressants..
Michel Vannereux : Il se trouve que je l’ai déjà lu en allemand il y a quelques années. Points forts : renouvellement des personnages, foisonnement d’idées dans le premier tiers de l’histoire. Points faibles : lenteur de la progression dans les deux derniers tiers (ça fait quand même beaucoup) ; action centrale pas très passionnante dans la deuxième partie ; bond dans le temps sans véritable impact.
Jean-Marc Gasser : Tout dépend de ce qu’on appelle un cycle réussi. Pour la partie dont j’ai pu prendre connaissance, il comporte quelques belles révélations, de l’action et même de l’épique. C’est à mon sens le moment de prendre le train en marche pour ceux qui ne connaissent pas la saga. Ils ne seront pas déçus du voyage.
Claude Lamy : Ce cycle n’est pas effectivement l’un des plus captivants. Le saut de 993 ans dans le futur laissera un peu le fan sur sa faim, concernant l’action qui s’est déroulée durant ce délai [NdJosé Gérard : : le récit ne manque pas d’en évoquer les événements marquants, que les lecteurs se rassurent ; ) Le lecteur pourra aussi s’attrister de la désunion de l’Humanité à travers la la constitution de blocs de puissance ennemis.
Les points forts : l’apparition des Accalauries, de Ribald Corello, de Lord Zi-Èvuss, la rencontre avec les Cappins et une expédition dans un lointain passé.
Jean Michel Archaimbault : Le cycle 7, « les Cappins », s’ouvre sur diverses situations de rupture (voir la bande-annonce spécifique). Environ 1000 ans le séparent de la fin du précédent, et on découvrira peu à peu les bouleversements qui ont marqué cette longue période. L’histoire de ce « millénaire perdu » sera le premier point fort du cycle. Le second, ce sera le déclenchement d’un plan de sécurisation du Système Solaire. Le troisième tournera autour d’une « arme à retardement » vieille de 200 000 ans. Viendront aussi de nombreux personnages nouveaux, très variés, très typés, humanoïdes ou non. En cinquième position figure la rencontre avec les Cappins et la mise en lumière d’un passé très lointain, voire même des vraies origines de l’Homme. Au-delà de ce festival qui occupe le premier tiers du cycle, grosso modo, les choses se gâteront : encore une galaxie inconnue et très éloignée, encore des péripéties « en terre étrangère », encore la lutte avec les opprimés contre leurs oppresseurs… jusqu’à la victoire et la libération finales. C’est précisément cet interminable fil d’action que la « solution d’accélération » a pour but de raccourcir, sachant qu’il y a 35 ans et au rythme d’un épisode par semaine, il avait tout de même lassé pas mal de fans allemands…
Allan : Dernière question concernant la série sŒur de PR, Atlan : qu’en pensez vous et présente-t-elle à vos yeux une importance dans la compréhension du personnage d’Atlan une fois qu’il a rallié les Terraniens ?
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Je n’ai lu que les 2 premiers volumes, et je n’ai pas tellement apprécié les sujets. Je préfère de beaucoup l’Atlan de Perry Rhodan.
Claude Lamy : Je ne suis pas d’accord avec les gens qui pourraient penser qu’il aurait mieux valu commencer par un autre cycle, comme les Aventures temporelles. Quoi de mieux pour connaître un personnage que son enfance ? Cela permet de mieux le cerner.
Le premier roman a été un peu fastidieux mais l’action s’est mise en place à partir du deuxième.
Michel Vannereux : La série n’en est qu’à ses débuts et le rythme de parution lent jusqu’à présent (2 volumes par an) n’a pas favorisé son démarrage. Heureusement, ça va augmenter (doubler !) en 2004. Il ne faut surtout pas voir Atlan comme un complément à PR. C’est une série qui se suffit à elle-même mais qui se déroule dans le même univers, dix mille ans plus tôt. Le ton et le type d’histoire sont assez différents de ceux employés dans PR. C’est néanmoins une bonne série et, pour avoir lu un résumé de ce qui va suivre, elle va aller en s’améliorant.
José Gérard : Dans PR, Atlan a été (même si cela n’apparaît pas toujours !) adouci par plusieurs millénaires de solitude passés sur Terre, coupé de l’Empire qui aurait dû être le sien. Il est plus Terrien qu’Arkonide, comme Perry le lui fait souvent remarquer. Dans la série Atlan, que l’édition francophone aborde (très logiquement) par la prime jeunesse du personnage, c’est un jeune homme qui doit lutter âprement pour recouvrer ses droits, avec l’aide d’amis qu’il sait s’attacher par son charisme et les valeurs que lui a transmises son mentor Fartuloon (tiens ? l’élève et le maître… ça rappelle quelque chose, non ? ; ) : courage et loyauté en premier, et aussi sa détermination.
Pour inverser la question initiale, les aventures d’Atlan constituent un tout cohérent et « auto-suffisant », et le choix judicieux de commencer, dans le grand volume de cette matière, par les aventures de jeunesse dispense d’une connaissance préalable de Perry Rhodan pour aborder la série Atlan. Donc, ami/e/s lecteur/trice/s, n’hésitez pas !
