Réalisée par :mail
Date :mai 2008
Allan : Bonjour Jean-Louis, tu es connu notamment du fait du succès rencontré par la Trilogie des Elfes qui a dailleurs été réédité chez Pocket à loccasion de la parution de la préquelle de cette trilogie, et pourtant rien ne te destinait a priori à embrasser cette carrière
Peux-tu nous parler de ce « passé » ?
Jean-Louis : Je ne sais pas si quoique ce soit destine qui que ce soit à écrire des livres ou à avoir du succès. Jai suivi des études dHistoire et de Philo, puis jai travaillé dans un journal, puis dans lédition. Toujours dans lécrit, en fait
Allan : Quand on regarde tes débuts, tu as été éditeur puis on te retrouve liés à des ouvrages dhumour
Nous restons loin de la fantasy ?
Jean-Louis : Je suis toujours éditeur. Cest mon premier et mon « vrai » métier. Jai créé il y a 20 ans les Editions Hors Collection suite au succès du Guide du jeune père, co-écrit avec Pierre Antilogus, puis jai dirigé le Pré aux Clercs et Acropole avant de fonder il y a un peu moins de deux ans les Editions Fetjaine dans le groupe La Martinière-Le Seuil. Ce nest pas si loin de la Fantasy – jai publié chez Pré aux Clercs et Fetjaine de nombreux auteurs du genre, tant en romans quen livres illustrés : Robert Holdstock, Megan Lindolm, Stephen Donaldson, les 6 livres illustrés tirés des films du Seigneur des anneaux, les livres dEdouard Brasey, les livres photo que je publie avec Sandrine et Jean-Baptiste Rabouan
Ca fait tout de même pas mal.
Allan : Et puis arrive lécriture et le succès que lon connaît de ta trilogie des elfes : peux-tu nous expliquer la génèse de cette histoire et leffet qua produit sur toi le succès ?
Jean-Louis : La genèse de lhistoire est toute simple. Après des années de succès des « guides » humoristiques écrits avec Pierre Antilogus, nous avons ensemble décidé darrêté, parce que nous étions allés au bout du genre. Je me suis trouvé un peu désuvré et jai retrouvé quelques pages écrites à lépoque où je jouais aux Donjons et dragons avec des amis et inspirées de lun des scénarios que nous avions joué. Jai essayé de mettre un peu de chair autour de tout ça et jai montré quelques pages à Belfond, qui a bien voulu tenter laventure.
Ca partait en fait dune façon assez simpliste, mais en cours décriture jai tout changé en y ajoutant une dimension spirituelle et mythologique. Ma femme Florence ma beaucoup poussé dans ce sens, heureusement.
Quand au succès, cest quelque chose dassez abstrait, dans lédition. Tu peux vendre des centaines de milliers douvrages, personne ne te reconnait dans la rue, tu sais. Donc cest loin de changer quoi que ce soit. Sauf quon na pas de problème a être édité et donc à continuer décrire, ce qui est déjà énorme.
Allan : Le cycle suivant semble plus tenir du roman historique que du roman fantasy, ce qui ne lempêcha pas dêtre primé aux Imaginales
Doit-on voir dans tes diplômes en histoire médiévale une passion certaine pour lhistoire ?
Jean-Louis : Oui, bien sûr. Mais dès le départ jessayais décrire dans un contexte historique quin soit cohérent et qui corresponde au Haut Moyen-âge, cest à dire la période suivant la chute de lempire romain. Jy suis en fait resté fidèle au fil des livres. La série sur Merlin se passe vers lan 570, époque où Frédégonde et Brunehilde, les héroïnes des « Reines pourpres » régnaient dans ce qui deviendra la France.
Allan : Tu as participé aussi à des livres illustrés, quel était pour toi lintérêt de la démarche ?
Jean-Louis : Jai travaillé tout dabord avec Jean-Luc Boivent pour un livre de photos, La Forêt de Merlin, utilisant de façon poétique et diffuse linfographie pour restituer latmosphère dune Brocéliande telle quon la rêve. Ce livre est en quelque sorte le troisième tome de la série « Le Pas de Merlin ».
Puis jai rencontré Sandrine et Jean-Baptiste Rabouan, avec lesquels on a travaillé sur un registre plus léger, plus souriant. On a publié deux magnifiques ouvrages sur les fées, les elfes et les lutins : Le Petit Peuple, au Pré aux Clercs, puis Au pays des Fées, chez Fetjaine. Ensuite, nous avons ensemble conçu toute une série de livres pour enfants de 6-10 ans, dont jécris les textes et quils illustrent. Ce sont vraiment des livres que jadore. Sur La Petite fée paresseuse, cest ma fille aînée Justine qui pose. Sur Le lutin qui volait les chaussettes, cest ma deuxième fille Eloïse
On en a publié six, comme ça, chez Fetjaine.
