Didier a déjà à son palmarès de nombreux roman. Le tout dernier, Leh’Cim, L’Ombre des Remparts nous entraîne dans une ville confronté au mal. Une occasion unique que Fantastinet a relevé pour discuter avec cet auteur…
Allan : Didier, je tenais tout d’abord à te remercier d’avoir accepté de partager avec nous ces quelques instants… Commençons par parler de ton parcours – si tu es d’accord bien entendu : étais-tu prédestiné à devenir écrivain ?
Didier : Non. Cela dit, j’ai toujours aimé raconter des histoires que j’inventais. Je n’ai jamais planifié la fonction d’écrivain. Et d’ailleurs, je ne me considère pas comme un « réel » écrivain, mais plutôt comme un type qui raconte des histoires qu’il a dans la tête.
Allan : La question que se pose toujours les écrivains en herbe : vis-tu de ta plume, ou as-tu un travail « alimentaire » ?
Didier : Je crois que pour vivre de sa plume, il faut publier une très grande quantité de livres édités à plusieurs milliers d’exemplaires. Ce n’est pas mon cas, j’ai un boulot non seulement alimentaire, mais qui, en outre, me plaît.
Allan : Tu as écrit le cycle Sanglornis Prima (aux Editions Nestiveqnen), composé de quatre volumes : un détail m’a surpris : les deux premiers sont parus dans la collection Fractale Science-Fiction, les deux derniers dans la collection Fractale Fantasy… De même, Leh’Cim, L’Ombre des Remparts est paru dans la collection Fantasy alors que j’aurais eu tendance à le classer dans le fantastique : comment definirais-tu ces trois genres et quels critères prends-tu pour classer tes écrits ?
Didier : Avant d’être publié par Nesti, j’écrivais donc des histoires, et c’est en prenant contact avec ces éditeurs que j’ai appris ce qu’étaient les classifications des romans que je plaçais naïvement tous en SF. Je ne classe pas mes histoires. Je n’en ai aucune envie. J’écris ce que j’ai envie d’écrire, sans tenir compte des genres, des tiroirs où l’on peut les placer, ça ne m’intéresse pas. Sanglornis prima est une tétralogie qui est venue naturellement, sans que je pense à une suite, sans que j’établisse un « planning » particulier. Ceci explique, je crois, que cela commence par quelque chose qui pourrait éventuellement se passer actuellement, donc de la SF (si j’ai bien compris) et glisse tranquillement vers de la fantasy dans les autres tomes.
Allan : as-tu toujours été attiré vers ces genres particuliers malgré ton éclectisme en tant que lecteur ?
Didier : Je suis attiré par tout en tant que lecteur, mais j’écris surtout dans ces genres, mais également du noir (polar) et du space opéra. Tu remarqueras ma maîtrise des différents genres.
Allan : Tes trois premiers romans « indépendants » (Etrangère, Dragonne et Magicienne) mettent en avant des héroïnes : pourquoi avoir fait ce choix dans un genre ou les héros sont très majoritairement masculin ?
Didier : Pas par démagogie dégoulinante en vue de m’attirer la sympathie des femmes, mais parce que je fais partie des gens qui pensent que les femmes jouent un rôle fondamental dans notre société humaine et que j’avais envie d’explorer cette voie. Cela dit, c’est aussi sans réellement y réfléchir que les « héros » de ces trois bouquins sont des femmes. Un psy en dirait sans doute davantage à ce sujet.
Allan : la thématique de l’égalité des sexes est repris dans les 3 (et même dans Leh’Cim d’ailleurs) à tel point que Claude, un de nos chroniqueurs, à même dit que Etrangère pouvait participer positivement au débat: est-ce un sujet qui te tient particulièrement à cŒur ? un thème indispensable à l’heure actuelle ?
Didier : Je trouve que l’égalité des sexes ne sera plus un problème quand on cessera d’en parler. Il est à mon avis révélateur, mais hélas tellement banal, que l’on s’étonne qu’une femme gagne autant qu’un homme pour des qualifications semblables. Le jour où cela ne fera plus partie des discussions, car ce sera devenu parfaitement normal, on aura gagné ; on aura accompli un pas de plus vers quelque chose de correct. Les femmes sont différentes des hommes, heureusement, et elles possèdent une force, une solidité dont nous ne pouvons que rêver, ce que je fais.
