Pendant trois ans, Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian nous ont proposé de découvrir le jeu de la Tour de Garde aux éditons Aux Forges de Vulcain avec une très belle fresque d’Elena Vieillard.
Aujourd’hui, les derniers volumes sont parus et il est temps de faire un bilan du cycle avec Claire, Guillaume et David.
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Capitale du Sud par Guillaume Chamandjian
Capitale du Nord par Claire Duvivier
Voici la retranscription de l’interview
Bonjour Claire, Guillaume et David. Merci d’être là.
Bonjour. Bonjour.
Aujourd’hui, je voulais échanger avec vous trois. C’est dommage, on n’a pas Elena parce que ça aurait été aussi C’est intéressant d’avoir l’illustratrice sur cet échange pour parler de la tour de garde. Ça y est, c’est fini. Quel regard aujourd’hui ? Claire, pour commencer.
Claire : Ça a été difficile de quitter cet univers. Le fait est qu’il y a eu un certain décalage entre la fin de l’écriture et la publication, en particulier dans mon cas, puisque chaque tome était toujours écrit en parallèle, mais ils étaient publiés en alterné. Du coup, celui de Guillaume est paru en avril 2023, le mien en octobre 2023, mais ils étaient finis à l’été 2022. Donc finalement, très longtemps, il était fini pour moi, mais pas encore pour les lecteurs. Du coup, je suis restée dans cette espèce d’entre-deux qui a duré un certain temps, qui m’a permis de faire un peu le deuil de cet univers. Et effectivement, c’était pas mal d’avoir un petit temps pour ça.
Et de ton côté, Guillaume, cette fin de cycle ?
Guillaume : Pareil, c’est un cycle un peu en deux temps. C’était Oui, c’était un vrai… Je ne m’en rendais pas compte à quel point ça serait compliqué, effectivement, de mettre un point final à l’histoire en me disant : là, maintenant, je ne peux plus rien changer. Ce n’est plus entre mes mains. Et puis, ça s’est fait en deux temps aussi parce qu’il y avait la fin de Capitale du Sud en avril, la tournée où ça donne l’impression d’être une tournée d’adieu. Et puis, tout d’un coup, on revient en octobre parce qu’il y a aussi la tournée de la fin de Capitale du Nord. Donc c’était un peu bizarre et c’est vrai que ça s’est fait un peu par palier, finalement. Je ne sais pas s’il y a des étapes du deuil pour la fin de – pour les univers romanesques.
On revient à la genèse de ces deux cycles. Donc, Capitale du Sud par toi, Guillaume, qui aura eu, Sang de la Cité, Trois lucioles et Les contes suspendus, toujours au mois d’avril, entre 2021 et 2023, Claire, la capitale du Nord, avec Citadin de Demain, Mort aux geais et L’Armée Fantoche. Du coup, j’ai envie de te dire David, quand on se lance dans cette aventure en tant qu’éditeur, on se dit quoi ?
David : J’étais quand même en très grande confiance parce que j’avais déjà travaillé avec Claire comme éditrice et comme autrice sur un long voyage. J’étais en confiance parce que quand ils m’ont soumis les textes, les textes couvraient à peu près les volumes 1 et volume 2 de chaque trilogie, donc ça me permettait, moi, de savoir dans quoi on partait. Il y avait tellement de bonne volonté, d’enthousiasme autour de tout ce projet que finalement, ça s’est très bien passé. Ça s’est très bien passé en terme éditorial et puis après, en terme commercial, c’est vrai que ça a été une très bonne surprise que les libraires, les lectrices, les lecteurs, les bibliothécaires s’emparent des titres et nous aident pour les mener le plus loin possible. C’est là où moi, je suis dans une situation très différente de vous deux, c’est que moi, je n’ai pas de vrai deuil à faire parce que pour moi, j’ai la satisfaction, en tant que lecteur-lectrice, d’être arrivé à la fin d’un roman satisfaisant, d’une grande geste satisfaisante comme on en a très peu dans sa vie, on finit le roman et il y a quelque chose de très profond qui s’est passé en nous.
