Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Cultivons sur la lune avec Catherine Dufour

Vous ne connaissez pas encore Catherine Dufour ? Ecrivaine et novelliste depuis maintenant de nombreuses années, elle a enchaîné les prix parmi lesquels

  • Blanche-Neige et les lance-missiles : prix Merlin,
  • Le goût de l’immortalité : Prix Rosny-Aîné, Prix Bob Morane, prix du lundi, Grand Prix de l’Imaginaire, Prix Bob Morane spécial,
  • L’immaculée conception : Grand prix de l’imaginaire,
  • Entends la nuit : Prix Masterton,
  • Danse avec les lutins : prix Bob Morane, Prix des Imaginales,
  • Des millénaires de silences nous attendent : prix des lecteurs Bifrost.

Alors, il était temps d’à nouveau échanger avec une autrice qui a su naviguer entre les genres, toujours en enchantant ses lecteurs et lectrices.

Les Utopiales se sont révélés un bon moment pour parler de la dernière parution Les Champs de la lune chez Robert Laffont dans la collection Ailleurs et Demain

Vous pouvez aussi retrouver l’interview sur Spotify

Et nous vous proposons la retranscription !
Bonjour Catherine.

Bonjour Allan. Il paraît que je t’ai dédicacé à Alain.

Oui, ce n’est pas très grave. Ce sont des choses qui arrivent.

Oui, c’est parce que quand j’étais chez Fayard à dédicacer, elle n’arrêtait pas de me dire « Allez, allez, allez ! » parce qu’en fait, ils allaient fermer les bureaux.

Et donc j’ai regardé, on n’a pas échangé depuis 2018 en interview, malgré toutes les parutions qu’il y avait : du coup j’ai envie de te demander comment tu perçois l’évolution du milieu depuis 2018 ?

J’en sais un peu trop rien. Moi, je sais que j’ai publié deux bouquins en 2020. C’est ça ? Au bal des absents  et  L’accroissement mathématique du plaisir . Non. L’arithmétique terrible de la misère. Et puis c’est tout, parce qu’après j’ai mis quatre ans à écrire le livre suivant qui est un livre de science-fiction. 

Et donc le milieu dans ces cas-là, moi je le connais… déjà on a eu les deux années de Covid, merci, et le milieu finalement je le connais par mes copains. Et je ne suis plus allée en festoche parce que je n’étais pas tellement invitée. Et puis c’est vrai que j’ai fait comme pas mal de gens une rétractation sur la sphère privée. Et je le connais surtout à travers tous les livres qui sortent parce que je suis jurée au GPI. Donc je reçois des caisses de bouquins et je lis tout l’imaginaire français qui paraît chaque année depuis deux ans. C’est super parce que j’ai des morceaux d’imaginaire qui me coulent par les oreilles tellement je suis saturée, mais ça permet vraiment de prendre le pouls de l’imaginaire de notre temps, ses peurs, ses angoisses, ses aspirations, etc.

Et je pense que dans dix ans, je vais pouvoir tracer toute une évolution de la psyché de nos contemporains. et savoir comment ils imaginaient le monde en 2024, et puis je ne sais pas, en 2034, si Dieu me prête vie. Et c’est super intéressant de rentrer comme ça dans la tête de tous les gens. C’est super.

Et du coup, ta nouveauté à toi, qui vient tout juste de paraître et qui est mise en avant pour le mois de l’imaginaire du côté de Robert Laffont, dans la collection Ailleurs et Demain, c’est les Champs de la Lune. Alors, c’est quoi les Champs de la Lune ?

Alors, les Champs de la Lune, ça vient de l’idée d’Elon Musk de terraformer Mars, qui est une idée absurde, parce que Mars est super loin, et puis Mars s’est couvert de désherbants, donc c’est pas la peine d’y aller. 

Alors en plus quand je dis que c’est super loin, c’est-à-dire que c’est super loin, c’est-à-dire que pour y aller, il faut 9 mois ou plus, et autant pour le retour. Il faut savoir que les cosmonautes s’y tiennent dans leur espèce de boîte de conserve, parce que ça revient à ça : soit dans une navette spatiale, soit dans une station spatiale. C’est parce que dès qu’ils commencent à être un peu crispés parce que l’espace est étroit et qu’il y a plein de gens avec eux et qu’ils n’en peuvent plus, ça fait des mois qu’ils sont là, ils s’engueulent avec leur psy qui est sur terre. Ils font un zoom et ils pourrissent la tête de leur psy. 

Or, si jamais tu vas sur Mars, entre le moment où engueules ton psy et le moment où il peut te répondre, il va se passer 40 minutes, 20 minutes pour que ça arrive, 20 minutes pour qu’il te réponde.

