Après la lecture de Cauchemar à Staten Island, puis celle d’Amok, récemment paru dans la collection Rivière Blanche, j’ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à Gilles Bergal / Gilbert Gallerne dont les réponses suivent 🙂
Allan : Bonjour Gilles, avant d’aller plus loin, j’aimerais bien – si tu es d’accord bien entendu – que tu te présentes à nos lecteurs qui n’ont pas forcément connu les collections Anticipation ou encore Gore chez Fleuve Noir.
Gilles : Bonjour. Voici le genre de question qui fait mal, parce que cela signifie qu’il y a aujourd’hui des lecteurs trop jeunes pour m’avoir connu à mes débuts, ce qui ne me rajeunit pas. Bon, commençons par les choses qui fâchent : j’ai 53 ans, j’ai commencé à écrire tout petit. J’ai publié mes premiers textes quand j’étais encore au lycée, et mon premier recueil de nouvelles fantastiques est sorti en 1985 chez Corps 9 sous le titre « Créatures des ténèbres ». Il va d’ailleurs être réédité début 2008 chez Rivière Blanche. Après ce recueil j’ai finalement pu voir mes romans publiés à leur tour. En ce temps là le Fleuve Noir était le grand éditeur populaire et avait toutes sortes de collections de poche : Spécial police et Anticipation étaient ses deux mamelles nourricières mais il sortait également de multiples collections plus ou moins éphémères. Et puis la vague du gore a submergé le cinéma et le Fleuve a sorti une collection qui portait ce titre. Pour moi c’était enfin l’occasion de publier des romans dans un genre qui n’avait guère la faveur des éditeurs à l’époque : le fantastique horrifique.
Allan : Peux-tu nous parler de ce que fut d’ailleurs cette expérience chez Fleuve Noir qui produisait à l’époque un grand nombre d’Œuvres dans les domaines de l’imaginaire et notamment bons nombres d’auteurs français.
Gilles : C’est une expérience assez mitigée. Pendant des années j’avais tenté de leur placer mes manuscrits, dont un gros roman de SF qui m’avait été refusé en 81 et puis brusquement je parvenais à y entrer grâce au gore puisque Daniel Riche, qui dirigeait la collection accepta les trois romans que je lui avais proposés. Et dans la foulée, voilà que je renvoie le roman refusé en 81 que l’on m’accepte avec enthousiasme en me disant « Vous voyez comme c’est curieux ? Pendant des années on essaie sans succès et brusquement on attrape le coup de main qui permet d’écrire un bon roman ! » Je me suis abstenu de dire que le bouquin avait été retoqué sept ans plus tôt sans autre forme de procès, je suis quelqu’un de relativement bien élevé. Donc tout semblait bien aller pour moi. Puis l’équipe en place a été virée, remplacée par une autre avec laquelle je me suis très mal entendu et il a fallu attendre les années 90 pour que Jean-Baptiste Baronian soit nommé à la tête du Fleuve Noir et que je puisse enfin discuter avec quelqu’un qui appréciait ce que je faisais. J’ai signé sous sa direction plusieurs livres, dont les deux crime story (« Edward Gein, le psycho » et « Sacrifices humains à Matamoros ») qui vont être réédités en 2008 par les éditions Scènes de crimes. Après quoi Baronian a été viré à son tour et le Fleuve s’est enfoncé doucement jusqu’à disparaître presque totalement, avant de ressurgir voici peu en affichant des ambitions et une politique éditoriale qui n’ont plus rien à voir avec ce que l’on a connu dans les années 70/80.
Allan : Qu’est ce qui – à une époque où le genre n’était pas très développé en France – pousse un auteur à prendre le risque d’écrire dans ce genre ?