Mais l’autre élément, c’est que la vie du livre continue en permanence après. C’est-à-dire que ce sont des romans où… C’est comme la fin du Seigneur des anneaux, c’est 53, si je me souviens bien, mais en fait, tous les cinq ans, il y a un travail éditorial du Seigneur des anneaux pour continuer à faire découvrir ce texte à des nouveaux lecteurs, à faire saillir des aspects différents de l’œuvre. En fait, une œuvre, une fois qu’elle est publiée, elle est vraiment la co-création, presque, en termes d’expérience esthétique, entre les lecteurs et les auteurs. Les auteurs et les grandes œuvres, ce sont des œuvres qui vont renaître très régulièrement parce que dans le texte initial, il y a suffisamment de ressources émotionnelles, existentielles pour que le texte renaisse comme ça. Au moins, j’ai la chance que je mourrais avant l’œuvre. Pour un écrivain, c’est problématique. Pour un écrivain, c’est problématique. Pour un éditeur, c’est plutôt agréable de se dire que ce qu’il a pu éditer lui survivra et ça continuera à être édité longtemps après l’écrit.
Claire : On n’est pas pressé
David : Non, mais ça va. Tout va bien. J’ai bien prévu de publier vos autres romans.
Si on vient un peu à la genèse, est-ce que vous pouvez nous rappeler un peu d’où vous est venue cette idée de deux cycles ? Je pense qu’il faut bien qu’on insiste sur le fait qu’il y a deux cycles qui se retrouvent à travers des croisements.
Claire : C’est une histoire que je n’ai déjà pas mal racontée, mais c’est né de voyage. La capitale du Sud est née d’un voyage en Toscane et en particulier à Sienne, alors que la capitale du Nord est née d’un voyage à Amsterdam et la découverte du cyclé d’or flamand qu’on a pu faire là-bas. Je résume un peu pour les coutumes.
Guillaume : Oui, c’est pour aller très vite, mais surtout, on n’avait pas forcément l’idée à ce moment-là d’en faire des romans, surtout deux trilogies chacun. C’était plus un univers pour éventuellement faire un jeu de rôle. C’est juste du matériel créatif. On a fait cette espèce de world building où on s’est dit : on va imaginer une ciel encore plus grande avec des un truc de cours à la Médicis, on va imaginer une Amsterdam où tout est séparé en quartier, où la ville est très cloisonnée, finalement, socialement, et en se disant : on en fera peut-être quelque chose un jour. C’est vraiment un été de désœuvrement où, avec Claire, on s’est dit : viens, on l’écrit. Et puis, on en fait des romans et on voit où ça nous mène. Et ça nous a amené là.
Est-ce qu’on peut aborder ce sujet-là ? C’est-à-dire que vous écrivez en tant que deux écrivains, écrivaines, mais aussi vous êtes un couple. Du coup, est-ce que ça ajoute une simplicité, une complexité ou c’est deux choses totalement différentes ou on n’aborde pas la question ?
Claire : Si, ou un peu des deux. Il y a une certaine simplicité parce que du coup… Ce sont des discussions qu’on peut avoir n’importe quand. Que ce soit en faisant la cuisine ou au quotidien, sur : je repensais, tu sais, le truc, on voulait régler par rapport à tel détail de l’histoire. Il y a une simplicité grâce à ça. Aussi du fait qu’on pouvait se botter mutuellement les fesses pour se mettre au travail, ce qui est toujours très bien quand on est écrivain. La complexité, ce serait qu’effectivement, c’était un peu partout tout le temps.
Guillaume : C’est vrai qu’on a vécu Tour de garde pendant cinq ans.
Claire : Ce qui a rendu ça, justement, ce dont on parlait tout à l’heure sur le fait que les adieux à la Tour de garde ont été compliqués. Il y a eu ça aussi. Je ne dis pas que tout d’un coup, on n’avait plus rien à se dire. Non, ça va, on a trouvé quand même. Ça a laissé un vide quand même dans nos quotidiens. Du coup, le fait de se lancer dans un nouveau projet, ça nous a pas mal aidé aussi. Mais effectivement, il y avait aussi cet aspect collectif de couple qu’on avait pour la tour de garde.
