Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Melodie Joseph sème le vent aux Utopiales

La jeune autrice québecoise Mélodie Joseph était présente aux Utopiales cette année et venait nous parler de La Semeuse de Vent.

Dans le premier volume, la Respiration du Ciel, nous découvrons avec elle Olive, une jeune fille qui apparaît dans la Brume particulièrement dangereuse.

Aidée par Neige, elle sera notre point d’entrée dans le monde.

Nous avons pu échanger avec l’autrice sur son récit…

Vous pouvez aussi retrouver sur Spotify

Et comme toujours la retranscription !

Bonjour Mélodie.
Bonjour.

J’échange avec toi aux Utopiales aujourd’hui pour La Semeuse de vent, et le premier volume, La Respiration du ciel. Quel est ton parcours ?

Mon parcours… J’ai écrit le premier tome, celle de la Semuse de vent, à partir de 2018 et il est publié depuis environ deux ans, deux, trois ans. Il est sorti d’abord au Québec et puis, il est disponible en France depuis le début de l’année.

Qu’est-ce qui t’a amené à écrire et à vouloir raconter cette histoire ?
L’histoire, spécifiquement, m’est venue suite à un rêve. Ensuite, j’ai eu d’autres idées pour les personnages. Par exemple, le personnage principal, Olive. J’avais une idée pendant plusieurs années, cette image d’une petite fille qui sort de la brume. C’est de là qu’est venu le personnage. Écrire ça, j’écris depuis toujours, je dirais, depuis que je sais écrire. Je sais que j’écris des histoires.

Effectivement, tu le disais, tu commences par l’apparition d’une fillette dans un environnement qui semble totalement pollué. On se pose la question à un moment : est-ce que c’est le reflet de notre planète ou pas ?
Non, pas du tout. Le reflet, après, si on essaye de voir, si ça a des liens avec notre monde, on peut toujours en voir, mais je ne me suis pas inspirée, comme on dit, Ça dépend parce que c’est effectivement un très grand univers. L’univers de la Semeuse de Vent, c’est plusieurs archipels d’îles flottantes et en dessous des archipels, il y a une autre terre qui s’appelle la Tourmente. Pour certains archipels, je me suis inspirée de certaines cultures, mais ce n’est pas exactement le reflet de ces cultures, ces pays, etc.

La première chose qui est qu’Olive croise, c’est plutôt Neige, qui croise Olive, plutôt qu’Olive qui croise neige, si on veut être précis. Ce peuple est complètement marginalisé déjà et finalement, Olive devient une marginale parmi les marginales.
Plus ou moins, oui, effectivement.

Cette rencontre, elle est particulière. C’est le premier contact qu’elle a avec la civilisation. Elle ne sait pas d’où elle vient et elle fait peur. Pourquoi tu as voulu créer ce personnage tout de suite, isolée, solitaire, sans info ?
Je voulais partir de… Déjà, c’est très… J’ai essayé d’avoir un personnage et de suivre un personnage qui découvre son environnement, donc on découvre à travers ce personnage. Mais aussi, une des choses qui m’intéressait beaucoup avec Olive, c’était justement le côté marginal, le fait qu’elle est en dehors de la société, en dehors de tout, finalement, parce qu’elle est en dehors de la société de Neige aussi, qui est elle-même une société marginale. C’est un aspect du personnage qui m’intéressait beaucoup et que je voulais beaucoup explorer. Le côté d’être en dehors, finalement, d’être une minorité dans une société où on va être traités différemment, c’est quelque chose que je voulais explorer un petit peu avec cette histoire.

Quand le premier voyage que fait Olive avec Neige, c’est sur un marché, sans dévoiler évidemment cette première étape dans son histoire, on sent cette notion de racisme quand même très profondément ancrée dans cette scène. Est-ce que c’était quelque chose que tu voulais mettre en avant aussi, que tu voulais appuyer ?
Je dirais que oui, je voulais vraiment appuyer par cette scène. C’était très important pour moi de me montrer comment les solitaires, donc le peuple de neige, sont traités finalement dans les îles flottantes. Parce que le peuple de neige, ça, ils habitent à Tourmente. Et dans les îles flottantes, c’est un autre peuple qui s’appelle les Archipéliens. Et je voulais montrer la différence entre les deux peuples et comment ils se considèrent et comment les archipéliens, jusqu’à quel point ils peuvent aller par rapport aux solitaires.

On va sentir dès cette première étape, puis ça va monter en puissance, on sent une colère latente chez Olive, sans pour autant connaître son potentiel ni ses origines, ça va péter à un moment.
Oui, c’est vrai, effectivement. Il y a beaucoup cette idée de cette recherche de vengeance qui se développe dans le premier tome et qui va se poursuivre dans les tomes suivants. Effectivement, la colère est vraiment un vecteur du personnage de l’Olive, qui est très important pour ce personnage. J’avais vraiment l’idée d’explorer cette colère et il y a aussi tout un processus de deuil qui s’opère dans la série. C’était aussi ça que je voulais suivre avec Olive.

