Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Rencontre avec Gilberto Villaroel

Depuis plusieurs années, Gilberto Villaroel nous propose une saga qui mélange l’Histoire avec un grand H, celle de Lord Cochrane, avec le mythe de Cthulhu… Dans cette saga qui compte déjà 4 volumes (Cochrane versus Cthulhu, Lord Cochrane versus l’Ordre des Catacombes, Lord Cochrane et le trésor de Selkirk, Lord Cochrane et les montagnes hallucinées), tous publiés aux éditions Aux Forges de Vulcain et en format poche chez Pocket, nous voyageons au travers du monde et découvrons de nouvelles histoires par rapport à celles que nous connaissons…

Rencontré aux Utopiales, Gilberto nous a accordé une interview pour partager autour de son œuvre, de son histoire personnelle et de ses futurs romans..

Vous pouvez lire la retranscription ci-dessous

Bonjour Gilberto.

Bonjour.

C’est ta première aux Utopiales. Qu’est-ce que ça fait ?

Je suis super content, super fier. Mon éditeur, David, m’a dit très enthousiaste : “C’est la consécration”. Mais c’est vraiment impressionnant. Je n’avais pas envisagé la quantité de gens. On m’a dit 100 000 visiteurs, 25 000 livres, la plus grande librairie d’imaginaire du système solaire. J’ai fait des blagues ce matin. Super content et très content.

Et du coup, tu es ici pour ton cycle déjà de Cochrane ? Oui. Qui est Cochrane ?

J’ai déjà les quatre premiers volumes publiés en broché et les trois premiers en poche, la saga de Lord Cochrane, c’est le marin écossais qui a libéré le Chili, le Pérou, le Brésil, la Grèce, anciens ennemis de Napoléon, qui a inspiré tous les romans navals de Master and Commander, Hornblower. J’ai commencé à écrire ça comme un hommage au personnage, parce que c’est vraiment non connu pour le lecteur, on dirait, au niveau de la culture populaire. C’est très connu comme un personnage historique dans certains pays comme les Chili, pas spécialement pour les Français, même s’il a toute une histoire avec Napoléon. J’ai décidé d’écrire un premier roman en mode feuilleton pour rendre hommage au personnage avec son vrai nom. Mais comme je suis passionné aussi de la littérature de l’opéra, finalement, ça a été un cross over entre roman historique et fantastique. J’en ai déjà publié quatre. Je viens de finir l’écriture du cinquième volume pour le publier en Chili en espagnol, on verra. Mais c’est 700 pages. Je pense que parfois, ça sera nécessaire de couper en deux volumes, on verra. Mais je viens de finir, avant de partir ici un an, j’ai fini l’écriture, je suis super content.

Et ça va clore le cycle de Cochrane et Cthulhu, c’est-à-dire à l’origine, j’essaie d’écrire cinq volumes, tous connectés, mais c’est possible de lire chacun comme un stand-alone aussi.

Oui, d’ailleurs, il y a deux ordres de lecture. Pour Cochrane, il y a l’angle de publication et il y a l‘angle historique.

C’est ça. À la fin de chaque livre aujourd’hui, il y a une note ajoutée par mon éditeur disant que c’est possible de lire chaque livre en ordre chronologique, 1815, 22, 23, 26, les volumes déjà publiés. Je viens de finir l’écriture du cinquième et c’est l’année 1820, c’est-à-dire dans la chronologie, celle-là, le deuxième, lire en ordre de sortie et je suis super fier de dire que tout est possible. Il y a des lecteurs qui sont arrivés à la saga par le quatrième volume, seulement à tirer pour la couverture, la montagne hallucinée, c’est possible de tout comprendre. Ça marche. Je suis fier de ça.

Et du coup, Lord Cochrane, dans le premier volume, en tout cas le premier volume chronologique et publié, on le retrouve face à Napoléon du côté de Fort Boyard, comment tu as lié la vraie histoire et Cthulhu ?

