Etats-Unis, début des années 60. Le territoire américain a été divisé entre l’allemagne et le japon, suite à leur victoire sur les alliés en 1947. Tandis que la côte est reste allemande, la côte ouest est japonaise, et au milieu, les états-unis des rocheuses, sorte d’état américain fantoche, essaye de garder une indépendance toute relative. Et le monde entier se trouve ainsi divisé entre les deux grands vainqueurs de la guerre, qui sont plongés dans un conflit non armé, une lutte d’influence, faite de bluff, d’intimidation et d’éliminations discrètes. Mais, alors que l’empire japonais se préoccupe essentiellement du bonheur de la population, le Reich se lance à l’assaut de l’univers en colonisant Mars et Venus. Deux conceptions du monde radicalement différentes, qui en viennent fatalement à s’opposer.
Un homme nommé Baynes arrive à San Francisco. Il prétend être un industriel suédois venu parler affaire avec un spéculateur japonais. Il n’en est rien, c’est un agent du contre-espionnage allemand venu prévenir l’armée nippone des intentions belliqueuses d’une faction du parti. Car le NSDAP est divisé, suite à la retraite du Führer dans une maison de repos, les chanceliers se sont succédés. le dernier, Bormann, vient de mourir. Heydrich le chef de la police se dispute le pouvoir avec Goebbels, le premier est plutôt pacifiste alors que le second veut éliminer le Japon. Or, c’est Goebbels qui accède à la chancellerie.
A San Francisco, Frank Frink est un ouvrier plutôt habile de ses mains, qui décide de se lancer dans l’orfèvrerie. Mais il y a un hic, le marché actuel est très demandeur d’antiquité, pas de production artistique américaine récente. Néanmoins, il essaye de placer ses créations chez un antiquaire, qui se trouve lui même confronté à un problème plus grave, quand il se rend compte qu’une partie de ses produits sont des contrefaçons.
Dans les Rocheuses vit Juliana Frink, qui s’est séparé de son mari. Elle survit en donnant des cours de Judo. Et un soir, elle rencontre un chauffeur routier, Joe, et couche avec lui. C’est là qu’elle découvre un livre, La Sauterelle pèse lourd, dans lequel ce sont les alliés qui ont gagné la guerre. Un livre original, interdit par les nazis, mais très populaire malgré tout. Elle n’a plus qu’une idée en tête : rencontrer Abendsen, l’auteur du roman.
Impératrice Moa :
Le roman est un bijou d’uchronie très agréable à lire, je ne lui retirerais jamais ça.
Les Nazis s’embourbent dans leurs luttes intestines pour la conquête du pouvoir, la pureté de la race et la conquête de Mars. L’image du monde qu’offre Dick me semble assez réaliste, sans concession. Non, les Nazis ne seraient jamais devenus d’aimables et gentils voisins. Les allusions à un projet « Pissenlit » de destruction total sont en cela très bien trouvé.
J’ai été moins convaincue par cette fausse admiration des Nippons pour les antiquités américaines, les révolvers de la guerre de Sessession, et autres montres « Mickey Mouse ». Tout ceci apparaît à travers ce qui arrive, ou ce qui n’arrive pas, aux différents personnages.
Les passages du roman les plus intéressant peuvent être très difficiles à comprendre lorsqu’on ne connait pas les méthodes de tirage du Yi-king. Cela n’est évidemment expliqué nul part dans le récit (et la voix d’en haut dit : « Lecteur, si tu n’es pas un âne, débrouille-toi ! »).
Maintenant, comme s’attaquer à un maître de la science-fiction, et de plus à une oeuvre primée ?
