Réalisée par :mail
Date :avril 2006
Le salon du livre fut loccasion pour moi de rencontrer Olivier, lauteur des Méandres de la Folie, sur le stand des Editions Nuit dAvril… Suite à quoi, nous avons pu échanger autour de ce recueil…
Allan : Bonjour Olivier et merci davoir accepté de répondre à nos questions.
Olivier : Bonjour Allan
et, au passage, je salue et remercie toutes celles et tous ceux qui me liront. Cest toujours un vif plaisir de répondre à des questions. Pitié, je lavoue ! Jadore ça ! Et puis, ça fait partie du métier décrivain. Allez ! On se jette à leau : un
deux
trois
cest parti ! (Mince ! Joubliais que je ne savais pas nager ! ).
Allan : Bon avant toute chose, je tiens quand même à dire que tu es un des rares auteurs (en fait le deuxième après Bernard Lentéric) que jai pu rencontré avant de linterviewer, quel effet cela te fait-il ?
Olivier : Le fait de sêtre rencontrés auparavant permet à mon humble avis déjà de mettre un visage sur les écrits et, grâce à la manière de sexprimer, déchanger des mots ou des idées, de perfectionner linterview. Le paraître aide parfois à deviner lêtre. Dautre part, je suis toujours ravi de faire une nouvelle rencontre et, comme je disais, de coller un visage, un regard et une voix sur la personne qui me lira puis qui me posera un tas de questions. Je suis donc comblé : le fait davoir voulu me rencontrer avant de produire linterview est un honneur. Et ça me réchauffe le cur et lesprit.
Allan : Tu nen es pas à ton premier recueil de nouvelles, mais comme nous ne te connaissons très peu, je te demanderais si tu lacceptes, de bien vouloir nous parler un peu de toi ?
Olivier : Question délicate ! Ce nest jamais très évident de parler de soi, de se décrire, de se cerner, car on ne sait pas ce que lautre attend de vous.
Donc, en effet, ce nest pas mon premier recueil de nouvelles. Les Méandres de la Folie est le cinquième. Il y a eu dabord Images dOutre-Mondes aux Éditions de lAgly, une première édition en 1998 et une seconde en 2000. Il a été récompensé par la Plume dHonneur du Prix du Haut-Poitou en 2004 ; ce qui était pas mal dans la mesure où il sagit dun prix en littérature générale faisant la part belle aux romans. En second, Les Aventures du Chevalier Caravan aux Éditions New Legend, épuisé aujourdhui, mais qui pourrait revoir le jour sous le titre de Prisonnier du Temps chez éventuellement Nuit dAvril. Cette nouvelle mouture comportera deux nouvelles inédites. Ensuite, a été publié le recueil Les Sept Vallées de la Gloire aux Éditions des Écrivains, aussi épuisé. Jespère quil connaîtra un nouvel avenir chez Nuit dAvril si Franck Guilbert est intéressé. Enfin, Ésosphères est paru en édition numérique chez Sycomor. Au sujet de ce dernier, hormis la très belle illustration de Philippe Coriat, la vente par téléchargement ne fonctionne pas. Donc, pas de panique, le livre papier conserve un bel avenir devant lui. Voilà pour laspect éditorial. Toutefois, avant ces recueils, un grand nombre de nouvelles ont été publiées dans divers supports : fanzines, revues, magazines, anthologies, journaux, etc., tant en France quà létranger. Ma première nouvelle a été publiée dans Magie Rouge en Belgique qui était dirigée par Suzane Vanina, la seconde dans Les Nouvelles Sinologiques en Chine (texte qui avait obtenu le 4e prix du Département de Langue Française de Pékin/Radio Beijing), puis de nouveau en Belgique, dans Xuensé, le fanzine de notre ami Alain le Bussy. Comme quoi, nul nest prophète en son pays. La première publication en France remonte à 1989 avec une nouvelle publiée dans Le Jeu des Tombes, micro-édition de Philippe Pissier.
