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Interview : Guillaume Lebeau

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Pour la sortie de la nouvelle collection des éditions Baleine, Club Van Helsing, nous avons reçu les deux directeurs de collection, Xavier Mauméjean et Guillaume Lebeau. Nous n’avons pas pu résister à la tentation de les cuisiner, ce à quoi ils se sont prêtés de bonne grâce.

Orcusnf : : Parlez nous de la genèse de la collection ? Est ce vous qui avez proposé l’idée au Groupe La Martinière ou le contraire ?

Xavier : : Guillaume Lebeau et moi avons proposé la collection à Pierre Fourniaud, directeur éditorial et Jean-François Platet, éditeur de Baleine, maison qui appartient au groupe d’Hervé de la Martinière. Ils ont été immédiatement enthousiastes et nous ont laissé toute latitude, ce qui est tout de même assez rare chez un éditeur. Cette confiance et, avouons-le, ce sens du risque, est commun non seulement à l’équipe éditoriale, mais aux auteurs qui ont répondu spontanément et avec enthousiasme. Parce qu’elle ne s’interdit rien, notre série se permet tout.

Orcusnf : : Pourquoi s’associer avec Guillaume Lebeau ?

Xavier : : J’ai connu Guillaume au Masque. Nous partageons le même intérêt pour la culture populaire (livres, films de série B voire Z, Bd – comics et mangas). De plus, nous avons des imaginaires complémentaires, comme du reste… nos carnets d’adresses. Une fois que nous avons défini le concept de la série, nous avons contacté des amis qui s’avèrent être des auteurs de talent.

Orcusnf : : Même si la collection est plutôt étiquetée fantastique, on sent aussi du polar, de la sf, voire de la fantasy, un choix assumé ?

Xavier : : Parfaitement, une fusion des genres, qui traduit la tendance contemporaine de l’Imaginaire. Il suffit par exemple de voir au cinéma la jam session de références qu’offre Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Ou, avant eux, John Carpenter.

Guillaume : Dans le cadre de la collection, nous refusons clairement les étiquettes. L’enjeu est d’offrir au lecteur un monde sans cloison. Un univers ouvert à tous les possibles.

Orcusnf : : Y aura-t’il des sagas de héros récurrents ?

Xavier : : Les deux premières saisons (nous parlons en « saison » comme pour une série télé) ne compteront que des histoires autonomes (et pas indépendantes, car l’univers du Club Van Helsing forme un tout). Mais nous envisageons effectivement de faire revenir certains chasseurs de monstres.

Guillaume : Je tiens à préciser la définition du terme saga. Il s’agit d’un récit en prose rapportant la vie et les faits et gestes d’un personnage, digne de mémoire pour diverses raisons, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, en n’omettant ni ses ancêtres ni ses descendants s’ils ont quelque importance. La saga est un mot et un genre littéraire islandais développé entre le XIIème et le XIIIème siècle. Un genre qui m’est cher puisque paraîtra aux éditions Mango en octobre 2007 dans la collection « Royaume Perdu », mon roman de fantasy jeunesse intitulé « Iceland ».

Il n’y aura donc pas de saga au sens strict du terme dans la collection Club Van Helsing mais plutôt un fil rouge.

Orcusnf : : Les livres ont peu, voire pas de rapports entre eux, alors comment justifieriez vous l’existence du club Van Helsing puisque les héros semblent agir indépendamment ?

Xavier : : Pas d’accord. Si chaque ouvrage se lit indépendamment, avec une histoire et une fin complètes, il y a une « méta histoire » qui se développe à travers les volumes, ce que l’on appelle une « mythologie », à la façon précisément de « X files », ou, plus près de nous, « Heroes » ou « Lost ».

Guillaume : Au-delà de la mythologie, il existe des liens entre chaque ouvrage. Simplement nous refusons les « grosses ficelles », ce sont des petites choses, des flashs, des impressions de « déjà-vu »… Le lecteur attentif pourra reconstituer assez facilement le puzzle !

Orcusnf : : Pourquoi ressortir des placards toutes les vieilles figures mythiques du fantastique tel un Dracula ou un golem ?

Xavier : : Pas du placard, de la tombe, et il ne faut pas confondre « vieilles » et « anciennes ». Les grands mythes sont éternels, bien des nouveautés d’aujourd’hui sont les has been de demain. Johan Heliot parvient à proposer une lecture originale du Sphinx et d’Oedipe ; quant à Jean-Luc Bizien, il associé l’une des créatures les plus classiques, le loup-garou, avec la mafia japonaise pour un règlement de compte hallucinant en plein Paris.

Guillaume : Nous proposons aux auteurs des variations sur des icônes mais également sur des figures moins connues ou moins exploitées dans la fiction. Ainsi Denis Bretin et Laurent Bonzon se sont emparés du Blob, Philip Le Roy du Léviathan…

Orcusnf : : Les sujets sont pour certains des stéréotypes maintes fois ressassés, comment pensez vous renouveler le genre ?

Xavier : : Par les auteurs, avant tout, qui tous, à leur manière et dans leur style, développent une approche résolument contemporaine. Et par l’inclusion des récits dans une actualité chaude, et ce dès le premier volume.

Guillaume : Aucune opinion ou attitude préconçue chez les membres du Club Van Helsing. Rien ne se répète à l’identique, tout s’adapte à la situation présente… variation, encore et toujours variation !