Lintérêt est délargir le spectre, part rapport à lécriture, et de proposer aussi un univers visuel. Avec la petite collection, lintérêt est bien sur décrire des contes pour enfants.
Allan : Et maintenant Lliane, premier volume dun nouveau cycle sur les Elfes, dans lunivers que vous avez déjà abordé : pourquoi maintenant?
Jean-Louis : Je nai pas pu aller au bout des « Reines pourpres », malgré leur succès, à cause dun différent avec le responsable de la maison dédition. Je navais pas envie de continuer la série ailleurs. Javais envie de tourner la page et retrouver un peu de fraîcheur. Je connaissais bien Univers poche et Fleuve Noir, jaime bien les gens qui y travaillent, on est donc partis ensemble sur quelque chose de nouveau.
Allan : Il sagit en fait dune préquelle (NdW : lhistoire se déroule avant la Trilogie des Elfes) ; cette tendance tend à se répandre ces derniers temps
Quel est à ton sens lintérêt de raconter ce qui se passe avant ?
Jean-Louis : Cest un exercice assez exigeant car il ne faut pas faire derreur mais très intéressant pour lauteur, parce quil permet dapprofondir les personnages. Lliane, lhéroïne principale du Crépuscule, est ici une jeune elfe insouciante, bientôt plongée dans une série dépreuves qui en feront le personnage qui apparaît plus tard, reine et guerrière, à la fois extrêmement séduisante et extrêmement dangereuse.
Allan : Nous voici donc aux prémices des aventures qui lieront hommes et elfes
Nous avons un « duel » entre les religions anciennes et polythéistes dont les elfes sont les représentants et la nouvelle religion prônée par les hommes, qui nie totalement lexistence des elfes. Est-ce que les hommes sont responsables de la disparition des êtres de faerie ?
Jean-Louis : Cest lidée, oui, de la série Le Crépuscule des elfes. Et ça correspond à une réalité historique, transformée peu à peu en légendes. Non pas que des elfes en tant que tels aient existé au Haut Moyen-âge, mais parce que cest lépoque où la religion chrétienne, devenue décadente à la fin de lEmpire romain, a trouvé un nouveau souffle, notamment grâce aux moines irlandais, et sest lancé dans une véritable croisade contre les druides et une christianisation de masse. Dans limaginaire chrétien, les moines qui ont mené cette croisade deviennent des saints tueurs de dragons, dont la vie est racontée noir sur blanc dans les Vita. Ce quon appelle dragons étaient en fait des foyers culturels païens
Allan : Ce premier volume va surtout nous permettre de mieux connaître les différents peuples elfes, et les relations entre hommes et elfes
Ne crains-tu pas que ce premier volume ne donne un sentiment de « déjà » vu à tes précédents lecteurs ?
Jean-Louis : Jespère quil y aura plutôt du plaisir à retrouver un univers qui leur ait plu.
Allan : Dailleurs, conseilles-tu de commencer par ta première trilogie, ou lordre na finalement que peu dimportance ?
Jean-Louis : Il vaut mieux commencer par le commencement, cest-à-dire par Lliane. Mais la première trilogie est une histoire en soi et donc oui, ça na finalement que peu dimportance.
Allan : Les chroniques des Elfes seront-elles une trilogie ?
Jean-Louis : Au moins. Mais mon idée est den faire plutôt une série, comme Lassassin royal, par exemple. Elle sera fatalement limitée, mais trois livres, ça me semble court. Je suis déjà au deuxième
Allan : Quand pourrons-nous lire la suite ?
Jean-Louis : En janvier ou février 2009, sans doute.
Allan : As-tu dautres projet en cours et si oui peux-tu déjà nous en parler ?
Jean-Louis : Je sors en septembre un nouveau livre pour enfants Les elfes dAutomne, avec JB et Sandrine Rabouan, chez Fetjaine. Un conte pour enfants illustrés de photos « réelles ».
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Jean-Louis : De vendre 100.000 ex et dêtre adapté au cinéma
Merci, cest gentil.
Allan : Le mot de la fin sera :
Jean-Louis : Byth utan unsmethe treow heard hrusan faest, hyrde fyres.
Vous nêtes pas daccord ?
Crécdit Photo : ©Benjamin Didier