Dieu des Cendres 1
Charles :
L’histoire se déroule en Irlande dans la région du Connemara. Le Tome 1 s’ouvre en l’an 928 de notre ère, ou des femmes retranchées dans une grotte sont massacrées par des vikings. Cette grotte deviendra au 18ième siècle, un lieu de culte secret du dieu des rats, alias le Luchtigern pour les adorateurs Celtes.
Après cette sanglante introduction, nous nous retrouvons en 1754. Sir Turpins, plume renommée en Irlande, arrive au manoir du très sombre Lord Bolton pour y rédiger sa biographie. Dès lors nous allons vivre le terrible destin de Jack Bolton. Terrible car, très rapidement, Turpins découvre que Bolton n’est autre que le seigneur des rats ! Notre biographe est maintenant condamné à compléter son Œuvre. En 1649, Jack Bolton, anglais de 25 ans, est un jeune peintre doué pour son art mais également un libertin épanoui.
Et cela dénote à cette époque, car Cromwell impose le puritanisme à l’Angleterre et part en guerre contre l’Irlande catholique. Acquis à la cause de Cromwell, l’ambitieux William Bolton piège son propre frère en utilisant sa faiblesse pour la chair. Jack Bolton n’a d’autre solution que de s’engager dans l’armée britannique débarquée en terre Irlandaise. C’est la bascule pour notre conteur que l’on pense sortir indemne de cette guerre. Or, coupable de fautes, il est la cible d’une malédiction et sera l’instrument de vengeance pour chaque vie Irlandaise victime de la guerre. La guerre terminée, pour remercier les vainqueurs, l’Angleterre confisque les biens Irlandais au profit de ses bras armés méritants. C’est ainsi que Jack, que son fidèle ami Edward, rencontré sur les champs de bataille et que d’autres fidèles serviteurs armés de Cromwell prennent possession de terres, manoir et personnels. Jack y rencontre Ana, une servante de caractère qui ne cache pas son opposition à l’envahisseur. Ana deviendra l’amour de sa vie, mais la malédiction fait son office. Chaque fois qu’un anglais refuse de payer l’eineachlan – une sorte de tribu pour expier une faute – il est la victime du Luchtigern réincarné en Lord Bolton.
Agnès :
Angleterre et Irlande à la fin du XVIIe siècle. Cromwell prend le pouvoir en Angleterre et une vague puritaine déferle sur le Commonwealth.
À la suite d’un duel qui a vu périr le duc d’Eaglewoods, Sir Jack Bolton n’a d’autre choix que de s’enrôler dans l’armée de Cromwell et partir pour l’Irlande. Là-bas, il va commettre l’irréparable. Survient alors d’étranges phénomènes et des meurtres inexpliqués particulièrement sanglants. La région du Connemara semble être l’objet d’une malédiction, liée à une ancienne légende celte et au mystérieux Seigneur des rats.
Agnes :
Une nouvelle visite des Éditions Soleil dans le monde celtique, cette fois-ci liée à une légende ancienne, l’Eineachlan, le prix du sang. Le récit est bien ficelé, les périodes de l’histoire bien délimitées, ce qui attire le lecteur dès le début. L’Angleterre de Cromwell est en effet une période de l’Histoire très peu évoquée en général dans le monde de la bande dessinée, et le lecteur peut donc y trouver de l’intérêt.
Nous allons partager avec le personnage, Sir Jack Bolton, toutes ses années depuis ses 25 ans, de son état de peintre adulé, à celui de soldat de l’armée de Cromwell, pour finir par celui de propriétaire terrien, tout ceci à travers le récit de Sir Turpins, écrivain, que le Lord a fait venir en sa demeure afin qu’il écrive son histoire et la raconte au monde entier. Ce que l’écrivain ignore en arrivant dans les terres de Sir Bolton, c’est que celui-ci n’est autre que le Seigneur des rats, qu’une malédiction a frappé à la suite du génocide de Drogheda, alors qu’il était soldat dans l’armée parlementaire.
L’auteur mêle à son récit de nombreux genres : l’Histoire, le mythe, le dramatique, le policier. Que dire encore ? Mais avec une habileté toujours maîtrisée qui fait se côtoyer le fantastique et le réalisme. Entre le jeune lord et la jeune servante rebelle, tous frôlent le stéréotype avant de s’en écarter grâce à des répliques où le naturel l’emporte sur la figure imposée.
De par sa construction intelligente, l’auteur sait garder le lecteur toujours en éveil, donne ainsi une impression positive à l’album et l’invite à lire le second tome.
Seul petit bémol que l’on pourrait donner à cet album : son impression de déjà vu. Pour ceux qui le connaissent, qui ne verra pas une transposition du Dracula de Coppola, déviée vers une légende celte ? Un homme, invité à venir au château d’un lord pour une affaire quelconque, et qui s’aperçoit que son obligé est un monstre dont l’âme est torturée…
Soleil Production – Soleil Celtic – (Avril 2008)– 47 pages 9.99 € ISBN : 9782302002357
Couverture : Alberto Jiménez Albuquerque (Dessin) Sandrine Cordurié et Anouk Pérusse-Bell (Couleurs)
Laisser un commentaire