Orcusnf :Bonjour Jeff Vandemeer, pourriez vous vous présenter pous nos lecteurs qui, les malheureux, ne vous connaitraient pas ?
Jeff Vandermeer :Je suis écrivain professionnel, mais je n’écris pas seulement de la sf, vous trouverez aussi chez moi de la littérature générale. Je suis aussi bloggueur et était correspondant pour le Washington Post. Je n’ai aucun diplôme universitaire, j’ai arrêté mes études au collège, après m’être rendu compte que la seule chose qui m’interessait était d’écrire et que je n’avais pas besoin de faire d’études pour celà. J’ai publié mon premier roman en 1996, et c’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai rencontré ma femme, qui travaillait dans ma maison d’édition. Depuis l’an dernier, je vis de ma plume.
Orcusnf : La Cité des saints et des fous est un livre composite : plusieurs histoires, plusieurs genres, d’où une certaine originalité. Pourquoi le choix d’une telle narration ? Et était ce important pour vous de le faire dans un même univers?
Jeff Vandermeer :Je suis passionné par l’histoire, or cette discipline requiert le changement de perspectives, l’étude complète d’une situation avant de parvenir à une conclusion. Je pense que cela peut expliquer l’originalité de cette narration, qui en présentant un tableau global, permet au lecteur de comprendre ce qui se passe mieux que dans le cadre d’un seul récit.
Orcusnf :La technique de l’empilement des récits donne peu à peu une réalité à Ambregris, mais laisse beaucoup de zones d’ombre. Il n’y a aucun lien de fait entre le Silence et la présence des Champigniens dans Ambregris, ces lacunes seront elles comblées ?
Jeff Vandermeer :Oui, dans un prochain roman. Mais je voulais garder un peu de mystère, un peu comme dans la vie réelle, où on ne peut jamais tout savoir, et où les gens cherchent même parfois à oublier. De toute façon, ce n’est pas vraiment important si l’histoire de la cité des saints et des fous n’a pas de fin, après tout ce n’est pas la vraie vie. Quoiqu’il en soit, pour satisfaire votre soif de curiosité, je vous conseille de lire le prochain livre.
Orcusnf : D’où vient cette obsession pour les champignons et les calmars? Pour faire surgir le tragique là où réside le grotesque ?
Jeff Vandermeer :En tant qu’écrivain, je trouve notre monde assez bizarre. J’essaye donc d’adopter un point de vue neuf, de ne pas me contenter des apparences, de juger par moi même de ce que je vois, c’est-à-dire en somme d’éviter d’être blasé en toutes circonstances. Cette obsession comme vous dites participe à cette intention, car à travers le rire, le lecteur peut percevoir le néocolonialisme actuel, les dérives de notre monde. Ainsi en est il des champigniens et de leur technologie, avec notamment leurs balles qui, après avoir été tirées se transforment en nourriture. Ca ne vous rappelle pas les bombes à fragmentation larguées en Afghanistan, et qui ressemblaient de manière frappante aux colis d’aide alimentaire ? Ce qui vise au final à montrer l’absurdité de la guerre, qui revient à détruire pour reconstruire après, parfois en faisant les deux en même temps.
Orcusnf : Pourquoi rendre les annexes aussi importantes par rapport aux nouvelles, comme par exemple pour la bibliographie de l’essai sur le calmar royal ?
Jeff Vandermeer :C’est une blague en fait, car je me suis rendu compte que les gens lisaient peu les annexes placées à la fin des livres. Alors je me suis dit qu’en les rendant consistantes et interessantes, ils y feraient peut être plus attention à l’avenir.
Orcusnf : Quels sont vos projets en cours ?
Jeff Vandermeer :Je travaille actuellement sur trois romans. Le premier, « Shrieran afterword » est une histoire familiale. Le second, Finch, est un roman noir. Et le troisième, Zamilon Five, un roman d’espionnage.
Orcusnf : Quel sera le mot de la fin ?
Jeff Vandermeer :Il est important de rester sérieux dans son travail sans pour autant se priver d’un peu de rigolade, car c’est là la voie vers le vrai monde.
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