L’histoire globale et les différents protagonistes n’offrent que très peu d’intérêt. On passe de l’un a l’autre, il y a des très minces liens entre eux. Le récit est comme pris de convultions et autres tréssautements. Et le pauvre lecteur se demande régulièrement s’il n’a pas par mégarde sauté une page ou s’il sait encore lire. Ce livre est impossible à résumer puisqu’il ne se passe rien, ou vraiment pas grand chose. Mrs Frink s’enfuit avec un camionneur italien qui n’est pas qui il prétends être ? Childan est un pleutre raciste faible devant les Japonnais, d’une petitesse risible devant les Blancs, qui en plus n’est pas capable de reconnaître l’authenticité de sa marchandise ? Mr. Frink se lance dans la création de bijouterie ? Très bien. Mais où est le fil conducteur ? Même si les personnages ne se rencontrent que peu ou pas, quelle est l’interaction ? Sur le plan narratif, la seule chose intéressante est encore l’interprétation du Yi-king et leur influence sur leur vie à tous.
Un moment agréable. Malheureusement sans plus.
Orcusnf :
Je suis resté assez sceptique face à cette oeuvre de Dick. Pourtant, il a quand même reçu le prix Hugo 1963, mais je m’attendais à mieux que ça, surtout de la part d’un auteur que j’apprécie. En effet, l’histoire est quand même assez originale, une uchronie où les alliés ont perdu la guerre au profit de l’axe, ce n’était pas très courant à l’époque. Et surtout, c’était un sujet qu’on n’osait pas encore réellement aborder, alors imaginer une défaite des Etats-Unis à cette époque était soit de la témérité soit de la folie, ou les deux.
Mais ce qu’on peut reprocher à ce roman, c’est son immobilisme. Il ne se passe rien, ou pas grand chose. Un antiquaire qui doute de sa marchandise, un ouvrier juif qui produit des bijoux, une prof de judo qui découvre que son amant est un tueur nazi, un cadre japonais en proie à un vertige existentiel après avoir tué deux hommes, et un pseudo industriel suédois traqué par la police nazi. Entre eux, des liens ténus, à peine une esquisse d’histoire. Le seul véritable lien est le cadre de l’histoire. Le titre est d’ailleur le maître du haut château, et c’est bien lui le véritable héros de l’histoire, ou du moins son livre qui est au centre des conversations. Pourtant, si sa présence est justifiée dans le cas de Juliana Frink, il semble plutôt fortuit pour les autres. A la limite, on pourrait même croire qu’il s’agit de plusieurs nouvelles raccordées ensemble par le fil conducteur de ce cadre hypothétique. Dick semble plus prendre de plaisir à nous raconter ce qu’aurait pu être notre monde si les alliés avaient gagné, mais dans un monde où c’est l’inverse. Une sorte de formidable mise en abyme qui est seule capable d’attirer le badaud. Quant au reste, c’est plat, sans vie.
Sinon, on pourra noter l’apparition du Yi King, que les fans auront déjà rencontré dans d’autres textes de l’auteur. Ici sa place est primordiale, il est un démiurge. Il explique tout, motive tout, provoque tout. Le Yi King est le maître des personnages, le véritable auteur de l’histoire à la place de l’auteur. Interessant, mais dur à comprendre sans explications, donc passages souvent lus en diagonale. Dommage.
Finalement, avec tous ces personnages, juste servis sur un plateau, une action qui n’en est pas une, un univers original mais mal mis en avant, on a un livre qui se laisse lire, mais qui ne déchaine pas les passions. Du moins, pas en France.
Folio – SF – (1970)– 319 pages 4.00 € ISBN : 2-290-30248-1
Traduction : Jacques Parsons
Titre Original : The Man in the High Castle (1962)
Couverture : Tibor Csernus
En 1947 avait eu lieu la capitulation des Alliés devant les forces de l’Axe. Cependant que Hitler avait imposé la tyrannie nazie à l’Est des Etats-Unis, l’Ouest avait été attribué aux Japonais.
Quelques années plus tard, la vie avait repris son cours normal dans la zone occupée par les nippons. Ils avaient apporté avec eux l’usage du Yi-king, le Livre des transformations du célebre oracle chinois, dont l’origine se perd dans la nuit des temps.
Pourtant dans cette nouvelle civilisation, une rumeur étrange vint à circuler. Un homme vivant dans un Haut Chateau, un écrivain de science-fiction, aurait écrit un ouvrage racontant la victoire des Alliés en 1945…
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