Réalisée par :face-à-face
Date :Avril 2008
Orcusnf :Bonjour les Roland, première question, la plus évidente peut-être, d’où vous vient ce pseudo étrange porté par cette étrange entité hybride que vous incarnez ?
Roland Vartogue :Pour Roland, c’est tout simple, ça vient du nom du héros de la « Tour Sombre » de Stephen King. Qui a été pour nous pendant longtemps le personnage le plus charismatique jamais rencontré dans un roman. On peut aussi y voir une influence du mythique Roland mort à Roncevaux, qui est après tout une sorte de héros d’une histoire de fantasy, et français qui plus est ! Quant à Vartogue, nous dirons juste qu’il s’agit de la francisation du nom anglais d’un animal, aux lecteurs de deviner lequel.
Orcusnf :Et justement, pourquoi adopter un pseudo ?
Roland Vartogue :Parce que trop souvent, quand on voit deux noms sur une couverture, on se dit que les auteurs étaient trop nazes, n’avaient pas assez de talent pour faire chacun un roman seul. Ce qui n’est évidemment pas notre cas (rires). Un seul nom fait plus sérieux, et en plus, nous n’avons pas à nous disputer pour savoir quel nom sera placé en premier sur la couverture. Nous sommes tous les deux Roland Vartogue et c’est très bien ainsi.
Orcusnf :Une sorte d’utopie littéraire alors ?
Roland Vartogue :En quelque sorte oui?(rires)
Orcusnf :Tout vient donc de cette écriture à quatre mains, mais d’où vous est d’ailleurs venue l’idée d’écrire ensemble ?
Roland Vartogue :C’est un secret un peu honteux, nous en avons eu l’idée quand nous avons vu le très mauvais « Godzilla » de Roland Emmerich ( encore un Roland !). Nous nous sommes dits que nous pouvions faire mieux que ça en nous associant. Alors nous avons écrit un roman très inspiré de Lovecraft, puisqu’il s’appellait « Entends l’appel de Cthulhu ». Mais il s’agissait uniquement d’un roman humoristique, nous avons pris du plaisir à l’écrire, l’avons montré à des amis, avons bien ri avec. Nous n’avons jamais envisagé de le présenter à un éditeur ou quoi que ce soit d’approchant. Ce n’était qu’un de ces défis qu’on se lance à dix-huit ans, du genre « je vais écrire un roman ».Il n’y avait d’ailleurs même pas de plan, nous avons tout improvisé. Ca ressemble à une sorte de téléphone arabe littéraire…
Orcusnf :Mais ensuite, vous n’en êtes pas restés là ?
Roland Vartogue :Nous avons écrit ensemble quelques nouvelles, les recommençant souvent puisque nous travaillions sur disquette pour des raisons géographiques, et un bon nombre de disquettes étaient défectueuses ou infestées par un virus. L’idée de l’Orbiviate remonte à l’époque de « Entends l’appel de Cthulhu, mais le projet n’a réellement pris forme qu’en 2002, quand nous avons commencé à écrire la première version, que nous avons achevé durant l’été 2003. Ont suivi ensuite de longues périodes de repos, durant lesquelles nous l’avons un peu oublié.
Orcusnf :Le fait d’écrire à quatre mains est plutôt rare pour des auteurs débutants, comment le vivez vous ? N’est ce pas un peu plus difficile que d’écrire seul ?
Roland Vartogue :Pas vraiment, puisque nous n’avons connu que ça. Nous avons certes fait quelques nouvelles en solo avant d’écrire ensemble, mais rien de concluant, juste des esquisses jetées sur le papier. Pour ce qui est du travail un peu plus réfléchi, ça a toujours été à deux. Une fois lancés, c’était évident pour nous que nous devions continuer à écrire de cette manière. Nous y trouvons en plus beaucoup d’avantages, nous avons les mêmes goûts, sommes amis depuis le collège, nous nous comprenons. Et puis il faut avouer que travailler en équipe est super motivant, car quand l’un écrit, il sait qu’il aura immédiatement un lecteur, quelqu’un qui sera lui aussi passionné par l’oeuvre en genèse. En outre, écrire à deux signifie qu’on profite de la moitié de l’oeuvre, dont on est le lecteur et non l’auteur. Il y a donc aussi une relecture permanente, nous nous corrigeons et nous améliorons mutuellement, c’est très stimulant.