Qui suis-je ? (Coup de cymbales). Je suis écrivain. Ouf ! Je lai dit. Je men tire plutôt bien, là, non ? Bon, blague à part ! Ma vie présente a commencé un 29 avril 1964, en pleine canicule, au moment du déjeuner, presque dans la camionnette dun peintre en bâtiments, entre un pot de peinture jaune, un blanc et un noir. Véridique ! Enfant, dans ma campagne tourangelle, je rêvais de châteaux en ruine, de chevaliers, de puissances nées des éléments, de fantômes et dextraterrestres. Durant ladolescence, je jouais de la batterie (jazz, blues, reggae, rock) et écumais les concerts. À 13/14 ans, un véritable tournant sopère dans mon existence. Je quitte le milieu familial, dans une ambiance plutôt dramatique. Ma vie était ailleurs, mon avenir aussi. Plus tard, un sac sur le dos, chargé comme un bourricot, je fais quelques séjours dans diverses régions de France, en Italie puis en Grèce, pour bosser essentiellement : vendanges en Bourgogne, cueillette des cerises dans le Vaucluse, des prunes dans le sud-ouest, réfection de maisons en Savoie en alternance comme perchiste en remontées mécaniques et monteur en télécabines dans les stations de ski, gardiennage dune maison bourgeoise en Italie (Bologne), cueillette des olives en Grèce, re-escale en Savoie avec un peu de boulangerie et lélevage de chèvres. Puis, retour chez moi, à Tours : durant plusieurs mois, je vis dehors, dans la rue, dans le froid, à faire la manche pour survivre. Puis, coup de chance, signe du destin, heureux présage : je rentre dans une salle de spectacles pour devenir éclairagiste et sonorisateur. Une véritable aubaine. Jai éclairé ou sonorisé des dizaines de concerts, de Jacques Higelin à Touré Kunda, de Téléphone à Charles Mingus, de H.F. Thiéfaine aux Berruriers Noirs, de Archie Chepp à Miles Davis, etc. ainsi que des spectacles de danse, des représentations théâtrales. Cette période était géniale, magique, fantastique, riche en enseignements, en découvertes, en rencontres. Puis, après le bonheur, le malheur. Le monde du spectacle, cest comme une drogue : plus on en prend plus on en veut. Jétais donc allé trop loin dans ce voyage et il me fallait diriger mes pas ailleurs. Dommage, dans un sens, puisque je mapprêtais à devenir régisseur général du théâtre national dAnkara, en Turquie. Toutefois, il était trop tard. Accident. Dos brisé, irradiation de la jambe. Impossibilité de masseoir sans souffrance durant une année. Lunivers du spectacle et de la nuit était terminé. Quoi quil en soit, ce fut une période féconde, intense. On la retrouve dailleurs souvent dans mes textes ; Les Réverbères fait partie de cet instant de ma vie. Comme javais un patron assez sympa, jai suivi ensuite une formation de scénariste, une autre en tant quanimateur radio avant de passer le BAC en cours du soir et dintégrer une fac dhistoire de lart tout en étant maître dinternat.
Durant cette période, jai fondé Mouvement Khronos Éditions et la revue Micronos (25 numéros parus). Nous organisions des expositions dans des appartements, dans des maisons, de façon à montrer luvre dart dans la vie quotidienne, animées par des concerts, des lectures de textes (nouvelles écrites en rapport avec les uvres exposées, implantées dans les littératures de limaginaire). Ce fut plusieurs années merveilleuses.
Aujourdhui, je tente de vivre de ma plume. Aussi les activités autour de lécrit se multiplient : critique littéraire pour plusieurs supports (Le Journal de Civray, Détours et des Nuit,
), animateur dateliers décriture ou directeur de concours de nouvelles en milieu scolaire, une pige par-ci, une pige par-là, les droits dauteur des bouquins, etc. Par bonheur, jai mon épouse qui travaille selon quon lui donne un poste ou non et qui est payée avec un lance-pierre . Elle croit en ce que jécris, et cest le principal.
Jai abandonné beaucoup de choses pour me consacrer corps et âme à la littérature ; et ce nest pas toujours évident à vivre. Souvent, nous devons compter sur les aides sociales et sur la bourse alimentaire, pour ne pas sombrer.
