Etienne :Je vous ai rencontré à la fête du livre de St Etienne : participez-vous souvent à ce genre de manifestation ou est-ce un exercice trop éprouvant ? où vous verra-t-on prochainement ?
Bernard Simonay : Je suis invité d’honneur par la médiathèque de la Grand Croix, le vendredi 25 février 2005. C’est une petite ville située à côté de St Etienne. Ensuite, je serai aux salons de Limoges, St Louis, Metz ou St Cyr, à côté de Marseille. Comme tous les ans. Je participe régulièrement à tous les grands salons de province. Cela me permet de rencontrer mes lecteurs et de retrouver mes collègues écrivains. Sans ces salons, je me sentirais un peu isolé dans ma tour d’ivoire.
Etienne : Vous n’hésitez pas à donner corps à des hypothèses d’historiens pour le moins controversées (contacts pré-colombiques avec l’amérique, Moïse…) : est-ce par provocation envers l’ordre établi ou par conviction personnelle ?
Bernard Simonay :Un peu des deux sans doute. L’ordre établi ne me gêne pas dans la mesure où il ne se base pas sur des hypothèses pour le moins douteuses et surtout sur une volonté délibérée de maintenir la majorité dans l’ignorance, soumise à des dogmes religieux ou politiques qui permettent aux puissants d’exercer le pouvoir.
Cependant, mes hypothèses ne sont justement que des hypothèses. En ce qui concerne les contacts avec l’Amérique sous l’Antiquité, je suis très porté à croire qu’ils ont eu lieu, même si nous n’en avons pas de preuve absolue.
Quant à Moïse, c’est un sujet encore plus vaste. Je n’ai pas de religion. Je crois en la Vie et en la Nature, et c’est cette idée que j’ai voulu proposer dans ce roman. Vouloir croire à la Bible au pied de la lettre est pour moi une aberration extrêmement dangereuse. Cela engendre le fanatisme (cf les Evangélistes de M. Bush).
La Bible est un ensemble de livres écrits à une période donnée, par des êtres humains, pour répondre à un besoin précis. Même si l’ouvrage contient de belles idées (et de très mauvaises!), ce n’est qu’un ouvrage humain, donc sujet à l’erreur. C’est aussi valable pour la Torah et le Coran!
Je n’ai jamais accepté l’idée d’un dieu dominateur, qui a créé les hommes pour le servir et l’adorer. (L’histoire d’Abraham est une monstruosité). Dieu, pour moi, c’est la nature, dont nous faisons partie, au même titre que la feuille fait partie de l’arbre, ou la cellule d’un corps vivant. Il n’y a aucune idée de domination là-dedans. En revanche, les hommes ne respectent pas la nature. Et celle-ci commence à réagir. Il serait donc temps que nous nous posions les bonnes questions et que nous prenions les bonnes décisions. Mais il faudrait un livre pour développer tout ça.
Etienne : Vous semblez aimer traiter des thèmes maintes fois abordés (atlantide, toison d’or, société post-apocalyptique…) Comment arrivez vous à renouveler le genre, puisez vous parfois votre inspiration chez des confrères ?
Bernard Simonay :En vérité, je ne me pose pas la question. J’ai envie de raconter une histoire et je le fais. Peu importe que le sujet ait déjà été traité. C’est comme une partition musicale. Les interprètes donnent chacun leur version personnelle.
Je ne puise jamais mon inspiration chez des confrères. Les idées me viennent toutes seules. En revanche, deux écrivains m’ont influencé quand j’ai commencé à écrire: Robert Merle et surtout René Barjavel.
Etienne : Ecrivez vous parfois des livres sur commande (votre éditeur vous suggère t’il d’ajouter un titre à une série) ou avez-vous une totale liberté de vos sujets ?
Bernard Simonay :Jamais. Je suis totalement libre de mes sujets et je veux le rester. Mes éditeurs le savent et l’acceptent. C’est toujours moi qui propose les sujets. En revanche, je propose à chacun des deux les sujets susceptibles de les intéresser.
Etienne : Avez-vous un jury de lecteurs parmi vos proches ou êtes vous votre seul juge ?
Bernard Simonay :Je suis mon seul juge. Avant, mon épouse, la fée Viviane, lisait mes manuscrits et son avis était très important. Mais comme elle lisait mes romans par petits morceaux, cela gâchait son plaisir. Aujourd’hui, elle les lit lorsqu’ils sont imprimés. C’est moins frustrant pour elle.
Etienne : Vous changez parfois complètement de registre d’écriture : poésie, enfants, aventures historiques, romans… Par quoi sont guidés vos choix d’écritures : des voyages, l’actualité, … ?
Bernard Simonay :Mes choix sont guidés par l’envie, l’inspiration.
Parfois, j’ai envie de parler de l’actualité. Je l’ai fait avec le Secret interdit et la Terre des Morts. Mais je ne suis pas sûr que mes romans puissent faire avancer les choses. Il faudra beaucoup de temps pour que les hommes prennent conscience que leur planète n’est pas inépuisable. Et nous connaîtrons malheureusement encore beaucoup de catastrophes, de guerre et d’aberrations dues à l’imbécillité humaine. On parle abondamment du tsunami et des 150000 morts provoqués par une colère de la nature, les médias invitent les habitants du moinde entier à s’apitoyer sur le sort des victimes. Mais on oublie un peu vite les 800 000 morts du Rwanda, pour lesquels personne n’a levé le petit doigt! Ce n’était pas assez médiatique, et surtout, les grandes puissances avaient intérêt à laisser éclater le conflit. Cela me donne envie de vomir et de botter le cul des responsables. Mais je n’ai hélas pas les pouvoirs de mes héros.