Orcusnf : : On remarque un lien incroyable des histoires avec l’actualité, le contexte contemporain, ne pensez vous pas que cela peut entrainer des dérives ?

Xavier : : La collection se veut engagée, loin d’un politiquement correct -faussement- rassurant. Nos auteurs ne se contentent pas d’écrire, ils ne tirent pas à la ligne mais ont des choses à dire. En témoigne par exemple Tous ne sont pas des monstres, le beau texte de Maud Tabachnik, remarqué dès sa sortie.

Guillaume : La dérive consisterait à ne pas tenir compte du monde dans lequel nous vivons.

Orcusnf : : On connait votre attachement au steampunk, peut il expliquer justement cette ambiance un peu rétro qu’on retrouve dans certains volumes ?

Xavier : : Je ne suis pas spécialement attaché au steampunk. Ma seule approche du genre était parodique. J’ai aussi écrit un livre qui se passe dans une salle de bains, je n’en suis pas pour autant fétichiste des baignoires.

La collection, bien au contraire, revendique et utilise tout l’acquis du techno-thriller, du suspense high-tech et ce, dès Cold Gotha, le premier titre écrit par Guillaume Lebeau dont c’est le genre de prédilection. En témoigne son Pentagone qui vient de sortir chez Phébus.

Orcusnf : : Et quand vous aurez écrit sur tous les monstres connus, que ferez vous ? Vous en inventerez de nouveaux ?

Guillaume : Le dictionnaire illustré des monstres de Massimo Izzi recense quelques centaines de monstres. Lorsque nous aurons épuisé cette matière, c’est à dire en 2024, alors nous envisagerons probablement de créer de nouvelles bestioles !

Orcusnf : Des livres à petit format, inédit et à prix abordables, une collection populaire ?

Xavier : : Certainement. Mais ce sont des ouvrages de luxe, avec pelliculage mat et vernis sur la couverture, rabats et portraits stylisés des auteurs par un photographe de studio. Surtout, les textes sont de qualité, poulaires mais pas populistes.

Guillaume : Un livre à un prix abordable est la condition première si l’on souhaite redonner le goût de lire. Si en plus, ces ouvrages sont élégants et que les textes honorent le lecteur alors c’est gagné !

Orcusnf : :Pouvez vous nous définir le lectorat à qui CVH s’adresse ?

Xavier : : Ce n’est pas une tranche d’âge mais une tranche de goût. La collection s’adresse avant tout aux amateurs de fantastique, de thriller, de Sf, mais aussi de… Fantasy. Nous attendons avec impatience le roman de Pierre Grimbert.

Guillaume : J’espère que le lecteur de SF, de Fantasy, de thriller ou de polar se retrouvera dans les livres que proposent le Club Van Helsing. Mais surtout, j’espère que les monstres sauront séduire celui qui ne lit plus.

Orcusnf : : La Baleine, c’est aussi le Poulpe, est un choix délibéré d’ouvrir cette collection chez un éditeur déjà connu pour ses sagas ?

Xavier : : Précisons tout de même que l’équipe a changé. Baleine a créé Le Poulpe, mais aussi depuis Baleine Noire, une collection de polars exigeants. Le point commun entre Le Poulpe et Club Van Helsing est la présence d’un héros récurrent, et d’une collection qui est aussi, et avant tout, une série.

Guillaume : Le Poulpe c’était avant tout un cahier des charges et la possibilité de faire évoluer un personnage de fiction dans l’imaginaire de millions de lecteurs. Club Van Helsing est plus une série au sens « La Quatrième dimension ».

Orcusnf : : Pourquoi choisir Van Helsing pour nommer la collection ?

Xavier : : Le titre exact est « Club Van Helsing ». Hugo Van Helsing, dernier descendant d’une lignée de chasseurs de monstres (en référence bien sûr à Abraham Van Helsing, chasseur de vampire du Dracula de Bram Stoker) rassemble autour de lui des chasseurs de tous horizons, à la moralité parfois douteuse, pour lutter contre « le réveil des monstres », phénomène qui voit de nos jours ressurgir toutes les créatures issues des mythologies, contes, légendes et récits -livres et films- du monde entier.

Guillaume : Le roman de Bram Stoker, « Dracula » marque un tournant décisif dans la littérature de genre, une cassure sur le fond et sur la forme ! Au-delà de l’hommage évident, ils nous semblait normal de nous y référer.

Orcusnf : : Quels seront les prochains livres et auteurs ?

Xavier : : Sans tous les nommer : Andrea Japp, Philip le Roy, Catherine Dufour, Denis Bretin et Laurent Bonzon… Notre calendrier est bouclé jusqu’en 2009, attendez-vous à des suprises de qualité.

Orcusnf : : Et vous, publierez vous chez Van Helsing ?

Xavier : : Oui. Guillaume avait lancé la série, je boucle la première saison par un cliffhanger, comme il se doit…on découvrira qui est le super-vilain qui se tient derrière les monstres, l’équivalent de l’ombre d’Hugo Van Helsing.

Orcusnf : : Merci d’avoir répondu à nos questions, un mot pour la fin ?

Xavier : : Bienvenue dans le plus grand show de monstres, Welcome to the Freakshow !


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