Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview : Stéphane Beauverger

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Marie : : Pour le chef, présente-toi rapidement : âge, profession, si tu es venu avec tes parents…

Stéphane : : Je suis né en 1969, j’ai donc 38 ans. Parcours classique (bac lettres-math, un peu de fac de droit, une école de journalisme…), j’ai été journaliste jusqu’en 1996, puis je suis devenu scénariste « pro ». J’ai écrit des nouvelles en amateur. Depuis, j’ai publié Chromozone, Les Noctivores et la Cité Nymphale, aux éditions la Volte.

Courant mai 2007 doit paraître un bande dessinée « Quartier M » – tome I « Fêlures », pour laquelle je suis scénariste et Benjo le dessinateur, car je suis tellement bon en dessin que mes Mickey ressemblent à Tintin.

Marie : : Bon, je commence fort. Pour moi, dans tes romans, tout est une question de foi. Ceux qui l’ont (les Soubiriens, le pape Michel, Peter Lerner), ceux qui la cherchent (Teitomo, Justine, Gemini, Lucie, Cendre) et celui qui l’a perdu (toi).

Stéphane : : En fait, et je l’ai déjà dit ailleurs, dans la mesure où je ne crois pas en l’homme, j’ai du mal à croire en ses outils (politique, religion, etc.). Ne pas croire en l’homme, c’est à dire ne pas croire à son absolution, la mièvrerie, la bassesse, la méchanceté et la mesquinerie l’emporteront toujours (je ne parle même pas de l’égoïsme) plus la mesquinerie que le reste d’ailleurs.

Si seulement nous étions vraiment méchants. Mais non, même pas… Juste des petites merdes sans scrupules. Mais cependant, je ne désespère pas, et les rares moments de beauté sont d’autant plus appréciables. Je ne suis pas aigri, je brûle simplement d’être détrompé. Même corrompue, veule, faible, cruelle, c’est encore l’humanité qui m’intéresse le plus.

Marie : : Tu as conçu le Chromozone comme un révélateur chimique de la bassesse humaine ou c’est le fruit d’une exagération ?

Stéphane : : On peut considérer que le Chromozone n’est qu’un alibi pour explorer ce qui m’intéresse, et je suis très content que le Chromozone soit le fruit de la recherche militaire, rendu mortel pour de basses considérations capitalistes.

Marie : : L’homme est bon, c’est le système qu’il faut détruire ?

Stéphane : : Non, l’homme est mauvais, il a inventé l’église et l’armée. mais j’ai de la peine pour celui qui se forge son propre enfer

Marie : : Le communautarisme est-il la seule solution ? Se regrouper est nécessaire, mais forcément par affinité ? Tu parles souvent des fans de Miles Davis (qui sont juste mentionné dans Chromozone) ou des Chamans de Schuman. Tu ne crois pas aux regroupements par qualité et entraide mutuelle ?

Stéphane : : Si, bien sûr. La véritable humanité, qui consiste à aider quiconque est dans le besoin ou la douleur, existe et fait parfois l’actualité. Elle est d’autant plus forte quand les choses vont mal. Je pense aux Justes qui ont accepté de sauver ne serait-ce qu’une victime de l’Holocauste. il en existe sûrement dans le monde de Chromozone. Mon pape Michel en est peut-être un, mais lui non plus n’est pas un ange. L’altruisme, ça se porte mieux en écharpe quand c’est pas ton cul qui est sur le grill.

Marie : : Je n’ai pas encore lu ta nouvelle sur la Maison-tortue, mais la Bande de la Maison-Tortue est pourtant un exemple d’entraide mutuelle.

Stéphane : : Oui, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ça s’appelle la Maison-Tortue, ni que je dédie le 3e tome à tous ceux et celles qui ont eu besoin d’une maison tortue. Gemini est le personnage qui refuse de participer à la violence, même pour de « bonnes » raisons.

Il a les mêmes aspirations que Justine, mais il ne cautionne pas son pragmatisme. On pourrait dire que Gemini est ma facette optimiste. Lucie aussi, mais elle demeure plus « ancrée » dans la réalité, au final. Lucie déteste devenir Justine, mais elle sent bien que c’est ce qui se passe… Elle franchit le cap en tuant un membre de leur « bande ».

Marie : : d’une manière globale, tu présentes les humains comme de sacrés salauds qui refusent la différence. Tu pense que l’humain est uniquement mû par son besoin de confort (matériel ou spirituel) entre les Conforteresses (bravo pour le néologisme), les tentatives de technologies alternatives pour retrouver le « confort d’avant », ou le petit confort de son petit ego.

