Réalisée par :mail
Date :novembre 2006
Souvenez vous il y a un an paraissait Nous nous reverrons… hier et les deux auteurs nous avaient déjà indiqués une possible et probable suite aux aventures de la fine équipe… Cest chose faite !!
Et tout comme leurs personnages, les auteurs ne sont pas vraiment assagis..
Allan : Fabrice et Nicolas : , vous revoilà donc sur le front pour la sortie de votre deuxième roman Les Marionnettistes paru aux éditions Nuit dAvril en octobre 2006
Alors première question, quoi de neuf les gars ?
Fabrice : Mon appartement, ma voiture et ma prothèse auditive. Ce qui est formidable, cest quaucun des trois na quoi que ce soit à voir avec mes droits dauteur.
Nicolas : : Une grande tournée qui nous enverra à la rencontre de notre demi-douzaine de fans à travers le monde. Nous passerons, notamment par Plougnac sur Yvette, Gerzon les Fossés, Ramercourt en Santerre, Ligeac sur Plombe et Fougneux les Clapiers. Pour ne citer que les rendez-vous les plus prestigieux
Allan : Que lis-je, que vois-je : Nous nous reverrons
Hier paru lannée dernière chez le même éditeur à reçu le prix du public de « lArmée des douze singes » catégorie meilleur roman de SF
Ça fait quoi ?
Fabrice : Ça fait cher. Je constate avec tristesse que, depuis le passage à lEuro, les tarifs permettant dacheter un jury ont augmentés dans des proportions frisant lindécence. Pour le Goncourt, Nicolas : et moi sommes en train détudier les possibilités den faire chanter les membres. Une photo compromettante ne revient quà un rouleau de pellicule, une enveloppe et un timbre pour un résultat tout aussi heureux.
Nicolas : : Pour ma part, ça fait peur. Il semblerait, en effet que ce prix nait pas survécu à sa première édition. Sans être superstitieux, cela naugure rien de bon quant à la possibilité dêtre un jour nominé dans pour autre prix littéraire. Pour le reste, nous avons été les premiers surpris de remporter cette distinction et le fait quelle provienne du public reste un réel motif de satisfaction. Encore merci aux lecteurs.
Allan : Vous nous aviez déjà tous deux annoncé lan passé quil y aurait une suite à laventure de la “fine équipe”
Elle est arrivée vite ! Est-ce à dire que vous aviez déjà des millions didées en tête et que le 3 est pratiquement fini ?
Fabrice : Je nen sais rien. Il faut quon appelle nos sous-traitants pour voir où ça en est. Une équipe de consultants roumains se charge du brainstorming et la rédaction proprement dite est réalisée dans une usine moldave.
Nicolas : : La suite semble être arrivée vite mais en réalité, deux années se sont écoulées depuis la première publication de « Nous nous reverrons
hier ». Il a fallu attendre un an avant de pouvoir bénéficier dune sortie nationale et celle-ci date déjà dun an
Ce sont ces deux années que nous avons mises à profit pour écrire « Les marionnettistes ». Donc, non, la suite en est au stade de synopsis et lécriture nen est quà ses premiers balbutiements. À moins de pouvoir y consacrer tout notre temps, ce que mon patron naccepterait quavec une réticence appuyée, je doute de pouvoir vous la promettre pour octobre prochain.
Allan : Enfin, quand même, la probabilité que la foudre tombe deux fois au même endroit est faible, voire nulle
Pourquoi du coup avoir fait le choix de garder les mêmes acteurs pour cette aventure ?
Fabrice : Le syndicat, cher monsieur. On avait pourtant organisé un casting afin de trouver des têtes neuves, mais le syndicat est venu nous voir. Je ne discute jamais avec une batte de base-ball, cest un principe dont je répugne à me défaire.
Nicolas : : On a décidé de reprendre les mêmes personnages pour couper lherbe sous le pied de tous ceux qui nous demanderaient pourquoi on navait pas fait une suite. On avait sous-estimé la perversité de certains interviewers. Quoi quil en soit, javais depuis toujours lidée dune série et Fabrice navait rien contre, donc, tant que les idées seront là et tant que notre demi-douzaine de fidèles nous suivra, vous pourrez lire les palpitantes aventures de la « fine équipe ». Mais la possibilité de se lancer dans des histoires particulières et sans suite nest pas exclue. Cela mis à part, je suis prêt à parier que vous navez jamais osé faire cette remarque au Club des cinq, au Clan des sept ou à Fantômette
Allan : Jai particulièrement apprécié cette notion de peur imposée par un groupe puissant
A bien y réfléchir, jaurais tendance à penser que vous êtes vous-même informé dune invasion en cours
Voulez-vous bien reconnaître devant nos lecteurs votre appartenance à la communauté de ces envahisseurs et avouer votre appartenance à la cinquième colonne ?
Fabrice : Je navoue jamais, cest un réflexe acquis depuis la maternelle. Ne comptez donc pas sur moi pour vous révéler nos pouvoirs mutants. Nicolas : et moi sommes les seuls humains à savoir ouvrir une Vache qui rit sans nous en mettre plein les doigts.