Oui, ça, c’est une grande curiosité parce qu’historiquement, il a détruit le premier Fort Boyard, l’année 1809 avec des bateaux explosifs, il a attaqué la flotte de Napoléon. C’est-à-dire, il y a une liaison historique pour commencer. Mais à l’époque où je suis arrivé en France, en 2014, j’avais déjà mon fils, il est né en 2010, mon fils franco-chilien. On avait l’habitude de prendre des vacances à Châtelaillon-plage et j’étais obsédé par la silhouette de Fort Boyard. Sans avoir une idée de sa liaison avec la vie de Cochrane. Et après, ça m’a donné l’idée, pour situer le premier roman à Fort Boyard, mais à l’époque, j’étais en train de relire Cthulhu. Et j’ai décidé de mélanger deux choses complètement différentes dans le même livre, un peu comme un exercice, on dirait. Mais le résultat m’a donné l’idée après pour écrire la suite, on va finir avec cinq, six volumes, finalement.

Et on retrouve donc Lord Cochrane qui…

Lord Cochrane ? Cochrane. Cochrane. C’est écossais, mais apparemment, selon les historiens, à l’origine d’un homme, Cochrane, c’est un cri de guerre viking, c’est-à-dire le clan Cochrane de la Écosse. À l’origine, ça a été son descendant de Vikings qui ont fait l’invasion du Royaume-Uni déjà longtemps.

D’accord. Donc, ils débarquent, Lord Cochrane, à Fort Boyard. On ne comprend pas trop pourquoi, comment et c’est un peu facile. J’ai trouvé que dans ce premier volume, ce qui était plus important, ce n’était pas finalement la guerre ou même l’affrontement avec Cthulhu, c’était cette relation qui se construit entre deux frères ennemis.

Oui, c’est ça. Parce que dans tous les romans inspirés par Cochrane, les Français sont toujours les méchants et sont un peu des caricatures en tant qu’adversaires Mais comme j’ai un attachement à la France, j’avais envie d’essayer un autre regard. Et dans le livre, quand Cochrane est capturé, enfermé avec les soldats français et commence à réaliser qu’il y a cette menace de monstre, les Français, les Anglais sont obligés de faire une alliance. Et ça, c’est une alliance impossible à imaginer à l’époque, pendant les 100 jours, 1815. Mais c’est une alliance qui est… C’est une anticipation aussi de l’alliance de la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, c’est-à-dire il y a un regard contemporain aussi sur le livre, d’anticiper un peu le sort que va vivre l’Europe après. Mais c’est aussi une façon de dire aux lecteurs « Attention ! » parce que les Français, les Anglais sont allés après la chute de Napoléon, après Waterloo, à l’Amérique du Sud pour se battre ensemble pour l’indépendance. Et au Chili, il y a des Anglais et des Français qui sont considérés comme les libérateurs du Chili. » Ça, c’est une histoire connue pour les lecteurs que j’avais envie aussi de partager.

Oui, c’était un point que je voulais aborder avec toi. J’ai lu le premier, le troisième et le quatrième. Je n’ai pas lu le deuxième encore, mais c’est pour bientôt, promis. Dans le troisième et le quatrième, même, on change de plaque, on va du côté du Chili, du Brésil. En fait, on se rend compte que l’Europe, déjà à l’époque, avait eu un impact très fort sur la vie des habitants et de la

Politique locale.

Oui, c’est ça. Au Chili, il y a un grand avenue dans la ville de Santiago qui s’appelle Boschief. L’officier napoléonien George Beauchef, c’est un personnage historique qui a décoré la libération du Sud du Chili. Ça, c’est le sujet du cinquième volume. Mais le Capitaine Eonet, c’est un personnage de fiction, c’est un peu la représentation de tout ça, de tous les Français qui sont allés au Chili pour se battre pour notre indépendance et qui après, pendant la construction de la République, ont collaboré au développement de la médecine, l’éducation, la recherche de la nature, la construction du premier musée d’histoire naturelle. Il y a des liaisons qui sont vraiment fortes entre le Chili et la France et qui ne sont pas connus par les lecteurs.

Oui, qui ne sont pas connus, mais connus pour les Français. Parce que j’avoue, en toute modestie, qu’ en lisant ton roman, j’ai découvert énormément de choses sur le Chili et aussi sur le Brésil, puisqu’il y a la rontée vers le Brésil à un moment, des éléments historiques que nous, on ne connaît pas, mais on ne connaît pas, dont on ne connaît pas non plus l’influence qu’a pu avoir l’Europe sur cette période de l’histoire. C’était aussi un moyen pour toi d’attirer le regard des Français sur cette histoire qui est un peu peu enseignée plutôt ou oubliée ?