Depuis lâge de 13 ans, jai écrit et comme vous avez pu le constater souvent dans des conditions catastrophiques.. Dabord, je produisis des textes poétiques pour des groupes de blues (le principal étant The Blue Shelter = le style pouvait se rapprocher de John Mayall et de B.B. King avec des incursions du côté de The Manfred Mann Earth Band) puis de la prose poétique, plutôt néo-surréaliste voire avant-garde, avant de mattaquer à la nouvelle.
Hormis cela, je moccupe beaucoup de mon jardin et en tant que « papa-poule » et dhomme à la maison, je passe du temps avec mon fils, Virgile, et les tâches ménagères mincombent. Jadore cuisiner, je suis très gourmand, jai horreur des choux de Bruxelles, je suis amateur de bons vins. Un conseil : il vaut mieux mavoir en photo plutôt quà votre table, si vous ne voulez pas que je vous ruine.
Allan : À ce que jai pu voir, tu as navigué dans pas mal de métiers liés dune façon ou dune autre à lart
Il était important à tes yeux dêtre touche-à-tout ?
Olivier : Je suis devenu touche-à-tout malgré moi. Cétait lié à des contingences matérielles. Puis, en y réfléchissant bien, si je navais pas vécu tout cela, mon écriture aurait été pauvre. Si cétait à refaire, je le ferais de la même manière. Sans ces expériences et les rencontres qui ont parsemé ma route, il ne se serait pas tracé une destinée, une voie initiatique, faite de métaphysique et de philosophie. Je vous garantis quil en faut quand vous navez rien à vous mettre sous la dent ou quand vous vous pelez dans un « appartement » sans chauffage, quil y a un mètre de neige devant votre porte et que des stalactites de glace pendouillent au-dessus de vos toilettes. Je dirais que oui, il est important dêtre un touche-à-tout. Sans cela cest la pauvreté de lâme et de lesprit et, a fortiori, de lécriture. Savoir écrire est une chose, avoir quelque chose à dire, en est une autre.
Allan : Maintenant, jaimerais savoir pour quelle raison tu as proposé ton recueil à Nuit dAvril ?
Olivier : Ce nest pas le fruit du hasard ! Je ny crois pas. Il sagit dune rencontre
pas nimporte laquelle, dailleurs ! Pour tout tavouer, on me lavait prédit. Nous sommes en automne, et dans une petite fête du livre de la Nièvre, aux portes du Morvan, à Chaulgnes précisément, assis derrière un stand, je découvre Franck Guilbert et ses premiers ouvrages, les siens et le roman de David Gibert. Je ne sais pas ce qui sest passé, mais il y a eu comme une énergie qui ma traversé. Un lien sest aussitôt créé. Alors que Nuit dAvril en était à ses balbutiements, je savais quil méditerait : javais en mémoire plusieurs indices que lon mavait fournis pour asseoir cette certitude. De plus, le nom de la maison dédition me plaisait, les idées de Franck Guilbert me correspondait, son courage et sa détermination mémoustillaient, sa ligne éditoriale était claire, limpide, précise. Une chose était sûre, javais rencontré Franck Guilbert en dautres temps, en dautres lieux, et là, nous nous retrouvions. Lors de notre seconde rencontre, je lui proposais un manuscrit. Résultat : tout sest agencé rapidement, sans complication, avec naturel. Entre nous, sest tissé plus quune relation éditeur/auteur, plus que de lamitié. Jai beaucoup de respect pour lui. Jai toujours pensé que Nuit dAvril allait grandir, mûrir, réussir. Je le souhaite bien évidemment pour moi, pour les auteurs que Franck a accueillis dans son écurie, et pour mon Grand-Chef en personne, il le mérite. De mon côté, je ferai tout mon possible pour que son entreprise fonctionne.
Allan : Les Méandres de la Folie regroupe 14 nouvelles toutes différentes ; comment as-tu fait le choix des nouvelles qui composent ce recueil ?