Nicolas : : Négatif ! La vérité est quil ny a aucun complot. Cette histoire de peur entretenue à dessein nest que labsolue réalité. Comment imaginer laliénation de milliards dindividus sans que cela se voie à un moment ou à un autre ? Cest impossible. Or cette aliénation existe pourtant bel et bien, cest donc quelle se fait au grand jour. Simplement, ce sont les aliénés qui ne font rien pour le voir. Ouvrez les yeux, informez-vous, restez critiques et vous apercevrez les actes derrière les paroles.
Allan : Trêve de plaisanterie (nous sommes sérieux chez nous
), on sent fortement des appels du pied ou des clins dil appuyés aux idées Mulderiennes (de Mulder X-Files pour nos visiteurs qui ne connaîtraient pas). Cest une série qui vous a marqué ?
Fabrice : Marqué, cest rien de le dire. La pire erreur, dans la vie, consiste à associer un élément quon ne contrôle pas à un environnement potentiellement dangereux. En loccurrence, le skate-board et le rayon vidéo dune grande surface. Jai toujours le « X » du boîtier de la seconde saison tatoué sur le front.
Nicolas : : Je nai jamais eu le temps daller au-delà de la troisième saison et je serais incapable de vous raconter plus de deux épisodes. Pourtant, je dois bien avouer que lesprit de la série nous a accompagnés lors de lélaboration de lhistoire même si nous ne revendiquons aucune filiation avec Chris Carter.
Allan : Sur le plan de lintrigue, vous avez rendu votre roman plus proche du thriller que de la SF (enfin, cest une impression et ce nest pas une critique hein ?) ; le récit sy prêtait plus ?
Fabrice : Plus que la comptine ou lalexandrin, genres auxquels, malgré tout, nous espérons nous frotter un jour avec succès.
Nicolas : : Je suis complètement daccord avec votre impression. Je pense que létiquette avec tous les guillemets que vous aurez en réserve « thriller fantastique » aurait été plus adéquate que « science-fiction ». Dans ce sens, je me sens plus proche dun John Farris, dun Nelson Demille, dun Robert Ludlum ou dun Dan Simmons que de nimporte quel auteur de science-fiction pure. Jajoute quà aucun moment je nai la prétention de me comparer à aucun dentre eux. Du moins pas avant une vingtaine dannées de travail.
Allan : En passant, une petite claque dans la tronche pour les anti-libertés individuelles
Voyons-nous la naissance de deux jeunes auteurs engagés ou juste un petit coup de gueule passager ?
Fabrice : Je ne vois pas de quoi vous parlez. « Les Marionnettistes » est recommandé par tous les grands équipementiers de dictatures. Nous serons dailleurs en dédicace au prochain salon de la torture.
Fabrice Nicolas : : Ils me tuent. Mais votre question est intéressante. Jai envie de dire que les thèmes abordés dans « Les Marionnettistes », sils sont plus actuels, rejoignent quand même ceux qui sous-tendaient « Nous nous reverrons hier », dans le sens où je mintéresse aux zones dombres de notre monde. Celles-ci contiennent des éléments tellement fantastiques, en matière de manipulation et dabjection, que le travail romanesque est déjà quasiment fait. Dailleurs, une large part des mécanismes politiques et économiques que je décris dans « Les Marionnettistes » est réelle ou en train de se mettre en place à notre insu, parce quon se refuse à le voir où que notre force de réaction collective est passablement émoussée. Ceci posé, « Les Marionnettistes » reste un roman, je lai écrit avant tout pour le plaisir de faire une bonne histoire, même sil contient en filigrane un constat assez amer sur ce que sont nos choix de civilisation et limpasse où ils nous mènent. Mais ce livre na pas la prétention davertir qui que ce soit, car il ne contient que des idées et nos idées ne nous engagent à rien. Seuls nos actes le font.
Nicolas : : Tiens, il était invité lui ? Je suis assez daccord avec lui. Je ne suis pas un auteur engagé dans la mesure où je ne suis daucun combat, hormis celui de travailler dur pour livrer de la prose de qualité. Pour le reste, il ny a pas de mal à mâtiner nos histoires dun fonds susceptible dinterpeller le lecteur. Je pense que dans la prochaine aventure, le propos sera davantage philosophique que politique, pourtant, ce ne sera quun prétexte à raconter une histoire que lon espère aussi prenante que les précédentes.
Allan : Et maintenant, cest quoi la suite pour vous deux ?
Fabrice : Euh
Le festival de Cannes, je crois. Quelque part dans le public.
Nicolas : : Un fils, pour le mois de février. Jen profiterai pour recommencer à zéro léducation de Fabrice.
Allan : Ah, et puis pour changer de question de fin : cest quoi votre livre de chevet ?
Fabrice : « Des clous ». Une autobiographie de Jésus. Cest piquant.
Nicolas : : « Témoignage » de Nicolas Sarkozy. Un remède souverain pour accélérer le transit des intestins paresseux.
Allan : Merci à vous deux
Fabrice : Cest toujours un plaisir.
Nicolas : : Merci à vous, Allan, vous serez toujours le bienvenu.