Stéphane : : En fait, je suis parti de la classification des besoins de l’homme. Il est établi que ses priorités, pyramidales, sont ainsi réparties :d’abord, manger et dormir ; ensuite avoir chaud (un toit, un foyer) ; puis de la reconnaissance, un statut ; et enfin, le reste (c’est à dire le superflu tellement nécessaire). Et tu n’accède à la 2e tranche de préoccupation que quand tu as assuré la première.

Dans la trilogie, tu tombes donc sur des individus qui tentent de passer à leur prochain échelon : Pour Gemini et les siens, manger est vital. Pour Justine, demeurer l’incontournable épouse d’un génie, dont le statut est menacé par un jeune loup, est sa préoccupation du moment. Teitomo est un peu à part, il a besoin d’aider quelqu’un pour se sentir exister. C’est un cas psychiatrique.

Puis tu mets tout ce petit monde dans la même merde, tu secoues, et tu regardes comment ils réagissent. Et ce ne sont pas forcément les moins bien lotis qui s’en sortiront le mieux. Nous sommes des machines à survivre. Si nous pouvons le faire ensemble, tant mieux. Si c’est toi ou moi… hum… Joker !

Mais « survivre », pour la plupart d’entre nous, c’est juste « être bien », au quotidien, notre meilleure arme de survie, c’est le déni, « non je ne suis pas un salaud », « non, je ne lui ai pas fait de mal », « non je n’ai pas été infecte avec ma mère, ma sŒur, mon frère, mon voisin », « j’avais des raisons, et des bonnes », etc.

Mon personnage Teitomo voit ça comme une peur d’avoir mal, si on se mettait à la place, donc on verrouille.

Marie : : Il faut pourtant dire qu’il n’y a pas de transcendance dans tout ça. L’humanité telle que tu la dépeins est totalement antipathique, et le seul moyen de sortir de sa médiocrité est de se mettre soit même un coup de pied aux fesses. D’un côté j’ai totalement adhéré, d’un autre, j’ai eu comme un manque : l’univers est hyper-réaliste, mais totalement sans espoir.

Stéphane : : Je ne considère pas que ce soit sans espoir. Comme tu dis, c’est réaliste. Il n’y a ni apocalypse rédemptrice, ni pardon, ni martyr, le pétard n’éclate pas, et on recommence pour un tour, avec de nouvelles règles. Après, j’y peux rien si la réalité est moche. Ceci dit, il y a une petite « clef » dans un chapitre bonus qui se passe sur la tombe de Teitomo, et qui n’est pas dans le roman La Cité Nymphale (seulement téléchargeable sur le site de la trilogie), et qui en dit un petit peu plus. C’est un « bonus ». Un simple éclairage annexe.

Pour l’absence d’espoir, je ne souhaite pas provoquer, ou être méchant… Cela fait seulement écho à mon goût de l’amer et des petites défaites, peut-être. la saveur des occasions manquées. Ce genre de chose.

Marie : : Tu nous présente une histoire sans vilains, avec beaucoup de haine, mais sans vilains. Chacun tente son expérience, sans forcément développer d’arrière pensée mauvaise. C’est peut-être cela qui fait qu’il manque un souffle épique, mais une fois de plus, c’est terriblement réaliste.

Stéphane : : Après tout, peut-être que l’adage qui dit que il n’y a pas de vraie histoire sans vilains est vraie, mais je ne crois pas. Khaleel, Peter, Justine, Claire, Michel, tous ont un côté calculateur et un côté « bon ». Aucun d’eux ne dit « je vais être un grand seigneur du maaaaaaal et je règnerai pendant mille ans, et tous m’aimeront et se désespéreront ». Je laisse ça à Galadriel. Mais cette chère Noldor a l’intelligence de rajouter « je diminuerai, et je demeurerai Galadriel ». Diminuer pour exister, pas mal. Allez la prochaine fois, je mettrai un AFFREUX méchant de cinéma, pour changer. Hum… Tout compte fait, je ne suis pas sûr d’y arriver.

Ca a été un grand débat récemment à propos du film « La Chute » : comment ? on osait montrer Hitler parfois souriant et affable ??? mais oui, justement !! et il n’en est que pire. ce n’est pas un monstre né des entrailles de je ne sais quel ventre de bête malade… C’est un homme, épouvantablement semblable à nous.

