Le Docteur Hockenberry était un professeur de mythologie grecque à l’université de columbia, à la fin du XXème siècle. Mais il a été ressucité par d’obscures puissances qui prennent la forme et les attributs des divinités grecques antiques. Sous la direction d’une muse, il est chargé de surveiller le bon déroulement de la Guerre de Troie, qui contrairement au titre d’une pièce de théâtre célèbre, a lieu une seconde fois. Mais les dieux ne connaissent pas ce qui va se passer, et les tensions s’exacerbent entre pro-achééns, et pro-troyens, les dieux améliorent les guerriers grecs et cherchent à les rendre invincibles, quasi-divins. C’est alors qu’Aphrodite charge Hockenberry d’une mission officieuse : tuer Athéna. Pour cela, elle lui donne des pouvoirs divins, la téléportation et l’invisibilité. Mais tout déraille, et il est obligé de devoir changer ses plans. Sa cible n’est plus seulement Athéna, mais plutôt toute sa famille, sa divine famille…
Mahnmut est un moravec- une entité biomécanique descendant d’autres entités biomécaniques envoyées il y a de cela des milliers d’années par les humains, afin de coloniser le système solaire et de l’exploiter; mais les moravecs se sont affranchis après la disparition des humains et se contentent de faire leur tâche. Il est chargé de parcourir le fond sous marin d’Europe pour y récolter des matières premières. Passioné de Shakespeare, il échange des analyses avec un autre moravec, Orphu d’Io. Quelle n’est pas sa joie de le rencontrer enfin, même si les circonstances ne sont pas particulièrement réjouissantes. Ils ont été choisis pour participer à une expédition quasi-suicidaire en direction de Mars. Leur but? chercher les raisons de la hausse critique de l’activité quantique autour de cette planète, activité qui soit dit en passant menace l’espace temps traditionnel et à terme l’univers tout entier. Mais leur vaisseau spatial explose en orbite martienne, et les 2 amis sont les seuls survivants, écrasés seuls en territoire hostile, alors que des mystérieuses entités les pourchassent…
Lorsque Daeman est venu au château d’Ardis, c’était dans la ferme intention de séduire sa jeune cousine Ada. Mais celle-ci entretient des passions bizarres, avec des amis étranges. L’une Hannah, s’est mise en tête de fondre du fer pour forger des objets. L’autre, Harman, décide de fêter ses 99 ans, c’est à dire la dernière année qu’il lui reste à vivre avant de rejoindre les Posthumains là haut, dans les anneaux, et il sait lire! Quel être humain à l’ancienne sensé s’aviserait de lire, il y a tellement mieux à faire. Mais ce n’est pas tout, ils veulent aller dans l’espace, et pour ça, ils ont besoin de lui. Car Daeman est trop bavard, il leur avait parlé d’une certaine Savi, surnommé la Juive Errante. Il paraitrait qu’elle a échappé au dernier fax de l’humanité et que depuis, elle parcourt la Terre, elle saura forcément où trouver un vaisseau spatial. Il le faut, Harman compte bien demander aux posthumains un délai avant son 5-20, avant de les rejoindre.
Impératrice Moa : Dan Simmons nous présente une humanité en perdition à travers trois récits. Le plus prenant me semble être les aventures d’Hockenberry, plongé au milieu de cette guerre de Troie, jouet des Dieux, instrument pensant et bientôt agissant. Personnage réaliste, l’auteur le fait verser dans le catastrophisme suicidaire avant de lui faire trouver des solutions à ses problèmes. J’ai remarqué aussi qu’en tant que personnage totalement réaliste, il n’arrêtait pas de se laisser mener par le bout du nez par les femmes, qu’elles soient déesses ou humaines.
D’un autre côté, nous avons Mahnmut et Orphu d’Io, les deux Moravecs. Comprendre des robots avec une partie organique. Leurs diatribes sur Shakespeare et Proust sont certes intéressantes, mais on se demande souvent où Simmons veut en venir. A quoi va servir dans l’issue de la Guerre de Troie, l’étude de la structure des sonnets de ce brave Will ? Les aventures des petits Moravecs, plus poètes que guerriers, vont les mener sur le champs de bataille d’Ilium.
