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Interview : Fabrice Nicolas

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Souvenez vous il y a un an paraissait Nous nous reverrons… hier et les deux auteurs nous avaient déjà indiqués une possible et probable suite aux aventures de la fine équipe… C’est chose faite !!

Et tout comme leurs personnages, les auteurs ne sont pas vraiment assagis..

Allan : Fabrice et Nicolas : , vous revoilà donc sur le front pour la sortie de votre deuxième roman Les Marionnettistes paru aux éditions Nuit d’Avril en octobre 2006… Alors première question, quoi de neuf les gars ?

Fabrice : Mon appartement, ma voiture et ma prothèse auditive. Ce qui est formidable, c’est qu’aucun des trois n’a quoi que ce soit à voir avec mes droits d’auteur.

Nicolas : : Une grande tournée qui nous enverra à la rencontre de notre demi-douzaine de fans à travers le monde. Nous passerons, notamment par Plougnac sur Yvette, Gerzon les Fossés, Ramercourt en Santerre, Ligeac sur Plombe et Fougneux les Clapiers. Pour ne citer que les rendez-vous les plus prestigieux…

Allan : Que lis-je, que vois-je : Nous nous reverrons…Hier paru l’année dernière chez le même éditeur à reçu le prix du public de « l’Armée des douze singes » catégorie meilleur roman de SF… Ça fait quoi ?

Fabrice : Ça fait cher. Je constate avec tristesse que, depuis le passage à l’Euro, les tarifs permettant d’acheter un jury ont augmentés dans des proportions frisant l’indécence. Pour le Goncourt, Nicolas : et moi sommes en train d’étudier les possibilités d’en faire chanter les membres. Une photo compromettante ne revient qu’à un rouleau de pellicule, une enveloppe et un timbre pour un résultat tout aussi heureux.

Nicolas : : Pour ma part, ça fait peur. Il semblerait, en effet que ce prix n’ait pas survécu à sa première édition. Sans être superstitieux, cela n’augure rien de bon quant à la possibilité d’être un jour nominé dans pour autre prix littéraire. Pour le reste, nous avons été les premiers surpris de remporter cette distinction et le fait qu’elle provienne du public reste un réel motif de satisfaction. Encore merci aux lecteurs.

Allan : Vous nous aviez déjà tous deux annoncé l’an passé qu’il y aurait une suite à l’aventure de la « fine équipe »… Elle est arrivée vite ! Est-ce à dire que vous aviez déjà des millions d’idées en tête et que le 3 est pratiquement fini ?

Fabrice : Je n’en sais rien. Il faut qu’on appelle nos sous-traitants pour voir où ça en est. Une équipe de consultants roumains se charge du brainstorming et la rédaction proprement dite est réalisée dans une usine moldave.

Nicolas : : La suite semble être arrivée vite mais en réalité, deux années se sont écoulées depuis la première publication de « Nous nous reverrons…hier ». Il a fallu attendre un an avant de pouvoir bénéficier d’une sortie nationale et celle-ci date déjà d’un an… Ce sont ces deux années que nous avons mises à profit pour écrire « Les marionnettistes ». Donc, non, la suite en est au stade de synopsis et l’écriture n’en est qu’à ses premiers balbutiements. À moins de pouvoir y consacrer tout notre temps, ce que mon patron n’accepterait qu’avec une réticence appuyée, je doute de pouvoir vous la promettre pour octobre prochain.

Allan : Enfin, quand même, la probabilité que la foudre tombe deux fois au même endroit est faible, voire nulle… Pourquoi du coup avoir fait le choix de garder les mêmes acteurs pour cette aventure ?

Fabrice : Le syndicat, cher monsieur. On avait pourtant organisé un casting afin de trouver des têtes neuves, mais le syndicat est venu nous voir. Je ne discute jamais avec une batte de base-ball, c’est un principe dont je répugne à me défaire.

Nicolas : : On a décidé de reprendre les mêmes personnages pour couper l’herbe sous le pied de tous ceux qui nous demanderaient pourquoi on n’avait pas fait une suite. On avait sous-estimé la perversité de certains interviewers. Quoi qu’il en soit, j’avais depuis toujours l’idée d’une série et Fabrice n’avait rien contre, donc, tant que les idées seront là et tant que notre demi-douzaine de fidèles nous suivra, vous pourrez lire les palpitantes aventures de la « fine équipe ». Mais la possibilité de se lancer dans des histoires particulières et sans suite n’est pas exclue. Cela mis à part, je suis prêt à parier que vous n’avez jamais osé faire cette remarque au Club des cinq, au Clan des sept ou à Fantômette…

Allan : J’ai particulièrement apprécié cette notion de peur imposée par un groupe puissant… A bien y réfléchir, j’aurais tendance à penser que vous êtes vous-même informé d’une invasion en cours… Voulez-vous bien reconnaître devant nos lecteurs votre appartenance à la communauté de ces envahisseurs et avouer votre appartenance à la cinquième colonne ?

Fabrice : Je n’avoue jamais, c’est un réflexe acquis depuis la maternelle. Ne comptez donc pas sur moi pour vous révéler nos pouvoirs mutants. Nicolas : et moi sommes les seuls humains à savoir ouvrir une Vache qui rit sans nous en mettre plein les doigts.