Oui, parce que j’ai écrit les premiers livres en France quand je suis arrivé à Paris en 2014. J’ai commencé à écrire Cochrane versus Cthulhu et j’ai fini l’écriture dans le mois de mai 2016. Je sais, mais les deux premiers livres qui sont situés en France, il y a une coïncidence avec mon arrivée en France. J’étais en train de redécouvrir parce qu’on a fait les études pendant le lycée toujours. J’avais quatre ans de français au lycée que j’avais oublié après. J’ai recommencé à découvrir la langue et la culture et j’avasi envie, pendant les deux premiers volumes, de plonger un peu et de parcourir les catacombes de Notre-Dame, Fort Boyard, mais la navigation autour, de mes premiers livres, un peu. Tu sais bien dire ça, non ? De mes premiers. Et après, quand j’avais gagné un peu plus de confiance en tant que narrateur, j’ai fait le saut pour montrer aux Français l’autre côté, le Chili, la Sud-Amérique. Ça, c’est un peu mon défi en tant qu’écrivain pendant toute la saga, on dirait. Montrer que la culture, c’est un voyage d’aller-retour. Les Français nous ont envoyé Jules Verne et ça a nourri mon enfance.

J’ai récupéré des éléments et j’ai fait la reconstruction pour envoyer tout ça de retour à la France. Mais Jules Verne, historiquement, s’est inspiré aussi pour la mythologie de l’Amérique du Sud. C’est un voyage infini. Ça, c’est une chose que j’aime bien, partager la culture dans le monde.

Et on a des personnages qui sont récurrents au sein de la saga, donc évidemment Lord Cochrane, le capitaine Eonet et j’ai oublié le nom de son ennemi juré.

Corrochano. Corrochano.

Et encore une fois, dans les deux derniers volumes, on sent la présence de Cthulhu, on sent la présence de ses descendants, de ses créatures, etc.

Les anciens.

Les anciens. Pour autant, j’ai vraiment, encore une fois dans les deux derniers volumes, eu plus le sentiment de relation humaine d’ennemis. C’était qu’un prétexte, finalement, Cthulhu, c’est une toile de fond.

Oui, je pense que Cthulhu s’est finalement une allégorie, parce que Lovecraft, nous savons qu’il était toujours un peu terrifié par les inconnus, les immigrants, les étrangers, les inconnus. Il a écrit que la plus grande peur de l’humanité, c’est la peur des choses inconnues, finalement. Il a fait un essai sur la littérature de terreur. C’est la citation avec laquelle commence Cochrane versus Cthulhu. Les Monstres, c’est un peu une allégorie, un reflet de nous-mêmes, comme dans la filmographie de Guillermo Del Toro, par exemple. Je suis super cinéphile, je travaille aussi dans l’audiovisuel et je pense qu’il faut embrasser l’idée du monstre parce que les monstres sont un peu un reflet de nous-mêmes aussi. Mais c’est vrai que c’est aussi un parapluie pour montrer des autres choses. Et à chaque volume, j’ai plus envie de plonger dans les liaisons entre les gens, d’avoir des adversaires de la même taille, de montrer un peu cette ambiguïté de la condition humaine, finalement. La capacité que nous avons tous, dans un certain moment, pour tomber aussi vers le mal, pour faire de mauvaises choses. À partir de quel moment commence la guerre, la violence, la destruction de l’autre ?

Je pense que ce sont des thématiques universelles et contemporaines. C’est-à-dire ce sont des romans distrayants, mais je parle de la liberté, de la démocratie, de la lutte pour le suffrage universel, que ce sont des choses qui sont menacées encore aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il ne faut pas oublier que la conquête de tout ça, ça a été toujours un combat, une bataille, même comme le combat pour la mémoire. C’est pour ça que l’histoire, c’est un sujet passionnant pour moi.

Ce n’est pas anodin, tu m’as dit tout à l’heure que tu étais arrivé en France-2014. En 2014, ça veut dire qu’avant, j’imagine que tu étais au Chili. Dans des périodes qui étaient troublées aussi au Chili, j’imagine, pour ta jeunesse. Qu’est-ce qu’il reste de ça ?

Oui. Je suis né en 1964. Le Coup d’État a commencé en 1973. En septembre, mon anniversaire c’est octobre, j’avais presque neuf ans. J’avais eu 17 ans de ma vie en dictature. J’ai fait l’école, le lycée et l’université en dictature. Ça, c’est une chose qui va marquer à vie.