Du coup, en tant qu’éditeur, évidemment, tu dois pousser aussi les auteurs, autrices, généralement, pour avancer. Là, vous aviez avril, octobre et vous aviez des échéances. Ça s’est passé comment ?
David : Non, là, pour le coup, c’est un projet qui n’a jamais eu un seul retard. Je tiens à dire que moi, je suis très souvent en retard. La raison pour laquelle il y a eu aucun retard, c’est que j’étais avec deux auteurs excessivement professionnels, précis, ponctuels. Ça s’est excessivement bien passé.
Claire : On avait de l’avance aussi. Ça aide à être ponctuel.
Guillaume : Quand le premier tome est paru, on avait déjà quatre tomes écrits.
David : C’est vrai que je me souviens qu’il y a eu cette discussion, c’est qu’on s’était rendu compte en discutant avec des libraires et des lecteurs que c’est dur pour les gens de se lancer parfois dans la lecture d’une série parce qu’ils se disent : je ne sais pas où ça va mener, je n’ai pas envie de me lancer dans une série. Si finalement c’est arrêté en cours ou s’il faut attendre quatre ans entre deux volumes. On s’était dit : On annonce la série qui est en plus une série dont dès le début, vous connaissiez la fin et vous saviez que c’est une série qui aurait une fin.
On s’est lancé quand on avait la certitude qu’on pouvait assurer les dates. Les dates qu’on a données n’étaient pas des dates fictives, programmatiques. C’étaient des dates réelles. On savait que les six dates seraient tenues. Elles ont été tenues. Tout s’est excessivement bien déroulé.
Certes, ils avaient de l’avance, mais ils ont aussi beaucoup travaillé. Les volumes 3, par exemple, étaient effectivement plus longs parce que ce sont des thèmes conclusifs. Par contre, c’est une question que j’ai pour vous : est-ce que vous avez a tenu à tenir compte des retours de lecture des gens ?
C’est-à-dire parce que c’est quand même passé entre la publication des volumes 1 et la sortie de volume 3, il y a eu un tout petit moment où vous étiez en écriture et en réception en même temps vis-à-vis des gens. Est-ce que vos volumes 3, on en a tenu compte ?
Claire : Ce moment a vraiment été très court parce que c’est mis au volume 3 à l’été 2022, c’est-à-dire au moment de l’apparition des tomes 2. Donc, pour vraiment tenir compte des retours de lecteurs, on n’avait pas ce côté feuille où l’écrivain feuilletoniste peut vraiment prendre en compte le retour du lecteur, voir quelle personne et je marche mieux. Finalement, je vais tuer l’autre et je vais garder lui ou un truc comme ça. Nous, on n’était pas dans cette optique-là. En termes de production, c’était plutôt en termes de production. On n’est pas dans une logique manga où, effectivement, on fait des votes publics toutes les semaines dans le magazine et puis en fonction de si tel personnage, il plaît moins, on le met plutôt en retrait de l’histoire, plutôt tel personnage, il est populaire, donc on le fait avancer.
Guillaume : Non, il y avait aussi qu’encore une fois, quand on a commencé à écrire, on ne savait pas combien de temps que ça nous prendrait, sur combien de tomes on écrirait, mais en l’occurrence, on savait quand même comment ça finirait. On savait les thèmes qu’on voulait aborder, on savait où on allait finir, comment, pourquoi. Du coup, c’est vrai qu’on a finalement, je pense, ça s’est peu tenu compte des retours de lecture du premier.
Claire : Oui, finalement, en termes d’avance, ce que ça nous a permis, c’est de faire éventuellement quelques retours en arrière. Les tomes un pour semer un peu des graines, des choses qu’on allait utiliser dans les tomes 2. Mais effectivement, la parution était trop fraîche pour qu’on utilise vraiment les retours de lecture. Il y a probablement des choses qu’on aurait changées, peut-être, mais c’est important aussi de faire confiance au processus, de certaines manières. Et de tenir sur nos dates.
