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Ecotopia d’Ernest Callenbach

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Dans le cadre des tables rondes de BienVenus sur Mars, le roman Ecotopia de l’américain Ernest Callenbach est souvent revenu comme réflexion autour de la décroissance dans mes recherches préparatoires. Ce roman paru dans les années 1970 est étonnant d’actualité et nous amène à réfléchir sur de nombreuses thématiques.

Une séparation du territoire américain…

Depuis plusieurs années maintenant, une partie de la côte ouest américaine a fait sécession (la Califronie, l’Oregon et l’Etat de Washington), renonçant à continuer à consommer comme il le faisait auparavant. Malgré une histoire commune, Ecotopia n’a aucun rapport avec le voisin américain et persiste à garder secret son mode de fonctionnement et l’évolution de sa société. Pourtant, le gouvernement américain ne voit pas spécialement d’un bon oeil cet étrange voisinage et décide de remettre en place des liaisons diplomatiques, et cela passe d’abord par l’envoi d’un journaliste, proche du gouvernement, dont l’objectif sera de révéler ce que cache cette étrange société.

William Weston se rend donc pour le compte du Time-Post en Ecotopia, avec un a priori très négatif, reflet des années de communication des différents gouvernements. Pourtant, dès son arrivée, le journaliste va être surpris par ses découvertes, par les modes de fonctionnement et surtout, il découvrira que contrairement à ce que beaucoup imaginait, l’Ecotopia n’est pas revenu à l’âge de pierre et arrive à prospérer tout en étant respectueuse de l’environnement.

Comme vous l’aurez compris, Ecotopia est une utopie issue d’une société américaine qui se prend de plein fouet le choc pétrolier.

… permet d’aborder des sujets qui restent d’actualité !

Ernest Callenbach fait donc le choix de l’utopie pour nous partager ce que pourrait être une société plus juste. Alors, comme toute bonne utopie qui se respecte, ceux qui cherchent de l’action en seront pour leur frais, puisque peu d’événements “étonnants” sont à prévoir dans ce récit. Pour autant, il présente énormément d’intérêt par rapport aux thématiques abordées.

La première est la consommation qui n’est plus le nerf central de la guerre : la possession n’est plus un objectif en soit, contrairement au maintien d’un équilibre au sein de la nature. Les modes de fabrication ont donc changé, privilégiant les composants biodégradables et la réutilisation de ce qui ne peut pas se dégrader. Dans cette démarche, il y a une vrai volonté de revenir à une consommation de proximité et nous pouvons aussi largement parler d’économie circulaire.

Le mode de travail a lui aussi évolué, et certains de nos politiques feraient des bonds sur leur siège en voyant que l’auteur imagine une société où le temps de travail est limité à 20h, permettant de participer à différentes communautés artistiques ou autre. Ce temps de travail limité ne rend pas la population moins productive, elle permet simplement de lier les aspirations personnelles à une réponse adaptée en termes de production et donc de consommation.

La place des femmes est aussi différente dans cette société, avec notamment un gouvernement dont la présidente est Vera Allwen… Un des premiers sujets qui étonnera et permettra de montrer à quel point notre narrateur se révèle machiste… Dans un premier temps !

Car la vraie force pour moi du roman Ecotopia, est la transformation qui va s’opérer pour William Weston : bien que bercé par la vision consumériste des Etats-Unis et par un a priori plutôt négatif sur la société qu’il va découvrir, il s’ouvrira de plus en plus aux avantages d’une société plus équitable et plus en ligne avec un équilibre production / consommation, au point de devenir sympathique.

Alors, bien sûr, on pourra se poser la question de la capacité d’un monde comme le notre à se transformer, à accepter une consommation différente. J’ai réellement apprécié ce roman qui pose concrètement des idées qui ont été par ailleurs largement discutées.

Un roman à (re)découvrir à un moment où les enjeux climatiques deviennent particulièrement présents !

Folio SF (décembre 2020) – 322 pages – 9,90 € – 9782072872549
Traduction : Brice Matthieussent (Etats-Unis)
Titre Original : Ecotopia (1975)
Couverture : Sam Van Olffen

Trois États de la côte ouest des États-Unis — la Californie, l’Oregon et l’État de Washington — décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Écotopia. Vingt ans après, l’heure est à la reprise des liaisons diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston.
Au fil des articles envoyés au Times-Post, il décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l’autogestion, la décentralisation, les vingt heures de travail hebdomadaire et le recyclage systématique. D’abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d’amour intense avec une Écotopienne va le placer devant un dilemme crucial : choisir entre deux mondes.


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