Olivier : Je ne les ai pas assemblées seul. Le recueil sest construit autour de plusieurs manuscrits. Avec Franck, nous avons mené un travail de fond. Nous en avons discuté ensemble. Nous avons échangé nos points de vue, fait la part des choses. Il ma soumis son avis. Je lai écouté. Je lui ai fait confiance. Il a agencé les textes de la manière quil le souhaitait. Étant donné quil allait publier le premier recueil de nouvelles de la collection, il fallait que ce soit nickel-chrome, parfait. Nous sommes donc partis sur un fil conducteur dont le départ est une rencontre initiatique, surnaturelle, universelle, sensitive, émotionnelle, le grain de folie qui va nous faire voir la vie autrement pour finir sur une donnée plus matérielle, physique, sur la complexité des rapports humains. Au final, en peu de temps, les Méandres de la Folie ont su simposer et conquérir son lectorat.
Allan : Alors on va entrer maintenant dans le vif du sujet : tu ne trouves pas que le ton poétique que tu emploies dans ces nouvelles va totalement à lencontre du genre auquel tu lappliques ?
Olivier : La poésie est une universalité. Tout est poésie. Pourquoi la poésie gênerait-elle le fantastique ? Tout comme lhumour, la dérision, labsurde, la poésie est une partie intégrante de la vie et de la mort, elle est le sel de la littérature. Dans les ouvrages de Borges, de Calvino, de Buzzati, de Kafka ou de de Nerval, transpire la poésie. Nul ne sen est rendu compte ? Et ce nest pas tout. Lisez ou relisez Ptah Otep de Charles Duits (de la S.-F. poétique) qui relève du génie, Frankenstein de Mary Shelley est très poétique, Dracula de Bram Stocker aussi, LIliade et lOdyssée dHomère (fondements de la culture classique européenne), Les Chants de Maldoror de Lautréamont, lÉpopée de Gilgamesh. Imaginons le Diable en train de lire les Fleurs du Mal de Baudelaire, imaginons un vampire lire du Sade, un cannibale en train de lire du Henri Miller ! Toutes ses uvres littéraires ont allié la poésie à la créativité et sont devenues inoubliables. Je dirais que dans un grand nombre de romans, de récits, de recueils de nouvelles, la poésie sy installe avec aisance. Toutefois, je consens à accepter que mon style soit particulier, pas courant. La poésie que je distille dans mes textes, tout comme lésotérisme que jy déploie, sont des marques de fabrique : cest à cela que lon reconnaît des textes bidchireniens . Nul naurait pu les écrire à ma place. Leur force est là, par leur caractère sucré-salé et pimenté. Ces nouvelles-là ne sont pas faites pour entrer dans un moule, dans une catégorie bien définie. Pour résumer, disons quil sagit de fantastique poétique. Ça dérange quelquun ?
Allan : Les voies et thèmes que tu explores sont très variés : voulais-tu proposer une large palette de façon à toucher le maximum de monde ?
Olivier : En effet. Et ça marche. Le lectorat est vaste. Mon plus jeune lecteur, rencontré en librairie, a 13 ans, et ma lectrice la plus âgée, rencontrée elle à un salon, en a 97. Le premier sest déjà avalé Tolkien, tout Barjavel, et adore les auteurs russes, la seconde avait lu Huysmans, Wells, Verne, Lovecraft, et le fantastique avait été toute sa jeunesse. Et les deux étaient férus de paranormal. Toutefois, la moyenne dâge se situe entre 30 et 60 ans. Lors de mes pérégrinations en salons et en librairies, les hommes et les femmes que jy ai rencontrés étaient enseignants en collèges, en lycées ou en universités, employés dans diverses administrations, étudiants, médecins, avocats, agents immobiliers, politiciens, boulangers, agriculteurs, viticulteurs, restaurateurs, commerçants, V.R.P., secrétaires, auteurs, artistes de tout horizon (peintres, sculpteurs, photographes, musiciens, comédiens, réalisateurs, danseurs). Jai même eu la visite dun prêtre, dun pilote de larmée de lair et dun officier de police, tous trois amateurs de nouvelles, des passionnés de fantastique, intéressés par le paranormal. Et les femmes représentent 80 % de mon lectorat.