Donc tu ne vas plus pouvoir te défouler sur ton petit, donc tu vas être obligé de te défouler sur tes voisins. En fait, c’est une espèce d’immense confinement où tu n’as même pas le droit de sortir une heure pour promener ton chien. Et tout le monde sait que le confinement, ça refait la tête même des gens les plus solides. Donc accéder à Mars est quasi impossible psychologiquement. Donc la terraformation promise par Musk, qui me paraît juste du gaz des marais pour ne pas nous payer les données personnelles qu’il nous a volées. 

Et si vraiment il faut qu’on aille occuper une autre planète, si on veut trouver une planète B, il y en a une qui est sous notre nez, elle est toute proche et en plus c’est une rocheuse, elle n’est ni plus ni moins morte que Mars, c’est la Lune. Donc j’ai voulu imaginer vraiment quelqu’un qui va, qui pose le pied dessus, qui regarde par le hublot, qui voit les grandes plaines de sable gris éclairées par la terre qui est bleue, et quel effet ça fait, et quelle odeur ça a, et comment est-ce qu’on fait pour s’installer, et après il faut faire pousser des plantes, puis élever des animaux, et est-ce que les carottes seront d’accord pour pousser, est-ce que les vaches, on peut traire du lait avec une gravité six fois inférieure à à la gravité terrestre, il est fort possible que tous les quadrupèdes à jambes graciles, les vaches, les chevaux, les chèvres, n’arriveront pas à survivre avec une gravité faible, tout simplement parce que la raison pour laquelle leur grossesse se mène à terme, c’est qu’il y a la gravité qui tire le vent vers le bas. 

Alors que la femelle humaine, c’est pas une chose comme les bipèdes, il y a d’autres mécanismes qui empêchent un avortement spontané dès qu’elle fait un pas. Mais par contre, les quadripèdes à jambes graciles, il y a risque que s’ils sont d’une gravité six fois inférieure à celle de la Terre, ils vont faire des avortements spontanés en permanence. Donc il y a des risques qu’ils ne s’acclimatent jamais à la Lune. Voilà, donc j’ai essayé de regarder tout ce qu’on savait actuellement sur la Lune, sur le voyage spatial, mais aussi au niveau de l’être humain. et d’extrapoler ça sur la lune, sur un siècle, deux siècles. Et donc je promène le lecteur et la lectrice sur les grandes mers, la mer de la tranquillité, l’océan des tempêtes, les grandes mers de sable, et puis sur la face cachée, dans une mine de glace, etc.

J’essaye vraiment de faire une citoyenne study, c’est-à-dire une étude, un récit au niveau de quelqu’un qui habite en random sur la lune, qui tient une ferme, qui fait pousser des choux et qui va se promener dans son rover pour qu’on ait vraiment l’impression d’y être.

C’est El Jarline qui a cette responsabilité-là dans une ferme. On a du mal à percevoir ce qu’elle est. Est-ce qu’elle est humaine ? Est-ce qu’elle n’est pas humaine ? Humanoïde, c’est ce qu’on entend. Et finalement, on a l’impression que ça n’a pas tant d’importance que ça.

Non, ça n’a pas tant d’importance, parce que c’est plutôt un regard, c’est quelqu’un qui, au début de l’histoire, alors son évolution psychologique a de l’importance quand même, au début de l’histoire, elle est très carotte, chou, et on ne marche pas sur les pelouses, et effectivement, au fur et à mesure, alors que son dôme qui commence à se fendiller, elle demande à sa tutelle, est-ce qu’il faudrait réparer, la tutelle ne répond jamais ; elle envoie des devis, elle râle, enfin bref. Et finalement, elle va passer d’un caractère plutôt calme à un caractère de moins en moins calme, parce que la survie de sa ferme est menacée, parce que différents événements vont arriver, il va falloir qu’elle aille faire un grand voyage pour trouver des réponses à certaines questions. Et finalement, son esprit va se complexifier, elle va s’ouvrir au monde, elle va devenir un peu moins égocentrique, et quelquefois aussi on peut dire un peu plus amère sur la mentalité humaine qui malheureusement restait toujours aussi égocentrique. C’est plutôt un peu l’éveil à l’altruisme d’une conscience.

Oui, et elle est presque toute seule dans sa ferme. On la sent partager d’abord des rapports qui sont très techniques, dans les premières pages très techniques, avec un glissement, probablement l’évolution de sa psyché, vers une communication qui semble plus, je n’irais pas jusqu’à romancée, mais en tout cas plus compréhensible pour le commun des mortels. La communication reste un sujet essentiel de ce roman.