David : Ça, c’était important parce que je pense que ça a créé une sorte de pacte de confiance avec les lecteurs et les lectrices. Ça fait que l’engagement qui a été très, très fort. C’est vrai qu’on a vu, en termes strictement d’accueil, comment quand les volumes 3 sont sortis, les gens ont vu qu’on avait fini la publication, un emballement sur les volumes un et deux dans chaque série, parce que les gens se sont dit : la promesse a été tenue. Je comprends très bien ça parce que Guillaume, tu parlais des mangas. C’est vrai que moi, je suis aussi un lecteur de mangas. Le nombre de mangas où l’écriture a été arrêtée en cours, la publication a été arrêtée en cours, où les délais sont devenus trop longs ou juste parce que parfois aussi, quand on écrit une série ouverte, ce qui n’est pas le cas de la Tour de garde, on peut avoir des moments d’errance narrative. Ce qu’il n’y a pas parce que là, par exemple, c’est bien deux trilogies et en fait, il y a en ligne de mire narrative la tour de garde comme objet, ce que matérialise notamment la proposition graphique d’Elena Vieillard, puisque les volumes sont composés pour que les volumes trois imbriqués montrent cette tour de garde.
Tout était vraiment tendu vers là et tout s’est excessivement bien passé, parce qu’en plus, je pense que le côté ambitieux du projet, du travail de Claire et Guillaume, ça a été reconnu et encouragé par beaucoup de gens, des libraires, des bibliothécaires, des blogueurs, des lecteurs, des lectrices qui se sont dit que c’était bien qu’il y ait ce type de projet et que c’était l’occasion aussi de faire monter des auteurs francophones.
Parce que même si on adore tous des auteurs anglophones en imaginaire, l’imaginaire imaginaire à ce petit défaut, double, d’être un rayon qui est presque exclusivement anglophone, en termes de ventes du moins, et en termes de visibilité médiatique. L’autre chose, c’est que parfois, si on est dans du francophone, on peut être dans du francophone qui lorgne vers le récit à l’américaine. Or, je ne pense pas qu’on puisse faire aussi bien que des auteurs américains sur de la littérature américaine, ce qui est assez évident. Une des multiples raisons pour lesquelles on a été accompagnés, aidés, encouragés, c’est la qualité du texte, l’ambition, l’humilité des auteurs et puis l’idée de créer un récit d’imaginaire qui soit un original qui soit assez juste parce que quand je dis courir derrière des Américains, c’est par exemple, dans votre récit de fiction, l’objet de référence, lui-même, un objet fictif.
C’est-à-dire j’écris comme Le Seigneur des Anneaux, j’écris qui est écrit comme Asimov, un truc comme ça, alors que là, l’objet de référence, c’est un objet de référence réel, c’est des villes, en fait. Ce sont, pour moi, les objets de référence de vos textes. Après, ce n’est pas que des récidivistes, il y a des personnages, des aventures, des idées, des positions politiques, mais ça donne une sorte de vérité, de justesse au texte qui, je pense, a été récompensé.
Puisqu’on parle de récompenses, Guillaume Claire, les romans ont été bien reçus, que ça soit par les lecteurs ou les professionnels. Une petite mention, parce que, justement, et que vous avez tous les deux été récipiendaires du Christine Rabin de la 25ème Heure du Libre, quand on reçoit les prix, on le vit comment ?
Claire : Ça fait très plaisir.
Guillaume : D’autant plus que ce prix de la 25ᵉ heure du Libre, c’était mon premier prix littéraire. Donc, il restera toujours quand même vraiment quelque part enfoui tout au fond de mon cœur. On ne s’y attendait pas, déjà, en plus.
Claire : Oui, avoir une telle réception.