Le plus souvent, les histoires naissent toutes seules et surgissent dans mon esprit sans que je sache d’où elles viennent. Ce doit être ce que l’on appelle l’imagination. Ensuite, je leur choisis le décor le mieux adapté: aventure, policier, historique ou fantastique. Chaque genre m’apporte quelque chose de différent. Mais il y a deux caractéristiques communes à la plupart de mes romans: ils sont tous contruits comme des policiers et je privilégie le suspense. Je pense que ces deux éléments plaisent à mes lecteurs. J’essaye de faire en sorte que l’on ait plus envie de lâcher mes romans une fois qu’on les a commencés.
Etienne : Vous offrez 2 nouvelles sur votre site Internet : considérez vous Internet comme un outil permettant de capter un nouveau lectorat ? Un recueil de nouvelles est il en projet ?
Bernard Simonay :Le site a plusieurs utilités. Il permet à mes lecteurs d’en apprendre un peu plus sur mes romans – et sur mes chats -. Il les informe sur les dates des salons, des différentes manifestations. J’y apporte également des éléments supplémentaires, des articles inédits. Et deux nouvelles. Je n’ai pas le temps de chercher un éditeur pour ça. Alors, je trouve dommage de les laisser dormir dans un tiroir sans que personne n’en profite. Mais il n’y a pas de recueil de nouvelles prévu pour l’instant.
Le site me permet aussi de temps à autre de pousser des coups de gueule. Cela ne sert pas à grand-chose, mais ça soulage.
Etienne : Assistez vous à un renouvellement de vos lecteurs ? Avec vos romans d’aventure, d’histoire et de science fiction, touchez vous des publics différents ou vos lecteurs vous suivent ils ?
Bernard Simonay :Curieusement, mes lecteurs me suivent sans problème lorsque je change de genre. Bien sûr, certains ont des préférences, mais, en général, c’est aussi le style d’écriture qu’ils aiment. Cela me permet de les surprendre en les entraînant dans des univers qu’ils n’auraient peut-être pas eu envie d’aborder, comme par exemple, mes amateurs de fantastique qui se retrouvent plongés dans l’Australie de la ruée vers l’or. Les réactions que j’ai enregistrées de la part de mes plus anciens lecteurs sont très encourageantes. Cela leur a parfois donné envie de lire d’autres romans d’aventure.
Quant à moi, je refuse de rester enfermé dans un domaine bien précis. Je déteste les étiquettes, sinon celle de romancier.
Etienne : J’ai lu sur le site de votre illustratrice un projet de bande dessinée dans l’univers de la belle et la Bête : le projet est il toujours d’actualité ?
Bernard Simonay :Il est en cours, mais Séverine Pineaux et moi-même sommes très pris par nos engagements actuels. Il n’y a donc pas de date. Séverine vient de sortir un roman magnifique et dépaysant, Ysambre. A lire et à contempler absolument !
Etienne : De toute les couvertures de Phénix qui sont parues, ma préférée reste l’édition originale de 86 (ma madeleine de Proust j’imagine…). Comment travaillez vous avec vos illustrateurs : est ce vous qui les choisissez, êtes vous exigeant ou laissez vous leur imagination s’exprimer ?
Bernard Simonay :C’est très variable. Aux Presses de la Cité, c’est un travail d’équipe. J’ai activement participé à l’élaboration des couvertures. Au Rocher en revanche, on fait travailler un maquettiste et on me soumet deux ou trois projets. Mais il m’est arrivé d’imposer Séverine Pineaux pour certaines couvertures comme la Terre des Morts.
Etienne : Question traditionnelle : quels sont vos projets ? vous m’avez parlé d’une prélogie à Phénix : avez-vous déjà un titre, une date de sortie, un brouillon ? Y a-t-il une sortie de vos romans prévue en livre de poche ?
Bernard Simonay :Le 10 février 2005 paraît mon prochain roman: la Légende de la Toison d’Or. Simultanément, le Rocher va rééditer en un seul volume les deux premiers tomes des Enfants de l’Atlantide: le Prince déchu et l’Archipel du Soleil, actuellement épuisés. En septembre 2005, la trilogie de Phénix est rééditée par Folio Gallimard SF. En avril 2006 paraîtra un roman ayant pour cadre l’univers de Phénix, 2000 ans avant la trilogie. Il racontera l’histoire de Lakor, l’homme qui fonda la ville de Gwondaleya, et qui fut ensuite divinisé dans la mémoire des hommes. Ce roman apportera de nouveaux éclairages sur ce monde et sur la manière dont notre propre civilisation a disparu. Le titre actuellement retenu est : La Vallée des Neuf Cités. En septembre 2006 sortira, aux Presses de la Cité, un nouveau roman d’aventures lointaines sur la Nouvelle-Zélande, à l’époque des guerres maories. Mais j’ai d’autres projets sous le coude, pour lesquels je vais signer des contrats au cours de cette année.
Etienne : Enfin, avez-vous eu l’occasion de passer sur notre site, si oui, qu’en avez-vous pensé ? que pourrions nous améliorer ?
Bernard Simonay :Je suis passé sur votre site. Je le trouve clair et bien conçu. Pas de trait de génie pour l’améliorer, désolé. Je développe moi-même mon propre site. C’est un petit plaisir personnel. J’imagine que c’est pareil pour vous.
Etienne : Le mot de la fin ?
Bernard Simonay :C’est l’époque, donc :
TRES BELLE ANNEE A TOUS !
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