Oui, tout à fait. C’est savoir comment est-ce qu’on peut comprendre les autres, se rendre accessible aux autres, mais aussi comprendre les autres. Et comprendre les autres, c’est aussi d’accéder à la bulle de rêve dans laquelle on vit tous. Tous et toutes, notre fichier, malheureusement, est dans une grande solitude ontologique. qui tourne en rond sur elle-même, si je puis dire. On n’arrive pas à sortir de ça. Il faudrait qu’on ait de la transmission de pensée pour sentir un petit peu le pouls des autres psychées. On ne l’a pas. On essaye de le faire par l’art, par l’écriture. Quand tu lis les ouvrages de quelqu’un, tout d’un coup, tu vois son point de vue. Quand tu regardes un tableau de Manet, tu dis, ah ben voilà, c’est comme ça qu’il voit une meule de foin. C’est comme ça qu’il voit un bateau sur la Seine. Et l’art permet de nous sortir de cette solitude.

Et on avait alors le personnage, je ne sais pas comment on peut le dire, Elle est accompagnée par un chat augmenté, on peut le dire comme ça. Le petit, le petit, le petit… Comment il s’appelle ? Trym ?

Trym. Ah ouais, là je me suis fait plaisir.

Bah oui, parce qu’il a quand même une saleté de mentalité de chat.

Oui, alors oui, c’est un vrai chat, qu’est-ce que tu veux. Alors donc, les chats et les chiens, on les a augmentés. on leur a donné un larynx artificiel, donc ils peuvent parler. Donc ça, c’est pas difficile. Les chiens comprennent 300 mots. Et en random, au quotidien, on utilise 600 mots. Donc un chien qui s’exprime avec 300 mots, ça serait quelqu’un qui parlerait de façon un peu fruste, mais tout à fait naturelle. Donc là, les chiens se mettent à parler. Et les chiens, ils parlent beaucoup. Ils ont des raisonnements un petit peu lents, mais vraiment très obstinés. Et puis, ce sont des gens qui sont très coopératifs. 

Par contre, les chats, on ne sait pas vraiment combien ils comprennent de mots. Simplement parce qu’un chat, on ne peut pas les tester, c’est des sales bêtes. Et en fait, un chat, tu lui donnes un nom, genre Minou ou Gudule, et on s’est rendu compte que quand tu prononces leur nom, ils l’entendent, ils ne réagissent pas, parce qu’ils n’ont pas envie en fait. C’est pas qu’ils ne le comprennent pas, c’est qu’ils n’ont pas envie, et personne n’arrive à faire de test sur les chats. Donc j’ai supposé que les chats sont aussi intelligents que les chiens, mais par contre beaucoup plus personnels. Ils n’ont pas le sens de la coopération.

Et donc ce duo fait qu’ils restent isolés d’un monde à la surface, là où on a les populations qui se sont plutôt enterrées ?

Oui, alors comme il y a trop de rayons solaires, il n’y a pas de bouclier électromagnétique pour protéger la Lune, donc si on veut vivre sans attraper des cancers tout le temps, il faut vivre sous la surface de la Lune.

Il y a des grands tubes de lave, genre de 500 mètres de diamètre, et vous vous installez là, il fait moins 20 degrés centigrade, donc vous vous isolez la roche, vous mettez un bon petit chauffage, Un coup d’oxygène, sachant que la poussière lunaire recède 5 à 10% d’oxygène, pas de problème. De l’eau, c’est la moitié de la poussière lunaire, c’est des billes d’eau, ça il n’y a aucun problème. On peut très bien rendre viable d’immenses tubes de lave et c’est là que les humains vivent. Et effectivement, il y a quelques fermiers qui tiennent des fermes à la surface des grands dômes dans lesquels on fait pousser du sorgho, du maïs et des petites flammes.

On a l’impression qu’ils vivent leur petite vie tranquille dans leur coin, et ils se moquent un peu de ce qui se passe autour. Et il y a cette petite fille qui arrive et qui va chambouler. Enfin, pourquoi ce personnage en rupture ? Et voilà, on ne va pas divulgâcher, mais ça va être compliqué pour elle aussi.

