Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview : Paul Carta

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Rencontré au salon du livre de Vendôme, en juin dernier, Paul Carta a accepté de répondre à quelques unes de nos questions concernant Petit Dieu chez Melis

Allan : Bonjour Paul, avant tout chose, accepterais tu de te présenter pour nos visiteurs ?

Paul : Je suis enseignant, et j’écris durant mes loisirs des livres de SF et de Fantasy, publiés aux Editions Melis. J’ai fait mes études de Lettres Modernes à Nice, où j’ai présenté une Maîtrise sur Lovecraft et un mémoire de DEA sur Tolkien. J’enseigne le Français, mais j’ai aussi enseigné l’Histoire-géographie, la Philosophie, l’Italien et le jeu d’échecs.

Allan : Tu n’es pas à ton premier roman publié : que serait le conseil principal que tu donnerais à un jeune auteur désirant se lancer.

Paul : D’un coté lire énormément, afin d’identifier quels sont les thèmes et les sujets qui interpellent le plus (je lis 4 à 5 livres par semaine personnellement) – ceci étant bien sûr valable aussi pour les films et les séries TV. Puis écrire, sans relâche, quelle que soit la difficulté, sur un rythme régulier, et terminer ses projets même s’ils paraissent insurmontables.

Allan : Te fut-il difficile de trouver un éditeur ou cela fut-il plus facile que ce à quoi tu t’attendais ?

Paul : Il est très difficile de trouver un éditeur, qui naturellement prennent le risque financier le plus important (n’oublions pas que l »écriture est l’art le moins cher à produire, puisqu’il suffit d’une feuille et d’une crayon). Il est d’autant plus difficile d’intéresser un éditeur quand on écrit des romans-fleuves comme les miens. J’ai eu beaucoup de refus pour mon roman de SF, Gens una sumus, qui fut finalement accepté par mon éditeur actuel chez qui je travaille maintenant.

Allan : Comment présenterais-tu « Gens Una Sumus », ton premier cycle ?

Paul : Ce cycle en 2 tomes sera réédité en septembre 2006 sous le titre générique Sur L’échiquier des étoiles – Gens una sumus l’intégrale, en 1 tome assez imposant. Il s’agit d’un roman de SF qui oscille entre l’Anticipation et le Space-opera, mais qui traite aussi du jeu d’échecs. Il évoque un futur réaliste dans lequel la Terre est entrée dans une Confédération galactique dans laquelle les extraterrestres nous voient comme une planète « du tiers-monde ». Et la seule chose qui intéresse ces extraterrestres dans tout notre univers économique et artistique est le jeu d’échecs.

Allan : Parlons maintenant de « Petit Dieu » paru chez Mélis Fantasy… Qu’est-ce que Petit Dieu ?

Paul : Il s’agit d’un ouvrage de Light-fantasy, proche de Jack Vance du point de vue de la tonalité. J’ai voulu construire un univers plus méditerranéen que ceux, plus nordiques, que l’on trouve habituellement en Fantasy, et m’inspirer d’Ovide ou d’Hésiode. Dans cet univers humain, les dieux existent, ressemblant aux dieux des mythologies gréco-romaines, avec leurs qualités et leurs défauts. L’histoire parle d’un dieu oublié, endormi depuis mille ans et réveillé par hasard par un enfant dans une ville maudite par les dieux régnant sur le monde ; un dieu qui va devoir trouver des adorateurs pour retourner dans l’équivalent de l’Olympe dans cet univers. Même s’il n’est pas destiné à la jeunesse, il est accessible à partir de 11-12 ans, qui apprécient l’univers proche du conte et du mythe qui y est présenté.

Allan : Les Dieux « éveillés » restants ont rendu la vie difficile pour les habitants de la Cité maudite où réside Jan. Ne les aurais-tu pas rendu trop dur faisant naître sans doute possible un sentiment de revanche dans l’âme des habitants.