Les travaux du professeur Milgram ont d’ailleurs prouvé dans les années 50 que nous étions presque tous des tortionnaires en puissance. il a démontré que le rapport à l’autorité et surtout à l’impunité « ne vous inquiétez pas, vous êtes couverts, l’université prend l’exercice en charge, vous n’êtes pas responsables »…) Résultats : sept cobayes sur dix acceptent de donner la décharge mortelle à une victime, dans le cadre d’une « expérience » (bien entendu, il s’agissait d’une simulation, mais le cobaye testé l’ignorait) . Trois sur dix seulement s’ils voient leur victime… Empathie, encore.

Marie : : Tu parles par slogan, surtout dans tes deux premiers romans, quasiment pas dans La cité nymphale. Je trouve ça très percutant, on sent bien l’humour noir, acide, qui se cache derrière. C’est une culture personnelle ? Dans les Noctivores, j’ai trouvé que c’était presque trop. Dans la Cité Nymphale, les « slogans » sont beaucoup plus discret. Pourquoi ce revirement ?

Stéphane : : Un slogan c’est souvent une certitude, un avis clair, tranché, ça cingle, ça cogne, ça gifle. Peut-être qu’à la fin, plus personne n’a d’avis précis.

Et puis je n’aimerais pas refaire à chaque fois le même livre, non plus… Parce que j’évolue, mon style comme ma façon d’approcher la narration.

Pour ce qui est de la culture personnelle, oui. Ce sont des inventions, pas des phrases repiquées ailleurs, sauf quelques unes, peut-être, mais déjà populaires, comme « nous aimerions vous voir mourir en bonne santé ». J’aime bien coller des mots ou des idées pour provoquer un effet, un choc, une image inédite.

Marie : : J’ai entendu parler de tes origines bretonnes, mais je dois dire que ton traitement des Keltiks m’a beaucoup amusé et pas du tout en même temps. Ils tiennent tout de même le rôle de tueurs fanatiques légèrement psychopathes – ce qui fait frémir – mais ils sont aussi parfaitement ridicule, dans leur tentative de « retour aux sources ». C’est une vengeance personnelle ou de l’auto-dérision ?

Stéphane : : Un peu des deux. D’abord, je déteste les communautarismes, les territorialités, tout ça. Comme disait Patrick Font, « la tradition, c’est l’alibi des gens sans imagination ».

Ensuite, c’est aussi une réaction plus personnelle par rapport au retour du « bretonnant celtique obligatoire » qui sévit en Bretagne depuis quelques années. Pour faire venir le touriste, on colle des drapeaux bretons partout, le moindre bled paumé a son musée du cidre, on met de l’authentique à deux sous partout, jusqu’au ridicule. la dernière trouvaille : au nom du « culturellement correct », on a rebaptisé les noms des villes en breton, pour obtenir une « double signalisation » comme au pays basque. Exemple : Morlaix/Montroulez. Je suis pas contre, quand c’est réel et fondé. Mais ils en ont inventé et foutu là où il n’y avait pas de raison d’en mettre, en inventant des noms « à la sauce bretonnisée ». Et maintenant, tout ça, c’est la Bretagne Éternelle, tadam !!

Marie : : C’est l’invention de la culture millénaire ?

Stéphane : : Oui, et je me méfie de ce merchandising, qui fait mélanger tradition celte, druidisme d’opérette hérité des remaniements du celtisme fomenté au XIXe siècle… C’est pour cela que Gemini dit à son frère « les Celtes ont jamais parlé breton, connard ». On mélange tout et ça fait vrai.

Marie : : Je note que tu ne lésines pas sur les personnages féminins, et je trouve ça bien. Mais pourquoi reste-tu dans des clichés ? Justine est une executive woman pur jus, puis une tank girl vieillissante. Lucie est une petite fille, une adolescente niaise, puis l’archétype de la chieuse hystérique. Andréa est un archétype de femme guerrière initiatrice.

Stéphane : : Peut-être parce que je suis un affreux mâle ?

Je ne vois pas pourquoi je ferai des femmes des créatures plus méritoires que les autres. Et je n’ai pas l’impression d’en avoir fait des caricatures, non plus.

Justine n’est pas qu’une corporate, elle est dévorée aussi parfois par l’envie de sauver tout ce petit monde. mais elle est plus… « pragmatique ». Mettre les femmes au centre de l’échiquier, j’y tenais, leur donner le pouvoir aussi. Pas question d’en faire ni les récompenses, ni les motivations du beau héros. Après, très honnêtement, j’ai essayé d’être le plus juste et réaliste possible

Marie : : J’ai entendu des journalistes parler d’une nouvelle image des femmes, dans tes romans. Je trouve au contraire qu’elle est très classique : elles n’existent qu’à travers l’existence des hommes. Peter Lerner pour Justine, Khaleel pour Andréa, Cendre pour Lucie. Qu’as-tu as dire pour ta défense ?

