Ce roman de Matt Bell paru en début d’année aux éditions de l’Atalante nous permet de voyager dans trois époques différentes pour un roman qui se situe entre SF, Fantasy et Thriller autour de thématiques liées fortement à la tendance actuelle autour de l’écologie.
Trois époques, trois personnages…
Appleseed nous fait naviguer entre trois temps bien différents… Passé, futur et présent alternent dans ce récit qui va nous faire découvrir les Etats-Unis.
Premier temps, le passé avec la découverte de deux frères, des planteurs de pommiers qui préparent l’arrivée des hommes dans un coin des Etats-Unis qui semblent pour l’instant totalement vierge de la présence humaine. Rapidement, il apparaît que Chapman n’est pas humain, il s’agit d’un faune qui est à la recherche d’un arbre et de son fruit en particulier. Si son frère Nathaniel peut marcher au milieu des hommes, Chapman doit se protéger du regard des autres et n’aura de cesse de trouver LA pomme qui lui permettra de devenir un homme parmi les autres.
Si le monde se résume à l’humanité, vaut-il vraiment la peine d’être sauvé ?
Second temps, notre époque, plus ou moins, John est un scientifique qui ne peut que constater que notre monde se délitte, que l’avenir n’est pas ce qu’il y a des plus riants. Alors, il pensera dans un premier temps que la société de son amie va permettre de rétablir l’équilibre et il sera un acteur de cette société, en créant notamment des abeilles “artificielles” pour permettre la pollinisation… Cependant, il rentrera en opposition avec la vision de l’entreprise et décidera de partir.
Troisième temps, un futur indéterminé, C-433 est la copie conforme de C-432 à une époque glaciaire… Copie conforme, presque puisqu’il semble avoir pris un peu de distance par rapport à sa mission de recherche de traces du passé…
… et un questionnement sur la nature !
Si vous ne l’aviez pas deviné, le roman tourne autour de la nature et ce que nous faisons. Ces trois temps m’ont semblé représenter pour le passé le temps où la nature n’était pas modifiée par l’homme. Les mythes sont présents avec Chapman qui va être un des vecteurs qui permettra aux futurs habitants de s’installer dans un lieu qui pourvoira à leurs besoins.
Le bond dans le temps nous amenant peu ou prou à notre époque correspond au point de bascule, ce moment où tout est encore possible, où l’humanité peut encore préserver la nature pour permettre de laisser la planète habitable… Deux écoles semblent se révéler, deux écoles que nous pouvons aussi retrouver aujourd’hui : ne pas continuer à pousser la nature OU se servir de la technologie pour réparer les dégâts. Dans ce contexte, John est intéressant passant d’abord d’une vision technologique avant de considérer que la nature ne doit pas être modifiée pour nos besoins.
Enfin, ce futur qui nous montre le résultat de nos activités et cette quête d’un temps passé qui n’existe plus, peut-être pour comprendre.
Un roman étrange, entre SF et conte, dans ce qui semble être un hymne à la nature, une nature qu’on accepte telle qu’elle est et qu’on essaie pas de plier à nos besoins, une alerte, encore une, sur les conséquences de nos actions sur l’écosystème…
L’Atalante (Février 2024) – La Dentelle du Cygne – 439 pages – 25,50 € – 979103601734
Traduction : Marie Surgers (Etats-Unis)
Titre Original : Appleseed (2021)
Couverture : Vincent Madras
Le monde avant les sécheresses incessantes, avant les incendies sans fin, avant les nouvelles infections résistantes aux antibiotiques, avant la montée des mers acides, les tornades et les ouragans. Avant que les sols ne meurent et ne s’assèchent, avant que les masques ne soient nécessaires dans les rues des villes, avant que les extinctions massives n’entraînent l’anéantissement du monde naturel.
C’est le monde qui a été volé. Ce qui suit est l’histoire de la façon dont il a été perdu, de qui nous a coûté quoi, de ce que les coupables ont l’intention de faire avec ce qui reste.
