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Interview de Mathias Moucha


Après Seuls paru aux éditions Bragelonne, Mathias Moucha signe un premier roman fantasy aux éditions de l’Archipel : Les Gardiens de la République, première partie d’une trilogie appelée La Guerre des deux lunes. Mathias a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

Bonjour Mathias, avant toute chose, peux-tu te présenter en quelques lignes à nos visiteurs ?
Bonjour. J’ai 44 ans, je vis en région parisienne, suis marié et père d’un garçon de presque 6 ans. Je me suis mis à l’écriture sur le tard, j’entends l’écriture de livres, vers 2008. J’ai publié plusieurs nouvelles sur des supports aussi divers que l’anthologie papier, le numérique, le fanzine et le webzine, ainsi qu’un premier roman, « Seuls », aux éditions Bragelonne.

Ton premier roman Seuls a été publié chez Bragelonne en 2014 en numérique, dans la collection « Primo-Numérique » : que t’as apporté cette expérience ?
Bragelonne a lancé sa collection Snark en 2014, avec des livres effectivement numériques mais aussi disponibles en impression à la demande, et a sélectionné « Seuls » pour son lancement. Je l’ai pris pour une belle marque de confiance, surtout venant d’une maison aussi prestigieuse que Bragelonne, ainsi qu’un encouragement à poursuivre dans l’écriture. Le roman a eu un petit succès commercial et un joli succès critique. L’ambiance et le côté « page-turner » ont par exemple été assez unanimement salués. Cela m’a fait très plaisir.

Après ce premier roman « numérique » chez Bragelonne, plutôt orienté fantastique, tu sors ton premier roman fantasy, La Guerre des deux lunes chez L’Archipel : peux-tu nous faire un petit pitch sur ce cycle ?
« Les Gardiens de la République » est le premier tome de la trilogie « La Guerre des deux lunes ». L’action se déroule dans une république gouvernée par un sénat, et l’histoire raconte la guerre que vont se mener deux frères pour cette république. L’un est un puissant mage, et l’un des leaders de cette république. Pour diverses raisons, il veut consolider son pouvoir et pour cela, il s’est lancé dans une vaste conspiration qui vise à renverser le Sénat. L’autre frère, un officier des troupes d’élite, va tenter de l’en empêcher. De nombreux personnages secondaires gravitent autour de ces deux frères. Certains auront dans les deux suites un rôle majeur.

Le titre est sorti en février de cette année et raconte finalement l’opposition entre 2 frères : comment as-tu construit ton intrigue autour de ces 2 protagonistes ?
Je travaille sur cette histoire depuis vingt ans déjà, et si les protagonistes ont beaucoup évolué avec le temps, leur opposition a toujours été la raison d’être de la trilogie. Ils ont chacun une vision très précise de leur république, vision diamétralement opposée. Pour Syllion, le mage, l’efficacité prime sur les grands principes. Il pense qu’on ne gouverne pas une grande république conquérante comme on le fait d’une cité-état d’importance moyenne, ce qui n’est pas faux à mon avis. Pour Elryn, l’officier des troupes d’élite, les institutions sont au contraire le bien le plus précieux d’une république. Pour lui et pour certains sénateurs, qu’importe la puissance de sa cité si elle se perd elle-même en chemin. De mon point de vue, chacun des deux frères a une part de vérité et une autre d’aveuglement, une part de lumière et une autre d’ombre. Comme le dit un personnage important dans le roman, « aucune aventure n’est innocente ».

Le secret semble être au cœur de l’histoire de la famille, et les personnages sont complexes : doit-on s’attendre à ce que l’ensemble du cycle tourne autour de ces secrets ?
Oui, bien sûr. Ce tome 1, même s’il a sa propre fin, est réellement le premier acte d’une tragédie en trois actes. On y présente des personnages dont on ne sait pas tout, même si on peut se faire une idée sur ce que je laisse caché grâce à quelques indices, ainsi que le contexte de cette république qui triomphe en même temps qu’elle se meurt. A la fin du tome, une page se tourne et on est maintenant prêt à entrer dans une nouvelle époque.