Pour finir, les humains à l’ancienne végètent sur un reste de terre, où les raisons de vivre manquent cruellement. Ada, Daeman, Harman et Hanna tentent avec plus ou moins d’enthousisate d’apprendre à se poser les questions les plus enfantines : comment et pourquoi les portails fax fonctionnent (comprendre : portail de télétransportation) ? D’où vient la nourriture que leur servent les serviteurs ? Qui sont ces serviteurs ou Voynix ? Que sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Qu’y a-t-il à deux kilomètres d’un portail fax ? Pourquoi leur monde est-il peuplé de dinosaures ? Qui sont ces posthumains qu’ils devront rejoindre une fois leur cinq vingt (cinq fois vingt ans) révolue ? Où est la frimerie ? Dans cet univers, ils apprennent donc à poser la question : pourquoi il pleut et pourquoi le soleil se lève ? au milieux d’une humanité qui n’a ni science, ni technologie, ni arts.
Ce que l’on comprend lentement, est que les Dieux ne sont pas des dieux, mais des humains améliorés à grand renfort de nanotechnologie, des Posthumains. Le but des aventures devient alors de trouver la faille, l’ouverture, qui permettra aux hommes et femmes de la terre comme d’Ilium de redevenir les maîtres de leur destin, et non les jouets de ces faux dieux cruels.
Apparaissent aussi des entités qui conservent tout leur mystère à la fin de se premier tome. Prospero, Ariel, Caliban… Leur rôle restent encore peu clair à la fin de ce roman.
Je regrette un peu l’absence de la profondeur de champ qu’il pouvait y avoir dans Hypérion, mais ceci est un autre roman, donc forcément différent.
Simmons (ou son traducteur) abuse un peu des néologismes et abréviations, et risque de tomber dans l’illogisme total quand il fait dire à Hélène qu’Hockenberry s’est TQ ailleurs. Mais le style de Simmons est toujours fluide, tantôt épique, tantôt intimiste.
Je regrette toujours que Simmons ne passe pas quelques pages de plus à expliquer à son lecteur sa théorie des sphères (Internet, logosphère, hyper-logos-sphère et tout le reste) pour des gens qui, comme moi, ne sont pas maître en matière de réseau devenue conscience.
Dans ce récit d’une rare densité, de très nombreux thèmes sont en effet abordés, et Ilium ne peut se suffire à lui seul pour apporter des réponses aux trop nombreuses questions.
orcusnf :
Lire Illium, c’est une véritable odyssée.(sic) En effet, il faut, tout comme les soldats sur la plaine de Troie, s’armer de pied en cape pour affronter le livre et oser ressortir vivant et sain d’esprit : courage, abnégation, ténacité, esprit critique et observateur, humour, voici quelques une des armes qui vous seront indispensables pour ressortir de ce dédale verbal. Près de 600 pages quand même.
Commençons par la trame narrative, qui se divise autour des pérégrinations de trois groupes de héros. D’abord le docteur Hockenberry, spécialiste émérite des poêmes homériques, ressuscité d’entre les morts par les dieux grecs pour servir d’observateur à la guerre de Troie qui fait rage. Un paradoxe temporel l’accompagne puisqu’il est censé observer des événements qu’il enseignera à ses élèves dans 3000 ans, alors que lui même connait déjà la fin. Ensuite deux entités biomécaniques de conception humaine dites moravecs, Manhnmut et Orphu, qui sont choisies pour faire partie d’une expédition à destination de Mars. Mais les moravecs ont été abandonnés par les humains, et agissent dorénavant de leur propre chef, les souvenirs qu’ils gardent de la Terre subsistant dans des bribes de l’art humain telles que Proust, Shakespeare ou Star Trek. Et enfin quatre humains « à l’ancienne », membres d’une population terrienne sybarite et hédoniste à l’extrème, par rapport à laquelle Sodome et Gomorrhe (pour rester chez Proust) semblent innocentes. Ces 4 humains- Harman, Hannah, Ada et Daeman, se rencontrent autour d’une activité fort curieuse, la fabrication du premier objet métallique conçu de la main de l’homme depuis 1400 ans. Trois destinées assez différentes, qui ne semblent pas devoir jamais se télescoper un jour…et pourtant ils le feront, mais pas dans ce tome-ci. ( ah mais quel suspense dites moi)
La narration semble parfois un peu confuse, entre les ciations de Shakespeare, celles de Proust, de l’Illiade, tant de références métatextuelles plus ou moins bien cachées, un vrai régal en fait pour le lecteur qui pour assouvir sa faim de littérature générale rien qu’avec un peu de SF! C’est cool quand même, on peut prétendre avoir lu la Tempête de Shakespeare sans mentir maintenant, il suffit de plonger dans les abîmes d’Ilium!!