Allan : Si lon prend la nouvelle Ligne Blanche, nous avons limpression de retrouver un peu lantithèse de lécrit de Werber dans LEmpire des Anges : effet voulu ?
Olivier : Oui et non. Dailleurs, plusieurs lecteurs mont déjà signalé cette impression. Jaime bien prendre à contre-pied les tendances du moment, provoquer et déranger. Émettre dautres hypothèses, faire réfléchir, bouleverser les a priori, donner un coup de pied aux tabous, soumettre des idées, lancer des concepts, cest le rôle de lécrivain que je suis . Il ny a aucun intérêt à faire de la complaisance. Par contre, ce nest pas une réponse à LEmpire des Anges. Japprécie beaucoup les bouquins de Bernard Werber. Et cest même un bonheur dêtre comparé à lui. Si vous avez trouvé cette antithèse, cest que foncièrement nous avons une approche identique, tant divergente que complémentaire.
Allan : Dans Une page de vie bien remplie, tu abordes lastrologie avec une tolérance importante : tu fais bien le distingo entre lastrologie “scientifique” (thème astral) et horoscope. Es-tu sensible à lastrologie ou est-ce uniquement pour lhistoire ?
Olivier : Je suis en effet très sensible à lastrologie. Je la pratique, je la vis. En fait, les sciences traditionnelles, les arts divinatoires, lésotérisme, me passionnent. Il est normal et logique que jutilise ces outils dans mes textes. Ils me servent pour dresser le portrait psychologique de mes personnages ou pour mettre en place une dramaturgie, comme dans la nouvelle Le Ballet des Astres. Ce sont des vecteurs de connaissances et de savoirs. Ils permettent dappréhender lunivers qui nous entoure dune manière tant spirituelle que philosophique. Ils peuvent nous guérir, être la clef de notre propre acceptation, pour mieux se connaître, pour se construire, pour se mettre en harmonie avec son Moi et la société dans laquelle nous vivons.
Allan : Plus globalement, quand on lit ces nouvelles, doit-on sattendre à voir tes opinions sur des sujets variés exprimés ou alors il existe deux Olivier, lOlivier citoyen et lOlivier écrivain ?
Olivier : Il nexiste pas deux Olivier. Le « citoyen » et lécrivain sont indissociables. Il est évident que mes pensées, mes opinions, mes préoccupations, mes révoltes et tout ce qui fait lhomme se retrouvent dans mes écrits. Si lon ne simplique pas dans ses textes, si lon ne livre pas une partie de soi-même, si lon ne fait pas partie intégrante de son uvre, cest le signe que lon ment, cest un indice de dissimulation. Être soi-même, cest respecter le lecteur. La sincérité et la vérité sont les ferments pour écrire une grande uvre.
Allan : Un personnage ma fait tilté : Martin Loevenbruck
Doit-on y voir une référence à lauteur de Gallica (Henri par contre) ou est-ce par pur hasard (auquel cas tu avoueras quil y avait de quoi se poser la question) ?
Olivier : Enfin quelquun qui me fait remarquer le nom de mon personnage ! Jai croisé Henri Loevenbruck plusieurs fois, à divers salons. Nous ne nous sommes jamais vraiment parlés. Toutefois, il ma toujours intrigué. Jai souvent voulu lapprocher mais
je nai jamais osé. Vous savez, je nen ai peut-être pas lair, je suis très timide. Nayez aucune crainte ! Je me soigne. Donc, davoir glissé son nom à lun de mes personnages, cétait une certaine façon de dire : « Salut ! Ça va ? » Un court message de salutations, comme ça. Dautre part, jaime bien ce nom, il sonne, il a quelque chose de magique, de grandiose. Je voulais que mon personnage est un nom comme celui-ci. Pour moi, le nom est une empreinte ; selon le cas, elle est belle ou non. Dans Les Méandres de la Folie, il nest dailleurs pas le seul à avoir une petite place de personnages secondaires, de ceux qui détiennent la clef : dans Le Collectionneur darbres, le belgo-australien nest autre quAdam Possamaï, un auteur que jaime beaucoup et qui vient de publier son excellent recueil de nouvelles Perles noires chez Nuit dAvril. Il y en a dautres, seulement ils vivent dans mon entourage immédiat et donc ils ne peuvent pas être connus du public.