Stéphane : : Que tu es une femme, donc que tu considères que tu détiens la vérité sur le sujet, et qu’il serait mal venu de la part d’un XY d’oser émettre un avis sur ce thème. Te sentant menacée, tu dégaines, c’est humain. Les femmes ont une position extrêmement délicate dans notre société, me semble-t-il. Les derniers feux du féminisme semblent s’éteindre, et la Nouvelle Pouf est apparue (si j’en crois les images du R&B proposées dans les clips pour ados).

une sorte de retour à la demande de protection (matérielle) faite au mâle : « j’ai fait péter le string, si tu claques pas les 150 euros dans la soirée, tu n’emmèneras pas Popaul au cirque ce soir ».

Visiblement, l’égalité ça n’a pas marché, alors on va ressortir les armes de toujours, mais en l’affichant, ce coup ci. Bref, de mon point de vue, il me semble qu’il y a un retour à l’ultra-sexualisation.

Marie : : Tes personnages ne s’en sortent pas forcément mieux.

Stéphane : : Peut-être ont-elles compris qu’elles devront « composer » avec les hommes… Mais en même temps, tu dis « elles n’existent qu’à travers l’existence des hommes », mais l’inverse est vrai aussi, je crois. Peter va payer cher le départ de Justine, son ego démesuré lui fait croire qu’il peut vivre sans elle. Il n’a pas saisi qu’elle était l’élément apaisant de sa personnalité. Teitomo est utilisé par Claire (c’est d’ailleurs elle qui le « baise »).

Oui, bien sûr, dans l’idéal, il y aurait un monde où « tout le monde serait égaux »… mais ça se saurait si ça avait marché une seule fois. Assumer sa complémentarité, c’est déjà pas si mal… Et les couples de ma trilogie y arrivent assez bien, il me semble.

Marie : : Complémentaire, je veux bien, pour le reste, les relations sont toujours très conflictuelles.

Stéphane : : Heureusement ! Dieu nous préserve de la béatitude crasse des gens heureux. La vérité est au carrefour des avis.

Marie : : L’élément le plus féminin des trois romans reste pour moi ton écriture. Stéphane : , tu es une fille… J’espère que tu surmonte vaillamment le choc de cette révélation… C’était un besoin de donner cette attention aux petites choses ?

Stéphane : : Voilà sans doute le meilleur compliment depuis longtemps. Écriture féminine, je veux bien ; resterait à définir « féminine . Si c’est « gnan gnan eau de rose prince charmant », je vais mordre.

Peut-être que les personnes en état de « soumis » ou « victime potentielle » font plus attention aux détails, par habitude. « the more you suffer, the more you care ». Et les femmes, leur lot de souffrance, c’est bon, elles ont donné.

J’essaie d’observer le plus possible mes contemporains, moi y compris. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant ce qu’ils font, que le pourquoi. Quand tu commences à chercher les racines des gestes et des mots, ce sont forcément les détails qui te sautent au visage. Fondamentalement, nous appartenons tous à peu près à la même espèce, mais nos comportements peuvent être si différents face à un phénomène ou une situation identique. Je pense que c’est dans le parcours de chacun, dans les impacts en creux ou en plein de sa trame de vie, que se situent les réponses. Et pour transcrire ça, il faut parler des détails.

Marie : : Andréa, sŒur, épouse et mère ? Tout à la fois, pour un Cendre qui grandit trop vite. J’ai trouvé ça très gênant. (Si je demande pourquoi c’est fait exprès, c’est parce que Bordage est assez sexiste sans le savoir).

Stéphane : : Le personnage d’Andréa n’a pas été choisi au hasard et sa mission est pourrie. Elle doit à la fois protéger Cendre, le « messie », à Lourdes, mais aussi le protéger contre ce que trament les Soubiriens. Pour arracher Cendre à la manipulation mentale dont il fait l’objet (via sa « mère » principalement), elle déploie l’armement le plus efficace : elle flatte son égoïsme de jeune mâle capricieux, « sex as a weapon », et elle se glisse ainsi peu à peu entre Cendre et sa mère.