Disons que c’est une petite fille qui est à peu près aussi neuro-atypique que la fermière. Voilà, elle n’a pas un rapport facile avec les autres humains de sa ville. Et effectivement, la grande va prendre la petite sous son aile parce qu’elles partagent toutes les deux un même amour de l’horticulture. Elles repiquent les poireaux, etc. Elles s’entendent très bien là-dessus. Or malheureusement, la petite fille va mourir. parce qu’il y a une sorte de surmortalité à la surface de la Lune, parce que la Lune, c’est quand même une planète qui n’est pas vivante. C’est très dur de vivre là-dessus et ce n’est pas facile de rester en vie. Et du coup, ça l’agace, la fermière. Elle trouve que c’est un gâchis de compétences et qu’il est temps de soigner cette espèce de surmortalité stupide. Et comme visiblement, personne n’a été capable de trouver la solution, elle décide qu’elle va la trouver et elle fait un peu le tour de la Lune, si je puis dire, le tour des cités pour trouver la solution à ce gâchis stupide de compétents.

Et c’est là où on se rend compte qu’on retrouve les mêmes travers que sur la terre, c’est-à-dire qu’il y a aussi une volonté quelque part de ne pas trop chercher la solution à cette maladie.

Oui, disons que les gens de la Lune ont des habitudes qui sont effacées, un peu comme des gens qui fument. Ils savent que c’est pas bon et ils continuent à le faire. Jusqu’au jour où il y a un déclic. Mais en fait, il y a des tas de gens qui ont des mauvaises habitudes, qui savent très bien qu’ils ne devraient pas et qui continuent parce que jusqu’au jour… Parce que ce n’est pas la même chose de savoir et de percevoir une urgence en soi. Et effectivement, je ne peux pas tout spoiler.

Évidemment, mais il y a une dimension aussi qui m’a particulièrement surpris, c’est qu’on voit les robots, et finalement la loi de la robotique, ça ne suffit pas pour les maintenir à long terme ?

Non, là je me suis lourdement inspirée de Isaac Asimov, c’est-à-dire que la première loi, c’est qu’un robot doit préserver la vie, quoi qu’il arrive. Deux, il doit obéir aux ordres, sauf si ça contrevient à la première loi. Et trois, il doit se sauver lui-même, sauf si ça contrevient aux première et deuxième lois. Et déjà dans un défilé de robots et ses suites, c’est que ça. Par exemple, il y a une nouvelle d’Asimov, j’ai vraiment repris le thème, c’est un robot qui tourne en rond autour d’un cratère. Pourquoi ? Il est coincé. Et on appelle la robot psychomotricienne, la robot psychologue Suzanne Kelvin. et elle le regarde et elle dit, là il y a un conflit de lois, en fait c’est un robot qui doit obéir aux ordres, qui est d’aller dans ce cratère, mais il se trouve que ce cratère, je ne sais pas, il est très dangereux, il est très à pic, etc. Or ce robot coûte très cher. Donc on a augmenté un petit peu la teneur de la troisième loi, il doit se protéger lui-même parce qu’il coûte un œil. Il y a la deuxième loi qui dit qu’il faut y aller, et la troisième loi qui dit qu’il ne devrait pas risquer ses roulettes dedans.

Du coup, il est pris en conflit entre ces deux lois, et il tourne autour du cratère, un peu près du bord du cratère, mais pas trop pour ne pas être en danger, et c’est Suzanne Kelvin qui va lui décoincer ce conflit qui est littéralement un conflit psychique.

C’est pas la première fois, mais quand on lit ton roman, il y a quand même beaucoup de questions de relations. Qu’est-ce qui t’attire dans cette dimension que tu as torturé sous tous les angles au travers de tes romans ? Cette dimension relation humaine, qu’est-ce que tu cherches à creuser à chaque fois ?

Alors ça, justement, je suis sûre que tu le vois mieux que moi. Et souvent, un bon lecteur, une bonne lectrice, c’est quelqu’un qui vient te voir et qui dit « Ah oui, et bien justement, t’as remarqué que dans toutes tes œuvres, tu regardes sous tous les angles le relationnel ? » Et là, tu te dis « Ah non, je ne dis pas du tout quoi.» 

Alors vas-y, raconte, qu’est-ce que tu as vu ? 

J’ai trouvé qu’il y avait tout cet aspect d’opposition, à ce que tu disais aussi par rapport aux gens qui savent qu’il ne faut pas le faire mais qui vont le faire quand même, la relation avec les personnes qui sont un peu neuro-atypiques qu’on voit, la petite fille qui est exclue, El Jarline qui s’est plutôt, j’ai l’impression, exclue d’elle-même. Et on a ce sentiment-là dans tes romans que tu cherches à tester toutes ces relations possibles et leur évolution.