On voit que la République est toujours sur le fil, et que si cette frontière devait être franchie, le responsable le ferait avec la meilleure volonté au monde : l’enfer est définitivement pavé de bonnes intentions ?
Je ne crois pas qu’on puisse dire cela des nazis ou des bolcheviks. Mais prenons Auguste, considéré comme le premier empereur romain et le fossoyeur de la République. Il a toujours affirmé qu’en s’arrogeant tous les pouvoirs, il avait restauré la république meurtrie par les guerres civiles. D’une certaine manière c’est vrai, car à son époque la vieille république des Guerres puniques n’est en réalité plus qu’un lointain souvenir. La corruption généralisée, le populisme et le détournement des règles par certains politiciens malins ont depuis longtemps détruit l’esprit de la république.
Si l’on regarde plus près de nous, et en France même, comment considérer la Convention des années 1792/1794 ? Comment les politiques de cette époque pouvaient-ils réagir à la guerre contre l’Europe et à la Contre-révolution ? La Terreur était-elle nécessaire ? Enfin, encore plus près de nous, août 1945 : les Américains ont-ils fait le bon choix en lâchant deux bombes atomiques sur le Japon ? Ce qui est passionnant, c’est qu’on ne peut pas répondre à toutes ces questions par un simple oui ou un simple non, et c’est un peu pareil à mon avis pour nos deux protagonistes. Il n’y a pas un bon et un méchant, mais deux antagonistes.

Vois-tu dans l’écriture d’un roman de fantasy un moyen de discuter ou d’alerter sur la « réalité » ?
Pour d’autres peut-être, mais pour moi, pas du tout. Je dis « pas du tout », mais en fait, la réponse est un peu plus nuancée que cela. Si dans la question, je dois comprendre « souhaites-tu dénoncer telle ou telle chose ? », je réponds effectivement non. Si dans la question, je dois comprendre « souhaites-tu réfléchir avec le lecteur sur les systèmes de gouvernement, sur les grands choix auxquels on est parfois confrontés, sur les sacrifices qu’on peut être amenés à effectuer pour ses idéaux ? », eh bien la réponse est oui, cent fois oui.
Cependant, mon principal objectif dans l’écriture est de divertir, en gardant une certaine exigence quant aux thèmes, aux personnages, à l’intrigue et au rythme, et en essayant de bâtir un contexte aussi crédible que possible, sans verser dans l’encyclopédisme. J’essaie simplement de créer les histoires que je n’ai jamais lues/vues et que j’aurais adoré découvrir.

Le premier volume paru, où en est le second ?
Il est en cours d’écriture. Pour être précis, j’ai un premier tiers rédigé et une bonne partie de la suite séquencée. J’espère le terminer avant la fin de l’année pour une sortie en 2017. Ce tome 2 verra l’arrivée de nouveaux personnages et éclairera le passé de plusieurs protagonistes du tome 1. Il sera très différent du premier, plus sombre et plus mélancolique, et le coeur de l’histoire y sera révélé. C’est l’acte II de la pièce !

As-tu d’autres projets dans les cartons ?
Oui, en particulier un roman de fantasy sans magie, extrêmement différent de « La Guerre des deux lunes ». Si je devais vous donner une référence, ce serait « Il était une fois dans l’Ouest », de Sergio Leone. C’est l’histoire d’une vengeance, de personnages meurtris par la vie et qui se voient pour la plupart sans avenir. L’ambiance et la narration y seront particulières. Ce roman est déjà bien avancé.

Ton dernier mot sera ?
Pour te remercier pour cette invitation, et pour souhaiter une bonne lecture à tous ceux qui embarqueront dans « La Guerre des deux lunes ». Qu’ils n’hésitent pas à venir me voir sur mon blog (mathiasmoucha.wordpress.com), ou sur la page facebook du roman !
 


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