Jean-Marc Gasser : À mon sens, la série Atlan étoffe et enrichit le personnage éponyme dans la mesure où, très souvent dans les PR, il fait un peu figure de « second couteau » auprès de Perry qu’il m’arrive de détester copieusement à certains moments. Les aventures de jeunesse de l’Arkonide confèrent à celui-ci une stature qui dépasse de loin celle du héros terranien (toujours selon mon interprétation !) Mais peut-être ai-je perdu quelque peu mon objectivité en fréquentant assidûment ce personnage tantôt impétueux comme un héros mythologique tantôt déroutant et indécis comme l’adolescent qu’il est. En ceci, il est plus qu’humain !
Jean Michel Archaimbault : Atlan représente dans son ensemble 850 fascicules, hormis notamment les romans de poche appelés « Aventures Temporelles » où l’on voit Atlan s’impliquer à intervalles donnés dans l’Histoire de la Terre. La partie aujourd’hui publiée en V.F. concerne la jeunesse du personnage, il y a 10000 ans, dans son Grand Empire d’origine. D’où non seulement des éclairages nouveaux sur l’immortel Arkonide, mais aussi la découverte progressive d’une ex-grande puissance galactique à l’apogée de son évolution. Si les péripéties racontées sont davantage Space Fantasy que Space Opera ou (osons-le) Hard Science à la PR, l’univers qui se construit peu à peu est largement aussi riche et profond que celui de « Star Wars » (qui d’ailleurs lui est postérieur). Le choix éditorial s’est basé sur l’idée d’inviter des non fans PR à aborder ce cosmos sans avoir besoin de connaissances préalables, d’une part ; et sur celle de proposer aux lecteurs assidus de la saga principale une approche différente, complémentaire du « héros en second » que beaucoup préfèrent à Perry lui-même, d’autre part. Les « Aventures Temporelles » n’ont pas été retenues, au grand dam de quelques mordus de « Mickey à travers les Siècles » (je caricature exprès !) : il y a tout de même davantage de piment à voir Atlan évoluer dans son Taï Ark’Tussan (Grand Empire) d’origine qu’à le suivre à la Préhistoire, chez les Grecs et les Romains, sous Louis XIV, chez les samouraïs, à la Révolution Française, etc. Parmi les gens satisfaits, citons des adeptes de jeux de rôles type S.F. qui ont très bien « accroché » au périple initiatique du Prince de Cristal et aux ingrédients fantastico-paranormaux émaillant le contexte de sa quête. C’est un point qui peut avoir son importance future !
Allan : Un petit mot pour conclure ?
Jeanne-Marie Gaillard-Paquet : Je ne veux pas conclure, car conclure marque une fin et, malgré mon grand âge, je n’ai pas du tout l’intention de me séparer de Perry Rhodan car je prends grand plaisir à vivre « en symbiose » avec lui plusieurs heures par jour ! Donc, on continue !
Jean-Marc Gasser : La série Perry Rhodan est loin d’être moribonde comme d’aucuns se plaisent à le dire; je pense même le contraire. Atlan aussi a de beaux jours devant lui. Avec ce qui se fait de l’autre côté du Rhin, je gage que le Fleuve Noir saura saisir la balle au bond et nous régaler de certaines petites choses dont on nous dira des nouvelles. Et ce n’est pas de la science-fiction !
Jean Michel Archaimbault : « Reeh Vothantar dovulum moo »… En Satron d’Arkonis, « La lumière du soleil est éternelle, seules tournent et meurent les planètes ». Mais reposons les pieds sur Terre, où « Les chiens aboient, la caravane passe » : vu la longueur de celle qui porte le nom de Perry Rhodan, le concert canin aura cessé bien avant qu’elle ait fini de défiler sous nos yeux ! Sans idée de conclusion, voici plutôt quelques réflexions de prophylaxie générale.
Si traduire PR n’est pas une sinécure, l’exercice est une source inépuisable de stimulation intellectuelle et d’incitation à toujours vouloir mieux faire. Travailler en équipe soudée où chacun apporte sa capacité à construire est un atout supplémentaire considérable, à la condition formelle que nul n’entre sans avoir abandonné son éventuel « complexe d’Iznogoud »… ou, s’il le garde, ne s’en cache pas et démontre avec d’autant plus d’intelligence qu’il possède toutes les qualités humaines d’un futur calife (à commencer par le respect total des autres et de la confidentialité professionnelle) ! Rigueur et méthode, capitalisation permanente des nouveaux acquis, enrichissement des bases de données communes : autant d’impératifs « techniques » à côté desquels il faut surtout s’attacher à « voir » ce que raconte le texte d’origine, à le restituer en français en se plaçant dans l’optique du futur lecteur, à reformuler et rebâtir jusqu’à la clarté la plus totale – la fameuse « Deutlichkeit » allemande. Ne jamais oublier que le texte final doit être lu avec plaisir et compris sans torture mentale ! Traduire peut s’expliquer, mais avant tout cela se vit et se ressent. Parfois dans la joie, parfois dans la douleur. C’est un peu moins qu’écrire, c’est un peu plus aussi.
Claude Lamy : Que dire ? À part souhaiter longue vie à Perry Rhodan et à Atlan !
Michel Vannereux : Si vous ne connaissez pas Perry Rhodan, sautez sur le numéro 188, « L’Humanité au crépuscule », fin février, pour aborder la série par un tout nouveau cycle !
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