Patternist – Tome 1 – Service de Presse
Octavia Butler est une des pionnières de l’Afro-futurisme et l’autrice, morte en 2006, est aussi la première femme afro-américaine à remporter des prix aussi prestigieux que les prix Hugo, Nebula ou encore Locus. Sa série Patternist est éditée aux éditions Au Diable Vauvert et Mauvaise Graine, bien que n’étant pas le premier titre publié par l’éditeur, est le premier dans la chronologie de l’histoire…
Une première rencontre…
Tout commence par une rencontre, la rencontre de deux personnes qui se révèleront bien loin des standards de l’humanité et autour desquels vont tourner les histoires, réparties en trois périodes : 1690, 1741 et 1840.
Le premier temps est celui de la rencontre entre cet homme Doro et cette femme Anyanwu. Alors qu’il a traversé de grands territoires d’Afrique, il croisera la route de cette vieille femme, en tout cas d’apparence. Cette dernière s’est mise à l’écart, pour rester tranquille et aider quand elle le peut ceux qui sont ses enfants. Dotée de grands pouvoirs de guérisseuse, que cela soit pour elle directement ou vis-à-vis de l’extérieur, elle n’est qu’amour. Ses pouvoirs lui permettent aussi de changer de formes, de sexe mais aussi de transformer son corps, pour répondre aux agressions extérieures (et notamment la maladie).
Elle savait que certaines personnes étaient des maîtres et d’autres des esclaves. Il en avait toujours été ainsi.
Doro est à l’opposé d’Anyanmwu bian que lui aussi doté de grands pouvoirs. Son immortalité n’est pas comme pour la femme par un contrôle de son corps mais par l’appropriation du corps des autres… Sa survie passe par le transfert dans un autre corps qu’il utilisera jusque la fin avant de sauter dans un nouveau. Les hommes, ses hommes, sont sous son contrôle et certains d’entre eux sont aussi dotés de certains pouvoirs que nous pourrons découvrir au fur et à mesure des intrigues.
Anyanwu et Doro se trouvent donc, dans une relation esclave-maître imposée par la crainte de la femme pour les siens, menacé par l’éternel, décidé à rejoindre les Etats-Unis…
… et déjà un rapport de force
Dès les premiers échanges, il est évident que la relation entre les deux immortels va être complexe et globalement tendue. On a du mal à comprendre comment Anyanwu, femme forte et dotée de pouvoirs qui paraissent illimités, peut avoir été pris dans les filets de Doro dont le fonctionnement montre le peu d’attachement qu’il a globalement à l’humanité.
Alors on va noter qu’elle va le faire non pour elle pour protéger les siens et siennes, ceux et celles avec qui elle vit depuis des années. Elle pense aussi qu’elle va pouvoir vivre avec Doro, qu’ils vont pouvoir se retrouver peut-être du fait de leurs particularités. Mais Doro, on le découvrira vite, à d’autres objectifs.
Il a construit son groupe, sur lequel il agit tel un gourou, décidant de la vie et de la mort mais aussi de qui se marie avec qui. Il va manipuler les hommes et femmes pour obtenir ce qu’il veut. Il va, comme on le comprendra très vite là aussi, agir sur le génôme pour obtenir des hommes dotés de pouvoirs de plus en plus importants. Et c’est dans cette démarche qu’Anyanwu prend toute son importance.
Là où elle pensait découvrir un nouvel espace de liberté, c’est une nouvelle prison que lui offre Doro. Comme pour les autres membres de sa « famille », Anyanwu est un objet entre ses mains, un objet qui lui permettra d’atteindre ses objectifs.
Le roman aborde de nombreuses thématiques, parmi lesquels, bien sûr, la relation toxique entre Doro et Anyanwu, avec cette décision de suivre l’oppresseur, aussi pour protéger les siens. On y retrouve aussi l’histoire de ces africains qui ont été déracinés, avec les thématiques autour du racisme, entre autres, et de l’oppression dont seront victimes les populations noires.
Plus que tout, c’est bien la question de l’eugénisme qui marque la trame de ce récit en trois époques. Un eugénisme qui se dessine dès les premières pages même s’il ne dit pas son nom.
Je découvre Octavia E. Butler au travers de ce roman, tardivement donc. Au-delà des thématiques qui sont très engagées, j’ai apprécié le style et le rythme du récit, prenant son temps, pour nous montrer le vécu des différents personnages.
On pourrait développer bien plus les thématiques abordées dans le roman… Mais il est préférable que vous les découvriez vous-mêmes !
Editions Au Diable Vauvert (04 mars 2025) – 463 pages – 24,50 € – 9791030706895
Traduction : Jessica Shapiro (Etats-Unis)
Titre Original : Wild Seed (1980)
Préface : Jeanne-A Debats
Être aux pouvoirs sans limite, Doro est un esprit ancien qui engendre des humains sur lesquels régner. Sa puissance ne connaît pas d’égal, jusqu’à sa rencontre avec Anyanwu…
Entre amour et haine, Doro et Anyanwu se poursuivent à travers les continents et les siècles, dans une lutte de pouvoir, modifiant irrémédiablement ce que signifie être humain.
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