Paul : Pour moi, les dieux tels que je les ai représentés, ne sont pas les « méchants » de l’histoire. Ils pensaient sincèrement faire ce qui était le mieux, bien sûr pour eux, mais aussi pour les hommes. C’est un peu le même thème de réflexion que dans la nouvelle d’Ursula le Guin, « Ceux qui partent d’Omélas », la Cité maudite dans mon livre jouant le rôle de l’enfant, et c’est tout simplement la réflexion qui attend toute personne en charge de gouverner, qu’il soit dieu, roi président, etc. D’où tout le long des 2 tomes les interrogations de Fatum, le dieu du destin, qui ne sait pas si les changements qu’il voit se dérouler devant ses yeux vont dans le « bon sens », s’il doit intervenir ou pas.

Allan : Ce qui est le plus intéressant dans le récit est certainement l’évolution d’un côté de Jan, gamin paumé se transformant petit à petit en une sorte de prophète pendant que Petit Dieu accroît progressivement son pouvoir tout en restant grandement dépendant de Jan. Ces rares de voir les rapports Dieu Homme inversé et cela ne te semble-t-il pas être « risqué », les lecteurs étant plus habitués à voir les hommes inférieurs aux dieux ?

Paul : Dans la mythologie gréco-romaine, les hommes peuvent affronter les dieux, ou même en devenir. Des humains sont entrés dans l’Olympe, d’autres sont devenus des constellations… L’immanence d’un dieu ne le met pas obligatoirement et systématiquement au-dessus de la condition humaine. Je fais bien sûr référence à une époque plus « crétoise » de la mythologie, où les dieux marchent parmi les hommes. Et bien sûr, je voulais éviter dans « ma » Fantasy de revenir à Tolkien et à ses imitateurs, chez qui les dieux sont des forces lointaines et obscures, toujours impénétrables, et détachées des contingences terrestres. J’ai préféré revenir à des dieux qui se disputent, s’interrogent, s’affrontent. J’apprécie beaucoup que dans la mythologie klingonne (et oui, je suis aussi un Trekkie), les Klingons après avoir été créés par leurs dieux se soient ensuite dressés pour les tuer.

Allan : Maintenant que ce cycle est achevé, vers quoi vas-tu t’orienter ?

Paul : J’écris en ce moment un roman qui mêle le récit policier et la SF, un peu comme le cycle d’Elijah Bailey d’Isaac Asimov (les cavernes d’acier, face aux feux du soleil, etc.), et qui devrait être terminé cette année. Je projette ensuite un roman de Fantasy qui, sans être la suite de Petit Dieu, se situerait dans le même univers. Il est aussi prévu que sorte en octobre 2006 en volume illustré un petit conte de Noël que j’ai écrit pour une revue et intitulé « La planète du Père Noël ».

Allan : As-tu d’autres projets ?

Paul : Ecrire tant que je suis en vacances, préparer une prochaine mutation, sans doute déménager… Et faire les salons du livre…

Allan : Nous nous sommes rencontrés au salon de Vendôme ; quelles sont les raisons qui t’incitent à participer à ce genre de salon ?

Paul : Les salons me permettent de sortir de chez moi et de parler de littérature, soit avec des lecteurs (avérés ou potentiels), soit avec d’autres écrivains. J’interviens souvent aussi dans des collèges, ce qui me permet de parler de l’importance que peuvent avoir pour l’imagination et la formation de l’esprit la SF et la Fantasy. Et puis, ça me permet simplement de sortir de chez moi et de visiter d’autres villes, de voir d’autres gens…

Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui, que penses-tu de notre site ?

Paul : J’avoue ne pas surfer beaucoup sur le net… j’en suis resté à l’objet-livre…

Allan : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Paul : Beaucoup de livres écrits et vendus.

Allan : Le mot de la fin sera :

Paul : Juste une petite remarque qui m’interpelle toujours quand je fais les salons : face au Mainstream et aux ventes effarantes de la littérature générale, aux espaces qu’elle occupe dans les étalages des librairies et dans les médias, est-il vraiment utile de continuer cette petite guéguerre entre SF et Fantasy, en séparant les genres dans les salons, dans les revues, etc. ? Personnellement, je lis les deux genres, j’écris les deux, tout comme les plus grands auteurs de la SF depuis toujours, et, tout en respectant les choix de lecture de chacun, je suis toujours mal à l’aise quand je parle à quelqu’un qui déclare ne pas aimer la Fantasy ou a contrario la SF, et rejeter l’un ou l’autre comme trop souvent le Mainstream rejette les « littératures de l’imaginaire ».


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