Les Compagnons
Après une séquence qui cassait complètement la routine des aventures de Drizzt, en créant un nouveau groupe de héros (ou plutôt anti-héros) autour de l’elfe noir, R.A. Salvatore profite de l’évènement de la Fracture (The Sundering) pour faire revenir à la vie les célèbres Compagnons du Hall avec qui Drizzt a vécu toutes ses aventures depuis la trilogie du Val Bise. Une idée que au premier abord ne m’enchantait pas vraiment, mais qui s’avère finalement plus agréable que ce à quoi je m’attendais, et promet pas mal de choses pour leurs futures aventures.
Notez avant toute chose que si Drizzt se trouve seul et en tout premier plan sur la couverture de ce roman, ce n’est sans doute qu’un choix commercial de l’éditeur américain qui aura préféré faire apparaître le célèbre elfe noir en couverture pour vendre, car même si ce roman tourne évidemment autour de lui, ce n’est que dans le dernier chapitre qu’il apparaîtra seulement. Les couvertures des prochains tomes semblent d’ailleurs malheureusement toutes être faites dans cet esprit puisqu’on y voit Drizzt et seulement lui sans illustrer du tout une aventure particulière. Ces couvertures pourraient illustrer n’importe lequel des romans le mettant en scène. Mais revenons au roman. Souvenez-vous à la fin de « Le dernier seuil« , on laissait Drizzt dans un bien triste état, dans un épilogue qui aurait pu faire office de fin définitive des aventures de l’elfe noir. Dans « Les Compagnons« , on revient une vingtaine d’année en arrière dans le temps, alors que les anciens compagnons de Drizzt sont tous morts et l’ont laissé seul sur Toril. La déesse protectrice de l’elfe noir, Mailikki, a réuni leurs « âmes » dans un endroit de sa création pour leur proposer par l’intermédiaire de sa nouvelle élue Cattie-Brie de revenir au monde pour venir en aide à leur fidèle compagnon. L’auteur utilise ce stratagème pour faire revenir ce groupe de héros auquel il a toujours été très attaché, et sans lesquels il ne semble pas pouvoir imaginer d’aventure pour son héros principal. Mais il en profite aussi surtout pour leur donner à chacun une nouvelle histoire, et développer autour d’eux de nouveaux personnages qui lui permettront de développer quantité de nouvelles aventures par la suite.
Ainsi Bruenor est réincarné dans la peau d’un bébé nain de la citadelle de Felbar, Cattie-Brie revient au monde au sein d’une tribue de bédouins dans le désert d’Anauroch, vivant en quasi-esclavage des Shadovars de la cité de Pénombre, et Régis renait sur les berges de la Mer des Etoiles Déchues dans la peau d’un halfelin dôté de capacités assez particulières. Avant de se réunir et de retrouver Drizzt, les trois héros vont devoir grandir puisqu’ils ne sont à nouveau que des bébés, et chacun d’eux va ainsi avoir le temps de vivres de nouvelles aventures.
Parmi celles-ci, celle que j’ai préféré est de loin celle de Régis. Non seulement on découvre à travers son histoire une partie des Royaumes Oubliés peu souvent utilisée dans les romans, mais en plus de cela R.A. Salvatore en profite pour y créer tout un univers autour de Régis propice à de futures aventures qui s’annoncent déjà plus qu’intéressantes. Il en profite également pour changer le personnage lui-même, qui jusque là était une petite créature plutôt peureuse loin d’être un héros de la trempe de ses compagnons, et qui change ici complètement. A travers son histoire on découvre de nouveaux personnages très originaux, qu’on sera impatient de retrouver (et nulle doute que l’auteur a créé tout ça pour le réutiliser dans l’avenir).
L’histoire de Cattie-Brie est assez intéressante également, et se retrouve même liée à celle que Drizzt a vécu dans la séquence « Neverwinter« . On peut maintenant définitivement dire adieu à la Cattie-Brie qu’on connaissait, qui maniait son arc comme personne. Désormais l’éternelle âme-soeur de Drizzt est une magicienne à la fois bénie par Mailikki et Mystra, rien que ça ! Eh oui, ne vous attendez pas à ce que ces nouveaux héros restent des débutants bien longtemps, car pour accompagner Drizzt il faudra des héros surpuissants, et ces « nouveaux » Compagnons ne seront pas en reste de ce point de vue là. A travers l’histoire de Ruquia/Cattie-Brie, on découvre ce peuple bédouin, mais on retrouve aussi des personnages Shadovars qu’on avait découverts dans l’aventure « Neverwinter« . La manière avec laquelle l’auteur a de cette manière lié ce roman à la précédente séquence est d’ailleurs assez intéressante, et vraiment bien faite.
