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Model Home de Rivers Solomon

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Ce n’est pas le premier roman de Rivers Solomon que je lis et qui a trouvé sa place sur le site. L’inciviilité des fantômes, Sorrowland ou encore Soif de sang avait déjà montré le talent de l’auteurice américaine. Cette fois-ci, Rivers prend le pari de la maison hantée pour traiter de la thématique du racisme et de la différence. Ce nouveau roman est lui aussi aux éditions Aux Forges de Vulcain, avec une très belle illustration d’Elena Vieillard.

Un lieu de résidence idéale ?

La famille Maxwell, dont Ezri est un des enfants, se sont installés dans la banlieue d’Oak Creek, au Texas. Cette résidence, on se l’imagine assez bien, une maison, aux rues propres et enfermée par des grilles qui protègent les habitants des nuisances extérieures.

La maison où habiteront la famille afro-américaine a été pendant la maison témoin, et c’est donc avec beaucoup d’espoir et de plaisir qu’ils emménagent… Conscients malgré tout d’être la seule famille noire du quartier.

L’histoire de cette période aura marqué définitivement l’adelphie, composée d’Ezri, Eve et Emmanuelle. Parti·es depuis quelques temps, le retour dans ce lieu qui les aura marqué devient nécessaire lorsque les deux parents meurent dans la maison familiale dans des circonstances plus qu’étranges…

Une famille dysfonctionnelle…

Dès les premières pages, nous sentons que l’environnement dans lequel évoluait Ezri était dysfonctionnel. La mère de famille est le coeur du collectif. Etant dans le même temps capable d’amour, de respect vis-à-vis de ce que sont ses enfants, elle est aussi capable d’une dureté qui ne sera pas sans laisser des traces sur ses enfants. On pourrait se demander ce que fait le père, avant de comprendre qu’il est totalement effacé pour ne pas dire absent.

Au fond, les pères… Ils ne peuvent pas nous décevoir, parce que nous n’avons jamais cru en eux.

Ezri semble être l’aîné·e de l’adelphie, garçon-fille, non genré, et neuro-atypique, se cherchant en même temps que cherchant à échapper à son histoire. Une histoire qui se rappelle à elle sous les traits de cette Mère-Cauchemar qui va hanter ses rêves. Une mère-cauchemar écho d’un certain nombre d’événements traumatisants du passé.

Et, comme on s’en doute, la Maison est elle même une témoin ou une actrice, on vous laissera vous faire votre propre idée, des malheurs qui frapperont les Maxwell année après année. Cela va de l’eau qui se transforme en acide pendant que la jeune Emmanuelle prend son bain, lui laissant des marques à jamais. Cela passe aussi par des bruits divers ou encore par la disparition dramatique du chien du voisin. Des histoires qui, bien sûr, entraîneront dans le même temps une défiance envers les nouveaux arrivants.

Maman avait dit qu’elle en voulait pas qu’un cadavre de chien empuantisse le jardin, même accroché à un cadre de bois. En revanche, si je le voulais, je pouvais recueillir le sang de Bentley avant qu’elle rende la dépouille aux Allen, qui pourraient l’enterrer.

Une souffrance qui pourrait prendre fin, juste par un simple déménagement. Un déménagement et un départ qui n’arrivera jamais, la mère de famille refusant d’y céder.

… et un racisme endémique, sous fond de maltraitance.

Alors, on suit Ezri, qui nous retrace au travers de cette histoire son vécu. On va y découvrir au fur et à mesure les traumatismes de cet enfant devenu adulte, qui a louvoyé entre la recherche de ce qu’iel est et la fuite de ce qu’iel subi. Sur une toile de fond définitivement raciste, nous voyons arriver la chute, conclusion dramatique de ce que peut provoquer la haine de l’autre.

Ce roman de River Solomon est une nouvelle fois poignant et passionnant. Suivre Ezri pour remonter le fil de ses traumatismes sera par moment dur, River n’hésitant pas à être cru·e dans ses propos.

Il n’y a aucun doute : River Solomon est une auteurice à suivre et on peut aussi avoir une pensée pour la traduction de Francis Guévremont, car le style en français est de qualité.

Editions Aux Forges de Vulcain (05 septembre 2025) – 380 pages – 22,00 € – 9782373058277
Traduction : Francis Guévremont (Etats-Unis)
Titre Original : Model Home (2025)
Couverture : Elena Vieillard

Dans la parfaite petite banlieue d’Oak Creek, au Texas, il fait bon vivre. Quand on est blanc.

Les Maxwell sont la seule famille noire à vivre dans ce quartier modèle. À leur emménagement, ils ressentent très vite l’hostilité de leurs voisins, mais aussi celle de leur propre maison. Entre cauchemars et fantômes, les enfants Maxwell, Ezri, Eve et Emmanuelle, vivent une enfance teintée d’horreur auprès d’un père absent et d’une mère tyrannique, qu’ils s’empressent de fuir dès leur passage à l’âge adulte.

Quand, des années plus tard, Ezri est sans nouvelles de ses parents, iel se décide à revenir dans cette maison hantée avec ses sœurs et confronter leur passé.


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