Service de Presse
On peut dire que Sintonia d’Audrey Pleynet aux éditions du Bélial était attendu. Après le succès de Rossignol, prix des Utopiales en 2023, beaucoup était impatient de découvrir quel serait le récit souvent de l’autrice. Sintonia nous plonge dans une Venise futuriste, pour un mélange de SF et de thriller. Avant de parler du roman en lui-même, n’hésitez pas à réécouter l’interview réalisée en avril. Aucun spoil dans l’interview, le titre n’était pas tout à fait fini :).
Les Sintonia au coeur des contrats vénitiens…
2354. Venise.
Deux siècles après la guerre des Ires, le monde a bien changé. Nous ne savons pas grand-chose de ce conflit, si ce n’est qu’il a laissé des traces importantes et a duré près d’un siècle. La nature est devenue hostile et un certain nombre de viles se sont élevées : ces villes se retrouvent donc dans les nuages grâce à un procédé s’appuyant sur les nano-technologies. Du fait des aléas climatiques, l’humanité s’enferme dans les villes, que ce soit des villes-tiges, comme Venise, qui ont donc rejoint les nuages, ou les villes-bulbes comme Paris, qui sont restés au sol et subissent de nombreux confinements.
Venise, justement. La Sérénissime. Cette ville qui déjà aujourd’hui est en voie d’être submergée par les flots et qui, dans le récit d’Audrey, a été une des villes pionnières à s’envoler, donnant le tempo et la plaçant au centre de cette nouvelle Europe. Et au sein de Venise, une construction humaine complexe, où famille et guilde se partage le pouvoir, où la transparence, sur la base de contrats semble centrale pour éviter de nouveaux conflits. Une ville aussi où l’importance des nanotechnologies n’est plus à prouver.
En apparence, nous vivons une ère de totale transparence. Dans les emplois, les contrats, nos liens sociaux. Mais en réalité, les dirigeants savent qu’une telle transparence nuirait à l’aspect plus… souple des activités de notre chère ville-tige.
Parmi ses familles, les Sintonia. Cette lignée de femmes tient un rôle particulier : elles sont de redoutables femmes-assassins. La construction de la famille est hiérarchique, et un étrange lien, le diapason, les lie de la plus ancienne vers la plus jeune. La plus ancienne, la Capa, va pouvoir contrôler toute la descendance, Nonna, Figlia, et les Bambina, guidant leurs pas, voyant à travers leurs yeux, entendant par leurs oreilles. Véritable pilotage à distance, le diapason permet de remplir avec succès les missions et rend la famille indestructible.
Pourtant, le contrat contre les Cattaneo ne se passera pas comme prévu. L’attaque qui devait se dérouler sans accroche se révèlera un fiasco et la lignée venitienne des Sintonia proche de la disparition. De ce massacre restera debout que Talia qui sauvera Irene et Gia, Azzura, Agnese et Reyna..
Quatre sœurs, quatre destins…
Le massacre laissera de nombreuses traces sur les quelques survivantes. Chacune choisira un chemin différent, chacune pensant être la dernière survivante de la famille.
Alors qu’elle aurait dû tuer Gia et Irene, pour protéger le « sang » des Sintonia, Talia fait le choix de les sauver. Après les avoir caché, elle quittera Venise pour tenter d’aller trouver de l’aide auprès d’une autre branche de la famille. Cette décision permettra aussi de nous faire découvrir ce qu’est devenu notre monde.
De son côté, Azzura finira sa fuite dans un bâtiment. Fiévreuse et dans une peine sans nom, elle oscillera pendant un temps entre volonté de vengeance et désir d’en finir. Trouvant une nouvelle dynamique, elle tachera de garder secrète son identité.
Troisième soeur survivante, Agnese vit plus douloureusement sa séparation du Diapason. Reprendre son individualité sera plus compliquée que pour les trois autres, mais toujours avec cette mission de se débarrasser de ce fameux « Sang » qui pourrait révéler le secret de famille.