Gilles : L’envie de le faire. Ecrire est un métier très difficile. Solitaire. On tape sur un clavier et, au début tout au moins, on a peu de chance de trouver des débouchés à sa production. Autant essayer de se faire plaisir et d’écrire dans un genre qui nous intéresse. Maintenant, c’est vrai qu’écrire du fantastique en France cela relève du sacerdoce. Mais à l’époque j’aimais effrayer les gens par mes histoires, avoir le sentiment quand j’avais réussi une belle scène que j’agrippais le lecteur par les tripes et qu’il ne tenait qu’à moi de tordre un coup sec ! C’était assez jouissif. Un peu primaire, mais jouissif. Et puis, Stephen King venait de surgir dans le monde de la littérature populaire et j’avais brusquement pris conscience qu’on pouvait effrayer les lecteurs avec une histoire longue aussi bien qu’avec une histoire courte, mieux même, puisque l’effet durait plus longtemps. Je connaissais déjà Dracula, bien sûr, mais pour moi cela demeurait une exception et j’étais persuadé qu’il était impossible de maintenir l’intérêt du lecteur avec un récit effrayant sur quatre ou cinq cents pages. Stephen King a démontré le contraire et pour moi ce fut comme si un rideau se levait soudain sur tout une univers. Aussi, quand Patrick Siry (le directeur du Fleuve Noir à l’époque) m’a annoncé qu’il voulait publier de gros romans d’horreur à la Stephen King j’ai sauté sur l’occasion. Je venais d’avoir l’idée de « Magie Noire » (que Baleine vient de rééditer). Je lui en ai parlé, il s’est montré intéressé et je me suis lancé. Quelques mois plus tard quand je suis revenu avec mon manuscrit il avait tout oublié de ses projets dans ce domaine et le roman m’est resté sur les bras malgré quelques échos favorables de certains éditeurs (dont un qui me disait ne pas publier de romans fantastiques français parce qu’ils n’en trouvaient pas de bons, le mien était bon, et il était donc désolé de ne pas pouvoir le prendre… je cherche encore à comprendre le sens de cette lettre.)
Allan : Comment s’y prend on pour toi pour construire un roman cohérent et effrayant ?
Gilles : La cohérence du roman, c’est le même problème quel que soit le type d’histoire que vous racontez : il faut beaucoup de travail, une attention portée à tous les détails, du recul, des relectures pointilleuses… pour ce qui est de le rendre effrayant, la grosse différence avec une nouvelle ou un conte c’est la distance : il faut garder la peur présente entre l’auteur et le lecteur sur toute la longueur de l’histoire qui peut monter à plusieurs centaines de pages. Et pour ça à mon avis le chemin tracé par Stephen King et avant lui Bram Stoker (notre père spirituel à tous) est quasiment inévitable : il faut à tout prix ancrer l’histoire dans le réel. King le fait par le recours à des marques, à des environnements qui sont familiers au lecteurs. Si vous reconnaissez la petite ville où vous vivez, le campus où vous avez fait vos études, la voitures que votre voisin conduit… vous accepterez beaucoup plus facilement le fait que le petit (au début) élément surnaturel s’y produise. Puis vous êtes pris, embarqué par l’histoire. Si vos personnages sont cohérents, si leur psychologie n’est pas seulement une série de traits cochés sur une fiche cartonnée, le lecteur les suivra avec intérêt et craindra pour eux. Et donc acceptera tout ce que vous balancerez sur leur passage. Stoker faisait déjà ça : il ne faut pas oublier que « Dracula » est un roman écrit sous forme de journaux et de compte-rendus qui utilise les enregistrements sonore (des cylindres de cire, ce qui était la pointe du progrès à l’époque), pour bien montrer que l’histoire se situe aujourd’hui, dans le monde moderne.
Allan : Maintenant qu’on se connaît mieux, que penses-tu de l’initiative de Rivière Blanche de reprendre un certain nombre de titres des anciennes collections Fleuve Noir pour les remettre sur le marché ?
Gilles : C’est une excellente idée, la preuve : ça marche. Certes, les tirages sont minuscules mais le temps n’est plus où un Anticipation vendait 30 000 exemplaires. Dans les derniers temps, le Fleuve était tombé à 2 000… La micro édition diffusée par Internet qui est le créneau sur lequel opère Rivière Blanche, permet aux auteurs de rencontrer les quelques lecteurs qui existent encore pour ce type de littérature et pour qui aucune maison n’est vraiment venue remplacer le Fleuve Noir tel qu’on l’a connu dans sa première période. Tout le monde y trouve son compte.