Pour le personnage de Cendre, je me suis basé sur l’autobiographie du dernier empereur de Chine. Il raconte comment encore enfant il a fait battre un cousin qui avait osé porter la même couleur que lui (réservée à la famille impériale, par tradition). Il était un Dieu vivant, et il fallait le maintenir dans cette impression. Un enfant est un tyran, Cendre est un ultra-tyran. Il essaie cependant de s’améliorer, ensuite, quand il comprend que c’est pas ça, vivre avec d’autres personnes.

Marie : : Cendre est un sauveur « par accident », totalement victime de ce qu’il est. Ce n’est pas parce qu’il a un statut de « sauveur » qu’il en est pour autant humainement exceptionnel (on risque d’ailleurs d’avoir envie de lui donner des claques).

Stéphane : : Oui, c’est l’enculée conception. Le prophète sorti d’une éprouvette. On n’arrête pas le progrès.

Andréa lui apprend la base « animale »… L’assouvissement de ses instincts. Justine lui apprend à penser par lui-même. Lucie lui apprend à aimer. J’ai pendant un moment pensé donner un enfant à leur couple. Et j’ai finalement retiré ce personnage. D’abord parce que ça prenait une tournure « on se bat pour nos enfants » qui n’était pas mon propos. Ensuite parce que la perte du fŒtus par Lucie scellait leur séparation, et rappelait à Cendre qu’il est un bouillon génétique pourri, destiné à mourir bientôt aussi.

Marie : : Pour un auteur dans la fleur de l’âge tel que toi, avec une trilogie à son actif, tu as sans doute des projets pour tes futurs écrits ? Aurons-nous droit à un avant goût, des pistes, ou c’est un secret bien gardé ?

Stéphane : : Je travaille en ce moment sur trois projets de romans séparés. Un dont je ne peux pas parler, car trop en chantier ; un autre, qui sera vraisemblablement le prochain à être publié en un tome, et qui parlera de la piraterie caraïbe ; quant au troisième, ce sera le roman d’après celui des pirates, qui en est à l’état de documentation et lectures croisées.

Marie : : La B.O. : Comme d’habitude, je découvre trop tard, mais je dois dire que tu as eu le grand mérite de me faire découvrir Hint.

Stéphane : : Que dire à part « Hint est un le duo de musiciens français le plus doué que je connaisse ». Qu’ils prennent en charge la B.O. du livre, vendue donc sous forme de CD avec le roman, est l’aboutissement d’un fantasme qui a dix ans. A mon avis, leur musique colle parfaitement avec la trilogie du Virus. Violente, sombre, parfois désespérée, mais toujours poignante, exaltée. Je suis sans mots d’avoir réussi à travailler avec eux, et je suis fier de les avoir faits découvrir à mes lecteurs. Hint est un groupe exceptionnel.

ils étaient séparés depuis 1999, même s’ils demeurent proches. Ils sont retournés en studio ensemble pour cet album « [phago]cité », mais ils ont chacun leur groupe désormais. L’idéal serait qu’ils refassent des concerts… Mais de l’aveu même de Arnaud, pour eux Hint est en sommeil, pas décédé, ils ont toujours le projet de refaire de la musique ensemble, un jour.

A mon avis, ça se fera. Il y a trop de « magie » quand ils travaillent ensemble pour que ça ne reprenne pas, un de ces jours. Hint prend possession de ta platine et de ton cortex. Quand tu sors d’un de leurs albums, tu es lessivé, le souffle court et les nerfs retendus.

Marie : : Le mot de la fin ?

Stéphane : : et bien, je sais pas, pourquoi c’est toujours l’interviewé qui doit finir l’interview… et si c’était l’interrogatrice qui concluait, ça changerait un peu.

Marie : : Je suis dans le pétrin alors…

Stéphane : : Bon alors je pose la question et tu y réponds. Que penses-tu du Roméo (le seul personnage dont tu n’as pas parlé, ça m’a frappé, généralement, les gens réagissent beaucoup à ce personnage).

Marie : : Le Roméo est le personnage antipathique par excellence, l’arriviste, l’opportuniste, le survivant qui n’a pas d’autres vues que son existence. C’est un personnage clef mais totalement… répugnant. tellement auto-centré qu’il n’a aucune considération pour le monde qui l’entoure. Le genre de personnage à fuir. Vite et loin.

Stéphane : : Ah ? pourtant, c’est le plus sincère. il ose même dire « oui je vais te trahir si je trouve mieux ailleurs ».

Marie : : Il n’a aucun idéal. Et ça, ça me hérisse le poil. D’un autre côté, tu as raison, c’est le seul à jouer franc jeu.

Stéphane : : Et bien merci Impératrice Moa pour ce dernier mot !

Marie : : Merci à toi Stéphane.


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