Allan : Dans Une Naissance Particulière, il nous est encore prédit de grandes catastrophes écologiques. Dis, pourquoi toujours ce thème chez tout le monde ?
Olivier : Cette préoccupation est en effet récurrente tant dans les livres que dans les films . Ne nous voilons pas la face : la situation est grave et catastrophique. Il est donc normal den parler et détayer cette inquiétude, cette angoisse, par de multiples images de catastrophes écologiques. Il est lun des moyens pour alerter lopinion publique et les décideurs du monde entier. Dailleurs, je trouve que lon nen parle pas suffisamment. Par malheur, il y a plusieurs décennies que nous aurions dû réagir. Encore une fois, il est un peu tard. Tant quil existera des intérêts économiques et financiers, tant que nous accepterons cette société malade, décadente, égoïste, rien ne sera fait dans le sens de lintérêt général de la planète, de la vie végétale et animale. Lauteur a un devoir, informer. Loutil à sa disposition, le livre. Ainsi, on retrouve cette préoccupation dans Une naissance particulière mais également dans Le Ballet des Astres ou dans Le Collectionneur dArbres. La Résistance envers la destruction de notre monde passe par nous.
Allan : Globalement, es-tu satisfait du recueil ou trouves-tu que certaines nouvelles sont encore perfectibles ?
Olivier : Étrange question ! Supposes-tu que globalement il nest pas parfait ?
Dans son intégralité, je suis très satisfait de ce recueil. Quant à la perfection
en quoi consisterait-elle ? Luvre de Tolstoï est-elle perfectible ? Et Baudelaire ? Et linterprétation cinématographique du Seigneur des Anneaux ? Les toiles de Dali et de Picasso, ne sont pas parfaites ? Le requiem de Mozart, ça ne va pas ? Aujourdhui, mes 14 nouvelles ne sont pas perfectibles
elles sont la perfection telle que je la considère maintenant. Dans 10 ans, dans 20 ans, quen sais-je et quimporte, je serai dans un autre état desprit. Luvre est ce quelle est à linstant où elle a été produite. Après, seul son long périple dans le lectorat la rendra mortelle ou immortelle. Lavenir dira si les nouvelles des Méandres de la Folie sont la perfection ou un simple ramassis dhistoires vite lues, vite oubliées.
Allan : Je ne sais pas si tu étais au Salon du Livre pour la première fois (moi en tout cas, cétait mon cas) ce qui ne va pas mempêcher de te poser la question : te sens-tu à laise dans ce genre dévénements et que tapporte-t-il ?
Olivier : Il sagissait de ma quatrième participation au Salon du Livre de Paris. Ma première visite était lors du 18e Salon : lun de mes textes poétiques avait été lu par un comédien lors dune conférence au sujet de « lAvenir de la création poétique » soutenue par la revue surréaliste, Supérieur Inconnu. Ça fait bizarre quand vous avez près dune centaine de personnes qui vous applaudissent. Ensuite, jy suis retourné quelques années plus tard pour dédicacer Les Aventures du Chevalier Caravan sur le stand de lun de mes anciens éditeurs, New Legend. Cette année, il sagissait de ma seconde participation consécutive sur le stand des Éditions Nuit dAvril.
Mon agenda est rempli de ce genre de manifestations, en réalité tous les week-end sont pris. Je suis un peu comme les compagnons, je fais mon tour de France. Le 15 avril, je serai à la Maison de la Presse de Montrichard (41), le 22 à la librairie Plein Ciel de Châtellerault (86), le 23 au 1er Salon du Livre et de la Rose « La Saint-Georges » à Tours (37). En mai, je participerai aux Imaginales dÉpinal, le week-end suivant jirai à Damparis dans le Jura, puis à Vendôme (41), à Prémery (58), à Quiévrain en Belgique, à Chaulgnes (ce salon a toujours été le lieu de la première présentation pour chacun de mes livres), à Sedan (08), etc.