Enfin, Bruenor de son côté va vivre une aventure moins surprenante, la vie classique d’un nain de Felbar on dira, à l’exception près qu’il ne s’agit pas uniquement d’un nain lambda mais de la réincarnation du roi Bruenor, ce que ceux de son entourage ne savent évidemment pas. Son histoire ne devient vraiment intéressante que sur la fin, lorsqu’il découvre ce qu’il a « laissé derrière lui » à sa mort, ce qui promet encore une fois de futures aventures intéressantes, mais plus proches de ce qu’on a connu avec la reconquête de Castelmithral cependant.
Dans ce roman, on retrouve comme toujours le style de Salvatore, mais là où je craignais qu’il retombe dans le schéma sûr lequel il s’est trop souvent appuyé quelques années avec ces Compagnons du Hall, il propose finalement au contraire trois histoires originales et qui promettent de nouvelles aventures qui le seront tout autant, surtout en ce qui concerne Régis. Moi qui ait toujours souhaité voir Drizzt explorer d’autres contrées que le Nord de Faérune, nulle doute que l’elfe noir ira prochainement sur les berges de la Mer des Etoiles Déchues pour y retrouver les nouveaux amis que Régis s’y est fait, ainsi que ses ennemis…
Par contre, bien que ce roman soit en quelque sorte le prologue à de toutes nouvelles aventures pour les Compagnons du Hall, il ne s’agit pas pour autant d’un total retour à zéro. J’entends par là que pour bien apprécier ce roman, il faudra évidemment avoir lu TOUTES les précédentes aventures de Drizzt et ses compagnons. La dernière partie du roman surtout, ramène à de très nombreux éléments de la vie passée des Compagnons du Hall, et le lecteur qui penserait pouvoir démarrer la découverte des aventures de Drizzt à partir de ce roman risque de voir lui échapper de nombreux détails. Ainsi on voit réapparaître dans cette dernière partie de nombreux personnages de la séquence, liés à l’ancienne vie de nos héros. Il est d’ailleurs assez impressionnant de voir comment Salvatore manie tous ces personnages avec aisance et les intègre tous dans l’aventure de manière aussi naturelle. Désormais, on peut dire que l’auteur a créé avec ses romans une sorte d’univers dans l’univers des Royaumes Oubliés tant il y a désormais de personnages et d’organisations impliquées dans tout ceci.
Notez pour finir que si ce roman fait partie de la séquence « The Sundering » (La Fracture) aux USA, dont il est le premier tome sur six, il ne faut pas compter découvrir grand chose sur cet évènement historique du monde de Toril à travers ces pages. Certes cette histoire se trouve quelque peu liée à l’évènement Historique en question, mais le sujet ne sera vraiment abordé qu’au détour d’une ou deux phrases. Il s’agit donc bien ici avant tout d’un prologue aux nouvelles aventures des Compagnons du Hall, et rien d’autre.
Mais quel prologue !!…
Milady (Mai 2015) – 432 pages – 21,90€ – 978-2811213794
Traducteur : Jean-Baptiste Bernet Couverture : Tyler Jacobson
Mailikki, déesse de la nature, offre aux Compagnons du Hall une chance d’aider Drizzt : ils vivront une nouvelle existence, sans jamais se croiser, jusqu’au jour où ils retrouveront leur ami et le sauveront des griffes de Lloth, la terrible déesse-araignée. Aux quatre coins des Royaumes Oubliés, une jeune sorcière maniant la magie interdite, un voleur aussi malingre que féroce et n nain à la force surnaturelle luttent pour rencontrer leur destin… mais rien ne dit qu’ils survivront jusqu’à ce jour, alors que dans l’ombre une cabale de sorciers les surveille de près et que des dieux oubliés renaissent de leurs cendres.
Laisser un commentaire