Paru en ce début d’année dans la collection Lunes d’encre de Denoël, L’Homme superflu va nous plonger dans un récit entre Science-Fiction et Polar. Un roman qui est atypique à bien des égards et casse un certain nombre de clichés.
Une lune de miel spatiale…
Tesla Crane est devenue riche grâce à ses inventions. Mariée depuis peu à Shal, un ancien détective largement reconnu, elle embarque incognito sur un vol en direction de Mars. Il faut voir que sa notorioté rend ses journées plutôt longues et que cet anonymat sera des plus appréciables durant la traversée, pour profiter au maximum de leur lune de miel.
Alors qu’ils sont tranquillement en train d’assister à un karaoké, ils assistent d’abord à une altercation dans le carré voisin du bar. Cependant, ce ne sera pas le plus étrange de cette soirée : son mari va être témoin d’un meurtre… et accusé par la même occasion du meurtre ! Il faut avouer que les circonstances semblent être contre lui.
Honorables passages. Je suis l’agente Maria Piper, Elle, sécurité du vaisseau. Je vosu demande à toutes et à tous de bien vouloir suivre notre équipe dans le hall de réception.
Malgré les indices, Tesla Crane refuse de croire en la culpabilité de son conjoint et va mettre tous ses moyens au service de ce qu’elle pense être la vérité. Gimlet, son chien de soutien et Fantine, son amie avocate restée sur Terre, ne seront pas de trop pour l’aider à comprendre le déroulé des événements.
… avec un couple hors norme…
Un des principaux attraits du roman tient en ses personnages. L’accusé et conjoint de notre narratrice a été un détective de renom et il semble s’être rangé pour une raison que nous ne connaissons pas beaucoup. En plus de cette particularité, il semblerait aussi que le mariage se soit déclenché rapidement… Cet élément contribuera probablement à la suspicion qui l’entoure. Ce n’est pas le seul élément qui est intéressant chez Shal : il est, contrairement à ce que l’on voit dans nos sociétés, défini par sa femme. Entendez par là que c’est elle qui est connue. On le verra aussi souvent à la broderie et il est bien plus effacé que Tesla…
Parlons de Tesla justement. Inventrice de génie, elle a eu un accident dont nous ne savons là non plus pas grand chose. La conséquence de cet accident est une douleur permanente, jugulé par une augmentation cérébrale qui permet de mettre sous contrôle la douleur et par son chien d’assistance dont je n’ai pas compris le fonctionnement. Cela veut dire que Tesla doit anticiper ses déplacements par rapport à cette particularité.
Deux autres acteurs forts de l’intrigue sont à mettre en avant. Tout d’abord Fantine, l’avocate, qui doit gérer non seulement les accusations contre Shal mais aussi l’attitude de Tesla qui va lui générer probablement beaucoup de travail. A noter que le voyage rend difficile les échanges et tout se passe avec des délais importants de réponses… Le mode d’échanges entre les deux femmes est d’ailleurs très bien trouvé. Dernier, et pas des moindres, personnages de l’intrigue, Gimlet, le chien. Présent au côté de sa maîtresse pour lui éviter les crises d’angoisse, il sera un outil non négligeable dans l’avancement de l’intrigue.
Bien sûr, il faut une force contraire, en plus du tueur… Les forces de sécurité du navire spatial se débrouillent plutôt bien pour ralentir l’enquête.
… Pour une histoire pleine d’humour !
Des les premières pages, on sent que le récit sera différent de ce que nous lisons habituellement. Peut-être parce qu’il y a de nombreux cocktails (un à chaque chapitre pour être précis). Ensuite, parce que nous sentons que la réaction des gens face à Gimlet ou encore le mode de communication de Fantine, vont mettre une drôle d’ambiance. Mais cela ne doit pas faire oublier quelques sujets qui justifient probablement que le roman soit affiché comme « résolument féministe ».
Parmi les éléments, on retrouvera cette identification dans les différents échanges qui complète les prénoms – noms avec le genre. Plus de risques de choquer puiqu’il est annoncé dès la prise de contact et clair pour tout le monde. D’autres éléments montrent que le monde a changé : je pense notamment à cette propension de Shal à s’attacher à broder… Je ne parle même pas de la propension de Tesla à parler d’une partie de l’anatomie de son mari !
Bref, nous sommes ici dans un roman qui se lit bien, amusant et mêlant avec brio SF et Thriller… Laisser vous entraîner !
Denoël (Février 2024) – Lunes d’Encre – 479 pages – 24,90 € – 9782207177846
Traduction : Patrick Imbert (Etats-Unis)
Titre Original : The Spare Man (2022)
Couverture : Pascal Guédin
Lorsque Tesla Crane, richissime et très célèbre inventrice, embarque sous un faux nom à bord d’un vaisseau de croisière entre la Lune et Mars pour célébrer sa lune de miel, elle est loin de se douter qu’un meurtre va être commis pendant le voyage. Et encore moins que c’est Shal, son tout aussi fortuné et illustre époux, qui va en être accusé par le service de sécurité. Armée d’un verre de martini et de son humour caustique, aidée de son adorable chien, Gimlet, et de Fantine, son intraitable avocate restée sur Terre, Tesla va tout faire pour innocenter Shal, mettre hors d’état de nuire le criminel et, enfin, reprendre le cours plus ou moins tranquille de son voyage de noces…