Intégrale 2 / 7
La diffusion de la série Sandman a été pour beaucoup de découvrir l’univers de Neil Gaiman, et il est à noter que les éditions Urban Comics ont sorti une intégrale de cette immense série, en 7 volumes dépassant systématiquement les 400 pages. Un investissement fort pour les amateurs de la série qui leur permettra, en plus des différentes aventures, de pouvoir accéder à un certain nombre de bonus après chaque volume.
Je vous avais parlé de la première partie de l’intégrale, à laquelle collait peu ou prou la série, et j’étais curieux de savoir comment se déroulerait la suite.
Vous souvenez-vous ?
Dans la première partie des aventures de Morphéus, nous l’avions découvert prisonnier d’un obscur sorcier, Roderick Burgess, qui s’était trompé de cible. Finissant par s’enfuir de sa prison, Morphéus, encore appelé Rêve ou Sandman ou le Marchand de Sable, avait du récupérer un à un ses attributs : le masque, le sac de sable et le rubis.
Nous avons découvert aussi qu’il fait partie d’une famille qu’on appelle les Infinis. Ces Infinis ne sont pas des Dieux et semblent exister en propre, une famille un peu bancale dans laquelle nous sentons que quelques tensions sont présentes et des rancoeurs persistantes… Les sept Infinis sont Destin, Mort, Rêve, Désespoir, Destruction, Désir et Délire.
La récupération de chacun de ses attributs nous a fait découvrir un lieu différent : le monde des rêves bien sûr, son domaine, mais aussi l’enfer et notre monde soumis à l’absence de rêve…
Quelques histoires indépendantes…
Comme dans le premier volume, nous pouvons découvrir les contes de Neil Gaiman avec des histoires indépendantes (ici Calliope, Un rêve de mille chats, le songe d’une nuit d’été et façade) et une histoire qui se déroule sur un temps plus long La saison des brumes (en un prologue, 6 chapitres et un épilogue).
La première des histoires qui nous ai présentée, Calliope, fait partie de la mythologie grecque, étant le plus jeune des neuf muses… Prisonnière d’un écrivain à succès, elle voit sa “propriété” transférée à un autre écrivain, Madoc, qui va se servir de sa présence pour développer sa notoriété. Mais la jeune muse connaît Rêve qui ne pourra pas rester neutre face à la situation… Cet épisode nous révèle un peu plus qui est Rêve et sa façon de réagir quand certain·e·s de ses proches sont en difficulté. Le récit montre aussi les travers de l’humanité, de Madoc et de son prédécesseur en l’occurrence, qui ne semble reculer devant rien pour assouvir le destin qu’ils se sont destinés. Pas une vision très glorieuse de notre humanité mais guère surprenante non plus !
Un rêve de mille chats nous montre de son côté que le domaine du rêve n’est pas limité à la seule humanité et que certaines espèces, dont les chats donc, peuvent trouver eux aussi un espoir dans le domaine du songe. Ici, c’est un jeune chaton qui se fait entraîner par un aîné, à la rencontre de l’aventure.
Si nous avons croisé le personnage de Rêve jusqu’à présent dans des situations plutôt conflictuelles, Le songe d’une nuit d’été montre l’intérêt pour le roi des songes pour les arts, avant de voir une opposition particulière face à Râ, autour d’une victime d’un enchantement dans Façade.
Chacune de ses épisodes nous déploie avec beaucoup d’intelligence une partie de l’histoire de Rêve, sa relation avec les hommes et les dieux…
… avant d’attaquer la trame principale
Le cœur de cette intégrale est donc La Saison des Brumes… Sans divulgâche aucune par rapport à la première intégrale, il est bon de rappeler que Rêve est parti en chasse de son masque dans les enfers et qu’au cours de sa route pour rejoindre le démon Choronzon, détenteur du masque, il croisera enfermé Nada, une jeune femme qui semble avoir partagé une histoire avec lui qui s’est terminée douloureusement.
Si nous n’en avions pas appris beaucoup plus que cela, nous retrouvons ici Rêve pétri de remords par rapport à ce qu’il a fait à celle qui fut sa compagne il y a très longtemps, et qu’il a condamné à l’enfer pour ne pas avoir voulu le suivre.
Sa captivité semble avoir changé l’Infini qui décide de retourner aux Enfers, au risque de tout perdre, pour retrouver et libérer Nala. Mais tout se complique lorsqu’il découvre que Lucifer jette l’éponge, et renvoit tout le monde des Enfers…
Ce récit a été une vraie surprise de mon côté, très axé – de mon point de vue – sur la rédemption. D’abord de Rêve lui-même qui se voit pousser à corriger une action néfaste qu’il a eu des années (siècles ?) plus tôt. On sent aussi une évolution réelle du personnage qui perçoit le mal qu’il a pu faire. La lassitude aussi, pétri la aussi d’une volonté de rédemption, de Lucifer qui, nous le découvrirons bien vite, est un mal nécessaire.
C’est aussi et surtout l’occasion de voir tout un panthéon de divinités et de personnages qui montrent l’étendu que Neil Gaiman veut donner à l’univers de Sandman.
Une seconde intégrale qui révèle tout le talent de conteur et de faiseur d’histoire de Neil Gaiman, accompagné d’illustrateurs de qualité et de Patrick Marcel, le traducteur qui a su retranscrire des dialogues et une dynamique de textes qui rendent le récit passionnant.
Urban Comics (2022) – Vertigo Essentiels – 464 pages – 35€ – 9782365772723
Ecrit par : Neil Gaiman,
Illustré par : Kelley Jones, Malcolm Jones III, Charles Vess, Colleen Doran, MIke Dringenberg, P. Craig Russel, Matt Wagner, Georges Pratt, Dick Giordiano.
Mise en couleur par : Robbie Busch, Steve Oliff, Daniel Vozzo
Couvertures de Dave McKean
Traduction : Patrick Marcel
Après avoir récupéré ses attributs et s’être à nouveau imposé comme Maître des Rêves en son royaume, Morpheus décide de retourner en Enfer, quérir l’âme de l’amour de sa vie, Nada, l’humaine qui pour oser avoir aimé un Éternel fut condamnée à la damnation éternelle. Descendu aux Enfers, le Sandman apprend que Lucifer a quitté son trône et se voit remettre les clés du domaine. Cependant, devant la charge infernale trop lourde, l’Éternel décide de confier les Enfers au plus méritant. S’avance alors la foule des prétendants… (contient les épisodes 17 à 28)