Parce que c’est vrai qu’on a aussi la question de l’héritage qui arrive. On l’apprendra plus tard et on ne va pas en parler là. La situation politique de ce monde-là est quand même particulière. Comment on construit une cohérence par rapport à ces différents états ?
Une cohérence ?

Une cohérence globale par rapport aux différentes îles et à cette histoire de la parenté d’Olive.
C’est très difficile. Les archipels sont plus ou moins… Comment dire ? Il y a une histoire assez riche, donc qu’on apprend, qu’on découvre petit à petit au fur et à mesure des différents livres. Effectivement, ça a été difficile parce que dans l’histoire, tous les archipels, c’est une seule fédération. Il y a le même système politique finalement au sein de tous les archipels, mais chaque archipel a sa propre histoire et ils n’ont pas toujours été liés les uns aux autres. Donc, effectivement, il a fallu que je réfléchisse pour chaque archipel, comment j’allais faire ressortir leur histoire tout en montrant bien que maintenant, ils sont unis comme les quatre archipels. Je ne sais pas exactement comment j’ai… C’est allé au fur et à mesure de l’écriture.

Il y a une question parce qu’Olive est un personnage plutôt jeune, avec une trajectoire, un parcours de vie, et cetera, et on se pose la question: est-ce que finalement, c’était un roman qui se voulait plutôt jeunesse, à l’origine, ou d’une adulte, ou pas du tout ?
Pas du tout. Je n’avais pas de public vraiment en tête. Je crois qu’au début, je me disais que ce serait plus un roman adulte, mais finalement, je ne savais pas si ça de public, comme je suis partie avec une enfant, même si c’est ça mon idée, je me dis vraiment… Et c’est ça qui arrive dans la série : Olive grandit au fur et à mesure de la série, voire des livres. Au tout début, elle est vraiment une enfant, elle a moins de 10 ans. On n’est pas trop sûr de quel âge elle a, donc c’est fait exprès. Et tout. Et au fur et à mesure de la série, elle grandit. Je voulais aussi que le style d’écriture, et finalement, comme on suit le personnage et qu’on ait accès au monde par rapport à elle, c’est son point de vue. Je voulais aussi que sa manière de voir le monde évolue aussi en fonction de son âge. Donc, au fur et à mesure des livres, ça a changé un petit peu, je l’espère. C’est ce que j’ai essayé de faire.

Malgré tout, je pose la question en ayant déjà partiellement la réponse, parce que quand on voit la scène, ce qui se passe dans cette école religieuse, on frappe quand même fort sur l’actualité aussi contemporaine.
Oui.

Aujourd’hui, tu as le premier volume qui est sorti en France. Quand est-ce que paraît le deuxième en France ? Tu le sais ?
Oui, je sais ça. Donc, ce sera normalement mai 2025.

Mai 2025 ? Oui. Parce que le deuxième est déjà paru ?
Oui, c’est ça. Il est paru en début d’année au Québec.

D’accord. Quels sont les retours ? Comment on vit cette période de publicité ?
C’est plutôt bien. J’ai eu de bons retours pour le tome 2, donc je suis quand même contente.

Je crois que tu n’es pas originaire du Québec ?
Non, c’est ça. Je suis née en Martinique, mais j’ai passé les 17 premières années de ma vie à Saint-Martin, qui est une autre île des Antilles.

D’accord. Donc, tu as préféré tenter directement au Québec plutôt qu’en France ?

C’est ça, parce que je vivais déjà au Québec depuis plusieurs années. Là, ça va faire 11 ans à peu près que j’y habite, donc je me suis dit: Je vais tenter ici.

Et ta vision des Utopiales, puisqu’on est aux Utopiales, qu’est-ce que c’est pour toi d’être ici ?
Je suis vraiment contente parce que j’ai toujours entendu parler des Utopiales quand j’étais enfant et plus Je suis allée à la scène et aussi quand j’étais adolescente, je suivais beaucoup d’artistes sur les réseaux sociaux, des webcomics et des dessinateurs. À chaque fois, il me disait : Je vais aller aux Utopiales. Moi, je me disais toujours : Je vais y aller aussi pour pouvoir les voir. Là, c’est vraiment spécial que je puisse y être.

Je vais te poser aussi la question que je pose habituellement : qu’est-ce que tu dirais comme mot de fin, de conclusion pour les lecteurs ?
Bonne lecture. J’espère que mes livres vous plairont. J’espère qu’ils vous plairont.

Merci beaucoup.
Merci.


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