Oui, c’est vrai que là, je me rends compte, et merci, qu’il y a un certain nombre de gens qui sont peut-être un peu associés dans mes romans. Et alors, est-ce que ça reflète, moi, une partie de moi que je ne regarde pas en face ou une partie de moi que je n’ai pas et que j’aimerais bien avoir ? Ça, c’est toujours le problème dans l’écriture. Est-ce qu’on ment, c’est-à-dire qu’on se présente sous un jour meilleur que ce qu’on est ? ou est-ce qu’on fait une psychanalyse sauvage, c’est-à-dire qu’on met en scène des choses qu’on ne sait pas qui existent chez soi. C’est probablement un mélange des deux, à mon avis.

Il y a un sujet que tu n’apportes pas du tout dans ton roman. Il y a du monde sur la Lune et la Terre dans tout ça.

Alors oui, donc la Terre on ne sait pas et on ne saura pas, parce que personne ne sait, parce que les relations avec la Terre ont cessé, c’est-à-dire qu’il y avait des navettes qui arrivaient de la Terre, et puis des navettes qui retournaient sur Terre, et puis les navettes qui sont retournées sur Terre, elles ne sont jamais revenues, et les navettes qui arrivaient de la Terre, un jour il y a eu une dernière navette et il n’y en a plus jamais eu. Et les communications étaient coupées. Et on ne sait pas, donc on a essayé “allô, allô, allô”, et la Terre ne répond plus. Et donc il y a une navette qui a essayé d’aller voir, qui n’est pas revenue non plus. Et du coup, il n’y a plus personne qui a eu envie d’y aller voir. Et on suppose qu’il s’est passé une catastrophe ou alors tout simplement une catastrophe filée, c’est-à-dire qu’il y a eu une situation internationale immonde. 

Donc du coup, on a laissé tomber les programmes spatiaux et tout ça parce qu’on avait besoin des sous pour faire de l’armement ou des bunkers. et qu’en une dizaine ou une cinquantaine d’années, la situation internationale s’est tellement envenimée que voilà, la Terre est désormais aux abonnés absents, et a priori, il y a peut-être bien des survivants, c’est peut-être pas la catastrophe totale, mais en tout cas, ils ont autre chose à faire que la conquête spatiale, et ils sont plus intéressés par ça, ils le sauront peut-être un jour à nouveau, mais pour le moment, c’est plus d’actualité, donc la Lune, qui était finalement un peu une annexe de la Terre.

Les gens venaient et puis ils faisaient des sous dans l’hélium 3, puis ils repartaient. Eh bien, non, c’est fini, maintenant, il faut rester. Et avec ses propres ressources. Donc, ça fait tout drôle, effectivement.

Et je voulais parler de l’objet en lui-même, la couverture d’Aurélien Police. Tu as eu ton mot à dire dessus ?

Oui, oui, moi, je lui ai dit ce que je voulais et puis il a fait mieux que ce que je proposais. C’est souvent ça, les bons illustrateurs.

Oui, parce qu’il représente quand même vraiment.

Oui, la fermière, son chat, le dôme, la terre là-bas.

Et du coup, tu reviens aux Utopiales en tant qu’intervenante. Qu’est-ce qui t’intéresse dans ces festivals ?

Alors déjà, revoir tous les copains. Et en fait, revoir tous les copains, l’ambiance est super sympa. C’est surtout ça. Et puis rencontrer des lecteurs et des lectrices qui me disent ce qu’ils ont lu, ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils n’ont pas aimé, etc. Ça aussi, c’est super précieux. Parce que sinon, on est un peu seul devant ces chiffres de ventes. Enfin, on ne fait pas ça pour ça.

Et tu as déjà la suite ?

Alors… 

Pas de pression, hein ? 

Le prochain livre, je retourne au polar parce que c’est tellement plus facile à écrire. La science-fiction, c’est du world building, c’est épuisant, j’ai mis quatre ans. Et là, je vais me faire un petit polar sympathique, un peu Philippe Marlowe, mais en Normandie, dans la crème fraîche et tout. Et ça, j’aime bien aussi.

Du coup, tu continues à vouloir les chasser sur les différents terrains de la littérature ?

En fait, j’ai plusieurs filières narratives et j’en ai une qui est l’immaculée conception Enfin bref, j’ai une héroïne qui s’appelle Claude, qu’on retrouve dans Au bal des absents aussi, et dans Des millénaires de silence vous attendent. Bref, il y a plusieurs textes où il y a une héroïne qui s’appelle Claude et qui a un regard qui est très sarcastique sur le monde et que j’aime beaucoup. Et du coup, je suis ravie de la retrouver. Et en plus, comme on est en Normandie au 21e siècle, il n’y a pas de world building et du coup, c’est super reposant.

Et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

Je ne sais pas, de continuer longtemps.

Merci beaucoup.

Merci à toi, j’étais ravie de te revoir.


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