Guillaume : Avoir une telle réception, avoir… Oui, c’est vrai, un succès effectivement commercial, David en parlait, mais aussi un succès critique avec ses multiples prix. Honnêtement, on ne s’y attendait.
Nous, on avait commencé à écrire ça un peu dans notre coin en se disant… et sans visée de publications, d’ailleurs. Ça nous fait plaisir, on fait ça pour nous, on ne vise pas forcément de publications. On s’est posé la question quand effectivement Claire a été publiée pour un long voyage : est-ce qu’on le propose à un éditeur ? C’est quand même : est-ce que ce n’est pas trop une blague entre nous, finalement ? Finalement, oui, les prix et le succès ont fait que c’était vraiment une surprise extraordinaire.
Quand on parlait de succès commercial, est-ce que tu es en mesure ? Est-ce que tu peux communiquer un peu en termes de vente ?
David : Oui. Après, ce que je dis sera assez vite périmé parce que quelque chose qui est très appréciable chez les lectrices et lecteurs d’imaginaire, c’est qu’ils soutiennent beaucoup le grand format. Nous, à l’époque, nous sommes les éditeurs de grands formats, par distinction avec les éditeurs de poche. Souvent, en littérature générale, quand on sent un roman en poche, il va tuer les ventes du grand format. Le grand format va disparaître petit à petit, alors qu’en imaginaire, on sent que les lecteurs continuent à acheter le grand format, même si les poches sont disponibles. C’est deux publics en parallèle, un public de fans qui suivent beaucoup ou de gens qui ont aimé, qui veulent l’offrir, ils veulent l’offrir en grand format. On continue à avoir des ventes assez fortes. Je peux te donner des chiffres, mais…
Guillaume : Si je puis dire, je dirais que le travail d’Elena aussi sur les couvertures a fait que c’est un bel objet, c’est un objet qu’on a plaisir à avoir.
David : Oui, et c’est un peu cela c’est un objet qu’on a plaisir à avoir. Quand quelqu’un a commencé à l’acheter en grand format, généralement, les gens continuent à l’acheter en grand format. Ce n’était pas l’objectif, mais c’est un effet merveilleux. Non, on cumule petit à petit, on va arriver au-delà des 100 000 exemplaires, ce qui en fait une des meilleures ventes d’imaginaire francophone depuis longtemps.
Je dirais que ce n’est pas une question de chiffres, mais une grande fierté, c’est que c’est édité en Italie et que ça faisait très longtemps qu’il n’y avait pas eu de textes d’imaginaire francophones qui avait qui a été édités à l’étranger, tout simplement parce que la façon dont fonctionne le marché de l’imaginaire, c’est que dans presque tous les pays du monde, c’est un marché où il y a la littérature américaine et les champions locaux, mais pas de littérature allemande, pas de littérature française, italiennes, quoi que ce soit. Ça, c’est aussi un autre motif de fierté, mais on est en fait…
Ça revient à la question que tu posais au début, c’est que de mon côté, moi, je ne suis pas dans une phase de deuil, je suis plutôt dans une phase début de la conquête, c’est-à-dire qu’on a deux des auteurs qui sont à la fois sympathiques, humbles, créatifs.
On a quelque chose qui se vend excessivement bien, qui est très sincère, qui se vend bien pour des bonnes raisons, parce que c’est vraiment un travail par la base, par les libraires, par les bibliothécaires, par les lecteurs, par les lectrices. Ce n’est pas une bulle médiatique, ce n’est pas du marketing. Je n’ai rien contre le marketing, mais je trouve que ça n’a pas été généré par le marketing, ça a été généré par du bouche-à-oreille, beaucoup de très bon bouche-à-oreille.
Je sais que c’est des bases très, très solides pour partir à la conquête du monde, c’est-à-dire pour l’installer définitivement en librairie comme une sorte de classique contemporain, qui soit encore là dans 5 ans, 10 ans et après, commencer à travailler avec toutes les autres formes d’exploitation possibles et notamment plus de traduction à l’étranger, et éventuellement d’autres formats de création.