Allan : D’ailleurs, comment s’y prend-on pour retravailler une Œuvre plus de 20 ans après ?
Gilles : Cela dépend de l’Œuvre. Pour « Amok » je l’ai relu, j’ai corrigé deux lignes. Pour « Magie Noire » par contre j’ai effectué beaucoup plus de corrections. J’ai dû supprimer quelques milliers d’adjectifs et d’adverbes qui avaient survécu dans la première édition (Lefrancq, 1998) et surtout j’ai rajouté un prologue à la demande de Jean-François Platet, qui dirige la collection Baleine Noire où mon roman a été réédité. Il estimait que le roman gagnerait à ce que l’on présente tout de suite le personnage du méchant comme tel. Et effectivement je pense qu’il avait raison.
Allan : Dans « Cauchemar à Staten Island », un détective à la vie familiale bancale se retrouve au prise avec des créatures « paranormales »… Le détective avec une vie décousue et problématique fait-il partie de ces éléments qui rendent le personnage attachant ?
Gilles : Bien sûr. Le temps des super héros sans tache n’est plus. Superman est beaucoup moins intéressant que les héros de Marvel qui ont tous un défaut dans la cuirasse. Pour un héros de roman, ce qui lui confère son statut de héros c’est justement qu’il part avec un sérieux handicap dans la vie et que malgré cela il va aller s’occuper de sauver les autres. Le héros professionnel façon James Bond a fait son temps. Ce sont les petits défauts, les problèmes, qui rendent un personnage humain et facilitent l’identification du lecteur. Honnêtement : vous êtes vous jamais identifié à James Bond ? Le lecteur se dit « Ce serait super si j’étais ce type, qui sait tout, qui assomme les vilains d’une seule main en buvant un cocktail de l’autre et sans même que sa cravate soit dérangée ! » mais il ne se reconnaît pas en lui. Par contre, montrez un type qui a des problèmes au boulot, avec ses gosses, avec sa banque… et là tout le monde connaît et tout le monde peut se dire « C’est moi ça ! » et donc s’identifier au personnage.
Allan : Sur les créatures qui peuplent les quais, on apprendra finalement peu de choses… As-tu prévu de nous parler un peu plus de leurs origines, de qui elles sont ?
Gilles : Non, rien de prévu à ce niveau. Ce roman était un « one shot », même si le personnage devait devenir le centre d’une série.
Allan : Le pendant de ce détective est le responsable de l’escouade qui accompagnera Coogan, un personnage qu’on classerait bien volontiers parmi les empêcheurs de chasser des monstres en rond : lui aussi fait-il partie de ces personnages incontournables ?
Gilles : Oui. Il fait partie de ce que Christopher Vogler, en se basant sur les travaux de Campbell (the hero with a thousand faces) a identifié comme étant « les gardiens de seuils ». Ce sont des personnages qui se dressent sur le chemin du héros pour le détourner ou l’empêcher de progresser. Ils testent sa volonté, sa détermination, le mettent à l’épreuve… Le flic jaloux de ses prérogatives est un grand classique du genre. Et sans doute un archétype qui prend ses racines dans une réalité quotidienne.
Allan : Finalement, ces créatures sont considérées comme des prédateurs mais ne sont-elles pas simplement des victimes ? La thèse de la mutation de marginaux ou de branches annexes de l’humanité ont été lâchées mais sans pour autant aller plus loin : cela ne t’intéressait pas ?
Gilles : Il est évident que ce sont des victimes. On a affaire à des humains mutants. Des créatures hybrides qui descendent de l’homme vers la grenouille géante carnivore et anthropophage ! Quant à savoir si cela m’intéressait… Il faut rappeler que la collection Gore publiait des romans de 200 000 signes, c’est à dire 140 feuillets. Pas vraiment l’idéal pour développer des idées. En l’occurrence, le principe était de tout caler sur l’action. Les digressions philosophiques ne faisaient pas vraiment partie du cahier des charges.
Allan : Ce roman sera repris début 2008 chez Rivière Blanche : est-ce toi qui a fait le choix des titres à être réédités ? Philippe Ward ? ou un accord commun ?
