Lady Astronaute – Partie 1

Mary Robinette Kowal était présente cette année aux Utopiales de Nantes pour la parution de L’Homme Superflu aux éditions Denoël. Ayant prévu une interview, et ayant eu de bons échos de Lady Astronaut, j’ai tenté l’aventure… Et n’en suis pas déçu !

Météorites et course à l’espace !

Tout commence par une météorite qui s’écrase à proximité des côtes des Etats-Unis le 03 mars 1952. Les conséquences sont bien entendues dramatiques avec en premier lieu, la ville de Washington D.C. rayée de la carte des Etats-Unis. Disparitions de ville, raz-de-marée, et autres désagréments tendent très fortement la politique internationale. Pour beaucoup, une action d’un pays étranger n’est pas à écarter et les réactions tendent à s’orienter vers une escalade militaire.

De leur côté, Emma Wexler épouse York et son mari Nathaliel étaient partis en week-end quand la catastrophe s’est produite, leur permettant d’échapper à la mort. Le couple travaille à la National Advisory Committe for Aeronotics (NACA, ancêtre de la NASA). Nathaniel ayant eu un rôle important dans l’envoi de satellites pendant que Emma, ancienne des WASP (célèbre section féminine de l’aviation durant la seconde guerre mondiale), est une « calculatrice ».

J’ai failli passé la porte telle que j’étais. J’étais physicienne, calculatrice et pilote, pas pin-up. Et pourtant… et pourtant, j’entendais déjà ma mère. Qu’est-ce que les gens vont penser ? Elle avait toujours insisté pour me rendre un peu plus désirable. Je connaissais les règles pour les femmes.

Alors que le pire était passé pour la plupart des officiels, les calculs d’Emma, corroborés par d’autres spécialistes, montrent que les conséquences de cette chute spatiale seront plus larges que prévues… Après une période de refroidissement, les températures vont augmenter de plus en plus, rendant la vie sur Terre impossible.

Il restera donc une unique solution pour s’en tirer : quitter la planète et aller s’installer sur la Lune. Partant de là, la conquête de l’espace n’est plus option mais une nécessité. Emma sera au cœur de cette conquête spatiale et contribuera à vouloir changer la façon de voir de l’agence.

Un récit résolument féministe

Il faut déjà préciser que Lady Astronaut a reçu un très bon accueil, ayant raflé les prix Hugo, Locus, Nebula, Sidewise et Julia Verlanger. Si on se questionne sur les raisons de ce succès, il faut probablement chercher du côté des thématiques abordées, résolument d’actualité.

Tout d’abord, le décor est planté très rapidement pour ce qui se trouve réellement sur le terrain de l’uchronie : la chute de la météorite, tout comme l’élection de Dewey à la place de Truman, nous fait faire le petit pas de côté sur notre réalité. Pour autant, on sent que l’autrice a pris le temps d’effectuer les recherches de façon à rendre l’ensemble crédible. Cela passe naturellement par la mise en lumière des aviatrices ayant participé à la Seconde Guerre Mondiale, en particulier les WASP – mais pas que nous découvrons les équivalentes dans plusieurs pays, et de rappeler l’importance qu’elles ont sur les combats. On sent aussi que de nombreuses recherches ont été faites sur les différents modèles d’avion ainsi que les « avantages » d’avoir une aviatrice.

La deuxième thématique est la place des femmes. Alors même qu’elles ont toutes les compétences pour répondre aux enjeux de la conquête spatiale, elles sont freinées ou plutôt empêchées par la hiérarchie pour des raisons qui ne semblent pas logiques. Ce sera finalement le combat que mènera Emma durant tout le roman, appuyée par quelques personnalités dont, bien sûr son mari. Malgré tout, on voit que les discriminations s’empilent sur les discriminations, et je ne vous en dis pas plus pour vous laisser découvrir.

L’impact environnemental est aussi très marqué, même s’il ne s’agit pas ici de l’action de l’homme. Les mêmes questionnements et les mêmes dénis que ceux que nous entendons autour du réchauffement climatique.

Un très bon roman donc, dont une grande partie de l’intérêt est le développement et l’évolution de cette société confrontée à l’imprévisible… On notera aussi qu’une grande partie de l’intrigue s’appuie aussi sur la relation du couple York.

Si vous n’avez pas vu l’interview, elle est en dessous. N’hésitez pas à suivre la chaîne :).

Folio SF (Septembre 2022) – 567 pages – 9,90 € – 9782072971853

1952. Une météorite s’écrase au large de Washington, dévastant une grande partie de la côte Est des États-Unis et tuant la plupart des habitants dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Par chance, Elma York et son mari, Nathaniel, en congé dans les Poconos, échappent au cataclysme et parviennent à rejoindre une base militaire.
Elma, génie mathématique et pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, et Nathaniel, ingénieur spatial, tentent de convaincre les militaires que la météorite n’a pu être dirigée par les Russes. Mais, ce faisant, ils découvrent que la catastrophe va dérégler le climat de manière irréversible et entraîner, à terme, l’extinction de l’humanité.
Seule issue : l’espace. Une coalition internationale lance un programme spatial de grande envergure… inaccessible aux femmes. Elma compte pourtant bien y prendre part et devenir la première Lady Astronaute.