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Lignes de vie de Graham Joyce

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Durant la seconde guerre mondiale, en Angleterre, la ville de Coventry est une fois de plus bombardée par les allemands. Sous ce déferlement, une jeune fille, Cassie, que l’on dit fantasque, écervelée, va vivre des instants qui vont marquer sa vie future. Des instants où réalité et fantastique vont s’entrechoquer.
Plus tard, c’est sa mère, femme âgée qui mène sa famille d’une main de fer, mais avec grande sagesse, et ses six sŒurs, qui vont devoir s’occuper de Frank, le deuxième bébé de Cassie. La jeune mère a été déclarée, par la famille et d’un commun accord, incapable d’en assurer l’éducation. Il va traverser son enfance, passant de tante en tante, parfois dans une ferme, parfois dans une communauté…et nous faire parcourir cette période de l’histoire.

Mais Frank, comme sa mère, semble avoir un « pouvoir », ne pas être un bébé, puis un enfant comme tous les autres. Rapidement, il va « voir » des choses, et se faire un ami singulier.


Dilvich :Le côté fantastique, fantasy, est léger, mais bien présent. C’est surtout le côté famille et Histoire qui est mis en avant dans ce roman. Les visions de certains membres de la tribu Vine apportent une part d’étrangeté qui rehausse encore l’intérêt du roman.
En fait, je ne sais pas vraiment comment expliquer l’ambiance de ce livre.
On se laisse prendre par la personnalité de la Martha, la matriarche, qui manipule ses filles et leurs maris avec aisance. On sourit lorsque les personnages s’aperçoivent du fait… trop tard… et en sourient eux-mêmes.
On regarde Frank grandir, avec ses multiples existences, et son monde personnel, fait de voix et de trépassés. On suit Cassie, même si on ne saura pas ce qu’elle fait pendant ses décrochages de la réalité.

Et tout ce temps, des visions viendront taper à une porte, porteuses de messages pour les vivants. Frank sera fidèle à son ami dans le champ, et le père de la tribu restera presque invisible.

Un très beau livre de light fantasy, traduit par Mélanie Fazy, que je ne m’étonne pas de retrouver dans ce genre de livre.

Orcusnf :
Ce roman de Joyce est son plus connu, notamment à cause du world fantasy award décroché en 2003. Il propose une relecture du bombardement de l’angleterre durant la seconde guerre mondiale à la lumière des talents de ses personnages, suivi de l’enfance de Frank, l’enfant né durant la guerre, un enfant doué de dons extraordinaires, et qui ne mène pas une enfance ordinaire.

Le tableau proposé est un peu particulier, puisqu’avec sept soeurs et une matriarche, les scènes familiales, qui organisent en réalité le déroulement de l’histoire, sont loin d’être ennuyeuses et dénuées d’interêt. Au contraire, c’est là que se joue l’essentiel de l’action, le reste n’étant généralement que la conséquence de ce qui y a été décidé. Le tableau que Joyce nous brosse de cette famille, divisée par la guerre, les sacrifices, les morts, les drames de la vie quotidienne, est assez émouvant, et les émotions qui s’en dégagent sont palpables. C’est une écriture sensible qui retranscrit à la perfection la gamme des sentiments humains face à des situations différentes. Le personnage de Frank, s’il est l’objet de bien des discussions et le héros de maints épisodes racontés dans le livre, n’est finalement qu’un prétexte. Il est l’élément perturbateur, celui qui déclenche véritablement l’histoire. Car ce qui compte au fond, ce n’est pas tant sa capacité à voir des choses anormales, que ses échos dans la réalité et notamment au niveau de la vie familiale des Vine.

Comme le dit le titre, on étudie ici la douzaine de lignes de vie entremêlées qui ont une influence directe les unes sur les autres, et parfois sur l’histoire. On pourrait établir un parallèle avec Mother London de Moorcock, sauf que Lignes de vie est beaucoup plus convaincant. C’est un de ces livres pour lesquels on éprouve un pincement au coeur quand on le referme. Il n’est pas mouvementé ou accompagné d’une histoire palpitante, mais il vit, il pleure, il rit. C’est un ouvrage d’émotions, très interessant, sans tomber dans le mélodrame.

Bragelonne (2005)355 pages 20.00 € ISBN : 2-915-54936-2
Traduction : Mélanie Fazi
Titre Original : The Fact of life (2002)

Couverture : David Oghia

Coventry, durant la Seconde Guerre mondiale. Une famille de sept sŒurs aux vies fondées sur l’amour, la tradition, l’angoisse et l’espoir, dominées par la sagesse et l’autorité d’une matriarche aussi indomptable que truculente. Des vies simples et émouvantes auxquelles se mêlent presque imperceptiblement l’étrange et le merveilleux, l’ordinaire et l’extraordinaire. Cassie, la plus jeune des sŒurs, a eu un petit garçon de père inconnu et n’a pas eu le courage de le céder à des parents adoptifs. C’est une fille fantasque et imprévisible,  » la dernière fille au monde à qui laisser la garde d’un enfant  » selon sa propre mère. Il est alors décidé que le petit Frank sera élevé par chacune des sŒurs, à tour de rôle. Ainsi l’enfant sera-t-il le témoin privilégié de ces vies aux lignes si différentes, dans les drames et les illusions de l’après-guerre. Mais Frank est un enfant particulier, doué d’intuitions étonnantes ; comme sa jeune mère, sensible à des signes invisibles; comme sa grand-mère, parfois visitée par des apparitions lui annonçant l’avenir… Et au centre de leur histoire, il y eut la nuit du bombardement de Coventry par la Luftwaffe. La jeune Cassie s’est trouvée au cŒur de cette nuit d’horreur hallucinée et y a laissé son secret le plus précieux..


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