Réalisée par :mail
Date :Janvier 2009
Etienne : Si vous avez quelques minutes pour répondre aux questions suivantes je pourrais ajouter une petite interview complémentaire à celle de 2006.
Je viens de finir “Crimes temporels” et ai été impressionné par la documentation qui semble avoir été rassemblée sur lauteur : avez vous relu toute son oeuvre avant dattaquer la rédaction ?
Paul : Effectivement, pour pouvoir rendre le mieux compte de la trajectoire décrivain dAgatha Christie, jai relu dans lordre de parution toute son uvre deux fois ; ce qui fait que pour certains romans, jai dû les lire une dizaine de fois. Ceci inclut bien sûr les commentaires sur ses romans lédition intégrale du Masque en 14 volumes est très utile -, son autobiographie, ses souvenirs darchéologue, ses romans Mainstream parus sous pseudonyme tous traduits en français, mais difficiles à dénicher (merci Chapitre.com), et ce qui a été écrit sur elle, de sa biographie officielle aux études de François Rivière.
Etienne : Quelle a été lorigine de ce roman : la fameuse disparition de 10 jours ?
Paul : Cest un des grands mystères de la littérature : tout ce que je décris de sa disparition et de ses circonstances est authentique, de la fuite nocturne aux soirées à Harrogate, en passant par ses difficultés matrimoniales. Ma vision de la raison qui la pousse à « séchapper » est bien sûr extrapolée, mais fidèle aux travaux de Rivière ou de Cade. Jai voulu que cette partie du roman soit la plus « biographique » possible, même si jai dû parfois tordre un peu les événements dans leur durée, ou reconstruire le compte-rendu journalistique de laffaire lors de mes choix darticles authentiques (du moins à 95% – certains sont réécrits).
Etienne : Jai eu limpression que vous aviez cherché un cadre un peu contraint pour cette rédaction : coller à la biographie, faire un roman à énigme, tout régler en 10 jours, intégrer A. Christie dans une oeuvre SF cohérente, faire de nombreuses références aux romans (dont je nai pas du voir la moitié)… Est ce délibéré (tendance oulipo) ou pas du tout ?
Paul : Ce que je voulais, cétait recréer lunivers littéraire dAgatha Christie : le meurtre en chambre close, impossible, les suspects improbables, ou trop évidents, la résolution finale, qui doit constituer une surprise. Mais je naurais pas pu recréer cette affaire à lépoque de sa disparition : lintérêt est faible, et cela a déjà été fait. Lintérêt de la transporter dans le futur est double : dabord, proposer une réflexion sur la violence, inscrite en chacun de nous, mais que lon tente par tous les moyens de supprimer dans une société civilisée. Et réfléchir à ce que lon est capable de sacrifier pour parvenir à ce but. Cest pour cela que ma société non-violente peut paraître idéale, ou constituer un repoussoir. Lautre élément, cest laura dAgatha : la transporter dans un futur lointain, cest la mettre face à sa gloire littéraire, quelle ne pensait pas connaître. En 1926, à lépoque de sa disparition, elle samuse encore à écrire, cest juste un hobby qui rapporte un peu dargent. La confronter au fait quelle sera un des auteurs les plus vendus de lhistoire était pour moi une sorte dhommage à lui rendre.
Jai aussi voulu rendre hommage à son uvre, et à celle de ceux qui se sont inspirés delle, notamment, en ce qui concerne la Science-fiction, à Isaac Asimov, qui avait déjà fait des « à la manière de
» en écrivant Les Cavernes dacier, Face aux feux du soleil et Les Robots de laube, qui ont marqué lhistoire de la SF, et auxquels mon roman ressemble par bien des aspects (du moins jespère).
Etienne : Comme dans plusieurs romans de Christie, on trouve une partie de la réponse en cours de route mais le fin mot de lhistoire doit attendre la fin : avez vous intégralement structuré le roman avant de lécrire ou est ce venu au fur et à mesure ?
Paul : Bien sûr, au départ, jai dû structurer lensemble de lintrigue, le meurtre et les fausses pistes qui tournent autour. Après, cest un puzzle fragmentaire, qui joue beaucoup sur lesprit du lecteur : comment savoir si un élément est utile à la résolution de lénigme, ou fait partie des fausses pistes ? Jai bien sûr testé lintrigue au fur et à mesure de la rédaction sur plusieurs personnes, sans quelles connaissent le coupable bien sûr.
Etienne : Jai trouvé lhommage rendu à la reine du crime très respectueux et de grande qualité “policière”, cependant, vous navez pas recouru du tout à sa plus fameuse technique : larmchair detective ou lenquêteur fait fonctionner ses “petites cellules grises”. Limage ne collait pas à Agatha ?
Paul : Je crois que même Agatha sest éloignée de la formule darmchair detective très souvent dans ses romans, que ce soit avec Hercule Poirot ou Miss Marple. Et puis, cela naurait pas été conforme à limage dAgatha, qui est une vraie aventurière, comme le prouvent ses tours du monde, ses pérégrinations solitaires dans les endroits les plus lointains et dangereux de la planète. Je pense que larmchair detective soppose plus au détective type américain qui joue des poings et du revolver pour résoudre le mystère, ou à dautres personnages dAgatha comme Tommy et Tuppence Beresford. Mais jaime aussi Humphrey Bogart : écrire un Noir SF à la manière de George Alec Effinger dans Privé de désert et ses deux suites serait un beau challenge.
Etienne : Quels sont les projets que vous avez en cours : un tome 3 pour petits dieu, un autre livre hommage (Tolkien, Lovecraft selon vos travaux étudiants) ?
Paul : Jécris une sorte de suite à Petit Dieu, de la Fantasy pour changer. Mais il ne sagit ni des mêmes personnages, ni de la même partie du monde. Jai voulu aller un peu plus vers lHeroic Fantasy, à lencontre de la tonalité très Light de Petit Dieu. Mes autres passions littéraires peuvent toujours servir, et sintégrer à mes romans. Elles le feront peut-être un jour ou lautre
Etienne : Où peut on trouver des informations sur “Paul Carta” ? Je nai pas trouvé de site, ni pour Mélis éditions dailleurs. Comment les lecteurs savent où se font les dédicaces puisque vous semblez fréquenter quand même les salons avec assiduité (Vendôme où vous avez rencontré Allan en 2006, St Etienne où nous nous sommes vus en 2008) ?
Paul : Je nai pas de site, parce que cela ne mintéresse pas trop de parler de ce que je fais ou dindiquer où je suis. Je ne suis pas vraiment « blogueur ». Le plus simple est de me chercher sur Google, où lon trouve articles, dates de salons et couvertures de mes livres.
Etienne : En 2006, on vous souhaitait “beaucoup de livres écrits et vendus” : souhait exaucé ?
Paul : Les livres sécrivent, ils pourraient se vendre mieux
Cest difficile quand on est chez un petit éditeur qui na pas de diffuseur. Je rencontre quand même des lecteurs dans les salons auxquels je participe, ce qui me permet davoir quelques échos sur mon travail. Espérons que ce dernier roman touche un public plus large