Grâce à ces événements, je me retrouve dans mon élément. Cest un peu comme si je baignais de nouveau dans lunivers de la scène. Jy ressens lambiance des théâtres, la vivacité des festivals. Pour vivre, jai un besoin crucial de rencontres, déchanges, de communications. Sans cela, je naurais plus de terreau dans lequel mépanouir. Dautre part, il sagit du seul et unique moyen pour rencontrer ses lecteurs, dautres auteurs, des journalistes, des éditeurs, de connaître leurs impressions, de se tenir informé du monde dans lequel je vis car le salon littéraire est un lieu de brassages, de fusions, dinformations, démotions, de sentiments.
Allan : Je sais que tu as un autre projet en cours puisque nous en avons parlé au salon
Tu peux nous en parler ?
Olivier : En fait, étourdi par la foule qui se ruait sur le stand, je ne tai pas tout dit. Je nai pas un projet mais
plusieurs. Le premier à voir le jour sera sans doute un très bel ouvrage, un Beau-Livre, réalisé avec une peintre sur lunivers fantastique et initiatique des Mayas. Les toiles de cette peintre, Claudine Béhin (rencontrée au Salon du Fantastique « Chimeria » à Sedan), sont extraordinaires. Nous avons accroché à nos uvres respectives. Aussi avons-nous décidé de faire un bouquin ensemble. Moi, jécris le texte, une histoire fantastique, ésotérique, initiatique, poétique et onirique, histoire de faire dans la dentelle. Cet ouvrage devrait paraître avant Noël 2006 aux Éditions de lÉchelle de Cristal.
Ensuite, il y a un autre recueil de nouvelles fantastiques qui me tient à cur, Dans lantre des Esprits. Je viens de le proposer à Franck Guilbert. Cette fois-ci, mon nouvel ami et auteur, Michel Rozenberg (lisez Les Maléfices du Temps chez Nuit dAvril, excellent ! il ma flanqué la frousse.) signera la Préface.
Dautre part, en rapport avec le premier projet, des pistes sont actuellement en train de se dessiner pour dautres livres unissant peintures fantastiques et littérature. La première se met en place avec la peintre bretonne, Antea, plutôt primitiviste, la seconde avec le peintre russe, Vladimir Petrov-Gladky.
Pour terminer en beauté, sur une note très différente, je viens dachever lécriture dune trilogie, Les Voies du Temps, que nous pourrions affubler de létiquette (ça me gave ! ) space-opera.
Allan : Nous as-tu rendu visite, et que penses-tu de notre site dans laffirmative ?
Olivier : Oui. Je my suis rendu plusieurs fois. Rien à redire en particulier ! Il est assez complet. Dautre part, le site a lair actif, vivant, animé. Si, une petite chose : à mon goût, je le trouve un peu tristounet, ça manque de couleurs, et ça enlève de sa dynamique.
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Olivier : Que des bonnes choses, bien sûr !
Amour, gloire et beauté
Euh ! non ! Je ne suis pas sur la bonne chaîne.
Je te fais une liste, ce sera plus simple. Commence par menvoyer une foule de lecteurs. Ensuite ajoute un fan-club. Et verse-y, en touillant, des monceaux de livres vendus, des jarres emplies de boulot, des prix littéraires à la pelle, des traductions dans la totalité des langues de ce monde et des autres, des adaptations cinématographiques avec une pléiade de stars, doscars et de palmes en tout genre, des voyages qui me feront sans arrêt rester jeune et, pour joindre lutile à lagréable, une montagne de gâteaux à manger. La cerise sur le plus gros des gâteaux : une navette spatiale, pour aller cultiver mon lopin de terre sur Mars. À part cela, je ne vois pas trop !
Pour rester plus lucide et terre-à-terre, je souhaite juste avoir de quoi vivre décemment. Le reste, je ne lemmènerai pas dans la tombe.
Allan : Le mot de la fin sera :
Olivier : Alea jacta est, morituri te salutant.
Et
Carpe diem.
Et
Rocknroll.