Nicolas : : Négatif ! La vérité est qu’il n’y a aucun complot. Cette histoire de peur entretenue à dessein n’est que l’absolue réalité. Comment imaginer l’aliénation de milliards d’individus sans que cela se voie à un moment ou à un autre ? C’est impossible. Or cette aliénation existe pourtant bel et bien, c’est donc qu’elle se fait au grand jour. Simplement, ce sont les aliénés qui ne font rien pour le voir. Ouvrez les yeux, informez-vous, restez critiques et vous apercevrez les actes derrière les paroles.

Allan : Trêve de plaisanterie (nous sommes sérieux chez nous…), on sent fortement des appels du pied ou des clins d’Œil appuyés aux idées Mulderiennes (de Mulder – X-Files pour nos visiteurs qui ne connaîtraient pas). C’est une série qui vous a marqué ?

Fabrice : Marqué, c’est rien de le dire. La pire erreur, dans la vie, consiste à associer un élément qu’on ne contrôle pas à un environnement potentiellement dangereux. En l’occurrence, le skate-board et le rayon vidéo d’une grande surface. J’ai toujours le « X » du boîtier de la seconde saison tatoué sur le front.

Nicolas : : Je n’ai jamais eu le temps d’aller au-delà de la troisième saison et je serais incapable de vous raconter plus de deux épisodes. Pourtant, je dois bien avouer que l’esprit de la série nous a accompagnés lors de l’élaboration de l’histoire même si nous ne revendiquons aucune filiation avec Chris Carter.

Allan : Sur le plan de l’intrigue, vous avez rendu votre roman plus proche du thriller que de la SF (enfin, c’est une impression et ce n’est pas une critique hein ?) ; le récit s’y prêtait plus ?

Fabrice : Plus que la comptine ou l’alexandrin, genres auxquels, malgré tout, nous espérons nous frotter un jour avec succès.

Nicolas : : Je suis complètement d’accord avec votre impression. Je pense que l’étiquette – avec tous les guillemets que vous aurez en réserve – « thriller fantastique » aurait été plus adéquate que « science-fiction ». Dans ce sens, je me sens plus proche d’un John Farris, d’un Nelson Demille, d’un Robert Ludlum ou d’un Dan Simmons que de n’importe quel auteur de science-fiction pure. J’ajoute qu’à aucun moment je n’ai la prétention de me comparer à aucun d’entre eux. Du moins pas avant une vingtaine d’années de travail.

Allan : En passant, une petite claque dans la tronche pour les anti-libertés individuelles… Voyons-nous la naissance de deux jeunes auteurs engagés ou juste un petit coup de gueule passager ?

Fabrice : Je ne vois pas de quoi vous parlez. « Les Marionnettistes » est recommandé par tous les grands équipementiers de dictatures. Nous serons d’ailleurs en dédicace au prochain salon de la torture.

Fabrice Nicolas : : Ils me tuent. Mais votre question est intéressante. J’ai envie de dire que les thèmes abordés dans « Les Marionnettistes », s’ils sont plus actuels, rejoignent quand même ceux qui sous-tendaient « Nous nous reverrons hier », dans le sens où je m’intéresse aux zones d’ombres de notre monde. Celles-ci contiennent des éléments tellement fantastiques, en matière de manipulation et d’abjection, que le travail romanesque est déjà quasiment fait. D’ailleurs, une large part des mécanismes politiques et économiques que je décris dans « Les Marionnettistes » est réelle ou en train de se mettre en place à notre insu, parce qu’on se refuse à le voir où que notre force de réaction collective est passablement émoussée. Ceci posé, « Les Marionnettistes » reste un roman, je l’ai écrit avant tout pour le plaisir de faire une bonne histoire, même s’il contient en filigrane un constat assez amer sur ce que sont nos choix de civilisation et l’impasse où ils nous mènent. Mais ce livre n’a pas la prétention d’avertir qui que ce soit, car il ne contient que des idées et nos idées ne nous engagent à rien. Seuls nos actes le font.

Nicolas : : Tiens, il était invité lui ? Je suis assez d’accord avec lui. Je ne suis pas un auteur engagé dans la mesure où je ne suis d’aucun combat, hormis celui de travailler dur pour livrer de la prose de qualité. Pour le reste, il n’y a pas de mal à mâtiner nos histoires d’un fonds susceptible d’interpeller le lecteur. Je pense que dans la prochaine aventure, le propos sera davantage philosophique que politique, pourtant, ce ne sera qu’un prétexte à raconter une histoire que l’on espère aussi prenante que les précédentes.

Allan : Et maintenant, c’est quoi la suite pour vous deux ?

Fabrice : Euh… Le festival de Cannes, je crois. Quelque part dans le public.

Nicolas : : Un fils, pour le mois de février. J’en profiterai pour recommencer à zéro l’éducation de Fabrice.

Allan : Ah, et puis pour changer de question de fin : c’est quoi votre livre de chevet ?

Fabrice : « Des clous ». Une autobiographie de Jésus. C’est piquant.

Nicolas : : « Témoignage » de Nicolas Sarkozy. Un remède souverain pour accélérer le transit des intestins paresseux.

Allan : Merci à vous deux…

Fabrice : C’est toujours un plaisir.

Nicolas : : Merci à vous, Allan, vous serez toujours le bienvenu.


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