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Appartement 816 d’Olivier Bordaçarre

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Alors même que le Covid-19 nous fait vivre une époque où les libertés individuelles se prennent un sacré coup, entre confinement total, partiel ou encore couvre-feu, Olivier Bordaçarre nous plonge dans un thriller qui n’est plus tellement de la Science-Fiction dans la collection Fusion de l’Atalante. Bien sûr, toute ressemblance avec des faits existants ou pouvant existé n’est que pure coïncidence et ne doit pas remettre en cause le respect des gestes barrières :).

Déjà 3 ans

Si nous situons un peu le contexte, que nous explique Didier Martin avec qui nous allons passé les 160 pages, la France comme le reste du monde, n’arrive pas à se débarrasser de ces virus qui semble jouer l’effet yo-yo avec nos habitudes.

Pour permettre de lutter contre ce virus qui peut nous faire courir le risque de contaminer nos voisins, nos proches, … le gouvernement a pris un certain nombre de mesures que nous détaillera au fur et à mesure notre narrateur dans son journal intime.

Tout d’abord, le confinement semble être devenu un mode de vie habituel, alternant les périodes de confinement total (Isolement Général Total ou IGT), durant lesquels même promené son chien est interdit et les périodes de confinement partiel (Isolement Général Partiel ou IGP) et semi-partiel (Isolement Général Semi-Partiel ou ISGP). La maison est donc devenu un sanctuaire dans lequel chaque famille doit apprendre à vivre, avec des livraisons de course à la fenêtre, merci les drones, et un temps d’aération obligatoire mais contrôlé.

Autant dire que les libertés personnelles s’en prennent un grand coup, sans que cela ne semble, de la fenêtre de notre comptable, agité plus que cela la population.

On ne sait jamais ce qui peut se passer avec ce virus. Les chiffres de la mortalité par pays ne sont pas bons. Ils n’ont jamais été bons. Ils ont fluctué, mais n’ont nullement permis l’annulation des Isolements Généraux.

La vie de notre comptable

Mais peut-être que notre vision du monde est un peu biaisé par notre narrateur, Didier Martin, comptable, totalement convaincu que le gouvernement prend les bonnes mesures et que toute personne qui ne respecterait pas les règles est un danger pour les autres. Et de son côté, il respecte toutes les règles qu’on lui impose avec le plus grand sérieux et la plus grande rigueur, chose qu’il demande aussi naturellement à ceux qui partagent son quotidien : sa femme Karine, son fils adolescent, son chien et les poissons exotiques.

Pourtant, nous sentons que quelque chose ne tourne pas rond dans tout cela. D’abord parce que notre narrateur nous confie très rapidement qu’il écrit son journal un peu partout… Quand on parle d’un peu partout, on parle des murs, des portes, des vitres, tous les supports sur lesquels des feutres indélébiles peuvent prendre pour lui permettre de raconter ses états d’âme.

Ensuite, parce que nous avons du mal à sentir ses interactions sociales : nous sentons de la tension vis-à-vis de sa famille et vis-à-vis de son chien…

Une vision de l’état psychologique d’une population sous contrôle ?

Je n’irai pas plus loin dans l’histoire en elle-même pour ne pas prendre le risque de vous divulgâcher une histoire savamment construire, même si le fond se dessine et se dévoile très rapidement.

Pour autant, j’ai trouvé très intéressant ce huis-clos. Didier Martin avait son travail, ses activités, sa famille et tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… Jusqu’à ce que l’enfermement vienne jouer les trouble-fêtes. L’acceptation par le personnage de la situation et de ses conséquences le fait rentrer dans le rang, dans ce fameux rôle de “moutons” que ne cessent de jeter à la figure les complotistes de tout poil. Rien de ce qu’il pourrait faire n’est entièrement une décision de sa part puisque tout est contrôlé, y compris les communications sur les médias sociaux (dont reste le “Rezo” dans le roman).

Finalement, la question que nous ne pouvons nous empêcher de nous poser à la fin de ce récit est de savoir si notre homme lambda aurait tourné comme il aurait tourné sans ces confinements à répétition ou était-il destiné à avoir cette conclusion. Cela nous pose aussi la question, bien réelle celle-là, de l’impact psychologique des différents confinements et restrictions sur chacun·e d’entre nous.

Bien loin d’être un simple thriller, Appartement 816 va nous faire réfléchir sur notre monde actuel et celui qui se dessine si la situation continuait à entamer nos libertés.

Un roman qui reste angoissant dans notre période actuelle.

Editions L’Atalante (Octobre 2021) – Fusion – 158 pages – 14,90 € – 9791036000935
Couverture : Olivier Lavigne

J’ai fait l’expérience que je voulais faire depuis toujours : me raser la tête. Je suis un autre maintenant. Comme quoi on peut devenir un autre assez facilement. Cela veut bien dire quelque chose.

Le monde traverse une période peu ordinaire. Depuis trois ans, la France a assigné ses citoyens à résidence. Chacun reçoit ses courses par drone. Interdiction d’ouvrir sa fenêtre en dehors des heures programmées. Didier Martin, comptable, vit avec sa femme, son fils et son chien dans un immeuble d’une ville moyenne. Il raconte son histoire à la première personne. Sur les murs, sur les meubles, sur les objets : partout autour de lui, il écrit. Petit à petit, le lecteur se retrouve happé par le mystère de sa situation. Le monde extérieur est devenu infréquentable, mais Didier Martin semble s’en satisfaire. Il aime l’ordre, le respect et préfère la compagnie de ses poissons exotiques à celle des humains.

Dans le huis clos de cet appartement, un suspense psychologique se noue.


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