Gilles : Le choix a été fait en commun après que j’ai accepté l’idée d’une réédition de mes premiers romans. Philippe Ward m’a tanné pendant des mois pour me convaincre d’exhumer mes inédits. Ce que j’ai finalement accepté. Parmi les inédits figurait « La nuit des hommes loups » qui est la deuxième aventure de Coogan. J’ai donc accepté de le publier en un volume avec le premier volet de la série qui n’en compte finalement que deux, et on ajoutera la réédition de mon premier recueil de nouvelles « Créatures des ténèbres » pour faire bonne mesure, ce qui devrait donner un solide volume. De quoi caler une bibliothèque !
Allan : J’ai vu aussi que « Amok » avait été dans un premier temps prévu pour la collection Fleuve Noir Gore mais que finalement il ne fut pas dans un premier temps publié ; il l’a été cette année par Rivière Blanche… Puisque j’ai vu que tu le considérais comme le meilleur des trois romans que tu avais présentés à Fleuve Noir, quel effet cela fait-il de le voir enfin publié ?
Gilles : « Amok » a été le premier Gore que j’aie écrit et je l’aime bien pour diverses raisons. Je suis donc satisfait de le voir enfin publié, même si ma joie n’est pas aussi grande qu’elle l’aurait été dans les années 80 où j’avais vraiment besoin de publier un roman pour me rassurer sur mon avenir d’écrivain. Mais aujourd’hui Rivière Blanche a produit un volume si beau que c’est un vrai plaisir de le voir enfin.
Allan : Dans « Amok », nous sentons comme un hommage à S. King dans la façon de décrire et même par rapport au village choisi.
Gilles : Amok a été écrit délibérément en référence aux univers de trois créateurs : Stephen King, George Romero pour « La nuit des morts vivants », et David Morrell pour « Rambo ». Les références à King sont évidentes et plus nombreuses, alors que pour les deux autres c’est plus une question d’atmosphère. Mais pour King on trouve la situation du village dans le Maine – où il situe la quasi totalité de ses intrigues – à proximité d’une ville appelée Castle Rock, et la voiture de mon héros est une Pinto, qui est le véhicule dans lequel sont enfermés les protagonistes de « Cujo ». C’est donc bien d’un hommage qu’il s’agit et je le revendique pleinement.
Allan : D’ailleurs, ce qui m’a fait bizarre est que j’ai lu récemment un roman similaire – de Stephen King – auquel m’a grandement fait penser « Amok » : « Cellulaire »… Le même démarrage violent… Pourtant « Amok » est plus ancien : n’as-tu pas peur qu’on assimile les deux ?
Gilles : Je n’ai pas lu « Cellulaire ». En fait j’ai cessé de lire King après avoir été déçu à plusieurs reprises, le dernier titre que j’ai lu devait être « Insomnie » et ça m’a paru effectivement un remède contre l’insomnie en ce sens où je ne parvenais pas à en lire plus de dix pages sans m’endormir. Mais pour ce qui est de l’assimilation il est évident que si elle se produit dans l’esprit des lecteurs je serai du mauvais côté du manche. Cela ne me gêne pas. Je préfère que l’on me compare à King qu’à Barbara Cartland par exemple.
Allan : Aura-t-on l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les suites « d’Amok » ou ce n’est pas prévu ?
Gilles : Ce n’est pas prévu, mais l’idée me titille depuis que je l’ai écrit et j’ai deux éditeurs qui me poussent dans cette direction. Alors, qui sait, si j’ai le temps…
Allan : Ce qui est appréciable dans « Zombie Blues » est cette présentation de l’origine de la nouvelle : est-ce aussi un moyen de vous rapprocher de tes lecteurs ?
Gilles : Une chose que j’ai toujours appréciée dans les recueils d’Asimov, c’est la présentation des nouvelles, souvent bien plus intéressante que la nouvelle elle-même. Donc, quand Philippe Ward m’a demandé de rédiger une introduction pour chacun des textes ce fut un plaisir, même si la tâche se révéla parfois ardue : je ne garde pas un historique de la création de chaque texte et je dois avouer que dans certains cas j’ai complètement oublié le pourquoi et le comment de cette création ! Je tremble à l’idée de l’exercice que je vais devoir renouveler pour « Créatures des ténèbres » dont les textes sont beaucoup plus anciens.