Pourtant, la tâche n’était pas gagnée d’avance, restranscrire l’illiade sous la forme d’un roman de sf n’était pas un mince défi, même si au vu des dernières sorties, il semble avoir lancé une certaine mode. N’empêche qu’il montre là une maitrise parfaite de cette magistrale épopée et nous donne envie de la relire, nous fait aimer l’histoire grecque à la sauce simmons.
Etienne: Indéniablement un grand roman. Déjà rien que par sa taille (860 pages en version poche) mais surtout par sa densité et sa volonté de toucher à de nombreux thèmes de la SFFF dans le même tome : voyage dans le temps, dans l’espace, technologie quasi-magique, dieux tout puissants, horreur…
C’est également un titre très prenant, dynamique par sa structuration en 3 univers qui permet un suspense facile (juste au moment où quelque chose va se passer : hop, changement).
Par contre, je trouve que c’est un livre qui en fait trop. Comme Impératrice Moa, je trouve qu’il manque quelques explications sur la façon dont il personnifie internet et la terre : ce manque d’explication est un petit peu gênant au démarrage également. et en allant plus loin, je trouve même qu’il aurait facilement pu se passer de tout ce charabia technobidon sur les machins quantiques et autres conneries que je ne peux pas supporter en SF : il aurait pu faire plus simple. Il aurait aussi pu alléger son oeuvre en traitant un peu moins de sujets en même temps : le côté « Alien in space » des dernieres pages de ce premier tome m’a paru « too much ». un peu étrange aussi ce « PHV » pour « petits hommes verts » qui était compréhensible (mais benêt quand même) tant qu’on ne connaissait pas leur nom, mais après…?
Un livre qui n’est pas exempt de critiques certes, mais c’est vraiment par envie de chercher la petite bête : dévorer un livre ne trompe pas souvent sur sa qualité générale.
Mais j’attends quand même le deuxième tome pour connaitre la suite des aventures d’Ulysse au pays de starwars.
PS : La note du traducteur (Jean Daniel Brèque) est très instructive pour une fois, et éclairante.
Suite : Olympos.
maginez que les dieux de l’Olympe vivent sur Mars. Ils se déplacent librement dans le temps et l’espace grâce à leurs pouvoirs quantiques. Leur plus grand plaisir, c’est la guerre de Troie qui se joue sous leurs yeux. Pour y mettre un peu plus de piment, ils envoient des érudits terriens modifier les évènements à leur gré, en gardant toutefois el récit d’Homère comme référence. Mais en orbite autour de Mars, de petits observateurs surveillent les jeux divins…
Batailles grandioses, intrigues politiques et amoureuses, dialogues savoureux, une fresque passionnante qui mêle space opera et mythologie avec grand brio !
Robert Laffont – Ailleurs et Demain – (Avril 2004)– pages 12.30 € ISBN : 9782266149150
Traduction : Jean-Daniel Brèque
Titre Original : Ilium (2003)
Couverture : Jackie Paternoster – 2004– 600 pages 23.00 € ISBN : 2221094522
Ilium, c’est Troie. Troie, c’est la guerre chantée par Homère dans l’Iliade.
Mais le Mont Olympe et les dieux qui l’habitent, conformes à l’imagerie antique, abusent des facilités quantiques en guise de pouvoirs surhumains. Quasimement immortels, ils se déplacent à travers le temps et l’espace. Le spectacle favori, voir obsessionnel, demeure cette guerre qui se déroule sur Terre et dont aucun d’eux ne connaît l’issue.
Aucun, sauf Zeux, évidemment.
Pour vérifier la conformité de la guerre réelle avec qu’en a conté Homère, les scholiastes, des érudits pêchés à différents moments de l’histoire, sont dotés de pouvoirs secondaires non négligeables, ainsi celui d’emprunter l’identité d’un Grec ou d’un Troyen le temps de leur observation.
Hockenberry est l’un de ces scholiastes, ressuscité, extrait du XX° siècle et enrôlé contre son gré par Aphrodite en personne pour une mission secrète : faire triompher les Troyens, assassiner Athéné.
Pour leur part, les Moravecs, Intelligences Artificielles, qui vivent autour des planètes extérieures, commencent à s’inquiéter de la débauche de manipulations quantiques qui a pour source Mars. Elle menace le système solaire et peut-être l’univers tout entier. Orphu d’Io et Mahnmut sont envoyés y voir ce qu’il s’y passe. L’un ne jure que par Shakespeare, l’autre que par Proust.
Et sur Mars, de petits hommes verts érigent sans fin des statues géantes dans le style de celles de l’île de Pâques. Tandis que sur terre, les Derniers Hommes, au nombre exact de un million, jouent les sybarites décadents.
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