Et vous, en tant qu’auteur et autrice du cycle, vous ne vous dites pas : il y a peut-être encore des choses à raconter sur la Tour de Garde, avant, après, à côté ?
Claire : Je ne sais pas comment on viendra directement dans l’univers de la Tour de garde. Non, dans la Tour de garde, en tout cas avec ces personnages-là, je pense qu’on a vraiment raconté tout ce qu’on avait raconté. Il y a quelque chose dans l’univers, un peu étendu, je ne sais pas quoi. Peut-être un jour, mais il faudrait vraiment qu’on ait une super bonne idée. Il faudrait vraiment que ça s’y prête et que ça nous éclate tous les deux. L’idée, ce n’est pas tirer à la ligne non plus. On a aussi d’autres projets à faire grandir.
Guillaume : C’est vrai qu’effectivement, ce double cycle de la tour de garde, comme on le disait, quand on a commencé à écrire la première ligne, on savait où on finirait. On est très content d’être arrivé jusqu’au bout et de cette fin, finalement. Aujourd’hui, on a l’impression d’être arrivé au de quelque chose. Comme dit Claire, on ne va pas tirer à la ligne pour capitaliser sur un succès. Là où on a dit ce qu’on avait à dire sur la tour de garde, on y reviendra si on trouve de nouvelles choses à y dire.
D’accord. Par contre, aujourd’hui, vous êtes aussi aux Utopiales et vous avez d’autres choses à nous présenter. Claire, déjà, tu as un roman.
Claire : Moi, j’ai un roman ado en science-fiction qui est sorti début octobre à l’École des loisirs, qui s’appelle Entrée dans le monde. Donc, changement de public et changement de genre à la fois. C’était chouette. J’étais contente d’avoir fait ça. Et Guillaume ?
Guillaume : Moi, j’ai un nouveau roman qui est paru il y a quelques semaines aux éditions, aux Forges de Vulcain, qui s’intitule Une Valse pour les Grotesques et qui est un one shot d’imaginaire. Je peine à l’appeler fantaisy parce que ça n’est pas complètement… D’imaginaire, en tout cas, qui se déroule dans une petite ville à la fois imaginaire, mais quand même vaguement placée quelque en Europe, entre l’Italie, l’Autriche, la Suisse, la Slovénie, enfin par-là, début XIXᵉ siècle.
Et du côté des Forges, je sais quoi le programme sur cette fin d’année ?
David : Le plus important, c’était une valse pour la grotesques. Non, j’ai une très grande fierté personnelle, c’est qu’on a deux novellas de Charles Yu qui sortent en un seul volume d’ici quelques semaines. Charles Yu, c’est un auteur très important parce que c’est un auteur dont on avait publié le premier roman, le deuxième roman, déjà deux recueils de nouvelles. Il y a une actualité qui nous aidera peut-être, qui ne nous aidera pas, on verra, c’est qu’en fait, sur Disney+, sort à la mi-novembre Chinatown, intérieur, qui est l’adaptation par lui-même de son grand roman qui avait gagné le National Book Award.
Charles Yu, c’est un peu un modèle de ce que je cherchais comme auteur. C’est un auteur qui est à la fois drôle, intelligent, créatif, qui a une réflexion qui est formelle mais qui a aussi des choses à dire, politiques très, très importantes. Et puis moi, ça me touche pour une autre raison, c’est qu’on enregistre ça quelques jours avant une élection de majeure aux États-Unis. Et c’est quelque chose sur lequel Charles Yu a beaucoup écrit parce que c’est aussi un militantisme. Quand les gens verront cette vidéo, ils sauront de l’autre côté de la barrière.
Ils sauront qui a été élu président des États-Unis.
Claire : On parle aux gens du futur, en fait. Oui, on parle aux gens du futur.
David : Voter bien.
Guillaume : Si vous êtes aux États-Unis.
Merci pour la tour de garde. Merci pour le travail aussi d’Elena. Merci à distance pour ces superbes couvertures. Merci de vous être rendu disponible pour cet échange.
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