Allan : Quel va être ton actualité dans les mois à venir ?
Gilles : 2008 va être marqué par les rééditions. Il va y avoir tout d’abord le gros volume chez Rivière Blanche que nous avons déjà évoqué : « La nuit des hommes loups » qui reprendra donc « Cauchemar à Staten Island », « La nuit des hommes loups » et « Créatures des ténèbres ». Puis viendront celles de « Edward Gein, le psycho » et de « Sacrifices humains à Matamoros » par « Scènes de crime ». Du côté de Baleine enfin, on devrait publier pour la première fois en librairie « L’ombre de Claudia » qui pour l’instant n’est sorti qu’en avant première chez France-Loisirs. Sans compter les inédits, mais pour l’instant rien n’est signé.
Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui que penses tu de notre site ?
Gilles : Je suis allé voir le site et je le trouve très bien fait. Internet a complètement révolutionné notre façon de vivre, et c’est particulièrement vrai dans le monde littéraire. Outre les gros avantages qui s’offrent aux auteurs au niveau de la recherche et de la diffusion, on peut maintenant trouver grâce à des sites comme Fantastinet ce dont on rêvait autrefois et qui ne nous parvenait qu’à travers des fanzines plus ou moins bien faits et à la parution aléatoire. Aujourd’hui Internet permet de diffuser et de stocker l’information et ce qui autrefois relevait du parcours du combattant devient d’une facilité déconcertante.
J’ai bien apprécié que vous donniez des conseils aux auteurs débutants, j’ai moi-même Œuvré dans le genre voici quelques années à travers des articles parus dans « Ecrire Aujourd’hui » (devenu depuis « Ecrire Magazine ») et repris dans mon manuel « Je suis un écrivain ». Je suis donc toujours heureux de voir que des gens compétents partagent leurs connaissances et les diffusent à destination des débutants. Je ne vous reprocherai qu’une chose sur ce plan, c’est de parler du compte d’auteur comme si c’était une possibilité à envisager. À mon sens cela ne l’a jamais été mais aujourd’hui moins que jamais avec les possibilités qu’offrent la micro-édition et l’informatique. Si un auteur doit se résoudre à payer pour être publier, autant payer un imprimeur, point. Le service fourni par « l’éditeur à compte d’auteur » ne va pas au-delà de toute façon et il vous prend en plus un pourcentage pour le « service » (qui consiste juste à faire imprimer le livre, quand il le fait vraiment imprimer et ne se contente pas de vous donner quelques dizaines d’exemplaires en vous faisant croire qu’il en a placé des milliers en librairie), et vous fait signer un contrat qui risque de vous mettre dans une mauvaise situation quelques temps plus tard. Et puis tout le monde sait que c’est du compte d’auteur et aucun libraire ne vous le prendra en dépôt. Alors que si vous faites imprimer votre livre vous avez la mainmise sur tout le processus et vous pouvez donner à votre « maison d’édition » le nom que vous souhaitez et que les libraires/lecteurs n’associeront pas forcément avec le fait que l’auteur a payé pour avoir cet objet entre les mains. Sinon, si vous voulez vous décharger du côté production, il existe des systèmes « clef en main » via la Fnac ou Lulu (sur Internet) qui peuvent fournir une solution au problème de l’auteur sans débouchés. Mais de grâce, ne signez jamais un contrat de compte d’auteur.
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Gilles : Que chacun de mes livres soit meilleur que le précédent. Je m’y emploie, en tout cas.
Allan : Le mot de la fin sera :
Gilles : Dans les années 80 j’ai écrit un article intitulé « Le cadavre bouge encore » dans lequel j’expliquais que, contrairement aux apparences et aux enterrements un peu prématurés auxquels s’adonnaient régulièrement « les gens qui savent », le fantastique n’était pas mort et qu’on trouvait toujours sa présence dans le monde littéraire français… Puis il a quasiment disparu et on a pu craindre que ces Cassandre n’aient eu finalement raison… Je suis heureux de voir que ce titre pourrait être réutilisé aujourd’hui : le cadavre n’a pas fini de s’agiter.
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