Orcusnf :Concrètement, comment se fait le travail ?
Roland Vartogue :Nous dressons un plan très détaillé au début et nous répartissons les chapitres. Evidemment, s’il n’y a pas de problèmes pour les chapitres sympa, ça coince un peu pour ceux de transition, moins intéressants, pour ne pas dire barbant à écrire.
Orcusnf :Ca ressemble aux négociations de joueurs de Monopoly ?
Roland Vartogue :(Rires) Oui, nous négocions très dur, laissant à l’autre un chapitre sympa pour qu’il accepte tel autre plus fastidieux, et ainsi de suite. Mais nous finissons quand même par y réussir. Plus concrètement, après avoir écrit la première version de l’Orbiviate, le premier jet nous paraissait merveilleux, parfait. Mais avec le temps, nous avons appris à nous corriger et à lire avec un peu plus de sévérité. Il y a toujours au moins une remarque, sur le style ou une annotation dans chaque page que nous lisons.
Orcusnf :J’ai été frappé en lisant les textes décrivant l’univers de l’Orbiviate, que vous mettez à disposition des lecteurs, par certaines similitudes avec un livre de Andreas Eschbach, « Des milliards de tapis de cheveux », notamment dans la description de la caravane ou aussi dans le principe des nouvelles, est-ce une de vos inspirations.
Roland Vartogue :Pas du tout, nous n’avons même jamais lu un roman d’Andreas Eschbach. Nous lisons un peu de tout, assez peu de fantasy étrangement, et quand ça nous arrive, elle est quasi-exclusivement anglo-saxonne. Les nouvelles ne servent vraiment qu’à présenter le monde de l’Orbiviate, et certaines de ses spécificités. Lisez les bien, elles vous en révélerons beaucoup plus qu’on ne pourrait le croire au premier abord. Quant à la caravane, ça vient d’une BD, mais nous ne savons plus laquelle…
Orcusnf :Dites nous en plus sur les nouvelles alors, qu’est ce qu’elles nous montrent concrètement de l’univers de l’Orbiviate ?
Roland Vartogue :D’abord, nous avons voulu écrire ces nouvelles et les mettre à la disposition des lecteurs, car nous trouvions cette démarche plus originale que le simple fait de mettre en ligne le premier chapitre du tome 1. Ensuite, ces nouvelles permettent de dévoiler quelques aspects fondamentaux du monde sans pour autant révéler la moindre chose sur l’intrigue. Ce qu’on peut vous dire, c’est que le héros de l’Orbiviate est Taléron, le chef de la caravane rivale de celle de Rasène Fareng, le héros des nouvelles. Et c’est là toute la spécificité de ces nouvelles, car Taléron est présenté comme un ennemi, presque le méchant de l’histoire, par Fareng. Une perspective qui va naturellement s’inverser dans l’Orbiviate, car au fond, le bien et le mal ne sont que des questions de point de vue. Il faut aller voir ce qui se passe derrière les événements, et nous aimons le faire. On peut même dire que nous en éprouvons du plaisir.
Orcusnf :Sinon, pourquoi avoir choisi Cinquième Saison?
Roland Vartogue :Tout simplement parce que notre manuscrit y a été accepté. Comme n’importe qui, nous avions démarché les gros éditeurs avec notre première version de l’Orbiviate. Nous avions reçu une réponse encourageante de Bragelonne, qui reprochait juste au roman d’être trop long. Ces encouragements nous ont donné envie de persévérer, de corriger et d’améliorer le roman. Ceci fait, nous nous sommes intéressés au éditeurs plus modestes, et avons naturellement pensé à Cinquième Saison, que nous connaissions déjà grâce à son forum.
Orcusnf :Quelles sont les oeuvres, pas seulement littéraires, qui vous ont inspiré ?