J’ai commencé à travailler comme journaliste contre la dictature. Pendant les derniers quatre années de la dictature, j’ai commencé à travailler pour des médias d’opposition, dissidents. J’ai dit que c’est pour ça que j’ai dit aussi que la démocratie, la liberté, c’est un combat qui ne s’arrête jamais, qui est toujours menacé aussi. Même aujourd’hui, à différents niveaux, on dirait, dans chaque pays, mais il y a des conquêtes syndicale, politique qui sont toujours menacées. C’est-à-dire que c’est un combat infini. La dictature et la post-dictature spécialement, m’a fortement marqué.

J’ai écrit un livre qui s’appelle Zona Cero, qui est un roman de vampire. J’utilise l’imageriedu vampire comme un dessous de sang pour montrer le contexte de la transition éternelle du Chili à la démocratie. Parce qu’après la fin de la dictature, l’année 90, on a commencé une longue transition démocratique, mais qui n’est pas finie encore, à mon avis, parce que nous avons encore la constitution de Pinochet et tous les modèles de l’économie néolibérale sans régulation, presque, de Pinochet encore au Chili.

Et ça, j’étais en colère quand j’ai écrit le livre. Et ce livre très violent, avec quelques moments de tendresse, un peu même le même mot de la série télé de Walking Dead, c’est-à-dire l’allégorie politique cachée derrière de l’horreur, mais pas de sang, mais avec des suceurs de sang.

Et là, du coup, t’as fait la transition, c’est-à-dire que ton prochain roman va attaquer un nouveau personnage de l’imaginaire collectif qui est le vampire. Donc là, tu as expliqué un peu le vampire. Tu peux nous parler un peu plus de l’histoire ?

Oui.Ce livre que j’ai écrit en milieu, entre les quatre volumes de la saga Cochrane, c’est une chose qui m’est arrivée fortement l’année 2019. J’étais vraiment concerné par l’avenir de mon pays. J’avais débarqué déjà en France. J’avais des raisons. Mon fils avait l’âge pour commencer l’école maternelle. La qualité de l’éducation publique était tombée en Chili pendant la dictature. J’ai tout fait à l’éducation publique. Mon père était ouvrier. Je suis un fils de l’éducation publique laïque, mais tout ça a vraiment changé pendant la dictature. Et en partie, j’ai décidé d’émigrer un peu pour l’avenir de mon fils, pour élever mon fils comme un homme libre dans un système éducatif et public gratuit, laïque, avec une autre vision de l’État, finalement. Et sa mère est française, c’est-à-dire qu’elle avait une décision de raison. Mais à partir de ce moment, quand j’avais écrit le livre, j’ai décidé d’utiliser la figure du vampire, mais pas la figure romantique d’un noble comme Dracula qui tombe amoureux d’une femme à travers le temps. J’ai décidé d’aller vers l’origine, même si certains en discute encore, mais le personnage qui a inspiré, apparemment, est un Dracula, Bram Stoker.

On a un guerrier au moyen-âge, un conquérant qui s’impose pour la force. Ça, c’est le sujet qui m’a intéressé, c’est le pouvoir, finalement. S’il y a un élément commun entre tous les romans de Cochrane et Zona Cero, c’est le pouvoir. Et pour quelqu’un qui a élevé en dictature, c’est un grand sujet, le pouvoir de la politique. Et dans mon livre, il y a un tremblement de terre au Chili aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est l’année de la Crise, c’est-à-dire 2019, avant la création sociale au Chili. Et le tremblement de terre va détruire la moitié du cimetière général. Et derrière une tombe de l’église catholique, il apparaît une autre tombe cachée avec les corps de Vlad Tepes qui a été caché pendant 250 ans pour l’Église catholique, qui connaît les secrets du vampirisme. Mais ça, c’est la source de pouvoir de l’Église, envers les autres gouvernements. Et Vlad Tepes se révèle, se révèle aujourd’hui à Santiago de Chili. Quarante-huit heures après, toute la ville est contaminée. Il y a des personnes qui sont enfermées dans différents bâtiments cachés et il y a un correspondant étranger, Chiliens, qui décide de rentrer dans la ville pour récupérer sa femme cachée à l’intérieur d’un bâtiment.

