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Le Régiment monstrueux de Terry Pratchett

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Les Annales du Disque Monde- Tome 28

Impératrice Moa

Le thème de cette nouvelle aventure sur les terres du Disque-Monde est assez classique : une fille qui s’habille en garçon pour retrouver un homme parti à la guerre. Il devient moins classique quand Pratchett le tord dans tous les sens pour en tirer un jus assez savoureux.

La religion de Nuggan en prend pour son grade. La religion, c’est bien ; quand elle est raisonnable, c’est mieux. Cela évite que les cailloux, les betteraves et les artichauts deviennent des abominations aux yeux d’un dieu et de ses prêtres psychopathes. Une religion raisonnable permet de vivre.

C’est sans doute à ça que l’on reconnaît les bons écrivains : arriver à trouver une variation originale sur un thème suremployé et surtout se servir de son univers loufoque (dans le cas qui nous préoccupe) comme miroir déformant. Qui n’aura pas vu les références aux guerres napoléoniennes a besoin de retourner un peu sur les bancs de l’école.

Le régiment monstrueux n’est pas le plus drôle de tous les Pratchett. Loin de là. Je dirais même qu’il est grave. On parle de guerre, après tout. Il n’est pas question de régiment de hussards qui chevauchent fièrement vers la gloire. Il y est question de ruse. Ruse de soldat et ruse de fille.

Les clichés sont là, et bien là : l’embuscade dans la forêt, le combat dans ce qui reste des baraquements d’un régiment, le campement et ses tentes de prostituées, l’attaque du château. Mais tout est tellement décalé ou pris à contre-emploi que c’en est vraiment agréable.

L’équipe du guet apparaît en filigrane, avec ses gueules devenues peu contournables, et bien que son intervention soit loin d’être centrale, elle recadre cependant l’aventure dans le Disque-Monde. Cela permet cependant quelques épisodes cocasses, comme le largage d’un paquet de café par la troupe aéroportée (composé d’un seul élément). Evidemment, il y a un troll, un vampire, un Igor, et des moments vraiment amusants (de toute façon, difficile de faire autrement avec cette bande de joyeux lurons).

J’admire toujours la finesse de Pratchett, qui arrive à montrer que l’histoire que nous lisons n’est pas réellement l’histoire que nous croyons. Il n’est pas uniquement question de faire passer pour un garçon pour retrouver le grand frère. C’est plutôt l’histoire d’une Jeanne d’Arc.

Et le mot de la fin (parce qu’il ne faut pas tout gâcher, mais tout de même vous mettre l’eau à la bouche) ! « Parce que tu crois être la seule ? »

Etienne

Ce roman peine effectivement à démarrer dans le burlesque: quand on retient la guerre, la religion et accessoirement les inégalités hommes/femmes comme sujet, cela prête surement un peu moins à sourire. La première moitié du roman est donc menée sur un ton plutot grave. Cela se détend par la suite, au fur et à mesure que la demi-douzaine de membres de ce régiment monstrueux récemment recruté (troll, vampire, igor,…) évolue vers le champ de bataille.

Quelques éléments m’ont semblé un peu incongrus, comme parachutés, comme la présence du guet, la duchesse, les incendies… et j’aurais aimé un peu plus de contexte mais Pratchett ne décrit pas un univers, il accompagne une histoire même si sur ce tome, on devine assez rapidement la fin.

Dernier Pratchett qu’il me restait à lire (hors snuff – 2011), j’aurais aimé finir en apothéose d’humour, mais cela reste un bon tome, toujours aussi bien écrit et palpitant.

Pour retrouver son frère disparu dans la tourmente des conflits frontaliers, Margot se déguise en garçon. Se couper les cheveux et porter un pantalon : facile. Péter et roter en public, marcher comme un primate, ça demande plus d’entraînement. Pour le reste… une paire de chaussette fera l’affaire.

Voici désormais le deuxième classe Barette, enrôlé dans l’armée de la duchesse de Borogravie. Et la guerre fait rage. Car il y a toujours une guerre en chantier.

L’Atalante La Dentelle du Cygne (Mars 2007)456 pages 9.99 € ISBN : 9782841723591
Traduction : Patrick Couton
Titre Original : Monstruous

Margot s’y retrouve plongée en compagnie d’une escouade de nouvelles recrues sans formation. Au coeur des rangs ennemis, il leur faudra déployer toutes les ressouces du régiment monstrueux.


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