Sirwan est un jeune homme de 22 ans, sans-papier. Il ne l’a pas toujours été, mais il l’est devenu par la force des choses, condamné à fuir en permanence depuis que ses parents ont été arrêtés, à la sortie de son école… Pour survivre, il va s’adjoindre à un vétérinaire, pour construire des « chiens-robots » destinés aux combats de chien. Il nous livre ici quelques journées de sa vie.
Il est courant de signaler à quel point la Science-Fiction peut-être engagée, comme un regard légèrement déformant sur notre monde actuelle et vers ses dérives. Autopsie d’un sans-papier va un peu plus loin dans cette démarche. Nous sommes bien sûr pour certains éléments dans de la science-fiction pure, notamment du fait même de ces « chiens-robots » ou encore de cette incroyable décision de vouloir laisser les rues en plein jour 24/24 !
Pourtant, tous ces éléments ne sont que la suite logique et malheureusement possible de la situation actuelle ; Olivier ne fait que s’appuyer sur des faits actuels (besoin de chiffres des forces de police quant aux reconduites à la frontière, arrestation de sans-papier au sortie des écoles) pour extrapoler quelques « inventions ». Si l’on reprend la volonté de soumettre les quartiers à une journée permanente, il est intéressant de noter que cette décision a été prise non pour des raisons de bien être ou autre mais bien uniquement à des fins sécuritaires, pour tenter de rassurer une population qui s’inquiète à tout va et sans forcément avoir de bonnes raisons…
Il en sera donc ainsi pour Sirwan qui vivra avec son amie toujours sous la pression de la rafle, soumis au bon vouloir d’un « européen » capable de lui faire perdre tout ce qu’il a d’un simple coup de fil, rendant sa vie uniquement immédiate sans vision à long terme.
La politique même appliquée dans la gestion de l’immigration entraîne des dérives, comme ces policiers qui trouvent un arrangement pour remplir les chiffres : utiliser des cars pour renvoyer des populations mais dans le même temps ramener d’autres candidats à l’immigration.
Science-Fiction ? Peut-être, en tout cas il est préférable de le penser, cela donne meilleure conscience.
Merci à Olivier de nous mettre le nez devant une réalité qu’on est loin d’imaginer mais qui doit être à bien des égards une situation actuellement rencontrée par les clandestins.
Le Passager Clandestin – (Mars 2009)– 202 pages 15.00 € ISBN : 9782916952147
Quand le centre de rétention a disjoncté, toute la technologie s’est arrêtée un instant, comme si le cours du temps avait un hoquet : un silence d’une à deux secondes.
Puis les serrures se sont mises à cliqueter. Un solo de verrous électriques, une mutinerie automatique. Tous les enfermements qui renonçaient. La débâcle du monde carcéral. J’ai entendu des centaines de claquements métalliques. plus ou moins sourds, plus ou moins lointains. Au-dessus de moi, à gauche, derrière, partout. Et à nouveau le silence. Le premier à débouler a été un grand rasta aux yeux écarquillés.
Après lui, beaucoup de gens se sont mis à traverser la pièce. Toutes les portes avaient été déverrouillées, tous les bracelets marquaient » out of order « . Des dizaines de sanspaps couraient dans tous les sens.
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