Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview : Boris Hunter

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Allan : Que représente pour toi Cal de Ter ?

Boris : Tout d’abord; j’ai découvert Cal dans les années 80. J’ai lu en premier « hors contrôle », un des plus abouti de cette suite. La série des Cal de Ter était bien lancée et Cal était un homme bien fait, sûr de lui. Le personnage était rodé, son ami Guise avait un rôle important et les androïdes étaient bien intégrés dans le déroulement de l’action. L’idée m’a tout de suite séduit au point que j’ai couru pendant des années les bouquinistes de France et de Navarre pour trouver les autres, tous les autres. J’ai mis un certain temps à concrétiser ce rêve gentil, et finalement j’ai pu lire la série en entier…

Et puis, par le plus grand des hasards, j’ai fini par trouver une adresse à laquelle je pouvais écrire à mon Héros, P-J Hérault. Bien sûr, mon mail fût aussi enflammé que possible. J’y décrivais tout ce que cette série mais aussi ce que les autres livres de P-J m’avaient apportés de valeurs morales, le point de vue de l’auteur sur l’Humanité était un souffle de l’intelligence tel que ma vie à moi en avait été modifiée. Le message de l’auteur avait tant d’années durant contribué à me construire.

On peut penser que j’exagère, ce n’est après tout que des « romans de gare », souvent assez moyens. Sauf ceux de P-J, et d’autres, qui sont d’une grande qualité. Mais quoi que vous lisiez, il en reste toujours quelque chose en vous, si vous arrivez à être réceptif. Et en l’occurrence, ce que m’a apporté la lecture de ces livres était essentiel pour moi. Car en définitive, il est facile de tomber dans la noirceur la plus totale, de décrire des scènes horribles, de ne rien apporter de nouveau ni de positif dans un ouvrage quel qu’il soit. Véhiculer un certain optimisme, une certaine naïveté aussi mais pas crédulité, une façon de voir les hommes si teintée d’espoir est tout sauf facile. Et pourtant, on croit immédiatement à la pertinence du personnage de Cal, même si on peut douter qu’un tel homme existe.

Et P-J m’a répondu…

Il m’a téléphoné, on s’est écrit, on est même allé à la plage, ce qui fera rire ceux qui le connaissent. Nous avons lié une profonde amitié, un échange qui nous a permis de nous connaître un peu.

Et Cal, c’est lui… C’est ça que représente Cal pour moi, il fait ce que P-J aurait voulu faire en pareille situation, il est bon, généreux, profondément humain, tout comme P-J. C’est pour ça qu’il m’a tellement plu.

Allan : Dans quelle optique as-tu accepté ce défi ?

Boris : J’écris, un peu comme tout le monde, depuis un grand moment. Des trucs aboutis et d’autres pas du tout. J’ai pensé un jour écrire une suite à Cal de Ter, mais je ne savais pas quelle direction prendre. J’ai ébauché une idée, un chapitre et laissé ça de côté.

J’avais contact avec l’ami Ward, Grand Sauveur de la SF française, qui m’a proposé de participer à cette aventure, puisqu’il savait que je connaissais bien le monde de Cal et que je bidouillais dans mon coin. L’idée de reprendre ce chapitre est venue d’elle même, sans effort.

J’ai du mettre un peu plus d’une semaine à écrire un premier jet, de beaucoup trop long. Je ne parvenais plus à m’arrêter. Rendu à 90000 signes, j’ai été obligé d’élaguer au maximum pour rentrer tant bien que mal dans le format et ma nouvelle reste la plus volumineuse du recueil. J’en suis encore navré.

Je ne dirais pas que ce fut un défi ou en tout cas il ne m’a pas demandé un sacrifice quantifiable. C’est un tel plaisir, un cadeau inestimable de pouvoir pour un instant endosser le costume de son Héros personnel…

Allan : Quel regard portes-tu sur le résultat ?

Boris : Attendri, forcément. Et étonné aussi. La richesse et l’imagination des auteurs sont époustouflantes. Je n’en citerais que deux: Claire et Laurent. Les nouvelles qu’ils ont écrits sont allées plus loin que je n’aurais osé même en rêver. Ils ont creusé dans leur problématique jusqu’au fond, sans compromissions. Tout ce qui est dans chacune des nouvelles est dans la série, chaque thème provient de cette série, mais développé à l’extrême. J’ai adoré toutes les nouvelles, tout simplement. Ce n’est pas du P-J Hérault, certaines fois ça pourrait y ressembler, mais c’est autre chose. Ce serait un peu comme un cadeau collectif de grands amis pour une personne chère à qui on aurait envie de faire particulièrement plaisir et pour qui on aurait fait chacun un petit-quelque-chose de ses propres mains, presque avec tendresse.

Je trouve qu’il s’agit d’un bel hommage, mérité, pour un Homme, un vrai, qui nous donna sans rien attendre en retour un petit chef-d’Œuvre de science fiction que je ne me lasse pas de lire et de relire depuis des années.


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