Reyna est restée de son côté au sol, baignant dans son sang. Réveillée par une gifle, elle sera emportée par un homme et verra son destin lié à la décision de la Pythie, cette religion omniprésente dans la société vénitienne.
… pour un récit dense et complexe.
Lorsque j’ai commencé la lecture de ce roman, j’avais de grandes attentes. Après le succès de Rossignol, j’imagine la pression de l’autrice. Je vais tuer le suspens tout de suite : je suis conquis par Sintonia.
Comme dans Rossignol, nous retrouvons la construction d’un monde complexe, tant sur le point technologique, que sociologique.
Nous ne savons pas grand chose de la grande guerre qu’a connu l’humanité mais nous constatons deux éléments importants : un développement des nano-technologies et un retour à un système social et politique très « local ». Les sciences se sont développées pour permettre à l’humanité de survivre, notamment à travers l’Elévation, même si ce n’est pas le seul endroit où elles sont utilisées. On notera aussi que toute notre science n’aura pas permis d’éviter l’effondrement écologique et pire, que la science dans le futur ne nous permettra pas d’améliorer la situation mais juste de se protéger.
Côté, social, nous voyons une société qui s’enferme sur elle-même, très centré sur la ville et ses zones d’influence, dans un système où la place dans la Société est déterminée par sa famille / sa guilde. C’est là que nous retrouvons nos protagonistes, au travers de cette famille où le libre arbitre n’existe pas.
La famille Sintonia
Mais le point fort de ce récit, c’est bien cette famille Sintonia. Ce lien entre les femmes de la famille, cette volonté de garder le contrôle sur le Sang génération après génération est incroyable. Au travers d’un lien descendant, les plus âgées peuvent prendre le contrôle total des plus jeunes. Le libre arbitre n’existe plus. Comment réagir quand ce lien disparait ? Quel devoir vis-à-vis de la famille ?
Au travers de ces 400 pages, la question se posera au travers des quatre capas survivantes, notamment Talia qui souhaite briser la tradition.
Beaucoup de choses pourraient encore être dites sur le roman d’Audrey. On pourrait parler notamment de la religion qui a une place importante aussi. Ou de l’éthique et les tabous dans les sciences de ce monde futur. Mais je m’arrêterai là.
Ah non, pas tout à fait, la couverture d’Aurélien Police est juste exceptionnel et colle énormément à la vision des villes-tiges créées par Audrey.
Ne ratez pas ce titre, vous le regretteriez.
Editions Le Bélial (04 septembre 2025) – 408 pages – 22,90 € – 9782381631899
Couverture : Aurélien Police
Terre, année 2354.
Deux cents ans après la guerre des Ires, un conflit qui a lui-même couru sur près d’un siècle, le monde a changé de visage. Ayant brisé le cycle infernal des luttes armées et des catastrophes écologiques par la grâce de la nanotechnologie, l’humanité se protège d’une nature résolument hostile au cœur de cités-États. Les plus avancées ont connu l’Élévation, un procédé nanotech qui leur a permis de gagner les nuages, loin du Sol et de ses pollutions délétères. Dont la puissante Venise, pionnière des villes-tiges, qui étend son emprise par l’entremise de ses guildes ancestrales riches d’une maîtrise technologique bien gardée. Mais dans la Sérénissime, les haines sont tenaces et les jeux de pouvoir incessants. La séculaire Sintonia, lignée de redoutables femmes assassins usant du Diapason, un contrôle mental issu d’une nantie dont elles seules détiennent l’apanage, s’apprête à en faire les frais — jusqu’aux dernières de ses membres. À moins que… Dans ses sombres ruelles chargées d’histoire, au cœur de ses palais vertigineux, par-delà ses ponts suspendus et ses gondoles volantes, la Cité des Doges protège ses secrets derrière de nombreux masques…












Laisser un commentaire