Roland Vartogue :En tout premier lieu, Lovecraft, pour des raisons déjà évoquées antérieurement. Mais aussi les romans de Stephen King, de Terry Pratchett, JRR Tolkien, JK Rowling, Maupassant, et aussi Zelazny, que nous avons découvert pendant la rédaction de l’Orbiviate et avec lequel nous nous sommes sentis immédiatement proche, par exemple dans la manière dont ses héros traversent les ombres. Il y a aussi, et nous n’avons pas honte de l’avouer, les livres de la série « le livre dont vous êtes le héros », c’était une fantasy divertissante, avec des histoires plutôt complexes, des situations originales qui sortaient souvent de l’ordinaire, et toujours la présence de plusieurs points de vue différents pour une même situation, ce à quoi nous tenons beaucoup. Pour tout dire, nous considérons ces livres comme des Indiana Jones version fantasy. Sur le plan cinématographique, nous pouvons citer Walt Disney, Georges Lucas et M.Night Shyamalan.
Orcusnf :Nous pouvons découvrir de nombreux moments où la magie a sa place, où les monstres surgissent, où la présence d’élements mythologiques se fait sentir, expliquez nous les concepts de base de la mythologie de l’Orbiviate ?
Roland Vartogue :La cosmogonie est très construite et est même l’élément essentiel de l’Orbiviate. Plein de concepts sont posés dans ce premier tome, montrant toute l’importance de la religion. Car dans le monde de l’Orbiviate, les dieux modèlent sans cesse le monde, créant ce qu’on appelle des « Terres Ephémères ». Ce qui se fait avec de grands déferlements de violence, un peu comme si au lieu d’être créées en l’espace de plusieurs millions d’années, les montagnes naissaient en une heure. Non content de fabriquer des espaces totalement neufs, ces dieux fabriquent aussi des chimères, des animaux étranges, n’obéissant parfois à aucune règle physique, animaux totalement stérile et voué à mourir tel la chimère nommée Djahil que rencontre Métrod. Il y a tout un écosystème totalement absurde, dénué de la moindre logique, les dieux sont un peu comme des enfants confrontés à un bac à sable. Mais dans leur grande clémence, les dieux ont aussi créé des zones de stabilités, dans lesquels les hommes sont assurés de ne pas se retrouver dans une Terre éphémères brusquement. Leur sécurité étant assurée par les prêtres au service des dieux. Ces zones de stabilités sont aussi des lieu de pélerinage. De ce fait, les routes menant à ces zones sont elles aussi protégées, et ce sont celles empruntées par les caravanes, qui participent au pélerinage.
Orcusnf :C’est une sorte de chantage ?
Roland Vartogue :Oui, les hommes prient et vont en pélerinage, et en échange ils sont protégés. Mais il faut se rendre compte aussi que ces Terres Ephémères sont une punition infligée aux hommes par les dieux. Ce n’est en réalité qu’une sorte de miséricorde qui les pousse à accorder des zones de stabilité.
Orcusnf :D’ailleurs, d’où vient le mort Orbiviate ?
Roland Vartogue :C’est du latin, Orbis signifie le monde et viaticus le voyage, ce qui donne Orbiviate, le monde du voyage, d’où l’importance du pélerinage.
Orcusnf :Vous vivez tous les deux assez loin l’un de l’autre, toi Nicolas à Bordeaux, et toi Romain à Paris, comment se passe l’écriture dans ces conditions.
Roland Vartogue :Très simplement grâce à internet, dès que nous avons été séparés géographiquement, nous avons pris internet pour pouvoir continuer à écrire ensemble, la distance n’a jamais été une réelle difficulté pour nous. L’un de nous envoie son chapitre, l’autre le relit et l’annote, et le renvoie généralement dans la journée.
Orcusnf :Dans vos précédentes réponses, vous avez parlé de premier tome, il y en a donc d’autres prévus ?
Roland Vartogue :Tout à fait, dans l’idéal nous voudrions en écrire sept. L’histoire des sept tomes est déjà écrite, le plan fait, les chapitres détaillés, reste à les écrire. Le tome deux est déjà achevé et le trois n’en est plus très loin non plus. Mais pour l’instant, nous avons signé un contrat pour trois tomes avec Cinquième Saison, le succès déterminera de l’avenir de l’Orbiviate. Nous avons beaucoup de choses à raconter et espérons bien le faire.
Orcusnf :Pour finir, peut-être la question la plus dure de cet entretien, quel sera votre mot de la fin ?
Roland Vartogue :Nous avons de la chance d’avoir Bruno Laurent comme illustrateur, il a un grand talent et fera parler de lui dans un avenir proche.
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