Et les voyages, c’est une aventure à traverser la ville avec des militaires des États-Unis qui ont isolé la ville grâce à une technologie spéciale. On dirait une espèce de Dôme de Stephen King, mais ce n’est pas la même chose. On peut dire ça pour expliquer plus facilement. Il va traverser la ville, mais il va trouver aussi des personnages qui sont encore vivants, des prêtres, des militaires, des entrepreneurs. Ça, c’est l’ambiguïté du roman, qu’on va regarder les statuts, son histoire, son passé, fait pour dire « Ce sont qui,  ces suceurs de sang, finalement ? » Ça, c’est un peu l’allégorie politique, mais c’est possible à lire le livre comme un livre d’action aussi. Ce livre écrit dans le même univers, encore une autre référence au cinéma, de Cochrane, c’est-à-dire le personnage, c’est un descendant d’un marin qui a voyagé avec Cochrane. C’est un personnage qui apparaît aussi dans mon premier film en tant que producteur et scénariste, que c’est le modèle de Pinkman, une adaptation de Lovecraft, que c’est un correspondant étranger. C’est le même personnage, c’est-à-dire que je peux dire que toutes les choses que j’ai écrites, BD, cinéma, romans historiques et contemporains sont dans le même univers et je suis fier de ça aussi.

J’ai une question que t’as parlé un peu plus tôt en disant que tu étais aussi venu en France pour la dimension de l’éducation publique, laïque, etc, pour ton fils. Aujourd’hui, toi qui as vécu ces événements dramatiques au Chili. Quelle est ta vision sur ce qui se passe aujourd’hui dans les écoles, que ça soit d’un point de vue gouvernementale avec la baisse des moyens ou aussi les montées des différents extrémistes ?

Oui, c’est ce moment de crise, je crois, pour la France. J’ai des collègues qui m’ont dit « tu es une espèce de prophète. » Oui, je connais la chanson parce que quand tu vois que les… Et ce n’est pas moi tout seul que j’ai dit ça. Je suis allé à la conférence de cet expert comme Piketty, par exemple, qui analyse l’économie et la politique. Il lui-même a expliqué quand le gouvernement fait descendre les impôts pour les riches, finalement, l’État devient plus pauvre. Il arrive un moment quand le gouvernement commence à dire « Il n’y a pas d’argent. Il n’y a pas d’argent pour la santé, pour l’éducation. Il faut vendre quelque chose. Qu’est-ce qu’on vend ? L’aéroport. Qui va acheter l’aéroport si l’aéroport est vendu ? Les copains du gouvernement. Ça, c’est la chanson du Chili. Au Chili, pendant la dictature, tout a été vendu, tout a été privatisé. La qualité de tous les services publics a été descendus. Et je pense que la France est aujourd’hui arrivée à un niveau d’attention, on dirait, pour envisager la possibilité de devenir un autre Chili, c’est-à-dire un modèle d’économie plus néolibérale et moins régulier.

Et ça, c’est dangereux. Ça, c’est dangereux pour la qualité de tous les services publics et même pour l’idée d’un État solidaire qui protège les citoyens. Parce que ça, c’est finalement… Sinon, pourquoi aura-t-on besoin d’avoir un État ? Mais le discours néolibéral, c’est de dire « Non, l’État ne fait pas bien les choses. Il faut privatiser et vendre toutes les choses. » Mais vendre à qui ? Aux copains. Et après, les services deviennent plus chers. Et à chaque fois que je regarde des signaux, des choses comme ça en France, je dis à tous les amis français et aussi d’origine latino-américaine, « Je connais la chanson. » Je connais la chanson.

Ça, sur ces belles paroles, je vais juste te poser une dernière question. Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?

C’est une bonne question. C’est une bonne question. Mais le livre, Zona Cero a été écrit, par exemple, seulement pour les Chiliens, pour partager, que j’étais concerné par tout ça. Je n’avais aucune prétention de publier le livre en France. C’est mon éditeur, David Meulemans, qui est très enthousiaste, qui m’a dit « Non, j’ai envie de publier tous les livres que tu as écrits. Mais je pense que le livre va arriver dans un moment dans lequel c’est possible pour les Français de bien comprendre aussi le livre, parce que montrer un avenir pas désirable peut-être pour les Français, mais un avenir possible et qu’il y a déjà des coûts. Tu me peux souhaiter bon courage pour continuer l’écriture.

Bon courage et merci beaucoup pour cette interview.

Merci à toi.


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