Allan : abordons maintenant ton dernier roman en date Leh’Cim, L’ombre des Remparts… Je trouve qu’il est très proche, au niveau de l’histoire globalement et des personnages notamment, du Pacte des Loups : est-ce une pure coïncidence, ou le film t’a marqué énormément ?
Didier : J’ai bien aimé le début du film, sa lumière, son contexte. En revanche, j’ai trouvé la fin totalement inepte. Pour répondre à ta question, non, je n’ai absolument pas pensé à ce film en racontant Leh’cim. J’étais très loin de penser à quelque chose d’autre que cette histoire qui a été écrite dans un contexte psychologique particulier qui m’est personnel.
Allan : Amo est d’origine Nippone (tout comme le compagnon dans le Pacte des Loups est indien) ; Est-ce parce que le japon a de tout temps été source de mystère ?
Didier : Sans doute… mais aussi parce que je pratique le kendo, et que le japon médiéval m’intéresse.
Allan : Pourtant, tu n’abandonnes pas le côté fantastique de l’Œuvre, ne laissant pas la possibilité d’une manŒuvre scientifique ou de mystification… et pour cela je t’en remercie, cela rend l’Œuvre incomparable… Quel sentiment as-tu ressenti au mot fin ? est-ce ce que tu voulais écrire depuis le début ?
Didier : Je ne sais pas vraiment ce que je veux écrire, quand je commence une histoire. J’ai une idée, un bout de phrase, une image, un thème, un lieu… et je pars là-dessus, sans savoir ce que ça va devenir. Parfois, je suis surpris d’être contraint à aller dans une direction qui ne m’avait pas effleuré. Je laisse faire et c’est particulièrement plaisant pour moi de « découvrir » ce qui se passe. Pour Leh’cim, la fin m’a laissé un goût étrange dans les mérangeoises…
Allan : Pourquoi cette fascination pour le Moyen-Âge et pourquoi utilisé ce langage qui rend la lecture difficile et as certainement rebuté plus d’un lecteur ?
Didier : Fascination ? je ne sais pas si c’est de la fascination. Il est vrai que cette époque où l’on se déplaçait à cheval, à pieds, sans bagnoles qui puent, cette époque où les nuits étaient noires, où la campagne étaient juste silencieuse de sa multitude de sons… tout cela m’aurait sans doute ravi… à moins que je ne sois mort dans mon tout jeune âge, comme la plupart des enfants.
Quant au langage, je ne me sens pas d’écrire certaines histoires dans le langage actuel. C’est sans doute difficile à lire, mais j’espère qu’on s’y fait rapidement, parce que je n’ai pas l’intention de renoncer à cette manie pour d’autres choses que j’aurai sans doute envie de raconter. Il m’est plaisant de songer un petit que les guillaumes et les fumelles qui parcourent mes lignes nuitament, benoitement accoutis dans le giron de leurs couches, tout juste éclairés par la tremblante flamme d’une chandelle, ne sont point rebutés par mon estrange parladure. C’est là ma coutume, et mieux est de ris que de larme y voir, car il n’est nullement dans ma volition le souhait de changer.
Allan : Ton Œuvre restera en tout cas l’exemple type de la fantasy telle qu’on l’aime, dynamique, riche au niveau des personnages qui se cherchent autant qu’ils veulent résoudre les mystères… As-tu prévu une suite où l’on reverrait les deux amoureux ?
Didier : Je ne prévois pas grand-chose dans mes histoires. Actuellement, il n’y a pas de suite. Ça doit être difficile d’écrire des suites qui se tiennent. C’est bon pour les vrais écrivains, ça.
Allan : Quels sont tes projets pour les siècles à venir ?
Didier : Être heureux.
Allan : si tu as eu le temps de nous rendre visite, qu’as-tu pensé de notre travail ?
Didier : Je n’ai pas eu le temps de vous rendre visite, et je ne suis pas un familier des sites et autres trucs dont les gens avertis parlent.
Allan : Que pouvons-nous te souhaiter ?
Didier : Être heureux.
Allan : Un petit mot de conclusion ?
Didier : Merci.
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