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Interview : Pierre Pevel

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Allan : Pierre, ce soin que tu apportes à la description du côté historique, te vient-elle de ton passé de scénariste de jeu de rôle ?

Pierre : Il y a peu de rapport entre les métiers de romanciers et de scénaristes de jeu de rôle. Savoir faire l’un ne veut pas spécialement dire savoir faire l’autre. D’ailleurs certains auteurs s’en sont malheureusement rendus compte à leurs dépens !

Allan : Il y a un côté souci du détail qui impressionne dans tes écrits, est-ce indispensable ?

Pierre : Il est vrai que je suis méticuleux. D’ailleurs, cela rend l’histoire beaucoup plus crédible si l’époque est bien expliquée, bien détaillé d’autant plus pour faire intervenir des dragons. Il est plus facile de les accepter quand tout le reste est cohérent.

Allan : Y a-t-il une raison particulière pour laquelle tu as choisi l’époque de Richelieu ?

Pierre : La raison principale est que j’adore les mousquetaires car c’est une période très riche de notre histoire. Le gamin qui reste en moi regarde toujours avec émerveillement les combats à la rapière, les carosses.

Allan : Maintenant, parlons un peu des dragons, pourquoi des dragons à l’époque des mousquetaires ?

Pierre : Les dragons sont toujours jolis.

Allan : Et les dragons dans l’histoire, un nouveau cycle actuellement est en cours : une nouvelle mode ?

Pierre : Je dois reconnaître que je ne lis pas de fantasy, donc je ne peux pas dire si mes idées sont originales ou si d’autres ont déjà écrits sur le sujet. Néanmoins, il faut dire que depuis l’invention de Gutenberg, énormément d’histoires ont été racontées et que par conséquent il est probable que le sujet est déjà été abordé.

En ce qui concerne Téméraire, j’ai effectivement souvenir de l’avoir vu.

Allan : Les dragons sont d’apparences humaines, c’est une nouveauté non ?

Pierre : Non, c’est déjà un fait qui était présent dans les « Enchantements d’Ambremer ». J’aime bien cette idée.

J’essaie d’avoir un contexte historique sérieux, de façon à ce que le lecteur ne soit pas surpris au moment où j’intègre les dragons, il faut que ce soit naturel. Je pars du départ et voit en fonction des conséquences.

Le premier cas possible est que les dragons n’ont jamais existé.

Un autre cas possible est que les dragons ont exité mais ont disparu; il est là intéressant de savoir comment ils ont disparu ;

Dans le dernier cas, les dragons existent toujours et la question qui se posent alors est pourquoi nous ne les voyons pas. S’ils volaient, il est indéniable que nous les aurions vu. La seule possibilité qu’il reste est que l’heure des dragons est passée et qu’en conséquence, ils ont du pour survivre se rapprocher de nous et par conséquent nous ressembler. De plus, ça donne un côté ennemi de l’intérieur très intéressant.

La question suivante a se poser est de savoir qui aurait le plus peur – à cette époque – de cette situation La réponse est toute trouvée : les grandes dynasties car elles risquent de perdre leurs privilèges au profit d’une dynastie draconique.

L’idée est de prendre une période historique, d’y ajouter des éléments fantastiques et de tirer le fil jusqu’au bout.

Allan : Pourquoi avoir choisi de mettre au centre de l’intrigue des Lames plutôt que les Mousquetaires ?

Pierre : Les Lames du Cardinal accomplissent des missions que les Mousquetaires ne peuvent pas faire. Il faut pour les missions les plus sensibles, comme c’est le cas de nos jours, des soldats de l’ombre qui accomplissent les missions pour lesquels les puissants souhaitent le moins de publicité possible. Ces « soldats » existent actuellement et il est certain qu’ils existaient à l’époque de Richelieu.

Allan : Avez-vous une idée du nombre de volumes que comptera le cycle des Lames du Cardinal ?

Pierre : Pour l’instant, un volume suit derrière même si pour l’instant rien n’est signé et qu’aucune date n’est annoncée, ni aucun calendrier prévisionnel. Le premier volume présente déjà un canevas solide pour la suite et j’ai plusieurs idées.

Allan : Quel est ta démarche dans l’écriture ?

Pierre : Je commence par travailler sur les personnages et l’univers. Une fois ces éléments cadrés, je me demande ce qu’il pourrait leur arriver. La structure une fois établie, peu d’éléments fondamentaux apparaitront par la suite ou alors, cet élément a déjà été prévue dès le départ.

Allan : Cette rigueur est donc importante…

Pierre : L’idée est d’introduire ces éléments fantastiques de la manière la plus naturelle possible. Il n’y a pas besoin de se justifier ou de justifier les éléments que nous avons introduits. Trop d’auteurs de fantasy explique, essaie de justifier au point de donner le sentiment de s’excuser. Il n’est pas utile de tout expliquer.

Allan : Devons-nous nous attendre à voir les vrais mousquetaires intervenir ?

Pierre : On voit déjà Athos mais cela ne signifie nullement que nous verrons les autres mousquetaires : il est toujours très tentants de faire intervenir des personnages de l’époque mais il ne faut pas que cela se transforme en une ballade au zoo ! Athos avait un sens au moment où il apparaît et il était totalement envisageable qu’il soit présent à cet endroit à ce moment. Les autres apparaitront si l’histoire à ce moment-là justifie leur apparition. En plus d’Athos, nous voyons aussi Rochefort.

Allan : As-tu d’autres projets en cours ?

Pierre : Faire la suite. Je voulais partir sur un autre projet mais je préfère finalement poursuivre avec les Lames. Bien évidemment, si l’accueil qui lui est réservé est favorable : si les lecteurs n’aiment pas les Lames du Cardinal, je ne poursuivrais pas ; j’écris avant tout pour être lu.

Allan : Quel est ton opinion sur les forums et autres sites où des échanges ont lieu sur les lectures ?

Pierre : Internet a radicalement changé la façon dont l’écrivain est confronté à ses lecteurs. Auparavant, l’auteur n’avait comme retour que les chroniques dans les journaux ou encore le courrier qu’il recevait et ses rencontres sur les salons. Il faut avouer qu’il était rare qu’un lecteur prenne sa plume pour écrire une lettre ou qu’il se déplace sur un salon pour vous dire qu’il n’aime pas ce que vous faites.

Sur les forums, on assiste à des discussions plus « privées », nous avons l’impression d’espionner, les réactions sont plus violentes, parfois très crétines mais parfois positives – que la critique le soit ou non. Par exemple, j’avais lu sur un forum un professeur parler de Wielstadt en indiquant que ces élèves de 5ème pouvaient écrire la même chose… Ce genre de propos peut-être destructeur si on n’est pas armé.

Quand on se fait publier, il est tout à fait légitime de trouver des lecteurs qui ne se retrouvent pas dans le texte, et un auteur qui se fait publié s’expose à la critique. Le seul écueil à éviter est de ne pas écrire son avis à l’emporte-pièce et de l’argumenter.

D’ailleurs, j’apprécie le travail de Jacques Baudou (du monde) qui considère qu’il y a assez de bons livres desquels parler qu’il n’est pas utile de parler de ceux qui n’ont pas plu…

Allan : Que peut-on te souhaiter ?

Pierre : Que ça marche et que les Lames est encore de beaux jours devant eux. Comme je le disais, s’il ne plait pas, j’arrête : mon métier d’écrivain est d’écrire des livres que les gens ont envie de lire.


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